La chute du mur et l’erreur monétaire d’Helmut Kohl

La chute du mur et l’erreur monétaire d’Helmut Kohl

Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989 sans qu’un coup de feu n’ait été tiré. Bravo Helmut Kohl et surtout bravo Mikhaïl Gorbatchev ! La réunification de l’Allemagne est ainsi devenue possible.

Le 18 mai 1990, au chapitre II, article 5, du traité instituant une union monétaire, économique et sociale entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est, il était prévu : « Les salaires, traitements, bourses, retraites, loyers et redevances de baux ainsi que d’autres paiements périodiques sont convertis au taux de un pour un. Toutes les autres créances et dettes libellées en marks de la République démocratique allemande sont, en principe, converties en deutsche marks au taux de deux pour un. »

Or, les marchés indiquaient clairement que le mark de l’Ouest valait trois fois plus que le mark de l’Est. Helmut Kohl a donc décidé, le 18 mai 1990, de multiplier par trois les salaires ou les retraites de tous les Allemands de l’Est. Certains disent qu’il l’aurait fait pour obtenir ensuite leurs suffrages.
Imaginez que, demain, Nicolas Sarkozy annonce que dorénavant les salaires et les retraites de tous les habitants de Paris et du nord de la France devront être multipliés par trois… C’est strictement impensable.

Même les employés du métro qui se mettent en grève pour être mieux payés ou Martine Aubry, qui est maire de Lille, diraient alors qu’une telle décision est absurde. Et ils auraient raison de le dire.

Et pourtant l’erreur que commettrait ainsi Nicolas Sarkozy en 2009 serait bien moins importante que celle qu’a commise Helmut Kohl en 1989. Car, en 1989, le niveau de développement de toutes les entreprises de l’Allemagne de l’Est avait été pratiquement stoppé par 40 ans d’économie marxiste.

Cette grave erreur a été source d’une importante inflation en Allemagne de l’Est. Quand la demande est brutalement multipliée par 3, et que l’offre ne peut pas suivre, l’inflation corrige le déséquilibre ainsi créé entre l’offre et la demande. Quand on oblige une entreprise à tripler les salaires de ses employés, on contraint l’entreprise à augmenter ses prix. Le Zimbabwe nous en donne le parfait exemple, encore aujourd’hui.

Réunification ratée


Pour tripler leur production, les entreprises ont besoin d’argent afin d’augmenter et améliorer leurs capacités de production et afin d’investir
. Elles ont aussi besoin de temps. Il faut des mois pour construire une usine nouvelle et des mois pour apprendre aux salariés à s’en servir.
Par contre, les entreprises de l’Allemagne de l’Ouest ont vendu immédiatement et massivement leurs produits à l’Est. Elles ont liquidé leurs stocks et elles ont embauché, des Allemands de l’Est en particulier. L’Allemagne réunifiée a ainsi subi une forte inflation. Mais l’Allemagne de l’Est a subi une bien plus forte inflation que l’Allemagne de l’Ouest.

Cette grave erreur a surtout introduit un chômage massif en Allemagne de l’Est. Quand on multiplie par trois les salaires payés par une entreprise, on oblige cette entreprise à vendre bien plus cher ses produits pour rééquilibrer sa trésorerie. Les prix de pratiquement tout ce qui était produit en Allemagne de l’Est sont devenus bien supérieurs aux prix de l’Ouest. La concurrence des entreprises allemandes de l’Ouest est rapidement devenue insupportable. Dépôts de bilan, faillites et chômage ont suivi à l’Est.

Pour s’opposer à ce chômage, il faut introduire la technologie moderne en Allemagne de l’Est, il faut « délocaliser ». Mais une délocalisation coûte cher et nécessite du temps.

Il faut aussi surmonter un deuxième obstacle. Pendant 40 ans, les salariés Est-Allemands ont profité du statut de fonctionnaire non soumis à la concurrence. Brutalement, ils sont devenus les salariés d’entreprises soumises à la concurrence. Ils sont passés de la stabilité à la précarité.
Cette grave erreur d’Helmut Kohl, introduisant l’inflation et le chômage, a donné à la réunification allemande un aspect très négatif qui aurait facilement pu être évité. Il suffisait d’arriver progressivement à la parité entre les marks de l’Est et de l’Ouest.

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Comments (4)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Ci-dessous un lien pour rafraichir la mémoire de ceux qui pensent que la DDR était le paradis des travailleuses et des travailleurs. Les vieux démons, qui auraient du passer par Nuremberg au préalable, sont malheureusement de retour et ne se gênent même plus pour réafficher leurs convictions nauséabondes.
    http://www.welt.de/politik/deutschland/article4611336/Stasi-Spitzel-draengen-fuer-Linke-in-die-Parlamente.html

    Ci-joint un lien qui donne une idée de la somme faramineuse qui a été investie dans les nouveaux Bundesländer depuis la "Wende". Cette argent vient bien sûr du travail des citoyennes et citoyens de la BRD (ex Klassenfeind). Il faut bien préciser que cet investissement a été rendu nécessaire par  40 ans de socialisme pur sucre appliqué par des tyrans comme W.Ulbricht, E.Honecker et al.
    http://www.manager-magazin.de/unternehmen/artikel/0,2828,660163,00.html

    20 novembre 2009 à 10 h 24 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<Ce n’est plus le cas.>>
    Non, mais le rossignol n’est plus en cage, il peut de nouveau siffler comme bon lui semble, sans risque d’être dénoncé par toute une bande de Spitzel!
    40 ans de socialisme fanatique ont laissé des traces et ont pratiquement bloqué toutes les vélléités d’initiative chez celles et ceux qui en ont subi le joug. Ce n’est pas de la lointaine Eire que l’on peut porter des jugements sur ce qui s’est passé dans la DDR.
    Quand au reste du commentaire il est hors sujet.

    20 novembre 2009 à 8 h 14 min
  • PaddyFrenchman Répondre

    A l’époque de la DDR il n’y avait pas 18% de chômage à l’Est du mur.
    Les soins de santé étaient gratuits comme l’étaient l’école et l’université.

    Ce n’est plus le cas.

     

     

    Sans doute les allemands de l’Est vibrent maintenant d’espoir face à l’avenir radieux que leur promet la déconfiture du capitalisme néoconservateur américain et européen. Sans doute s’exaltent-t-ils des guerres du pétrole en Afghanistan en Irak au Pakistan et bientôt en Iran. Ne sont t’ils pas admiratifs des succès américains obtenu pas les avocats de la torture, les fossoyeurs de constitution, les promoteurs d’état policier ?

     

    Vous parlez d’un nouveau Nuremberg ?

    Rumsfeld, Bush, Cheney, Clinton et consorts, ne sont-ce la des noms à révérer ? Ou faut-il les ajouter à votre liste ?

    Irak : Plus d’un million de mort, suite à une guerre illégale.

    Des personnes enlevées, tuée, torturées au quatre coins du monde. Des prisons très spéciales que l’on ne ferme pas, malgré les promesses, de peur que les ex-détenus racontent ce qui s’y passait.

    Un soutien indéfectible au régime raciste des rapaces Israéliens, qui rappelons le ne respecte pas le droit international.

    Une constitution américaine littéralement violée à coup de patriot act.

    Une Europe aux structures de commande digne de l’URSS avec une commission en forme de Politburo et un parlement croupion.

     

    Cette courte évocation d’une déprimante vérité, ne vous inviterait elle pas à considérer que ceux là, qui ne voulait plus d’un mur entre les deux Allemagnes, approuvent aujourd’hui celui construit autour de territoires illégalement occupés, pour séparer l’envahisseur juif du palestinien exproprié?

    Je vous propose encore un autre Nuremberg, juste pour Ossama et Al-Qaeda.

    Afin que les créatures de la CIA soient jugées par leurs maitres eux-mêmes.

    Apres tout, Prescott Bush, Rockfeller, Tiessen et Rotschild fut impliqués dans le financement des Nazis allemands et à la fin de la guerre on les trouva du coté des juges, cela reviendrait un peu à faire la même chose non ?

    19 novembre 2009 à 23 h 05 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Peut-être ne faudrait-il pas oublier les citoyennnes et citoyens de la DDR. Sans elles et eux et  malgré toutes les personalités bien intentionées de ce côté-ci de la voie lactée rien ne se serait fait. Beaucoup de malfrats socialistes qui ont imposé leur joug pendant plusieurs décennies vivent de nos jours confortablement et certains comme Gregor Gysi osent encore se poser en candidat moralisateur.
    Un nouvelle session du tribunal de Nuremberg aurait du en finir avec ces criminels.

    19 novembre 2009 à 11 h 21 min

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