La décolonisation, un désastre universel

La décolonisation, un désastre universel

La situation générale dans le monde était bien meilleure en 1935 qu’en 2008. En 1935, quatre empires coloniaux assuraient pour l’essentiel la paix, l’éducation et le développement de près de deux milliards d’hommes, les empires britannique, français, portugais et hollandais.

En, 2008, la plus grande partie de la planète est en proie à des guerres incessantes, des massacres à répétition et il n’est pas de mois où le terrorisme islamiste ne fasse de nouvelles victimes. Que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à un tel désastre ?

Tout part de la deuxième guerre mondiale. Roosevelt qui apparaît alors comme le maître du monde détestait les empires coloniaux qu’il estimait sources d’oppression. Il n’avait guère de considération pour Churchill et abhorrait de Gaulle dont il se gaussait publiquement. Il nourrissait en revanche, lui et son conseiller politique Harry Hopkins, une admiration sans borne pour Staline, au nom des droits de l’homme et de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ! On assista alors pour des raisons diamétralement opposées, mais concourant au même but, à la conjonction des politiques du Président des États-Unis et du dictateur soviétique : détruire les empires coloniaux européens. Pour le premier, il s’agissait de libérer des peuples « opprimés », pour le second de les rallier au totalitarisme bolchevique.

Quelques rappels historiques oubliés, inconnus et surtout cachés sont ici nécessaires pour expliquer l’absence de jugement aussi effarant que criminel d’un Roosevelt qui, au nom de la liberté, aida puissamment à bâtir le plus grand empire totalitaire de l’histoire de l’humanité qui s’étendit de Berlin jusqu’aux rives du Pacifique.

De 1942 à 1945, les États-Unis et un peu le Canada, à la demande de Washington, donnèrent à l’URSS : 22 000 avions, 12 000 chars, 345 000 tonnes d’explosif, des dizaines de milliers de camions, 17,5 millions de tonnes d’aides diverses, notamment alimentaires, et des crédits pour des milliards de dollars. Pendant ce temps, les Soviétiques déportaient dans les pires conditions (des convois de wagons à bestiaux) 1 240 480 Allemands de la Volga, 407 920 Tchétchènes-Ingouches, 170 000 Coréens, 175 540 Baltes, 173 715 Ukrainiens, 165 630 Tatars de Crimée et 36 916 Polonais de Biélorussie.

La mortalité était effroyable. Dans les années 1940, l’URSS comptait 13 millions de détenus et déportés dans au moins 2 000 camps de concentration, dont certains étaient pratiquement des camps d’extermination.

Toujours est-il que, pour ce qui est de la décolonisation, la politique de Roosevelt et de son grand ami Staline produisit des effets aussi immédiats que dévastateurs. J’évoquerai d’un mot quelques cas parmi d’autres. La décolonisation et la partition de l’Inde qui s’ensuivit en 1947 donnèrent lieu à un drame gigantesque entre hindous et musulmans : plus de 100 000 morts, 17 millions de déplacés et la famine.

De l’Afrique, je ne dirai rien : chacun sait ce qui s’y passe. Guerres permanentes et anarchie. Il n’est pas de mois où il ne se produise une catastrophe. Et, en prime : corruption et affairisme. 400 milliards de dollars ont été détournés d’Afrique depuis les indépendances, plus, logiquement, l’émigration massive des Africains vers l’Europe et par tous les moyens.

Je me bornerai plutôt à citer aujourd’hui la Birmanie que j’ai assez bien connue naguère. C’était un pays relativement riche, le premier exportateur mondial de riz. Les peuples de Birmanie, d’une civilisation raffinée, vivaient en bonne intelligence sous la direction des Anglais, sans doute les plus grands colonisateurs de l’Histoire après les Romains. Survint l’indépendance. Aussitôt les minorités Karen, Shan, Kashin, Wa, Môn entrèrent en guerre contre les Birmans. Voilà 40 ans que durent ces guérillas, qu’une dictature ubuesque ne parvient pas à réduire.

Bref, la décolonisation imposée par les démocrates américains et les Soviétiques a été la cause de dizaines de millions de morts, de l’apogée du communisme dans le monde, c’est-à-dire le crime, l’incurie et la corruption et du réveil de l’islam intégriste dont le vrai programme est celui d’Al Quaïda : retour à une dictature religieuse obscurantiste par le terrorisme, plus la menace permanente sur les sources du pétrole au Moyen Orient.

Ce qui est piquant dans ce terrible fiasco, c’est que l’ONU tente d’une certaine façon de refaire la colonisation. De 1948 à mars 2005, l’ONU a monté 59 opérations de maintien de l’ordre auxquelles ont participé 123 États utilisant 4 143 militaires fournis par 103 pays, pour un coût de 31 milliards 540 millions d’euros. Et ça continue ! Malheureusement, l’énorme et onéreux « machin » n’arrive à rien.

En 2008, on dénombre 860 millions d’êtres humains souffrant de la faim et parfois de famine. En Afghanistan, plus de 15 milliards de dollars ont été versés depuis 2002, mais 70 % ne seraient pas parvenus effectivement aux Afghans. Au Liban, la FINUL n’a rien pu faire pour imposer la paix. En Côte-d’Ivoire sont stationnés 9 000 casques bleus, plus 1 844 militaires français (l’opération Licorne), coût : plus d’un milliard d’euros par an. Pour quel résultat ?

L’ONU et son bilan me font irrésistiblement penser à la légende de l’arche de Noé : frappés de prétention, les fils de Noé voulurent un jour élever à Babel une grande tour pour atteindre le ciel. Dieu les contempla et les trouva tellement insensés qu’il anéantit leur ouvrage et leurs efforts, mettant fin à leur stupidité.

Bref, franchement, Messieurs, pour votre gouvernance depuis 60 ans, encore bravo !

Christian Lambert
Ancien Ambassadeur de France

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Comments (21)

  • julien Répondre

    Je suis étonné (je tombe de ma chaise) en voyant un ambassadeur de France écrire un article pareil. Il n’a pas tort. Peu après l’invasion coloniale, les peuples étaient encore un peu prospères. Après 100 ans de politique coloniale puis néo-coloniale, il ne plus grand-chose. On est d’accord avec ça !

    Et ça continue. On veut imposer 20 % de CO2 en moins au tiers monde. Avec quoi vont-ils se développer ? Avec des bouses de vaches séchées ???

    Quand à l’Empire Britannique en Inde et sur ses glacis, c’était le paradis. Ghandi n’a jamais existé !

    Cet ambassadeur n’a passé sa vie que dans les petits fours ? Il est sorti de son ambassade ? 

    On a un peu peu de confier la diplomatie à des gens comme ça !

    Enfin bonne retraite dorée Monsieur l’Ambassadeur. N’oubliez pas de donner un peu de brioche au travers des grilles de votre ambassade aux indigènes !

    2 mai 2009 à 14 h 04 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE
    voyagez un peu Frabut, connaissez le monde et les gens, c’est tout ce que je vous souhaite…
    Une vie ne peut être pleine et riche avec la détestation maladive que vous affichez envers ceux qui sont différents de vous, vous n’imaginez pas un instant tout ce que vous avez loupé dans votre vie jusqu’à maintenant si vraiment vous avez endossé le costume et les moeurs du nervi que vous voulez nous faire gober ici…et que je ne crois pas un instant d’ailleurs…
    Je pense simplement que vous devez baisser la tête dans le métro quand une nana se fait agresser, j’en ai connu plein des comme vous, à l’armée et dans la fonction publique…rien de grave, tout reste possible

    Hans, placez le "s" que vous avez mis à "vitruve" au bout de "satana" ce sera plus correct…sinon RAS… vous avez bien sûr le droit de voler au secours de François, ça commence généralement comme cela, ceci s’appelle l’ empathie, empathie  bientôt suivie de la bienveillance envers l’autre.. mais méfiez vous car au bout d’un moment quand on y a pris goût, on ne supporte plus les racistes…c’est la rançon à payer à la condition d’être humain , tous les élèves de philo savent cela!
    VALE
    votre vivi

    4 juillet 2008 à 19 h 23 min
  • Assertif Répondre

    A Preulx

    Je cite : "Quel rapport entre les frontières et le sous-développement de l’Afrique ? Tous les pays du monde ont des frontières artificielles. Quid de l’Autriche-Hongrie ? De la Pologne ? De la Belgique ? De l’ex Tchécoslovaquie ? Pour autant ces pays ne connaissent pas de guerres tribales… Même la France n’est qu’un agglomérat de régions aux histoires disparates."

    Les frontières mouvantes d’europe sont le résultat de guerres incessantes, imposées par le(s) vainqueur(s)  

    Les fontrières africaines furent imposées de "l’extérieur" en mélangeant subtilement les ethnies antagonistes..diviser pour mieux régner.

    Je ne veux pas faire preuve de cécités en prétextant que là se trouve la source des maux…la liste est longue, une corruption endémique, une justice servile, des journaleux, une sphère politique à vomir, des traditions séculaires qui maintiennent les femmes et enfants dans une misère sociale et intellectuelle…., mais voila pour l’Afrique…et qu’en est-il pour certains pays aux confins de l’europe (Géorgie, ukraine, ….)

    Assertif

     

    1 juillet 2008 à 10 h 15 min
  • Anonyme Répondre

    La colonisation sans l’évangélisation reviens à appliquer la parole du Christ: "Lorsqu’un aveugle guide un autre aveugle, tous deux tombent dans la fosse". Et l’évangélisation des colonies n’a pas été un succès surtout parce qu’elle était corrompue par les intérêts matériels des pays colonisateurs, entre autres magouilles politiques. Bref parce que les pays soi-disant civilisés ne l’étaient pas plus que cela, comme l’on prouvé les guerres mondiales, entre autres délires, et Roosevelt n’avait pas tord.
    Christian Lambert est bien gentil à nous éclairer sur les égarements des autres, mais qu’à-t-il fait lui? N’a-t-il pas été un ambassadeur au service de ces égarements là? Il faut savoir risquer sa carrière si l’on veut que le monde évolue dans le bon sens. Ceci est beaucoup plus important qu’une victoire militaire ou une autre.

    1 juillet 2008 à 7 h 39 min
  • François Répondre

    Ne me plaignez pas Vivi, ma vie est pleine et riche. Je me moque de vous car vous le méritez largement avec vos stupides préventions anti racistes et vos prétentions à vouloir prévenir la rédaction de toute dérive.

    Mais le ridicule ne tue pas n’est-ce pas?

    Longue vie, Vivi!

    Cordialement,

    30 juin 2008 à 11 h 23 min
  • UN chouka Répondre

    A la lècture assez déroutante de ces révélations,je me rends compte qu’il me rèste bien des choses a trier,sans toutefois etre vraiment surpris .

    Des voisins issus de la décolonisation de l’affrique du nord,semblent  encore  charrier leurs       "    anciènes   illusions  grandioses "    qu’ils  souhaitent refaire vivre ici avec leurs milieux d’afranchis.Pitoyables  tentatives pour retrouver leurs   statuts qui ne semble pas leur aprorter  tout  le bonheur qui leur est dû   ainsi que la   prospérité qu’ils méritent tant pour tout le sèrvice rendu a la nation qui désormais les reçoivent ?

    La partiton des territoires semble porteuse de vilence ?

    C’est peut etre un autre aspèct de l’intégration ?

     

    30 juin 2008 à 8 h 33 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Pour Vitruves: commentaire sur François

    Quoique je ne partage pas les vues de François je ne peux que m’insurger sur la manière de les combattre.

    Ce site est prévu pour un débat d’idée non pour un défouloir à insultes. Si cela ne vous convient pas allez donc distiller votre fiel ailleurs.

    VADE RETRO SATANA!

     

    29 juin 2008 à 12 h 17 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE
    à François
    Vitruve n’a pas besoin de prévenir la halde
    Vitruve constate simplement que François est un raciste , c’est tout !
    de ce fait François évolue dans le débat comme dans la vie, avec un handicap  sérieux…
    Vitruve plaint François…

    François y en a compris? ( ça par contre, c’est du racisme anti-cons!)
    VALE
     

    28 juin 2008 à 8 h 09 min
  • preulx Répondre

    A Assertif : "

    Ce cher homme feint d’ignorer les frontières artificielles qui furent imposées aux Peuples, séparant de fait des ethnies semblables, et imposant dans un même pays des ethnies aux antagonismes séculaires..

    "

    Quel rapport entre les frontières et le sous-développement de l’Afrique ? Tous les pays du monde ont des frontières artificielles. Quid de l’Autriche-Hongrie ? De la Pologne ? De la Belgique ? De l’ex Tchécoslovaquie ? Pour autant ces pays ne connaissent pas de guerres tribales…

    Même la France n’est qu’un agglomérat de régions aux histoires disparates.

    27 juin 2008 à 13 h 32 min
  • augusto p Répondre

    puisque vous evoquez les deux nuisibles  staline / roosevelt : sans le sacrifice heroique de l armée allemande  devant les troupes de l urss  ,en particulier a berlin ,nous aurions  vécu dans une "democratie populaire" jusqu en 19.. ???

    27 juin 2008 à 7 h 23 min
  • Cobra Répondre

    Très bonne annalyse,mais surtout se sont toujours les mêmes qui paient pour c’est soi-disant pays indépendants.Tout cela n’est que fumisterie et hypocrisie ,les banques” off shore” et suisses   regorgent de l’argent  de nos subventions les gugusses c’est nous. regardez  l’ancienne Rhodesie D’Ian Smitt et le Zimbabwé de Robert Mugabé ,tout est  dit  .

    26 juin 2008 à 23 h 51 min
  • François Répondre

    Quel article xénobophe et raciss… et Vitruve qui n’a pas encore prévenu la halde, quel scandale!

    Mesurez toujours les diatribes des guignols de gauche, leurs interventions sont aussi longues qu’argumentées pour pouvoir encore mieux noyer le poisson sous des arguments spécieux appuyés par des données parcellaires, des chiffres carrément truqués ou tellement orientés et sortis de leur contexte qu’ils ne signifient absolument rien. Quelques artistes ici comme Albert ou Montesquieu.

    Gardez-vous bien de leur répondre, c’est le tonneau des Danaïdes

    Cordialement,

    26 juin 2008 à 12 h 09 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Pour Montesquieu:

    Hermann Göring a  été ministre de l’économie pour moins de 2 mois avant l’invasion de la France. Il devait donc s’agir de son successeur, Walther Funk.

    Ministres de l’économie du III.Reich:

    Name Amtszeit (Beginn) Amtszeit (Ende) Partei
    Alfred Hugenberg 30. Januar 1933 26. Juni 1933 DNVP
    Kurt Schmitt 30. Juni 1933 30. Juli 1935 NSDAP
    Hjalmar Schacht 30. Juli 1935 27. November 1937
    Hermann Göring 27. November 1937 15. Januar 1938 NSDAP
    Walther Funk 15. Januar 1938 1. Mai 1945 NSDAP
    Albert Speer 5. Mai 1945 23. Mai 1945 NSDAP

    Source: http://de.wikipedia.org/wiki/Liste_der_deutschen_Wirtschaftsminister#Reichsminister_f.C3.BCr_Wirtschaft_des_Dritten_Reiches_.281933.E2.80.931945.29

    25 juin 2008 à 21 h 37 min
  • IOSA Répondre

    OUF!! j’ai lu en entier le commentaire de Montesquieu…

    Certes, il est vrai qu’en tant colonisateur, il est navrant de constater que les pays "libérés" du joug français soient encore en arrière et dépendant presque exclusivement de la manne financière des pays européens ( ONG comprises).

    Mais de l’eau a coulée depuis et ces pays africains sont presque toujours en guerre tribales et les derniers éléments récents provenant de l’Afrique du Sud semblent donner raison à M.Lambert….et celà bien que la monnaie française soit absente de chez eux ( massacres des immigrés noirs par les sud africains noirs ).

    Quand au Viêt Nam qui fut tout de même une colonie française et même après le départ des américains, ce pays n’est pas resté dans la fange et la domesticité.

    Alors, il faut sans doute comprendre que pour les pays africains, il est plus facile de ne rien faire pour son peuple et bénéficier des largesses de l’état français, que de se mettre véritablement au travail…me semble t’ il.

    Mais je ne dirais pas que la décolonisation est un désatre universel, car en Afrique comme en Europe il y a des bons a rien qui ne rêvent que d’une chose " être le chef d’une république bananière " .

    25 juin 2008 à 20 h 00 min
  • glacepica Répondre

    NAZISME monétaire ……

    c’est la bande magnétique qui tourne en boucle !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    25 juin 2008 à 16 h 50 min
  • Montesquieu Répondre

    http://www.africamaat.com/Realite-du-Franc-CFA-Le-nazime

    Préface de la nouvelle édition du livre « Le Franc CFA et l’Euro Contre l’Afrique » par François Ndengwe

    Réalité du Franc CFA : Le nazisme monétaire

    Le professeur Nicolas Agbohou a donné à son livre un titre qui résume la réalité qu’il décrit et annonce le combat qu’il mène : « Le Franc CFA et l’Euro Contre l’Afrique ».

    Quelle est cette réalité ? C’est d’abord la servitude de quinze pays africains à la monnaie française. Un système de parité fixe, sans équivalent dans l’histoire monétaire, ligote la monnaie de ces pays, à la monnaie française, hier le franc français, aujourd’hui l’euro. La singularité de ce système, c’est l’arsenal légal et statutaire qui régit le fonctionnement de la zone franc. Le lecteur est vivement invité à lire avec attention l’analyse que fait Nicolas Agbohou de cet arsenal. A ce jour et à notre connaissance, seuls deux auteurs ont consacré leur ouvrage à cette analyse : feu le professeur Joseph Tchundjang Pouémi, dans un livre paru au début des années 1980s, Monnaie, servitude et liberté – La répression monétaire de l’Afrique [1] et Nicolas Agbohou, dans le livre que vous tenez en mains. C’est dire l’importance de ce livre et l’exceptionnelle valeur du travail qu’a accompli Nicolas Agbohou.

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    Livre Le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique

    La réalité du franc CFA et de la zone franc, c’est aussi et peut-être surtout, le nazisme monétaire. Mettre en lumière cette autre réalité est l’un des intérêts majeurs de la présente et nouvelle édition du livre de Nicolas Agbohou. Le franc CFA, ou franc des Colonies Françaises d’Afrique, est créé le 25 décembre 1945 par un décret signé par trois Français [2] qui ont en commun un double caractère : ils sont imbus de la suprématie blanche ; ils sont de fervents acteurs de l’agression coloniale contre l’Afrique. Surtout, leur pays, la France, vaincue et conquise par l’Allemagne hitlérienne en mai 1940 vient de subir cinq années d’occupation nazie. Or cette occupation n’avait pas que le caractère spectaculairement bestial des hordes de soldats allemands soumettant les Français, pillant et versant le sang. L’occupation allemande de la France fut aussi un formidable champ d’exécution du nazisme monétaire externe.

    Conçu par Herman Goering, ministre de l’économie de Hitler, et appliqué aux territoires conquis par les troupes allemandes, le nazisme monétaire externe allemand n’avait que deux objectifs : soumettre et piller. Parce qu’elle était, et de loin, le plus gros des territoires conquis par l’Allemagne, la France a subi le nazisme monétaire allemand avec beaucoup plus de rigueur que les autres territoires eux aussi conquis par l’Allemagne, par exemple la Belgique et la Pologne. Curieusement, alors qu’il existe des tonnes de livres, de mémoires, de thèses de doctorats et d’articles sur l’occupation nazie de la France, et que chaque année apporte de nouvelles publications sur le sujet, il n’existe quasiment rien sur le nazisme monétaire infligé par les Allemands aux Français. Pourquoi ?

    La grande surprise ici, c’est le silence des Français, de leurs historiens et de leurs universitaires, d’habitude si diserts, sur ce qui est sans doute l’épisode le plus saignant de l’histoire contemporaine de leur pays. Il faut remonter soixante trois ans plus tôt, pour trouver un Français écrivant sérieusement sur ce sujet : René Sédillot, qui publie en 1945, son livre intitulé Le Franc enchaîné – Histoire de la monnaie française pendant la guerre et l’occupation. Sédillot constate : « Avec les siècles, les formes de pillage sont devenues plus savantes. Les anciens Germains dévastaient en toute simplicité les pays qu’ils avaient conquis. Leurs descendants, en 1940, ont recouru à une méthode de rapine plus subtile et plus fructueuse : ils ont mis le mark à 20 francs ».

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    Zone CFA
    Copyright, United Nations, 2008

    Cette manipulation du taux de change, à l’avantage exclusif du conquérant est l’une des caractéristiques du nazisme monétaire appliqué à la France, nazisme monétaire que celle-ci, une fois libérée du joug hitlérien, appliquera aussi, intégralement et même en l’accentuant à l’Afrique. Ce n’est pas une surprise, les Français créent le CFA en 1945, après l’occupation nazie, la même année où Sédillot publie son livre. Pour cette création, ils ont au préalable récupéré l’arsenal statutaire du nazisme monétaire que leur a infligé l’Allemagne et qui fut entre autres inclus dans la convention d’armistice signée le 22 juin 1940 entre la France conquise et l’Allemagne conquérante. Les Français ont alors fait du copier-coller : à leur tour, ils ont retourné l’arsenal nazi contre les Africains, de sorte que le franc CFA et la zone franc, c’est du nazisme monétaire.

    Parmi les nombreux mérites de la présente édition de Le Franc CFA et l’Euro Contre l’Afrique, l’un des plus instructifs est donc que Nicolas Agbohou, ici, est l’un des premiers auteurs à jeter la lumière sur le caractère foncièrement nazi de la zone franc. Du coup, il montre aussi la transmutation par laquelle, la France, d’opprimée et exploitée par l’Allemagne hitlérienne, est devenue oppresseur et exploiteuse de l’Afrique, en usant du nazisme monétaire. Nicolas Agbohou ouvre ainsi un vaste domaine de recherches que devront explorer historiens, économistes et divers chercheurs.

    Nicolas Agbohou n’est pas qu’un chercheur. Il est aussi un combattant pour la justice. Son livre est un outil de ce combat. Combat contre le double caractère malsain des pères fondateurs du franc CFA : suprématie blanche, agression coloniale de l’Afrique. Double caractère qui est hélas une immuable constante de la zone franc et qui permet à l’Etat français de réussir l’exploit de maintenir intact son système de domination monétaire des pays CFA, malgré les « indépendances » qu’elle leur a accordées dans les années 1960s. Rien n’a changé, pas même le sigle : on a gardé CFA, qui signifie désormais quelque chose comme Communauté Financière d’Afrique.

    Combat contre l’infantilisation dans laquelle la zone franc maintient l’Afrique, infantilisation qui relève du syndrome « Ne-le-faîtes-pas-vous-même, nous-nous-en-chargeons-pour-vous » . Au lieu de gérer eux-mêmes leurs réserves, les États CFA les confient au Trésor français. Au lieu de fixer eux-mêmes leurs objectifs de taux d’inflation, ils se contentent de singer ceux de la France et aujourd’hui de l’eurogroupe. Au lieu de favoriser et intensifier les échanges entre eux, les États CFA miment les « critères de convergence » définis par la France et l’eurogroupe. Au lieu de se doter des moyens techniques pour fabriquer eux-mêmes leur monnaie, ils se contentent de tout sous-traiter aux imprimeries de la Banque de France, qui facturent au prix fort. Au lieu d’encourager l’émergence d’une élite africaine d’économistes et financiers compétents et indépendants, capables de défendre les intérêts africains, de promouvoir le point de vue africain et de le faire entendre dans le monde, les Etats CFA, s’en remettent aux « experts » de la Banque de France et du Trésor français ou à ceux des institutions multilatérales comme le FMI ou la Banque Mondiale.

    Toute politique sans contradicteurs est corrompue. C’est précisément le cas de la zone franc et du franc CFA en Afrique. Dans cette zone, les questions monétaires sont un sujet tabou, la répression sévère, parfois meurtrière, comme ce fut probablement le cas concernant le décès, certains disent l’assassinat de Tchundjang Pouémi. Les premiers responsables de cette situation sont les dirigeants africains. Au lendemain des « indépendances », ils ont embarqué leurs populations dans l’impasse du franc CFA, lequel n’est rien d’autre que la prolongation de l’agression coloniale et raciale contre l’Afrique. Cette monnaie a admirablement servi le but pour lequel il fut créé : être l’instrument de « l’appauvrissement automatique de l’Afrique et de l’enrichissement automatique de la France » , pour paraphraser René Sédillot. Il y avait d’autres voies. Par exemple celle choisie par les pays du Maghreb, dès qu’ils se sont libérés du joug colonial français. Ces pays se portent aujourd’hui infiniment mieux que les pays CFA. Toutes les études le montrent, la décision de quitter la zone franc est pour beaucoup dans la meilleure santé économique de ces pays maghrébins.

    Le travail de Nicolas Agbohou peut donc être considéré comme une œuvre salutaire contre la corruption en Afrique. En déchirant le voile du tabou, en mettant le débat sur la place publique, en présentant aussi objectivement que possible tous les termes du débat, il rend un grand service à l’Afrique entière. S’il vise les décideurs qui, par leurs fonctions dans l’appareil d’État, sont capables de prendre les mesures nécessaires à la libération monétaire de l’Afrique, Nicolas Agbohou s’adresse d’abord au plus commun des citoyens africains : bien informés, ceux-ci seront mieux armés pour obliger leurs dirigeants à prendre les meilleures décisions. Ici encore, il faut rendre hommage à Nicolas Agbohou : il a abandonné le jargon des hommes de sa profession, les économistes, pour utiliser une langue simple, que peut comprendre tout Africain qui accepte de faire le moindre effort personnel.

    Au livre de Tchundjang Pouémi publié voici bientôt trente ans, les adeptes du statu quo néocolonial et les bénéficiaires du nazisme monétaire français ont répondu par un silence. Total black out. Ils ont refusé le débat. Il n’y a pas eu débat. Ils ont été imités par leurs relais dans les cercles influents, en l’occurrence le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement, qui ont la mainmise sur les questions économiques ou stratégiques concernant l’Afrique. Les banques centrales des pays CFA ont réagi exactement comme ces adeptes et ces bénéficiaires. A la première édition de Le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique, publiée en 1999, l’année de l’introduction de l’euro, on a observé encore la même réaction de ces adeptes, de ces bénéficiaires et de ces banques centrales. Jusqu’ici, cette réaction, ainsi que la répression et l’intimidation contre la pensée libre en Afrique ont bloqué tout débat sur ce qui est sans doute le plus grand scandale monétaire de toute l’histoire et aussi la principale cause de l’appauvrissement de centaines de millions d’Africains.

    Les choses pourraient être différentes avec la présente édition. Deux éléments nouveaux poussent à le croire. D’abord, l’euro n’a apporté aux Africains aucun des nombreux bienfaits qu’on leur avait promis lors de l’introduction de cette monnaie et de l’arrimage du franc CFA à elle. Au contraire, les populations africaines souffrent aujourd’hui plus que jamais de l’asservissement du franc CFA à l’euro : l’appréciation considérable de l’euro par rapport au dollar a pour conséquence l’appréciation automatique du franc CFA et donc aussi une dévastatrice perte de compétitivité des pays CFA.

    Second élément, le plus important, la guerre en Côte d’Ivoire. La guerre que les bénéficiaires du nazisme monétaire français ont provoquée en Côte d’Ivoire ces cinq dernières années, a permis à grand nombre d’Africains, en premier lieu les Ivoiriens, d’identifier clairement les ennemis de l’Afrique. Des millions d’Africains sont descendus dans la rue pour affronter les chars ennemis et protéger les responsables Ivoiriens décidés à défendre l’intérêt Africain et à mettre fin au néocolonialisme dont le franc CFA n’est qu’un aspect. Un nombre considérable d’Africains, souvent des jeunes, sont morts dans ce combat pour la libération de la Côte d’Ivoire et celle de l’Afrique.

    Une responsabilité particulière est donc placée sur les épaules des dirigeants actuels et futurs de la Côte d’Ivoire. Toutes ces victimes, tous ces jeunes, sont-ils morts pour rien ? Le débat pour la libération définitive de l’Afrique ne peut plus être interdit. Or cette libération passe, à notre avis, par un rejet du franc CFA. Il ne peut donc plus y avoir tabou, et aujourd’hui, l’on ne peut plus répondre à Nicolas Agbohou par le black-out.

    Mieux, les dirigeants de Côte d’Ivoire, ont pour ainsi dire l’obligation d’aller de l’avant sur le chemin de la libération. Or il se trouve que, malgré la guerre qui a considérablement affaibli ce pays, économiquement, politiquement et administrativement, le divisant en deux territoires antagonistes, l’un aux mains des rebelles et de leurs commanditaires étrangers, la Côte d’Ivoire demeure et de loin, la plus importante économie de l’UEMOA, représentant à elle seule près de 40% du PIB de cette union. La sortie de la Côte d’Ivoire de l’UEMOA sonnerait le glas de la zone franc.

    Tout ceci souligne l’importance exceptionnelle aujourd’hui de la Côte d’Ivoire pour le progrès en Afrique. L’année 2008, est annoncée comme aussi l’année des élections en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens, quel que soit leur niveau de responsabilité, doivent bien saisir la portée des choix qu’ils auront à effectuer lors de ces élections. Tout mouvement vers la libération étant pour l’instant invisible dans la zone CEMAC soumise à des autocrates s’éternisant au pouvoir, totalisant près de deux siècles d’exercice continu de dictature, c’est à l’UEMOA que revient la tâche de lancer la marche vers l’émancipation de l’Afrique. Et à l’intérieur de l’UEMOA, c’est au leader de cette union, la Côte d’Ivoire, de donner le cap.

    Il se trouve que Nicolas Agbohou, patriote panafricain convaincu, est aussi Ivoirien. Il se trouve aussi que c’est en Côte d’Ivoire que Tchundjang Pouémi a élaboré sa théorie et rassemblé les éléments qui lui ont permis d’écrire son livre. Nicolas Agbohou, en digne successeur de Tchundjang Pouémi, est un Ivoirien conscient des responsabilités qui incombent à son pays dans le combat sans merci contre le nazisme monétaire français en Afrique. Les dirigeants ivoiriens pourraient-il l’écouter ? Les dirigeants Africains pourraient-ils lui prêter l’oreille ?

    25 juin 2008 à 14 h 04 min
  • sas Répondre

    A montesquieu…….pour faire simple les reseaux de captation soit des richesses locales ,soit des fond publique et autre subvention en investissement nationnaux capté localement par les entonoires controuvés……ont DES NOMS ET DES LOCALISATIONS PRECISES: ce sont les reseaux maçonniques qui gravitent autour des chambres de commerce et autres consulats….

    Si d’aventure la colonisation est discutables pour les peuples concernés…….ne doutez pas que les membres initiés des loges eux se sont enrichi a milliards en afriques, dans les dom-tom…….c’est d’auilleurs pour cette même raison que les pouvoir se sont maintenu entre les quasi m^meme mains se substituant le plus souvant aux rouages et aux hiérarchie républicaine……..c’est exactement ca la ripoublique…….et les magistrats actuels s’efforce de faire perdurer ce systeme d’un autre âge….

    exemple en martinique et guadeloupe 65 loges maçonniques…….re exemple l’ex directeur general du credit agricole locale ,condamné pour prise de participation illégale et escroquerie à 10 000 millions d euros a rendre au grouppe en faillite (malgre leurs propres turpitudes judiciaire: LES DEMON DU CREDIT AGRICOLE 5 7 00 000 SOCIETAIRE FLOUES nathan izamber/nahl)…….et bien ce directeur franc maçon et a la retraite voit lui sa sa condamnantion commué opportunément par le plaignant lui-même a 930 000 EUROS DE DOMMAGES……… après une grève de la faim

    les sociétaires eux ? baisés une fois de plus, floués…..les plaintes pénales au panier ……le parquet ? silence radio…..la chancellerie au abonnés abscents

    voilà donc comment fonctionne cette ripoublique…..

    essayez d’en faire autant  !!  !!!!  !!!!

    sas

    nb) le credit agricole ruiné par les subprimes leve 5 milliards d euros pour se recapitaliser….

    operation martinique /guadeloupe 850 millions d euros de créance douteuses rachetées en sous main par eux même…….mais gageons que les assurances initiées rackeront les différences en tous genres…

    25 juin 2008 à 12 h 29 min
  • Assertif Répondre

     

    Quel triste Sir cet Ambassadeur.

    Ce cher homme feint d’ignorer les frontières artificielles qui furent imposées aux Peuples, séparant de fait des ethnies semblables, et imposant dans un même pays ds ethnies aux antagonismes séculaires..

     Les démocraties occidentales détournant les yeux sur les tyrans locaux, pour mieux exporter des chars, des avions au lieux d’hôpitaux, d’écoles…

    Non Monsieur l’Ambassadeur, trivialité oblige l’Occident n’a pas les cuisses propres.

    Assertif

    25 juin 2008 à 11 h 38 min
  • EIFF Répondre

    Trés bon Monsieur Lambert, trés bon rappel historique, trés bonne analyse. Nos gouvernants actuels ne sont vraiment pas à la hauteur, ils préfèrent bien souvent les coups-fourrés, les magouilles et les jugements tronqués, étriqués qu’ils sont, dans leurs petits égoïsmes domestiques, plutôt que le courage de décisions douloureuses et de vision pour l’avenir. Face au génocide planétaire en cours planifié par les spéculateurs du mondialisme et par les idéologues, la Nation reste la seule "plate-forme" pour le redressement national et pour préparer une Europe puissante.

    Je vous invite à méditer sur le projet de confédération impériale euro-russe développé par Guillaume Faye : http://guillaumefayearchive.wordpress.com/2007/12/26/euro-russie-bases-concretes-d%e2%80%99une-future-confederation-imperiale/

     

    25 juin 2008 à 10 h 51 min
  • Montesquieu Répondre

    "De l’Afrique, je ne dirai rien : chacun sait ce qui s’y passe. Guerres permanentes et anarchie. Il n’est pas de mois où il ne se produise une catastrophe. Et, en prime : corruption et affairisme. 400 milliards de dollars ont été détournés d’Afrique depuis les indépendances, plus, logiquement, l’émigration massive des Africains vers l’Europe et par tous les moyens."

    Monsieur Christian Lambert, vous avez raison de ne vouloir rien dire de l’Afrique car le bordel que les politiques français (Gauche comme Droite) y ont crée depuis est indescriptible et constitue un scandale voire un cadavre dans le placard "FRANCE".

    Prenons le cas tout simple de l’Afrique francophone. La françafrique y règne en maître avec les réseaux mafieux que Jacques Foccart avait initié avant de quitter cette terre. Les Pères des indépendances africaines ont été assassinés et remplacés par des "Préfets locaux" qui protègent d’une manière ou d’une autre les intérêts de la France. Les multinationales françaises se taillent depuis un quart de siècle la part du lion (Bolloré, Bouygues, ELF, Colas, SAUR, Lyonnaise des Eaux, Véolia, Vinci……………., la liste est longue. Si les intérêts d’une de ces sociétés est menacé, des coups d’Etat sont fomentés, des guerres sont crées et financées par ces mêmes sociétés sur fond de conflits ethniques (ce que l’on présente toujours à l’opinion française naïve et ignorante des pratiques de la République en Afrique).

    L’Afrique est riche de ses ressources mais elle est paupérisée de façon consciente et cynique par des réseaux et complicités de part le monde en passant par la France. Un grand scandale de la Vème République que constitue le  Franc CFA n’a jamais été porté à la connaissance du peuple français. Les devises des pays africains francophones dorment dans "les comptes d’opérations" qui dépendent du Ministère des Finances. Les Etats africains n’ont aucune marge de manoeuvre pour conduire une quelconque politique économique et monétaire. Tout est bloqué et les ordres viennent depuis toujours de la France.

    Soit vous faites semblant de ne vouloir rien dire ou vous ignorez complètement tous ces crimes commis au vu et au su de tout le monde.

    Comme je l’avait dit la dernière fois, la roue tourne et nous entrons dans l’ère du verseau……….

    Bonne journée!

    25 juin 2008 à 10 h 35 min
  • nicolas bonnal Répondre

    tres bien vu  monsieur l´ambassadeur. a lire aussi le livre que pat buchanan a consacré á churchill et sa guerre inutile contre l´Allemagne, qui a précipité le déclin de l´occident et meme sans doute la disparition du monde devenu incontrolable.

    25 juin 2008 à 3 h 58 min

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