Laurent Wirth, la grande pitié de l’histoire de France

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Laurent Wirth, la grande pitié de l’histoire de France

 

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La Croix du 13 octobre consacre sa une à un sujet récurrent : l’enseignement de l’histoire en France. Interrogé sur la disparition des manuels scolaires des généraux de la Grande Guerre, comme Foch, Joffre ou Pétain, le doyen de l’Inspection générale, Laurent Wirth, « s’emporte », nous est-il dit : « Il serait absurde d’imaginer un complot visant à les effacer de l’histoire de France ! » , fulmine-t-il, avant d’ajouter à propos des manuels scolaires :

« Les enseignants qui se chargent de les rédiger sont libres d’interpréter les programmes comme ils le souhaitent. Et même s’ils n’évoquent pas dans leurs ouvrages le rôle de tel ou tel personnage, leurs collègues, en classe, jouissent d’une totale liberté pédagogique. Lorsqu’ils évoquent Verdun, ils ne peuvent passer sous silence le rôle de Pétain. Il faut arrêter de prendre les professeurs recrutés aujourd’hui à bac + 5 pour des imbéciles ! »

C’est plutôt Laurent Wirth qui prend les Français pour des imbéciles. Ce n’est pas le quotient intellectuel des professeurs qui est en cause, mais les œillères idéologiques d’un certain nombre d’entre eux, à commencer par ceux qui sont chargés de rédiger les manuels d’histoire. Il sont « libres d’interpréter les programmes » et de passer sous silence le rôle de tel ou tel personnage historique, affirme le doyen de l’Inspection générale. Faut-il donc s’attendre à ce que le XVIIe siècle soit traité dans les manuels sans la moindre allusion à Louis XIV, sous prétexte que les rédacteurs des manuels de le citer ? A cette aune, que reste-t-il de l’histoire ?

Faut-il compter sur les enseignants pour rectifier le tir, comme le laisse entendre Laurent Wirth ? En premier lieu, cela ne justifie pas les manques des manuels, qui sont justement là pour pallier les éventuelles déficiences des enseignants et apporter à l’élève un savoir minimum. En second lieu, les enseignants eux-mêmes peuvent partager les réticences des auteurs des manuels et décider que, puisque ces derniers ne disent pas mot de Pétain, Louis XIV ou Bonaparte, il n’est pas plus nécessaire d’y faire allusion dans leur cours. Une enseignante, professeur d’histoire de l’une de mes filles, refusait ainsi de traiter la période de l’Empire, sous prétexte qu’elle n’aimait pas Napoléon !

Au reste, il importe peu que Joffre, Foch et Pétain soient passés sous silence (même s’il est difficile de comprendre comment ce dernier accéda au pouvoir en 1940 si l’on ignore son rôle pendant la Grande Guerre). Les lycéens Français ne savent même plus qu’entre Louis XIV et Louis XVI régna un roi nommé Louis XV (sans même parler de la Régence…) !

Le mondialisme, avenir du monde

De manière plus générale, comme l’écrivait un professeur d’histoire dans un récent numéro du magazine Monde et Vie (8 septembre 2012) :

« L’histoire de France n’est abordée qu’à la faveur de quelques grands concepts, qui cherchent à démontrer que la construction européenne, le mondialisme et la démocratie sont la base et l’avenir du monde actuel. Aujourd’hui, un élève de seconde ignore que la France existait avant la Révolution. Après avoir travaillé sur ” les Européens dans le peuplement de la terre “, puis ” l’invention de la citoyenneté dans le monde antique “ et ” les sociétés et cultures de l’Europe médiévale ” – où il n’est pas directement question de la France –, il va étudier, en abordant la Renaissance, ” une cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européenne “, puis la Cité interdite à Pékin, mais il n’entendra à aucun moment parler de François Ier, ni des châteaux de la Loire ! Il est donc fondé à croire que la France est née en 1789, ce qui rend d’ailleurs la période révolutionnaire incompréhensible, car comment fait-on une révolution contre ce qui n’existe pas ? J’essaie néanmoins de parler de l’histoire de France aux élèves, mais cela m’a été reproché. La chronologie est complètement déstructurée, je me bats pour la restaurer mais cela aussi m’a été reproché. »

Reproché par qui, sinon par les inspecteurs de l’Education nationale, dont le doyen, Laurent Wirth, affirme pourtant dans La Croix que les enseignants jouissent en classe d’une « totale liberté pédagogique » ? Pour un peu, on en viendrait presque à croire au complot…

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Comments (2)

  • charlie harper Répondre

    Ce qui est malhonnete dans cette présentation c’est de faire croire qu “avant” c’était mieux : non , “avant” , on apprenait que tous les rois de France (sauf le bon béarnais et la poule au pot du dimance – c’est dire le niveau…!!!) étaient tous des tyrans (L 14) ou des incapables(L 15 et 16)…et qu’heureusement il y avait eu 1789 (on ne parlait pas de la terreur, de la Vendée…)
    On apprenait que toute la France avait résisté , bref beaucoup de stupidités….
    Donc, aujourd’hui cela ne peut pas être pire qu'”avant’.

    19 octobre 2012 à 16 h 52 min
  • QUINCTIUS CICINNATUS Répondre

    Je ne considère certainement pas ” les professeur(e)s recruté(e)s à bac plus 5 comme des imbéciles ” … puisque je sais pertinemment qu’ils ont satisfait avec constance , abnégation , et un renoncement intellectuel exemplaire à toutes les oukases du politiquement correct à fin d’accéder à ce magister suprême qui dirige les âmes , les esprits et peut être même l’intelligence , mais pour sur ce dernier point , je ne mettrai pas ma tête sur le billot ; merci donc à Messieurs Pleven , Gassot et à quelques ( nombreux ) autres du spectacle , du cinéma , de la presse écrite et télévisée ou ” radiophonisée ” !

    14 octobre 2012 à 21 h 02 min

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