La revue de presse de Pierre Menou

La revue de presse de Pierre Menou

Tintin égale SS

Tintin, Mein Kapf, même combat ? Dans un article publié par Valeurs actuelles du 17 septembre sous le titre « Tintin au pays des censures », Valentin Goux rapporte : « À New York, l’affaire est entendue. Ainsi, depuis deux ans, lorsqu’un féru de bande dessinée se rend à la bibliothèque publique de Brooklyn pour consulter Tintin au Congo, celui-ci est introuvable sur les rayons.
  Le lecteur doit demander la permission à un bibliothécaire pour accéder à une pièce isolée et fermée à clé, où il pourra lire sa bande dessinée avec d’autres ouvrages prohibés tels que… Mein Kampf.
En Europe, Bienvenu Mbutu, un comptable congolais vivant en Belgique, examine avec son avocat, Me Gilbert Collard, le moyen de déposer une plainte contre l’album de bande dessinée en France.Une procédure similaire a déjà été lancée outre-Quiévrain pour “racisme et xénophobie”. »

Même les héros de bandes dessinées n’échappent donc plus au politiquement correct. Tintin n’est pas le seul menacé : Valentin Goux rappelle que le philosophe Michel Serres regrettait aussi sur France-Info que les Français apprécient des héros aussi douteux qu’Astérix et Obélix, « qui gagnent à coups de poings parce qu’ils ont pris de la potion magique, c’est-à-dire de la drogue tout simplement, des héros drogués.
Et qui font bâillonner le poète quand ils fêtent leur victoire, comme Goering disait que quand il entendait parler de culture il sortait son revolver. » Décidément, le nazisme se cache partout !
« Si Goscinny, petit-fils d’un rabbin polonais, avait entendu… », conclut le journaliste de Valeurs Actuelles.

Crise de régime

« De tout côté on n’entend plus que ça », mais il ne s’agit pas comme dans la célèbre chanson des années 60 d’un « air nouveau » : le procès Clearstream répand plutôt une odeur rance de haines recuites. Dans un article intitulé « Villepin et la basse police », l’ancien directeur du Monde, Jean-Marie Colombani, écrit sur le magazine en ligne Slate.fr : « Cette fois nous y sommes : le grand duel tant attendu commence. Un duel dont John Ford, ou Raoul Walsh, n’auraient pu imaginer qu’il puisse être à ce point scénarisé. Une première dans notre histoire politique, celle qui voit s’affronter dans un prétoire un président en exercice et un ancien premier ministre, l’un et l’autre étant censés appartenir à la même famille politique. A "OK Corral", Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin se font face. Tandis que le pays est au balcon. »

Comme dans un western, plutôt style spaghetti, le « bon » menace la « brute » de la pendre, non pas à la potence, mais à un croc de boucher, ce qui a conduit l’un des avocats de Dominique de Villepin à comparer un peu abusivement le président de la République à Hitler : le croc de boucher évoquerait plutôt Mussolini, qui fut pendu par les pieds à cet outil après son exécution. En dépit d’une distribution prestigieuse, il manque pourtant un personnage au film : celui du « truand ». De ce dernier, aujourd’hui à la retraite, on n’a guère parlé au début du procès, comme si l’affaire Clearstream devait se cantonner à l’affrontement Sarkozy-Villepin. Mais comment le procès pourrait-il se dérouler sans que soit évoqué le rôle de Jacques Chirac ?

Les politiques discrédités

Comme l’écrit Thomas Vallières dans Marianne du 19 septembre, « Toute la question est de savoir (…) où s’arrêtera la curiosité du tribunal ». A en croire le journaliste, la conviction des juges est faite : « Chirac a couvert Villepin. Leur problème ? Les documents dont ils pourraient se servir contre Chirac débordent le cadre de leur saisine. Il leur fallait une confession d’un des acteurs du drame mettant en cause l’ex-président. Ils ne l’ont pas obtenue. » Il y a mieux, ou pire, selon que l’on souhaite que la vérité éclate au grand jour ou que l’on craigne le ridicule qui dans cette affaire éclabousse la France toute entière : en 2007, rappelle Thomas Vallières, Chirac a passé un accord avec Sarkozy. « Ça s’est conclu rue de Lille, dans le bureau de l’ancien président, en tête à tête. La vengeance de Sarkozy s’arrêtera à Villepin. Le tribunal sera-t-il aussi accomodant ? Villepin aussi discret que le fut Juppé dans les affaires de la Ville de Paris ? Ce serait tricher avec la vérité, sinon avec la justice. »

Il y a pourtant lieu de croire que ce scénario prévaudra : en dépit des imprécations des uns et des autres, Villepin d’énonçant l’« acharnement » de Sarkozy tandis que celui-ci anticipe le verdict des juges en désignant d’ores et déjà ses adversaires comme « coupables », on s’affronte ici à fleuret moucheté, comme le rappelle encore Jean-Marie Colombani sur Slate.fr : les deux juges d’instruction, qui avaient conclu que Dominique de Villepin était l’instigateur de l’opération Clearstream, « n’ont cependant pas été suivis, faute d’éléments suffisamment probants, par le Parquet, qui, après avoir envisagé un moment de dégager celui qui était alors Premier ministre, Chirac régnant, de toute responsabilité, a décidé de le poursuivre. Mais sur une base juridique ténue: il s’agit pour le Parquet d’une manipulation à laquelle aurait consenti Dominique de Villepin, mais "par abstention". C’est-à-dire en omettant de prévenir les intéressés qu’ils faisaient l’objet d’une manipulation. » On peut donc s’attendre, si Dominique de Villepin est condamné, à ce que la peine soit plus infamante que lourde. Mais plus encore que l’ancien Premier ministre, en ombre chinoise de l’ancien président, c’est régime lui-même, à travers son personnel politique, qui sortira de l’affaire discrédité et ce discrédit n’épargnera pas l’actuel président, dont l’attitude a conforté l’image hystérique que ses adversaires cherchent à lui donner.
 
L’éthique ou le progrès

A ce discrédit, les socialistes contribuent aux aussi de leur mieux, comme en témoigne le lourd soupçon de fraudes qui entache l’élection de Martine Aubry comme Premier secrétaire du parti. Dans Monde et Vie du 21 septembre, Olivier Figueras s’étonnait de la « réaction en définitive très modeste » de Ségolène Royal, qui venait « conforter la position de Martine Aubry », qui pour sa part affirme avec un bel aplomb qu’elle ne « regarde pas dans le retroviseur ». Mais l’ex-candidate à la présidence de la République se résigne-t-elle vraiment ? Lors de sa « Fête de la fraternité, organisée le 19 septembre à Montpellier, elle a appelé à la formation d’un « mouvement puissant et accueillant que le pays attend », en annonçant à ses partisans : « Nous accompagnerons le dépassement du Parti socialiste ». Aussi confus soit-il, cet accompagnement de dépassement laisse-t-il entendre que Ségolène pourrait fonder un nouveau mouvement ? Ses propres amis, au PS, ne le souhaitent pas. Dans Sud-Ouest, le 20 septembre, Jean-Pierre Deroudille décode : « À ceux qui se demandaient si elle allait quitter le PS, la réponse qu’elle a donnée hier est clairement non, mais on a bien compris aussi qu’elle s’adressait désormais bien au-delà. Il n’est plus question non plus de créer un courant, ce qu’a fait son ancien lieutenant Vincent Peillon, mais bien de réanimer sa propre organisation, Désirs d’avenir, clairement située en marge, dotée d’une organisation propre, avec ses ramifications dans toute la société, principalement là où le PS a désormais du mal à s’implanter, dans les quartiers, dans les usines. »

Ségolène, quant à elle, a surtout du mal à trouver grâce aux yeux de la presse, s’il faut en juger par l’attitude de nos confrères, qui ont ménagé Martine Aubry en dépit des accusations de fraudes dont elle a fait l’objet, et au contraire attaqué sa « victime », notamment en daubant sur son nouveau site internet. Quand l’avenir des forces de progrès est en jeu, il faut savoir composer avec l’éthique démocratique. 
 
Nouvel “happening” chez le Roi-Soleil

Une stratégie très simple pour décourager les oppositions consiste à frapper immédiatement un grand coup, provoquant une forte réaction. En regard, les coups sensibles, mais un peu moins puissants qui seront portés par la suite paraîtront plus acceptable à l’adversaire. Ainsi, après l’inadmissible exposition du foutoir – à tous les sens du terme – du pornographe Koons à Versailles, les niaiseries de l’« artiste » Xavier Veilhan paraissent-elles presque inoffensives, bien qu’un carrosse tiré par six chevaux en tôle d’acier (« œuvre » achetée par l’Etat 250 000 euros, une broutille au regard des 140 milliards du déficit budgétaire) n’ait pas grand chose à faire dans la Cour d’honneur du château de Louis XIV, pas plus qu’un Youri Gagarine géant, en combinaison spatiale, couché sous les fenêtres du roi-soleil. « C’est stupide, cher et ridicule, mais on a déjà vu pire », se consolera le bon peuple, qui s’accoutumera peu à peu – espèrent nos responsables « culturels », à voir « l’art » contemporain polluer régulièrement, et peu être un jour de façon quasi permanente, le plus haut lieu du classicisme français. Il est cependant un moyen bien simple de faire échec à cette stratégie : garder intactes ses facultés d’indignation et refuser l’accoutumance.
 
Mitterrand fait son cinéma

Notre ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, ayant trouvé «absolument épouvantable» l’arrestation en Suisse de Roman Polanski, l’ensemble des médias a fait chorus et le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est intervenu auprès d’Hilary Clinton, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, pour demander la libération du cinéaste, que son génie placerait donc au-dessus des lois et de la morale commune. Les mêmes journalistes qui s’émeuvent de la mésaventure réservée à Polanski, qualifieraient en effet de monstre n’importe quel individu coupable d’avoir saoulé et drogué une gamine de 13 ans pour abuser d’elle. On pourrait pourtant concevoir que la richesse et la célébrité du cinéaste constituent des circonstances aggravantes.

Cet émoi rappelle celui qu’avait suscité la perspective de l’expulsion vers l’Italie de Cesare Battisti, qui commit ou se rendit complices de plusieurs meurtres en Italie à l’époque où il appartenait au groupe terroriste « Prolétaires armés pour le communisme », et dont nos belles consciences prirent la défense en arguant qu’il était devenu un intellectuel reconnu et un romancier de talent, auquel François Mitterrand avait en outre promis l’asile politique. Carla Bruni-Sarkozy elle-même intervint en sa faveur…

La loi du « pays légal » n’est décidément pas celle de tout le monde… Pourtant, au nom de quelle justice un cinéaste, fût-il de génie, un écrivain, même présumé talentueux, auraient-ils le droit de violer ou de tuer impunément ? Parce qu’ils appartiennent au « microcosme médiatico-mondain », comme le dit le député Christian Vanneste ? Kouchner et Mitterrand nous font un bien mauvais cinéma.
 
Mont Saint-Michel : Sarkozy au vent mauvais

Le site du Mont Saint-Michel, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sera-t-il défiguré ? Un projet prévoit d’installer en bordure de la baie plusieurs éoliennes industrielles d’une hauteur de 225 mètres, qui seraient visibles à plus de 20 kilomètres – l’éolienne la plus proche devant s’installer à 15 kilomètres du Mont, selon la Fédération de l’Environnement Durable. Cette association demande un moratoire pour « arrêter ce programme dévastateur », contre lequel un millier de personnes ont manifesté le 26 septembre au Mont Saint-Michel. Les opposants au projet rappellent qu’en octobre 2007, Nicolas Sarkozy, recevant à l’Elysée les conclusions du Grenelle de l’Environnement, s’était engagé à ce que les éoliennes soient installées « loin des sites emblématiques ». Au nom d’une conception imbécile de l’écologie, ces appareils gigantesques et bruyants se multiplient désormais, le long de nos côtes comme dans la vallée du Rhône, en saccageant les paysages. Rappelons que les éoliennes fournissent une électricité très chère, qu’EDF revend à un prix inférieur au coût de production.
 
Pierre Menou

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Comments (7)

  • LE TROLL Répondre

    tiens, il semble que certain a ou a eu des intérêts dans le groupe Bolloré…

    13 octobre 2009 à 11 h 43 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<l’on écrit : Mein Kampf>>
    "Mein Krampf" est aussi toléré pour ceux qui en connaissent le sens!

     

    10 octobre 2009 à 17 h 48 min
  • Marc Répondre

    Non,non mon cher Pierre Menou,le croc de boucher n’évoque pas que Mussolini, Hitler faisait bel et bien pendre de nombreux opposants à des crocs de boucher,par ses SS ! L’une de ses principales victimes,fut le célèbre amiral Canaris,chef des services secrets,qui fut compromis dans l’attentat contre Hitler,avec le Maréchal Romel et bien d’autres . Le Maréchal Romel échappa à la  pendaison,mais fut obligé de se suicider !

    10 octobre 2009 à 16 h 00 min
  • prout Répondre

    l’on écrit : Mein Kampf

    9 octobre 2009 à 16 h 10 min
  • Totor Répondre

    Vous savez, y’a pas besoin d’aller à new york pour constater que des livres pas politiquement correct disparaissent des rayons des bibliothèques municipales. Dernièrement, je me suis rendu compte que certains ouvrages de Jean RASPAIL, apparaissant pourtant en rayon dans le catalogue, mais aussi de certains libéraux tel que Norberg se sont volatilisés. Je suis dans une municipalité de gauche et la question est de savoir s’il y a une différence avec les municipalités de droite serait intéressante à évoquer…

    8 octobre 2009 à 18 h 48 min
  • Anonyme Répondre

    <<<< Vous êtes-vous seulement déjà posé la question de ce qu’est l’art contemporain ?  >>>>>
    Oui, et plusieurs fois… Et je n’ai jamais pu trouver de réponse….
    <<<<< Pensez-vous vraiment que l’art contemporain des réactionnaires de chaque époque passée leur plaisait. Ces mêmes œuvres considérées aujourd’hui comme du grand Art ? >>>>>
    A mon avis, c’est une très bonne question…

    Lambda, l’individu

    8 octobre 2009 à 12 h 07 min
  • anonyme Répondre

    Bonjour

    Vous êtes-vous seulement déjà posé la question de ce qu’est l’art contemporain ?
    Avez-vous déjà imaginé ne serait-ce que quelques secondes l’art contemporain des vivants du 18è siècle. Est ce que l’art de ce siècle là, d’ailleurs, vous sied un peu plus ?
    Saviez vous que les artistes du Roi ne répondait qu’à des commandes. Des commandes du Clergé également. C’est quoi pour vous l’art véritable ? Celui qui mérite d’être montré ? Ce serait intéressant de le savoir. Plutôt que de parler de foutreries et de niaiseries.
    Et de rancœur.
    Pensez-vous vraiment que l’art contemporain des réactionnaires de chaque époque passée leur plaisait. Ces mêmes œuvres considérées aujourd’hui comme du grand Art ?

    8 octobre 2009 à 11 h 22 min

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