Le droit naturel ou la mort

Le droit naturel ou la mort

« La France des années 2000 est caractérisée par le poids désormais insensé de l’État et de la fonction publique. La société civile y est écrasée par les prélèvements obligatoires et paralysée par les réglementations qui interdisent ou entravent les initiatives individuelles, découragent l’effort, le travail et les démarches créatives dans ce pays jadis si inventif » : tels sont les premiers mots de la préface rédigée par Philippe Némo pour le dernier livre de Patrick Simon.

C’est un fait, la France semble désormais avoir un pied dans la tombe. Je ne puis que souscrire aussi à ce qu’écrit plus loin Patrick Simon. La mort lente de la France tient à de multiples causes qui, presque toutes, peuvent être reconduites à une hypertrophie administrative derrière laquelle se tient l’arbitraire dogmatique de la loi et la perte de la conscience claire de ce qu’est le droit, qui ne mérite ce nom que s’il est « droit naturel ». Sortir de l’arbitraire de la loi implique, bien sûr, qu’on redécouvre le droit naturel.

« Le droit naturel, écrit Patrick Simon, est spontané et non pas décrété, il s’appuie sur l’observation, donc sur la raison, mais cette raison a des limites. C’est une île ou plutôt un navire entouré par un océan d’ignorance ». Et Simon insiste : « La conscience des limites de la raison imprègne le droit naturel et, en lui ôtant toute prétention au savoir absolu, le sauve de toute tentation totalitaire ».

Simon nous propose un exercice de généalogie qui nous reconduit à Platon qui « voulait imposer le bien en faisant l’économie de la liberté », à Aristote qui, le premier démontra que « la justice naturelle ne dépend pas des opinions » et qui posa que le bien peut être atteint en contexte de pluralisme, à Cicéron qui montra la supériorité d’un droit naturel stable sur le droit positif. Simon parle, bien sûr, du judaïsme, du christianisme. Il souligne les raisons du blocage de l’islam, engoncé dans un dogmatisme impératif.

Abordant les temps modernes, il procède à une critique de Hobbes et de Rousseau d’une façon qui montre qu’il s’est profondément imprégné de la pensée de Locke, mais aussi de celle d’Edmund Burke qui, fort peu de temps après l’enclenchement de la Révolution française, avait déjà compris que s’était mis en place l’infernal engrenage qui allait conduire à la Terreur, à Napoléon, et dont nous ne sommes plus vraiment sortis.

Il procède, et c’est à mes yeux l’un des aspects les plus novateurs du livre, à une relecture de la pensée de Friedrich Hayek sous un angle burkéen : « Les traditions renferment plus de savoir et d’expérience que l’individu n’en possède à lui seul », et Burke a rappelé qu’en arrière-fond de tous les contrats, il y a le grand contrat qui provient de l’expérience, des décisions, des erreurs, des rectifications des générations passées. En conséquence : « Les règles naturelles incorporent et transmettent de l’information et du savoir ». Elles ne tombent pas d’une transcendance, mais usent de la transcendance pour que les choix se fassent en direction du juste. « Seules les règles les meilleures subsistent quand elles sont en concurrence avec d’autres ».
Patrick Simon revient, pour finir, sur les blocages français, sur l’arbitraire dogmatique, et il montre pourquoi ceux qui comprennent le droit naturel ne pouvaient qu’être horrifiés face à un projet de constitution européenne imprégné de tous côtés par la « tentation constructiviste ». On peut espérer que Patrick Simon sera lu, commenté et entendu. Malheureusement, nous sommes dans un pays où l’arbitraire de la loi est partout, et où la loi de l’arbitraire règne dans les rues.

Des hommes politiques sans repères oscillent entre démagogie et danse ridicule : un pas timide en avant, puis deux pas en arrière jusqu’à la chute. Des jeunes gens vocifèrent et utilisent des mots qu’ils ne comprennent pas. Le reste de la population ressent confusément que des jours sombres se préparent. Nul ou presque ne sait plus le droit. La France est immobile et agitée comme un navire en train de sombrer. Après le naufrage, pour tenter de discerner ce qui s’est passé, on cherchera des lueurs de lucidité. On en trouvera chez des auteurs tels que celui de ce livre…

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Comments (18)

  • sas Répondre

    He bien , 1ere mesure…l’argent roi étant le nef de la guerre,et nos prince étant avide des métaux… NE PLUS RIEN PAYER….ne plus laisser d argent sur les comptes , solder de suite…DEMENAGER TOUS LES 3à4 MOIS…s’efforcer de travailler au black…DEPLOMBER LES COMPTEURS ELECTRIQUES et mettre des shunts,attendre les feremetures d’eau et réouvrir….et NE PLUS RIEN PAYER et si d’aventure vous vous faites attraper: procédures judiciaires sur procédures; vous les embourbez. sI 20 % des français (habituels payeurs)font cela…je donne 6 mois au système français pour exploser… L’etat “initié” n’a pas besoin de son peuple profane ??? qu’elle se rassure son peuple n’a pas besoin d’elle… sas adepte de la 1 ere phase.

    18 avril 2006 à 13 h 42 min
  • Helios Répondre

    “QU EST CE QU ON FAIT ????? et QUAND ???? sas qui se réjouit de cette prise de conscience tardive…mais unanime… sas le guerrier.” “A SAS, tout à fait d’accord, alors que proposes-tu toi de concret? Lance une action, je suis prêt à te suivre.” Florent Si l’on me permet une suggestion “impertinente”, je vous dirai comme ce docteur: Monsieur vous avez un cancer généralisé, il ne vous reste que trois mois à vivre, je vous conseille de mettre vos papiers en ordre et prendre un peu de bon temps! Travailler à réformer l’état c’est de l’acharnement thérapeutique. L’état n’est pas réformable, le point de non retour a été atteint et dépassé depuis des lunes. Les écuries d’Augias sont titanesques et vous ne vous appelez pas Hercule! Le seul espoir c’est que la machine étatique s’écroule sous son propre poids comme celle de feue L’URSS. Je l’ai déjà dit, la douce France attend son Gorbatchev, quelqu’un réclame-t-il l’honneur de chausser ses bottes? Helios

    18 avril 2006 à 5 h 53 min
  • Alborg Répondre

    Un article de G.MILLIERE d’une sobriété un peu inhabituelle, sans doute pour mieux mettre en valeur les propos de ce P.SIMON…. Ce qui réussit parfaitement car il donne vraiment envie de lire ce bouquin qui traîte, une fois n’est pas coutume, d’un sujet de fond… Voila qui nous change de ce genre “d’essai” sur les frasques à Nicolas ou les basques à Ségolène …. Cordialement Alborg

    18 avril 2006 à 1 h 30 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Tout à fait d’accord avec vous, GUS. Ou bien les fonctionnaires ne devraient pas avoir le droit de se présenter à des élections (devoir de réserve oblige !) ou bien, effectivement, ils ne devraient pas avoir la possibilité de retrouver leur poste à l’issue de leur mandat. Et comme par essence, les fonctionnaires ont horreur du risque ! En ce qui concerne le nombre des mandats, tout à fait d’accord pour que le nombre des mandats soit limité à deux. Ce qui aurait déjà, comme premier avantage, le mérite d’éviter que les politiciens s’installent dans de céritables fromage qu’ils refilent de père en fils en attendant (parité oblige) que ce soit de mère en fille, pour constituer de véritables dynastie… Je rappelle que, dans un précédént “post”, j’avais souhaité que soit appliqué en France le “sysème des dépouilles” (spoil system) américain qui permettrait au parti au pouvoir de se débarrasser des hauts fonctionnaires qui, en fait, dirigent l’Etat et bloquent toutes les initiatives, toutes les réformes. Le jeu est en fait faussé au profit de la gauche car, comme on le sait, les hauts fonctionnaires sont par essence de gauche, quand ils ne sont pas, en plus, franc-maçons. Que voilà de belles réformes, de belles manifestatio, de belles grèves en perspective ! Cordialement, Jean-Claude Lahitte senior

    17 avril 2006 à 12 h 07 min
  • Florent Répondre

    A SAS, tout à fait d’accord, alors que proposes-tu toi de concret? Lance une action, je suis prêt à te suivre.

    16 avril 2006 à 22 h 18 min
  • catalan Répondre

    Catalunya és una nació. El català és una llengua viva i pura. Visca Catalunya! Rosselló i Conflent són nostres, són CATALANS!

    16 avril 2006 à 1 h 21 min
  • Gus Répondre

    A J.C.Lahitte Dear sir. Je partage souvent votre façon de voir les choses, et toujours la façon de les exprimer. Vous me semblez avoir un certain recul dans la vie, comme moi: nous avons tout vu…Au reste, j’ai déjà eu l’occasion de dire, ici, que JAMAIS un fonctionnaire ne devrait retrouver son poste après avoir obtenu un mandat électoral, car c’est un peu facile, et que JAMAIS un député ne devrait faire plus de deux mandats:la députation n’est pas un métier: c’est une charge que l’on remplit pour la Nation: tout le reste est perversion du système ambition médiocre…J’ajoute qu’il suffit de voir le niveau des questions-réponses des députés en pleine digestion, le mercredi au Parlement, pour observer le crétinisme de ces messieurs-dames face à des gouvernants qui s’en foutent de façon outrageante: la démocratie en direct, et son cirque, en somme…

    15 avril 2006 à 18 h 02 min
  • sas Répondre

    A tous..;et patati , et patata…bon nous sommes ok sur le diagnostique et les maux contre nature qui nous dévorent… QU EST CE QU ON FAIT ????? et QUAND ???? sas qui se réjouit de cette prise de conscience tardive…mais unanime… sas le guerrier.

    15 avril 2006 à 14 h 01 min
  • Alexis Répondre

    J’en ai marre de ce gouvernement communiste où toute initiative est condamnée.je considéres la France comme une vieille femme vétue de haillons avec des trous à ses collants.ET pourtant,je l’aimes mon pays.

    15 avril 2006 à 7 h 21 min
  • Jean-Claude Lahitte senior Répondre

    Sans s’en rendre compte, la France est devenue, avec son appareil étatique à la soviétique(1), ses règlementations aussi nombreuses (les unes s’ajoutant aux autres, sans souci des contradictions)que tâtillonnes, une “démocratique populaire”. Une “démocratie pouplaire” gérée par des syndicats archaïques, des fonctionnaires qui campent sur leurs “diplômes” et leurs avantages acquis et qui justifient leur existence par la “ponte” de règlements qui, avec les charges sociales, rendent d’existence des entreprises, particulièrement les PME de plus en plus difficiles, de plus en plus précaires. Le comble, c’est que les politiciens qui croient “gouverner” sont incapables, par manque de courage, certes, mais aussi parce que, pour la plupart, ils sont issus du sérail, de l’ENA,de la Fonction publique ou de professions “parasites” qui n’ont rien d’entrepreneurial, continuent à être réélus, d’élections en élections, par les victimes de cette situation. A chaque élection, on espère un grand coup de balai, et à chaque élection, on retrouve les mêmes paltoquets de l’UMPS (UMP + PS)et leurs comparses de l’uDF, du P.C “F” et des Verts(2). Faudra-t-il que le “France-Titanic” s’enfonce encore davantage pour que les Français qui ont déjà les pieds dans la merde, décident de sonner la fin de la récréation pour les princes qui nous gouvernent et les élus des “partis gouvernementaux” ? Cordialement, bon dimanche de Pâques, Jean-Claude Lahitte senior. (1) l’Education (prétendue) nationale avec ses troupes aussi pléthoriques qu’inefficaces, son budget tout aussi pléthorique, en est le parfait exemple. (2) cela me rappelle les premières élections d’après la “Libération” qui avaient ramené au pouvoir les politiciens auxquels la France avait dû le désastre de 1940 !

    14 avril 2006 à 20 h 38 min
  • Action-Réaction Répondre

    Le droit naturel est un droit du bon sens, de la justesse et de l’équité, lorsqu’il est appliqué sans idéologie. Aux antipodes de celui-ci, nous vivons dans l’ère du droit positif, insitutionnalisé avec la chute de la monarchie et l’arrivée des idéaux républicains. Ce que nous apprennent nos facs de droit, en France, est que seul le droit positif est légitime, même si celui-ci ne vise en aucun cas à légaliser le bien, le juste ou le vrai. Il est utilitariste et relativiste. L’application frappante dans notre société est le remplacement de la morale (trop marquée sur le plan religieux) par l’éthique. Très pratique, elle est à géométrie variable, en fonction de l’évolution de nos moeurs et du “sentiment” général d’une population sur un sujet. Ajoutons à cela, des dizaines de texte de lois qui, pour un tiers d’entre-eux, ne sont pas appliqués, car pas applicable ou pas respecté. Il y a quelques années, même le Conseil d’Etat dans un rapport annuel, critiquait des lois trop nombreuses et trop bavardes qui les délégitimaient aux yeux des concitoyens.

    14 avril 2006 à 11 h 45 min
  • david martin Répondre

    Sur le site de la révolution bleue, vous pourrez retrouver le mp3 d’une émission de Claude Reichman où est interviewé l’auteur du livre. A vos Ipods

    13 avril 2006 à 23 h 44 min
  • Florent Répondre

    Encore une fois, rien à redire. Il serait en effet temps de dire haut et fort que ce régime merdique, laicard et gauchiste, est arrivé à son terme, qu’il est condamné et responsable de tout le bordel en France. Je m’énerve mais en fait tout cela était en effet, parfaitement prévisible depuis 1789. Un régime né dans le mensonge, la violence et la haine ne peut finir que de cette manière. A bien connaitre son histoire, on y gagne.

    13 avril 2006 à 12 h 13 min
  • barney Répondre

    Bonne annalyse mais ne croyez vous pas que les peuples ont les dirigeants qu ils meritent, et que la lachete des politiciens francais reflete celle de sa population, exemple tabassages de gauchistes blancs par des ”jeunes sic” en forte minorite numerique et que font les Gaulois? Ils regardent les tabasses sans les aider. La France n a que ce qu elle merite, trop de lachete, et d egoisme. et d arrogance.

    12 avril 2006 à 14 h 33 min
  • cast Répondre

    Des dizaines d’années de “protection”, d’assitanat de déresponsabilisation ont abouti à ce triste résultat. Mais le plus délétère est sans consteste l’interdiction de défendre son bien (ne vous avisez pas d’abattre un voleur introduit chez vous) ou même son corps (puisqu’en droit français ,la défense doit être proportionnelle à l’attaque ce qui équivaut à une interdiction de se défendre) qui a abouti à une véritable castration du peuple français. Mon grand-père ,ancien poilu, doit se retourner dans sa tombe.

    12 avril 2006 à 14 h 22 min
  • Stephane de Saint Albin Répondre

    Merci pour ce resume, qui donne envie de lire le livre. Comme l’explique Jean Daujat dans son livre “La face interne de l’histoire”, c’est a Descartes que nous devons beaucoup des derives intelectuelles et philosophiques qui menent au fil des siecles au spectacle navrant de la France d’aujourd’hui, coupee de ses racines, incapable de faire le diagnostic de son propre declin, et se complaisant avec une sorte d’ivresse jusqu’au-boutiste dans son trepas prolonge. Le salut ne viendra pas de la caste politique. Ceux qui nous dirigent sont de grands malades psychologiques, sans parler de leurs insuffisances sur les plans philosophique, moral et spirituel. Le salut, et je veux croire qu’il viendra, sera le fait de la grande majorite silencieuse des francais, qui gardent un minimum de bon sens malgre le poison lent administre par l’education nationale et les grands medias. Les Francais ont adresse aux politiques des messages tres clairs depuis 5 ans, ils n’y a que ces derniers pour ne pas les lire. Il n’est pas inconcevable que ce mouvement en profonduer donne lieu en 2007 a un redistribution drastique des cartes dans le payasage politique francais. Pour que ce changement se fasse dans le bon sens, il me semble indispensable que les “petites” formations de droite, celles qui ne font pas partie de la caste dominante, se coordonnent pour la campagne et s’accordent sur l’essentiel de ce qui devra etre fait le moment venu. Je demande peut etre l’impossible… Stephane

    12 avril 2006 à 14 h 12 min
  • sas Répondre

    A millière…en rupture de stupidités convenues au sein de vos groupes marxo corporatiste??? enfin un texte interressant dans votre registre…frappé par la lumière de la logique et du cartésianisme ???? vos potes du parti vont vous renier… bien vennu parmis les gens normaux guy…bien vennu à la maison. sas

    12 avril 2006 à 13 h 09 min
  • grepon le texan Répondre

    Je connais une librairienne francaise tres professionelle et raffinee avec qui j’ai eu de bonne relations lors de ma residence dans une ville de montagne en France. Un peu marxiste sur les bords, mais ca passait, vu que c’est courant en France. Mais un jour, j’ai compris beaucoup de choses de la France entiere en un moment quand j’ai compris qu’elle n’a jamais entendu parle d’aucun “Friedrich Hayek”, ni de “Ayn Rand.” Ce dernier auteur est un des plus lu et connu di dernier siecle, du moins aux Etats-Unis. Et que diable si la France d’aujourhui ne ressemble pas mal le monde fictionnel en declin decrite dans son “Atlas Shrugged.” Ces bouquins la ne sont pas disponible, pas approuve, inmentionable. L’article de Guy Milliere de cette semaine devrait faire peu d’effet en France, C’est comme si Guy Milliere parlait de couleurs a des gens nee sans la vue, tellement le Mammouth et les medias ont bien fait leur boulot a exclure ce genre d’idees du monde franchouille.

    12 avril 2006 à 9 h 36 min

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