Le syndicalisme français traverse une triple crise

Le syndicalisme français traverse une triple crise

Une somme collective sur le syndicalisme français vient d’être publiée, aux PUF, sous la direction de Guillaume Bernard et de Jean-Pierre Deschodt. Ce dernier a bien voulu répondre aux questions des 4 Vérités.

Les 4 V : Vous venez de publier avec Guillaume Bernard un ouvrage collectif consacré aux forces syndicales françaises. Qu’apporte ce travail ?

Jean-Pierre Deschodt : Il n’existait jusqu’à présent aucun ouvrage traitant de l’ensemble des aspects essentiels du syndicalisme français, sous ses angles historiques, juridiques, et sociologiques ou organisationnels. Nous avons donc voulu rassembler ces trois points de vue, étudiés généralement séparément. Les principaux experts du syndicalisme français, Dominique Labbé et Dominique Andolfatto, s’intéressent surtout à son actualité et n’ont abordé son histoire qu’à partir de 1906. Notre étude englobe au contraire le XIXème siècle et montre comment fonctionnaient déjà les corporations sous l’ancienne France, pour mettre en évidence les racines du syndicalisme et expliquer ses développements ultérieurs. Comme nous ne sommes pas des spécialistes de chacune des questions traitées, nous avons sollicité la collaboration d’une trentaine de plumes : universitaires, magistrats, journalistes…, pour travailler à cette somme, prioritairement destinée aux étudiants. Ils y trouveront tout ce qu’il faut pour préparer leurs concours et stimuler leur esprit critique.

– Quelles leçons en tirez-vous, concernant le syndicalisme ?

Jean-Pierre Deschodt : Il traverse une triple crise, sociologique, de représentativité et aussi organisationnelle, car ses différents chefs ne représentent qu’une partie de plus en plus infime des travailleurs. Ils sont coincés par leurs objectifs traditionnels : la défense des acquis et l’enrichissement de ces acquis par le rapport de force. Avec la crise, cette méthode ne fonctionne plus, parce qu’elle ne concerne que les milieux de la fonction publique : les autres salariés sont menacés de perdre leur emploi en cas de difficulté grave ou de faillite de l’entreprise. Au sein même de l’entreprise privée, des variantes existent, selon que l’on a affaire à une entreprise familiale ou à des entreprises appartenant à des fonds de pension ou de grands groupes multinationaux. La personnalisation est importante. Un syndicalisme borné devient l’allié objectif de la mondialisation, et les organisations y sont souvent poussées par un internationalisme désuet, dont elles restent prisonnières.

Propos recueillis par Pierre Vautrin

Sous la direction de Guillaume Bernard et Jean-Pierre Deschodt,
Les Forces syndicales françaises,
Presses universitaires de France,
482 pages, 30 €.

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Comments (2)

  • pierre42 Répondre

    Je prendreais en considération ces balivèrnes quand les syndicats agiront avec plus  de discèrnement et de compréhension  A vouloir défendre que les nantis et les privilègiers en prenant en otages les usagers qui les font vivrent , ils perdent toute crédibilité et considération /.

    23 avril 2010 à 12 h 54 min
  • LE - ROUX Répondre

    Le Syndicalisme est malade comme l’ensemble de la France à cause de ses divisions.

    Lorque j’étais enfant et que j’habitais ma ville natale Bretonne de Nantes il m’arrivait parfois de voir manifester et défiler les ouvriers de la construction navale en bleu de travail coude à coude sans banderolle. C’était impressionnant de solidarité.

    Il est même arrivé que les travailleurs de St Nazaire rejoignent à pied ceux de Nantes pour une manifestaion unitaire.

    Maintenant Nantes a fermé ses chantiers et St Nazaire fait venir souvent des travailleurs Indiens lorsqu’il y a trop de travail et aussi parce que leurs salaires sont moins élevés. 

    En 1968 la C.F.D.T. issue d’une sission d’avec la C.F.T.C. allait tout casser et supplanter la C.G.T. au niveau des revendications et de la défense des travailleurs.

    Depuis elle s’est souvent alignée sur le propositons partonales et parfois les a devancées.

    Elle a subit une sission avec la création de SUD qui veut aussi concurencer la vieille C.G.T.

    A qui profite toutes ces divisions. Il est vrai les enveloppes du C.N.P.F. arrangent bien les choses.

    A quand une nouvelle série de syndicats à caractères ethniques issus de l’immigration.

    On en arrive une prolifération de représentants syndicaux permanents et responsables divers que les salariés ne veulent plus rémunérer en s’abstenant de se syndiquer.

    L’Etat est là pou y palier avec nos impôts et encourager la division pour mieux régner. 

     

     

    22 avril 2010 à 12 h 30 min

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