Les clés de l’avenir sont à chercher dans notre histoire

Les clés de l’avenir sont à chercher dans notre histoire

Alors que le débat autour de la « Maison de l’histoire de France » est bourré d’a priori idéologiques, le Point consacre un dossier à « Ces rois qui ont fait la France ». Deux occasions de se souvenir que l’identité et l’avenir du pays restent conditionnés par son passé.

Après le débat idéologique et tronqué sur l’identité nationale, le temps paraît venu de s’affronter, toujours avec des intentions idéologiques, autour du projet de « Maison de l’histoire de France », développé par Nicolas Sarkozy. Pour en mesurer les enjeux, il n’est que de lire le numéro de La Croix du 16 décembre, qui demande à la une : « Un musée de l’histoire pour quoi faire ? »,.

La Croix a demandé à dix historiens de réagir et dans sa réponse, Benjamin Stora attaque déjà : « Quel sera le projet de ce musée ? Intègrera-t-il la colonisation et l’esclavage ? Si on me répond que non, que ce musée sera franco-français car il y a, par ailleurs, à Paris, le Musée des arts premiers, la Cité de l’immigration et la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, je ne serai pas d’accord. L’histoire de France doit prendre en compte toutes les mémoires blessées dans un récit national républicain rénové. »

On retrouve dans ces lignes l’inquiétude qui avait saisi les habituels accusateurs de notre pays lors du débat avorté sur l’identité : en rendant hommage au passé de la France, comme en évoquant son identité, ne risque-t-on pas d’empêcher sa dilution programmée dans le melting-pot généralisé ? Il n’est pas sans intérêt d’entendre Benjamin Stora placer sur le même plan la colonisation et l’esclavage, ce qui pour un historien paraît d’autant plus surprenant qu’il devrait savoir que la première a permis d’éradiquer le second (à l’exception de celui pratiqué par les Maures).

Les étrangers portent sur notre histoire un regard moins conditionné par nos querelles intestines : le Britannique Robert Gildea, professeur d’histoire à l’université d’Oxford et spécialiste de l’histoire française, remarque que « l’identité française est faite de tensions » et ajoute : « Au Royaume-Uni, nous avons une reine, tandis que vous avez une république : nous devons être loyaux envers une personne, tandis que vous devez l’être envers quelque chose d’abstrait. »

C’est sans doute pourquoi, après avoir coupé la tête du roi, nous avons ressenti le besoin d’en inventer à la République, en dressant des statues à Marianne. L’abstraction favorise l’éclosion des idéologies, autour desquelles se nouent les conflits. Elle facilite aussi la dilution de l’identité nationale, surtout lorsqu’elle est en butte à la concurrence des communautarismes exogènes.

A l’origine de l’Etat moderne

Le Point, de son côté, titre sur « Ces rois qui ont fait la France ».

« Parmi la centaine de monarques qui ont présidé au destin de notre pays, ce sont eux, personnalités hors du commun et esprits incroyablement visionnaires, qui l’ont infléchi avec la plus grande détermination. Le sol que nous foulons, la langue que nous parlons, notre façon de faire justice et de vivre ensemble, nous les leur devons pour une large part », écrit Violaine de Montclos.

Qui ça, « eux » ? Philippe Auguste, saint Louis, Charles VII, Henri IV, François Ier, Louis XIVLe Point aurait pu citer aussi bien Charlemagne, Hugues Capet, Philippe le Bel, Louis XI, Louis XIII

« Les rois de France ont tout inventé, ou presque, de ce que nous sommes », écrit pour sa part l’historien Jean-Christian Petitfils, qui ajoute : « Par leur politique, ils ont façonné les paysages, le patrimoine architectural, les identités, les cultures, nos manières d’être et de voir le monde, la langue même. Leur héritage est donc capital ».

« On l’oublie souvent, poursuit Petitfils, mais pendant des siècles, [ la monarchie ] a représenté l’intérêt général, luttant contre l’égoïsme des grands feudataires, défendant le "bien commun", protégeant le faible contre le fort, bref, créant les bases de l’Etat moderne. »

C’est d’ailleurs ce qui explique la place de l’Etat en France, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, qui est que l’Etat, même désincarné, demeure le garant de l’unité nationale construite par la royauté.

Le pire, qui est l’excessive expansion de cet Etat aux dépens de la société civile, non pas dû au colbertisme, comme les serins le serinent, mais à deux bouleversements conjoints : d’une part, l’abolition forcée par la Révolution de toutes les défenses et contre-pouvoirs naturels que cette société civile avait constitués au cours des siècles contre l’Etat et le pouvoir royal ; et, d’autre part, l’introduction idéologique du virus égalitaire et uniformisant au sein de la société française.

La France garde sans doute au fond de l’âme une certaine nostalgie de la monarchie. En cherchant l’homme providentiel à chaque période troublée de son histoire, n’est-ce pas un roi républicain qu’elle a cherché ? Et lorsqu’ils affirment que la Ve République est d’essence monarchique – alors qu’elle tient plutôt du césarisme ou du bonapartisme –, n’est-ce pas un moyen pour nos penseurs républicains de revendiquer une filiation monarchique ?

Jean-Christian Petitfils ne pose pas ces questions-là, mais en formule d’autres intéressantes : « Est-il donc si mauvais, en cette époque de crise, que les Français éprouvent l’impérieux besoin de retrouver des repères, de se ressourcer dans leur Histoire, non pour s’y complaire, en cultivant les fleurs du passé, mais pour mieux comprendre leurs origines ? Ne savent-ils pas que leur passé – un passé bien compris, intelligemment assimilé – est porteur de l’avenir comme du génie propre de la France ? »

La fleur du passé français, c’est évidemment la fleur de lys ; mais le propre des fleurs n’est-il pas de refleurir un jour ?

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Comments (8)

  • Dupont Répondre

    Essayez donc de refaire l’histoire du Monde en enlevant les esclaves : TOUT le monde a du sang d’esclave dans les veines, absolument tout le monde

    Et du sang de mahometan dans les veines ?

    Faudrait pas l’oublier !!!

    Car à partir de là, celà fout en l’air la théorie des races….attachées au sol qui l’a vu naître !

    Comment celà ne vous dit rien ? Mais c’est la théorie de l’omsol pardi !

    Dupont

    21 décembre 2010 à 22 h 41 min
  • Anonyme Répondre

    ronsard09 : " (..) la fierté d’avoir ce que nous ont légué les générations passées et la volonté de bien faire (..)"  " Le principal (..), c’est de s’unir autour de notre vraie identité et dans les idéaux chrétiens qui ont fait la France et l’Europe jusqu’au monde qui nous regarde."
    –      C’est un réel plaisir de vous lire, Ronsard09. Merci.

    Best,

    Mancney

    21 décembre 2010 à 16 h 12 min
  • ronsard09 Répondre

    @ Mancney. Bravo, il faut revoir la VRAIE histoire, dans le VRAI contexte. Mais les morts ne se relèveront pas de leur tombe pour redire la VERITE. La vérité nous rattrapera car l’humain est toujours l’humain. L’Histoire nous le dit. C’est maintenant qu’il faut travailler à la reconstruction de la France, à l’éducation de notre jeunesse par la fierté d’avoir ce que nous ont légué les générations passées et la volonté de bien faire, car il y a en ce moment beaucoup d’esclaves dans le monde, et dans notre pays , des esclaves dus à des lois mauvaises. Le principal, puisqu’on sait qu’il y en aura toujours, c’est de s’unir autour de notre vraie identité et dans les idéaux chrétiens qui ont fait la France et l’Europe jusqu’au monde qui nous regarde.

    21 décembre 2010 à 14 h 15 min
  • Anonyme Répondre

    Et bis repetita placent.
    Pierre Menou cite Benjamin Stora  : « Quel sera le projet de ce musée ? Intègrera-t-il la colonisation et l’esclavage ? (..)  L’histoire de France doit prendre en compte toutes les mémoires blessées dans un récit national républicain rénové. »
    –     Mémoires blessées?  La colonisation a permis quasiment de ressusciter des peuples quasi mourants ou en déclin avancé, et c’est une mémoire blessée?  Ca va pas, non?
    Relisez Mohamed, marocain intelligent, cultivé et musulman, le 4 Mai dernier, sur ce forum, et n’oubliez PAS ce qu’il a écrit.   Mohamed  : "  Bien entendu que la présence française a été pour nous, au Maroc, une bénédiction, et je pèse bien le mot…"
    –    et l’esclavage? Pratiqué partout dans le Monde, absolument partout, pendant dix mille ans et plus, qui a permis d’épargner la vie de millions de prisonniers de guerres incessantes, et sur qui toute l’économie du Monde a été construite, devrait aussi être regardé comme une blessure? Essayez donc de refaire l’histoire du Monde en enlevant les esclaves : TOUT le monde a du sang d’esclave dans les veines, absolument tout le monde.
    Vous etes complètement a coté de la plaque avec vos culpabilisations et vos critiques du Passé, et ce n’est pas parce qu’un système ou une idée, comme la colo et l’esclavage, n’est plus adaptée aujourd’hui, qu’elle ne l’a pas été hier. A chaque époque ses besoins et ses idées, selon les moeurs des époques et des lieux.
    Il faut savoir étudier un fait objectivement, sans utiliser forcément ses petites références franchouillo-actuelles d’aujourd’hui. Cela s’appelle relativiser.

    Mancney  (fier de ses ancêtres esclaves)

    21 décembre 2010 à 0 h 31 min
  • Anonyme Répondre

    Pour les grands culpabilisateurs, j’ai écrit ci dessous : "Vous etes complètement a coté de la plaque avec vos culpabilisations et vos critiques du Passé (..)"
    En fait, ce n’est pas de la culpabilisation, c’est de la prétention infantile : vous condamnez apres coup les politiques et les actions des générations précédentes, vous présentez des excuses pour des choses que vous n’avez pas faites et insultez dans le meme temps vos ancêtres pendant que les récipiendaires se moquent de vous… Et c’est probablement parce que vous vous croyez "supérieur" que les hommes de ces générations antérieures, et comme ce clown de Grepon, vous savez mieux qu’eux ce qu’il aurait fallu faire, vous auriez fait mieux qu’eux a leur places, a leur époque, n’est-ce-pas? Vous vous sentez supérieurs a Hier… C’est une forme de racisme temporelle. Intéressant.
    En tout cas, cela est méprisable, et vous verrez demain, dans qqs dizaines d’années, les résultats des actions faites aujourd’hui par votre sentiment de "supériorité" sur nos ancêtres d’hier.

    Mancney

    20 décembre 2010 à 20 h 51 min
  • françois Répondre

     Merci, M. Menou pour ce bol d’air frais! Si seulement 5% des articles de presse étaient de cette trempe, nous irions beaucoup mieux!

    20 décembre 2010 à 20 h 44 min
  • Pierre Répondre

    Nos gouvernants UMP-PS-PC-Modem-Verts se foutent eperdument de notre identite. ils travaillent deja a l’installation d’un etat islamique francais a force d’immigration massive islamique a bas couts (pour les grandes entreprises francaises) et de financement directe et indirect de mosquees a presque tous les coins de rues…Sarkosy comme Fillon (sans oublier les socio-communistes verts et soi-disant ‘centristes’) aiment d’ailleurs se faire prendre en photo avec jeunes et moins jeunes voiles meme si les grands medias tentent d’occulter cela.

    20 décembre 2010 à 18 h 59 min
  • GLENARVAN00 Répondre

    "Muséifier" l’Histoire de France, c’est la vouer aux oubliettes. Il est certain que l’Histoire vit à un rythme accéléré de nos jours mais est-ce une raison pour  mettre le passé sous des vitrines poussiéreuses ? Quant à la fleur de lys, qui la sauvera du dépérissement ? Bien commun, inaliénable, l’Histoire de France nous appartient charnellement, et elle est VIVANTE, mais jusqu’à quand ?

    20 décembre 2010 à 16 h 23 min

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