Lu pour vous : Demandes de changement de nom

Lu pour vous : Demandes de changement de nom

Pierre-Marie Dioudonnat est un excellent et bien connu historien non conformiste. Auteur d’études sur la rédaction du célèbre journal de la presse collaborationniste « Je suis partout » ou sur l’argent nazi, d’une anthologie du cléricalisme aux XIXe et XXe siècles, il est aussi un spécialiste de généalogie et des noms de famille. On lui doit notamment, dans ce domaine, la célèbre Encyclopédie de la fausse noblesse et de la noblesse d’apparence.

Aujourd’hui, il nous offre un recueil non moins intéressant, celui des demandes de changement de nom entre les deux guerres, et jusqu’en 1943. La question des changements de nom avait naguère été traitée par Henry Coston (sous le nom de l’archiviste Jérôme), puis par notre confrère Emmanuel Ratier.

Comme le dit Dioudonnat dans sa présentation, cette étude pourrait ressortir à une curiosité malsaine, mais elle est surtout une excellente entrée en matière pour l’histoire sociale ou l’histoire des mentalités. C’est naturellement dans ce sens que l’auteur a travaillé, donnant au passage maintes indications forts utiles pour le généalogiste, l’historien ou le simple curieux.

L’enjeu du livre est ainsi joliment résumé par l’auteur : « Pour tuer des hommes, on commence par les priver de nom. Exister, c’est avoir un nom. En changer, c’est modifier la substance de son identité. » Pourquoi choisit-on cette aventure ? Dans certains cas, la réponse est évidente : un immigré qui change son nom dans les années trente veut accélérer son intégration dans la société française et éviter à ses enfants les désagréments qu’il a lui-même connus à son arrivée ; un Juif qui change son nom en 1942 cherche évidemment à échapper aux poursuites. Dans d’autres cas, le mystère est plus difficile à percer.

Cerise sur le gâteau : ce recueil nous donne quelques informations factuelles précieuses sur des changements de nom célèbres, comme celui de Giscard d’Estaing ou celui de Monod-Broca. Un livre passionnant qui nous livre un pan souvent méconnu de la France d’entre-deux-guerres.

Guillaume de Thieulloy
<[email protected]>

Pierre-Marie Dioudonnat
Demandes de changement de nom
Sedopols
445 pages – 42 euros
Prix de lancement
(jusqu’au 1er mai) : 39 euros

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Comments (1)

  • Gérard Pierre Répondre

       En Alsace et en Moselle les changements de noms ne résultèrent pas forcément de la demande des résidents établis sur ces terres de souffrance depuis des temps immémoriaux.

       En 1871, monsieur Lagarde, humble habitant sans histoire de Grosbliederstroff vit son nom germanisé d’office par le " colonisateur " qui l’appela alors : Herr Die Wache.

       En 1918, lorsque les Français le " libérèrent " , ils francisèrent phonétiquement son nouveau nom et son patronyme devint : monsieur La Vache.

       Lorsque les Allemands revinrent en 1940 ( ne dit-on pas outre Rhin HEUREUX COMME DIEUX EN FRANCE ? ) ils germanisèrent à nouveau son nom. Il devint : Herr Die Kuh.

       En 1944, il devint tout naturellement monsieur Le Cul.

       …………… et tout cela en l’espace de 83 ans, sans avoir jamais bougé de Grosbliederstroff ………… sauf pour servir en Poméranie comme supplétif indigène dans les armées du Kaiser Wilhelm der Zweite.

       Bien sûr, c’est une blague à usage local ! ………….. mais quand même ! ça rappelle simplement qu’il n’y a pas que les " victimes exotiques bruyantes " qui furent colonisées ! ………… et TAC !

    10 avril 2008 à 0 h 51 min

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