Cleveland contre Wall Street

Cleveland contre Wall Street

Le sujet de ce film documentaire, qui est sorti sur les écrans français le mercredi 18 août 2010, n’est rien d’autre que celui de la crise économique et financière dans laquelle nous sommes toujours plongés. C’est dire qu’il est ambitieux !
Pourtant, il est captivant, et parfaitement clair.

Le scénario est simple : la ville de Cleveland (Ohio), où des milliers de maisons sont vendues aux enchères par les banques, après que celles-ci aient récupéré ces biens en gage desquelles elles avaient accordé des crédits à des emprunteurs insolvables, porte plainte « contre Wall Street », en vue d’obtenir un dédommagement financier de la part des principales banques d’investissement américaines.
Comme la procédure a été mise en échec par les parties en défense, le réalisateur suisse romand de 40 ans Jean-Stépha­ne Bron, décide en 2009 de filmer ce procès qui n’a pas eu lieu, en faisant jouer leurs propres rôles par le juge, les plaignants, les avocats les témoins et les habitants du quartier de Slavic Village. Et tous ces ac­teurs amateurs sont excellents.

Le film explique les mécanismes de ces prêts « subprime » et de leur titrisation qui, du fait de la masse concernée, de leur diffusion mondiale, et du retournement du marché immobilier sous-jacent, ont abouti à la catastrophe que l’on sait.

Bron est exactement à l’opposé de Michael Moore. Il est honnête. Il instruit à charge et à décharge. Il donne la parole à une diversité de points de vue.
Il faut aller voir ce film. D’abord, parce que c’est un bon moment (98 minutes) de cinéma. Et parce que la plupart des spectateurs apprendront quelque cho­se sur ces mystérieux mécanismes financiers en cause.

Évidemment, les images de la misère de ces quartiers pauvres aux maisons abandonnées, avec ces familles mises à la rue, ne peuvent que susciter la compassion. Tandis que les commentaires et les incrustations sur les bonus et les super-profits des banques sont de nature à provoquer l’indignation. Encore qu’une des leçons de cet opus est que la cupidité est le vice le plus unanimement partagé, aussi bien par les pauvres que par les riches…

L’objet du film est de savoir si Wall Street est coupable ou non. Le jury ne se prononce pas vraiment puisque 5 voix sur 8 votent la culpabilité, mais il en aurait fallu au moins 6…

Par contre, la culpabilité des hommes politiques n’est qu’effleurée. Elle est pourtant totale ! Car c’est Bill Clinton et son administration qui ont mis à leur programme toutes sortes d’incitations à prêter aux plus pauvres, selon une logique politique et non pas économique. C’est Ba­rack Obama qui militait pour qu’on aille encore plus loin dans cette funeste politique de « logement social ». Et ce sont ces mê­mes politiques qui ont appelé les contribuables à la rescousse pour « sauver les banques ».

Plutôt que de réglementer sans efficacité, il eût été préférable que chacun soit mis devant ses responsabilités, aussi bien em­prunteurs que courtiers, organismes hypothécaires, banques, assureurs, investisseurs…
Ce qui suppose que le gouvernement ne favorise ni les pau­vres, ni les riches. Qu’il se con­tente d’assurer la sécurité des citoyens et la stabilité des règles juridiques. C’est le con­cept de l’État-minimum.

Car Cleveland est d’abord la victime de l’État-providence. Qui prétend toujours aider les pauvres et qui, en fait, les ruine ! Dans ce sens, nous sommes tous des victimes de cet État-providence, nous sommes donc tous comme les habitants de Cleveland…

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Comments (3)

  • Jaures Répondre

    Cher Grepon, les torts politique existent bien sûr mais sont totalement partagés.
    Les Républicains ont contrôlé la présidence et les deux chambres durant 4 années où les subprimes ont connu un développement sans précédent.
    Quand on peut décider d’une guerre qui va provoquer des centaines de milliers de morts, il ne faut pas faire croire qu’on ne peut empêcher des prêts hypothécaire et leur titrisation.
    Et on ne peut pas dire que, durant les 2 dernières années de son mandat, Bush se soit battu corps et âme contre le congrès pour arrêter le cycle infernal.

    Rappelons qu’à son retour des Etats-Unis, en 2007, Sarkozy, fasciné, avait proposé de développer les prêts hypothécaires en France (.youtube.com/watch?v=w_49uwytqL0) !

    Quant à l’euro, cela fait 10 ans que vous, Tremeau et autres Millière annoncez sa fin.
    Peut-être implosera-t-il, peut-être que non, mais ce qui est sûr, c’est que vous n’en savez strictement rien.

    29 août 2010 à 11 h 42 min
  • grepon Répondre

    "Par contre, la culpabilité des hommes politiques n’est qu’effleurée. Elle est pourtant totale !"

    Exacte.   Les banquiers ont ete d’abord forces a faire des prets aux insolvables, puis encourages par les moteurs a securitisation Fannie Mae et Freddie Mac, des organisations sous controle de Congress.    Ainsi, merci aux politiciens, ils faisaient du profit sur les prets, et les revendant toute de suite.   

    Ce que "Wall Street" a fait avec cette montagne de mauvaises dettes mis en existence par notre Congress, a etait assez fantastique, mais c’est une autre histoire, ca.  Les acheteurs des instruments derivees etc ont etaient des gens avisees bossant pour banques, boites d’assurances, pensions, gouvernements etc, et non pas de pauvres ignorants victimes, quoique, on peut dire qu’ils ont etait assez con.   

     La corruption des boites donnant "ratings" a toute cette merde…S&P, Moodys, et l’autre qui m’echappe pour l’instant, est en cause, ou devrait etre en cause, du cote des chaines de montagnes de mauvaises dettes qui ont ete construites.   

    Et puis bien sur la Fed, mais une bulle resultant de credit trop peu cher a pu se gonfler aillieurs, je dirais.    Cet argent a pris la direction de l’immobilier dans notre version de la realite, pour des raisons particuliere, et sans les stupide et corrompu activites de Fannie et Freddie, avec le Congress derriere, et tres majoritairement les Democrats du cote des votes, tout ceci aurait pu ete bien moins pire, disons 10x moins desastrueuse.  

    Mais voila que le public fait amalgame entre Wall Street/Business et la marque Republican, alors que l’inverse est aisement demonstrable a l’aide de chiffres sur les dons aux  divers partis.   La crise financiere ete largement la faute aux politiques Democrats, et ils ont profite de ca au dela de leur reves le moment que ca a eclate, en gagnant un super majorite au Senat, en plus que le Presidence pour un incompetant qu signerait n’importe quoi.

    Pour revenir au film, voila que c’est une desinformation, une deformation biaisee terrible, d’occulter une fois de plus le responsibilite des elus, et cette fois des elus avec des noms, genre Barney Frank et Chris Dodd, pour ne pas parler de centaines d’autre qui ont recu argent, aides divers, jobs, meme revenus…et OUI:

    Prenons le Chief of Staff d’Obama, Rahm Emmanuel, qui a fait des millions bossant pour Freddie Mac dans le passee recente.    Prenons la meme salope qui, lors de l’Adminstration Clinton, a construit le mur entre CIA et FBI qui a blocke le FBI de communiquer avec le CIA et vice-versa sur le cas de Moussaoui AVANT le 9-11, Jamie Goreleck.  Elle a recolte des millions, elle aussi, des entreprises detournee que nous appelons Fannie et Freddie, faisant une qualite de travail si mauvaise c’est qualifiable de diabolique.    Claude Raines est un autre de nom a retenir du cote des amisdes Democrats a Fannie/Freddie.   Il a recolte plus d’un centaine de millions!

    Mais qu’esce qui s’est passee de Fannie et Freddie?    Eh bien Obama les a nationalisee, effectivement, mais sans mettre leur mauvaise dettes sur la comptabilite des dettes public!    Il y a des trillions  de mauvaise dettes a venir de ses boites, et devine quoi?   L’imposee est desormais 100% responsable, par un decre faite le 24 Decembre dernier par le Secretaire de la Tresorie Timothy Geithner, histoire de noyer le poisson, comme fait cette administration tres regulierment.   Cette poisson ci est un requin, un Megaladon prehistorique, de par sa taille, et c’est meme une paire…Fannie ET Freddie.     93% de la responsabilite pour cette mauvaise gestion, cette corruption integrale, et ce vol massive des imposees de demain, est a mettre au pieds du parti Democrat et leurs "bonnes intentions".

    Ceci est tres loin d’etre terminee.  Les dettes augmentent toujours.   L’administration et le Congress et le Fed hors controle sont en bas d’un trou profond, creusant, et creusant, et creusant.

    Ceci dites, l’Euro implosera d’abord.    EUO a fond, mes amis investisseurs!

    29 août 2010 à 2 h 33 min
  • Jaures Répondre

    Parmi les politiques responsables, il ne faut pas oublier  Bush et son ownership society. Les années "subprime" furent avant tout celles des 2 mandats Bush (lire à ce sujet l’excellent ouvrage "L’implosion" de Paul Jorion chez Fayard).

    Dire, par ailleurs, que les victimes des subprimes sont celles de l’état providence est une lourde erreur.
    La titrisation a rapporté des milliards aux banques privées et l’état n’a pas joué son rôle en ne réglementant pas les prêts.

    En France, pour obtenir un prêt immobilier, il faut réunir des conditions strictes et les banques d’affaires ne peuvent les accorder.

    Il ne faut pas oublier les autres pays qui se sont lancé dans la spéculation immobilière et qui sont aujourd’hui exsangues: l’Irlande (chère à Tremeau, qui est redevenu un pays d’immigrants avec 70 000 départs par an), l’Islande, l’Espagne,…

    Les victimes de cette folie immobilière eurent sans doute préféré avoir un "état providence" qui les protège des spéculateurs avides.

    25 août 2010 à 16 h 48 min

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