De Theresa « Maybe » à Theresa « Dismay »

De Theresa « Maybe » à Theresa « Dismay »

Le 18 avril dernier, Theresa May décidait tout à coup d’appeler à une élection générale pour le 8 juin.

Se fiait-elle aux flagorneurs qui voyaient en elle la « nouvelle dame de fer » pour avoir enfin déclenché l’article 50 du Traité de Lisbonne le 29 mars ?

A-t-elle été piquée au vif par les persiflages de Nicola Sturgeon du SNP, qui se vantait d’être « élue », tandis que May n’avait été que « nommée » Premier ministre après la démission de Cameron ?

Roger Helmer, eurodéputé UKIP, résume bien les choses : « Elle a brisé une promesse ancienne, afin de tenir une élection dont elle disait ne pas avoir besoin, au prétexte de renforcer un mandat qu’elle avait déjà, pour mieux poursuivre une politique (le Brexit), à laquelle elle était opposée jusqu’au 23 juin 2016. »

May, souvent surnommée « Maybe » en raison de ses hésitations, est aujourd’hui Theresa « Dismay » (déconfite) : son orgueil et son arrogance (envers les cadres du Parti conservateur, sans parler de son mépris pour le UKIP) viennent de se retourner contre elle.

Loin d’être « plus forte et plus stable » face aux leaders de l’EU, la voici affaiblie.

Loin d’avoir augmenté de 100 sièges la majorité conservatrice, elle perd la majorité absolue qu’elle avait héritée (tombant à 318 sièges sous les 326 requis), une vingtaine de sièges passant aux travaillistes.

Elle aurait pu négocier le Brexit habilement jusqu’au 29 mars 2019 et, là, sur un succès, appeler à une élection générale triomphante. Mais, déclare Nigel Farage, « cette bonne à rien de May a mis le Brexit en péril ! Elle n’a pas compris que la question transcendait les divers partis. Elle a voulu faire croire qu’elle était le porte-drapeau du Brexit. » Le UKIP n’a aucun élu, sans doute parce que ses idées ont été absorbées par presque tous les partis, mais il reste très présent, « chien de garde et garant du Brexit ». Sans lui et ses efforts sur plus de 20 ans, il n’y aurait jamais eu de Brexit.

On voit aussi quelques facteurs d’optimisme :
– Le SNP se tire si mal de l’élection avec 20 sièges perdus que, de l’aveu même de N. Sturgeon, un autre référendum en vue d’une sécession de l’Écosse devient impensable.
– Les conservateurs ont 57 sièges de plus que les travaillistes, le 2e parti.
C’est donc bien une défaite personnelle pour May qui représente l’establishment et le politiquement correct. Ses torts ? Avoir délaissé l’essentiel, le Brexit, pour chercher à gagner des électeurs qui votent travailliste ou lib-dem ! Promettant une orgie de dépenses sociales, tout en serrant la vis aux retraités des classes moyennes. Trahison typique de la droite molle – d’où la sanction immédiate.
Les 3 attentats terroristes survenus ont aussi cruellement rappelé sa mollesse en matière d’immigration et de sécurité nationale lorsqu’elle était ministre de l’Intérieur.
À sa décharge, on note que le socialisme marxiste domine le parti travailliste (comme le parti démocrate aux États-Unis) et que, dans les deux pays emblématiques de la liberté et du capitalisme, l’électorat des 18-35 ans, ignorant, irresponsable, romantique et décervelé par les médias et les professeurs, vote pour l’utopie et le tout gratuit que promettent les Pères Noël Bernie Sanders et Jeremy Corbyn.
– La notion du Brexit est désormais bien acceptée. Reste la question du degré de Brexit souhaitable.
– Seuls les Libéraux-Démocra­tes, européistes forcenés et défaits, réclament que les négociations du Brexit soient suspendues…
– May est très remplaçable : on voit mal comment elle pourrait garder longtemps la place qu’elle a jouée au casino, même si, dans le court terme elle parvient à mettre sur pied un gouvernement de coalition. Heureusement, les conservateurs ont plusieurs personnalités capables de gouverner. Si May n’obtient pas la confiance des Communes, Boris Johnson, par exemple, pourrait à son tour être « nommé » Premier ministre et se garder d’imposer aux électeurs fatigués une 4e élection en 2 ans.

Que penser du Parti Démocratique de l’Ulster (DUP) qui fait une percée avec 10 sièges, juste ce qu’il faut pour tirer May d’affaire ? Il pourrait être une bonne chose : plus proche de la philosophie conservatrice que les conservateurs, on aimerait qu’il remette les Tories sur le droit chemin. En même temps, son manifeste réclame des frontières poreuses avec la République d’Irlande, point vulnérable à l’immigration non désirée. Et le DUP est en mesure de tenir la dragée haute à May.

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Comments (3)

  • BISTOUILLE POIROT AIX EN PROVENCE Répondre

    Ils apprennent à vivre avec l’insécurité. C’est en tout cas ce qu’on leur demande de croire et de dire en partant du fait qu’ils ont toutes les chances de n’être que témoins d’événements graves sans jamais en être les victimes. Seuls les rescapés sont interviewés. Mortellement atteints, nous ne les entendrons plus …..et pour cause, ou estropiés mais alors, soigneusement éloignés des micros.
    Politique de la com. parfaitement entretenue de part et d’autre du Channel.

    22 juin 2017 à 8 h 20 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    il y a deux sortes de femmes … politiques :

    – celles qui suivent … la mode comme Mrs May

    – et … les ” obstinées ” comme Mrs Tatcher

    difficile de savoir à l’ avance jusqu’ où elles iront dans leur ” raisonnement ”

    l’ avantage, jusqu’ à date, que les Anglais ont sur les Français c’ est que leurs politiques respectent la décision des électeurs

    17 juin 2017 à 12 h 38 min
  • BRENUS Répondre

    Ah, ces Anglais : on n’y comprend rien. Et dire que “l’autre” parlait de l’orient compliqué…… Mais que veulent ils exactement ? La charia généralisée? La fuite vers le Périgord noir ? Pourtant, dans leur histoire, ils ont montré à maintes reprises que ce n’était le courage qui leur faisait défaut. Peut être sont ils devenus (comme nous) trop abatardis pour se reprendre?

    13 juin 2017 à 17 h 10 min

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