Décidément, Dieu reste américain

Décidément, Dieu reste américain

L’Amérique peut-elle sortir de la crise ? À l’heure où Obama va être élu président des États-Unis, il est bon de se poser la question. Car la chute de l’euro et de la maison Europe, qui s’offre en outre le luxe d’être divisée géostratégiquement (la Tchéquie ou la Pologne haïssant toujours plus la Russie, dont l’Allemagne comme la France veulent demeurer proches), laisse à l’oncle Sam le soin théorique de veiller au futur des peuples de l’ouest, comme disait Tolkien.

D’une manière paradoxale, les dommages collatéraux de la tempête boursière que nous venons de vivre ont été bien plus forts… pour les autres. L’euro a baissé, comme je l’ai dit, parce que personne ne voit l’Europe sortir de la crise, et parce que l’Europe n’a ni unité politique ni unité linguistique (il faut le faire tout de même…). Elle n’a pas su non plus faire valoir son unité en face de la crise économique et financière mondiale. Au passage, on pourra saluer les performances estivales et automnales de Nicolas Sarkozy qui a montré qu’il était dans cette situation le plus responsable des chefs d’État européens.

Mais la crise financière américaine a bien abîmé les États ennemis de l’Amérique qui se voyaient rois du pétrole ou bien du monde, il y a encore quelques mois. Le pétrole montait à 150 dollars le baril et les « experts » le voyaient même à 200 ou 220 dollars le baril (les « experts » ont ceci de bon qu’ils ne se trompent jamais. Il suffit simplement de prendre le contre-pied de leurs conclusions).
Et puis tout s’est effondré, et le dollar a remonté, et les chefs d’État iranien, vénézuélien ou même russe ont été renvoyés à leurs chères études budgétaires.

De même, on a compris que la Chine n’était pas le futur « supergrand à venir dans les mois qui viennent », comme on dit à la radio. La Chine s’est tue, sa bourse s’est effondrée, comme celle de l’Inde, comme celle du Japon, dont la monnaie a tellement monté, suite à d’autres opérations spéculatives, qu’elle compromet toute croissance pour l’an qui vient.

On l’aura compris, la finance anglo-saxonne mène encore le bal. Le Dow Jones, que d’autres experts nous annonçaient à 5000, est remonté à 9500 : les vendeurs à découvert ont dû déboucler leur position pour se sauver. Le Dow est l’indice mondial qui a baissé le moins depuis deux mois. Pendant ce temps, le Bovespa brésilien ou le Merval argentin perdaient par exemple 70 % de leur cotation boursière. Et les matières premières et autres produits agricoles, dont les experts nous garantissaient la pénurie il y a encore six mois, ont vu leur prix s’effondrer. Ici encore c’est la spéculation qui a mené le bal, avec des commentaires benêts (dont les miens) qui allaient bon train pour nous expliquer le pourquoi de tout cela. En attendant, l’Amérique n’a toujours pas basculé dans la récession, et la Fed veille au grain. Toute cette crise va être plus dure à porter pour nous, les « périphériques » (aussi bien asiatiques, européens, que latinos), que pour eux.

Dieu doit être américain, pourtant. Il y a peu, je lisais dans le journal dailyreckoning.com une interview de Paul O’Neill, le premier secrétaire d’État au trésor de Bush. Il avait démissionné, ayant refusé la guerre en Irak et les baisses d’impôts à répétition de George Bush. Il refusait de confondre un déficit avec le creusement de la dette, qu’il estimait terrible pour l’avenir américain.
Sous Bush43, comme il dit (pour désigner le 43e président), la dette est passée de 5 à 8,6 trillons de dollars. Il prévoyait une catastrophe, voire une faillite weimarienne !

Oui, il s’est passé quelque chose, et en définitive pas grand-chose. Le « ventre encore fécond, d’où a surgi la dette immonde » américaine, est celui qui a permis le développement de la Chine et de l’Asie, du Brésil et de l’Amérique du sud. Tout le monde a intérêt au maintien de la consommation de l’hyperpuissance et au creusement de sa dette que tout le monde comblera, ou que tout le monde ignorera.
Après tout, si « nos péchés » se disent « debita nostra » dans le Pater que nous récitons, il nous est aussi commandé de « pardonner » (dimittere). Et comment ne pourrait-on pardonner à une nation qui écrit sur ses billets verts : « In God we trust » ? Le dollar est la monnaie des dieux. Voilà pourquoi l’Amérique peut sortir la première de la crise, et nous aider, une fois de plus, à en sortir.
Comme disait John Buchan, l’auteur des 39 marches, la civilisation est une conspiration. Eh bien ! conspirons…

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Comments (14)

  • VITRUVE Répondre

    AVE

    Hans , concernant les juifs d’Iran , lisez "Courrier international " qui ne peut être accusé d’antiquoiquecesoitisme… Ils sont mieux traités en tous cas que les palestiniens en leur pays…

    VALE

    11 novembre 2008 à 18 h 50 min
  • Noël Hanssler Répondre

    Merci Saint-Tex, excellente video. A diffuser d’urgence dans toutes les écoles.

    11 novembre 2008 à 4 h 39 min
  • Frank Répondre

    * ou bien :  "in gold" , "in gun", " in oil",  "in Disney", etc, etc rayer la mention inutile…

    On se demande pourquoi aucun Américain n’a jamais pensé à In French ‘ideas’ we trust :-)

    11 novembre 2008 à 3 h 05 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Vitruve: <<In God we trust>>

    Contrairement aux billets de banque français qui ont changé de look à chaque coup de vent, le graphisme du greenback a très peu changé au cours de son histoire. Le fait que figure encore ce sein qui vous offusque ne constitue en rien une preuve de théocratie. Les références à Dieu que vous évoquez sont négatives en France et positives aux USA, mais au point de vue nombre cela est équivalent. Afficher son athéisme comme vous le faites souvent ne constitue en rien un signe de modernité.

    Un pays qui ne respecte pas son passé, n’a pas d’avenir. L’Allemagne qui a mieux réussi, tout en repartant d’un tas de ruines, n’a jamais atteint le degré de virulence contre Dieu qui se constate en France.

    Je trouve complètement absurde de faire l’équivalence entre l’Iran*) et les USA, pourquoi alors ne pas le faire entre la France, la Corée du Nord et Cuba. Ils sont parmi les derniers pays du monde à avoir des systèmes très centralisés de gouvernement. Le Vénézuela les rejoindra bientôt dans ce club très fermé et très progressiste qui est la coqueluche des medias éclairés français.

    *) les juifs d’Iran, s’il en existe encore, apprécieraient sûrement votre remarque si on leur donnait la liberté de le faire.

    10 novembre 2008 à 10 h 56 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE

    cher Hans , que faites vous du "In God we trust" sur les billets, de la prière au Congrès , des références continuelles à Dieu dans les discours politiques d’un état qui, il faut le reconnaître est en réalité une théocratie , tolérante aux autres religions( comme l’Iran d’ailleurs où une communauté juive prospère) , certes, mais farouchement hostile à la laïcité.

    Alors oui, Dieu est une composante de l’ Amérique et il va bien se magner le train pour essayer, encore une fois de les sortir de la mouise, de peur que la formule ‘in work* we trust" ne vienne remplacer sa profession de foi.

    Tout n’est que question de foi, non?

    * ou bien :  "in gold" , "in gun", " in oil",  "in Disney", etc, etc rayer la mention inutile…

    VALE

    9 novembre 2008 à 11 h 21 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<Et Dieu dans tout ça ?>>

    Jaures laissez Dieu hors de tout cela. Cette crise a été fabriquée par des humains faillibles. Vous et moi en faisons partie.

    Le titre de l’article est tout simplement une façon d’indiquer que quelqu’un a la baraka. Je pense que tous les autres lecteurs ont bien compris cela.

    7 novembre 2008 à 12 h 15 min
  • Quiot Répondre

    Bonsoir,

    Etonné quelque peu, mais sans plus, que vous n’ayez pas donné suite à mon commentaire.

    Votre revue, dont je suis fidèle lecteur depuis des années, et dont les analyses sont les plus pertinentes, est néanmoins un tantinet timide et effarouchée de laisser paraître un commentaire volontairement provocateur et dans le fond et dans le forme.

    L’orientation de l’analyse que je vous ai communiquée est réelle et est néanmoins en retrait de l’exacte vérité…. que peut-être vous ne recherchez pas afin de rester dans le politiquement correct.

    Bon, allez, je ne vous en veux pas, restez bien à la lisière des analyses, ce qui déjà n’est pas mal dans notre Europe nébuleuse !

    J’aime d’ailleurs bien le cache cache que plusieurs de vos analystes pratiquent en permanence.  Les lectures que je fais de vos articles sont toujours basées sur la même règle du jeu : va t-il aller jusqu’au bout de la réflexion ou s’arrêtera t-il juste avant ? C’est toujours ce qui se produit….Mais encore une fois, heureusement que vous êtes là, car à part vous et un ou deux articles de Valeurs Actuelles, il n’y a rien d’intelligent.

    Bonne continuation, surtout…

    6 novembre 2008 à 21 h 49 min
  • Jaures Répondre

    Evidemment, rien n’est plus aisé que de tourner en ridicule les prévision des "experts". L’économie, à l’instar de la météo n’a jamais été une science exacte. Ceci dit, on ne se hausse pas au dessus de leur niveau en avançant des balivernes. Ainsi, il faut retourner en janvier 2004 pour trouver des indices boursiers comparables aux actuels: 10 000 pour le Dow Jones, 3500 pour le CAC 40. Aujourd’hui ces indices sont respectivement à 8750 et 3400. En quoi les américains se portent-ils mieux ? le reste est l’avenant.

    Et Dieu dans tout ça ?

    6 novembre 2008 à 19 h 50 min
  • Matrix Répondre

    A Monneuil :

    A propos de la video Money as Debt, en francais l’argent dette, je ne vois pas ou est la deviation ?… A la fin de la video il est propose un autre systeme et je trouve que c’est bien. Au moins ils ne se contentent pas de critiquer, ils proposent mais n’imposent rien. C’est juste une idee de depart. A nous tous de la faire evoluer et la mettre en pratique.

    Quand a la theorie du complot ils ne s’etendent pas dessus non plus. Ils posent la question c’est tout.

    N’allez pas nous dire que vous vous sentez manipule tout de meme. Vous etes assez grand pour le faire tout seul apparemment.

    Bien a vous.

    6 novembre 2008 à 19 h 17 min
  • Quiot Répondre

    La "crise" actuelle  n’aurait-elle pas été provoquée volontairement par les USA , comme par hasard un gros mois avant l’éléction présidentielle ?

    Et si tout ceci n’était pas une gigantesque manipulation des USA !!! Ils ont réussi à liquider pas mal de placements de pays concurrents mondiaux grâce à la fermeture d’établissements financiers qui étaient plein d’avoirs étrangers. Ce ne sont pas tant les ménages américains qui ont perdu dans cette opération que des financements extérieurs (et pan sur les placements chinois, arabes, japonais…. qui remplissaient les banques et établissements financiers US, plus rien, les mecs ont perdu comme c’est pas possible… évidemment personne ne la ramène en ce moment tellement ils se sont fait avoir !)

    Evidemment que les USA sortiront les premiers de la crise. Comme toujours.  Et tireront comme d’habitude l’économie mondiale….

    Qui sont donc les bernés dans l’affaire ? Qui y laisse et va laisser pas mal de plumes ?

    Ne vous fiez pas aux journalistes ! Ils causent mais n’y connaissent rien à part quelques lueurs, de temps en temps des 4 Vérités.

    Les cocus de l’affaire sont les chinois, les arabes, les indiens, les brésiliens, les islandais, certains fonds européens… En ce moment, Bush, Mac Cain, Obama, se marrent….digne d’une farce de Molière !

    Peu importe que l’un ou l’autre soit élu ! Obama fait tourner la tête du monde entier pour mieux confirmer ce qui s’est passé, à savoir cacher la raison profonde de la "crise" :  faire repartir l’économie américaine sur d’autres bases, comme d’habitude d’ailleurs. Ils auront réussi à casser les prix des matières premières, excellent pour eux, à asphyxier économiquement l’Europe, excellent pour eux,à détruire des placements étrangers qui les "encombraient" un peu trop.Tout le monde est tombé dans le panneau. Bravo Obama, l’artiste, il fallait le sortir  du rodéo celui là ! Tous les grands argentiers US ont financé sa campagne, comme c’est pas possible….. C”est le pantin parfait du grand capital !

    Et pendant ce temps là, l’occident bien pensant applaudissait à quatre mains le coup de pieds de l’âne !

    L’Asie riait jaune parce qu’elle a bien compris qu’elle s’est fait avoir !

    A plus tard pour de nouvelles aventures !!!

     

    6 novembre 2008 à 19 h 17 min
  • Monneuil Répondre

    Attention quand même à cette vidéo, elle laisse comme un goût amer vers la fin…

    Si elle est assez parlante jusqu’aux trois-quarts, il me semble que la déviation est fort sournoise, bien avant de devenir flagrante.

    Mais effectivement, c’est à voir
    (Attention, elle dure 45 minutes)

    5 novembre 2008 à 21 h 05 min
  • HEFF Répondre

    Yes week-end Yes week-end ! ! !

    5 novembre 2008 à 19 h 27 min
  • grepon le texan Répondre

    "Le dollar est la monnaie des dieux. Voilà pourquoi l’Amérique peut sortir la première de la crise, et nous aider, une fois de plus, à en sortir."

    Probleme, avec les victoires Democrat dans le Congress american, ils vont pouvoir passer la legislation de leurs reves, ce qui va empirer l’economie americaine.    Il n y plus rien qui peut arreter Pelosi et Reid et leurs sbires a mettres des pans de l’economie en crise et sous controle.   Les industries qui ne paient pas assez aux Democrats vont souffir plus que les autres, mais tous vont sentir la main lourde et fascisante des progressives au pouvoir.     Post scriptum, L’Europe est bien plus foutu que jamais.

    5 novembre 2008 à 12 h 32 min
  • Anonyme Répondre

    Je recommande à tout le monde de visionner cette vidéo : http://www.vimeo.com/1711304

    Il faut vraiment que les choses changent…

    5 novembre 2008 à 11 h 52 min

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