Des Serbes et du Kosovo

Des Serbes et du Kosovo

Les 4 Vérités » du 28 mars et du 4 avril ont publié trois articles sur les Balkans, en particulier sur le Kosovo, sous la signature du Dr Lassieur, de Pierre Lance et de Pierre Barrucand. Ils ont le grand mérite d’éclairer le dossier par des rappels historiques aussi utiles que peu connus.

Pour ma part, je ne connaissais à peu près rien de cette région lorsque, en 1992, je fus nommé ambassadeur, représentant la France et l’Union européenne, en qualité de chef de la Délégation française au sein de la mission européenne d’observation dans l’ex-Yougoslavie. C’est dire que j’ai pris mes fonctions sans aucune idée préconçue, en d’autres termes parfaitement neutre et objectif.

Très vite, au cours de mes missions quasi quotidiennes, j’ai constaté que les Serbes étaient les agresseurs, et de façon spectaculaire. Par exemple, en Croatie, dans les localités où étaient passées les armées et milices serbes, l’église catholique était détruite, l’église orthodoxe intacte. Je passe sur les tueries multiples et diverses pour rapporter ce que j’ai vu un beau dimanche dans l’ouest de la Croatie. C’était en février 1993. J’étais en mission de routine à Karlovacs, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Zagreb. Dans le quartier administratif de la ville, un rassemblement a attiré mon attention.
J’ai demandé à mon chauffeur de se rapprocher et j’ai découvert des malheureux qui venaient d’être libérés d’un camp de concentration serbe. Ils étaient dans un état lamentable. Autant dire des rescapés d’Auschwitz. J’ai alors prié la Croix-Rouge présente de me fournir une interprète et j’ai interrogé quelques uns de ces survivants. Ils m’ont décrit les tortures que leur avaient fait subir leurs geôliers serbes, généralement ivres, dont l’une des spécialités était de faire ingurgiter de force aux Croates, Bosniaques et autres non-Serbes de l’huile de vidange de voiture.
Les malheureux mouraient alors lentement dans d’atroces souffrances. Pour ce qui est des viols, j’ai prié la représentante sur place du Comité International de la Croix-Rouge, une Suissesse, de prendre note des témoignages. À mon retour j’ai, bien sûr, rendu compte à la conférence bihebdomadaire des seize ambassadeurs représentant l’Union européenne. Paris fut informé, ainsi que Bruxelles, ainsi que l’ONU.

Je pourrais continuer longtemps sur le même registre : les atrocités commises par les Serbes. Je me limiterai à ce qui suit : le massacre de Srebenica, en juillet 1995, au cours duquel plus de 8 000 hommes et surtout des femmes et des enfants furent abattus par les Serbes du général Radko Mladic, recherché d’ailleurs pour crimes de guerre comme quelques autres, et toujours en fuite.

Détail piquant, si j’ose dire, en cette tragique affaire, c’est le comportement d’un général français commandant la FORPRONU, fort médiatisé à l’époque, où, juché sur un blindé devant les caméras qui étaient là, il assura la foule des musulmans apeurés, en leur disant dans son porte-voix : « Ne craignez rien, je vous protégerai, parole d’officier français. Avec vous, l’honneur de la France est engagé. » Finalement, ces malheureux paysans furent fusillés à bout portant par les Serbes, en même temps hélas ! que l’honneur de la France…

Quant aux partisans combattants albanais, ils sont de même nature que les Serbes. Ils sont hélas ! eux aussi, des tueurs en séries et les champions de tous les trafics. Pour la petite histoire, je rappelle qu’ils sont en partie les descendants des Illyriens qui peuplaient la province illyrienne de l’empire français de 1809 à 1814.

La vérité est que le monde balkanique est l’abcès récurrent de l’Europe. Il est à l’origine de la Première guerre mondiale et de ses gigantesques tueries et, malheur supplémentaire pour ces populations des Balkans, elles ont été marquées au fer rouge du communisme stalinien, auquel les Serbes ont été très réceptifs – comme d’ailleurs, à Paris, le pouvoir mitterrandien favorable à la dictature communiste de Milosevic, pour des raisons que je connais assez bien. L’abcès n’est nullement résorbé. Si les forces multinationales présentes dans l’ex-Yougoslavie étaient retirées, les combats reprendraient aussitôt. 1 710 militaires français sont stationnés au Kosovo, 120 en Bosnie. Pour combien de temps encore ?

Ceci constaté, ne faisons pas du Kosovo un problème majeur. Les conséquences internationales de son indépendance seront très secondaires, sauf pour Moscou, très présent à Belgrade, qui trouve là une belle fenêtre ouverte sur le centre de l’Europe.

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Comments (5)

  • Sebaneau Répondre

    Il y a 1 400 Serbes disparus au Kosovo… pour 3 000 Albanais.  Et cinq fois plus de morts albanais que de Serbes depuis 1998.
    Mais les Albanais, n’est-ce pas, ne sont pas des êtres humains : c’est pour ça qu’on peut prendre leur terre alors qu’ils sont là depuis 3000 ans, et 90% de la population.

    19 avril 2008 à 23 h 04 min
  • Sebaneau Répondre

    Il y a 1 400 Serbes disparus au Kosovo… pour 3 000 Albanais.  Et cinq fois plus de morts albanais que de Serbes depuis 1998.
    Mais les Albanais, n’est-ce pas, ne sont pas des êtres humains : c’est pour ça qu’on peut prendre leur terre alors qu’ils sont là depuis 3000 ans, et 90% de la population.

    19 avril 2008 à 13 h 05 min
  • connard Répondre

    Depuis que le Kosovo échappe à l’autorité serbe, on compte par milliers les Serbes disparus. Seraient-ils en vacances sur la Côte d’Azur. Kosovo indépendant, futur paradis d’Al Qaida avec des fonds saoudiens… Mais quand la Seine Saint Denis fera sécession, vous comprendrez mais il sera trop tard

    18 avril 2008 à 22 h 02 min
  • Sebaneau Répondre

    Pierre-Marie Chenu, premier ambassadeur de France à Zagreb,  a lui aussi  fait partie des observateurs de l’Union Européenne en Croatie, dont les Serbolchéviques ont d’ailleurs abattu un hélicoptère en janvier 1992.
    Mais les "Illyriens" de Napoléon, c’étaient des Croates et des Slovènes.
    Quant aux racontars de la mère Del Ponte, ils n’ont aucune vraisemblance et on n’a littéralement rien : pas un indice matériel, pas un témoin : c’est un on-dit de on-dit,  même pas attribué.
    Alors que pour les crimes serbolchéviques, c’est par milliers que se comptent les cadavres, et les témoins.

    18 avril 2008 à 7 h 43 min
  • Florin Répondre

    Les conséquences de l’indépendance du Kosovo, "très secondaires" ??? ça dépend pour qui, cher M l’ambassadeur. Les mafieux coincés sur place faute de passeports VONT DEFERLER sur l’Europe, dans des proportions que vous avez du mal à imaginer. Même un pays "regardant" comme la Suisse a vu s’installer sur son sol des communautés kosovares, avec une explosion de la criminalité.

    C’est paradoxal, mais c’est ainsi : les kosovars ont voulu l’indépendance, pour … mieux FUIR leur "patrie" !
    Et venir nous emmerder en banlieue, pardi !

    Force est de constater aussi que M l’ambassadeur a l’ouïe sélective : il n’a pas lu et entendu Carla del Ponte, qui décrit les prisonniers et otages Serbes dépecés comme des rats de laboratoire pour leurs organes …

    Face aux barbares, une seule option, une seule : mourir les armes à la main (seule garantie de mourir vite …).

    Sans être Serbe, je donnerais toujours le gîte et le couvert à ceux qui ont eu le courage de combattre, comme le général Mladic. Après les avoir pourchassés, Carla del Ponte a fini par cracher le morceau et nous dévoiler la vérité (que seuls les aveugles ne voyaient pas) : la SERBIE c’est la ligne de front : en face, les mafieux, capables de vous charcuter pour vous vendre à la pièce, un rein-deux reins, un oeil-deux yeux …

    16 avril 2008 à 15 h 18 min

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