Désormais les élections se jouent sur la politique étrangère

Désormais les élections se jouent sur la politique étrangère

Désormais les élections se jouent sur la politique étrangère

La mondialisation met les Français au diapason de l’étranger. Samedi soir, une défaillance du réseau électrique allemand plongea dans l’obscurité 10 millions d’Européens. La panne affecta l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, la Croatie, l’Autriche, la République tchèque et la France.

Les bras de fer engagés, par une Russie redevenue impériale, avec ses voisins sur les prix du gaz inquiètent l’Union européenne. L’hiver dernier, Moscou avait fermé le gazoduc vers l’Ukraine, qui fournit aussi l’Europe. La flambée des prix a été évitée de justesse. Depuis septembre, c’est la Géorgie qui est sur la sellette.

Les Français (mais pas les politiciens…) savent qu’on ne peut rehausser le SMIC, donc toute la pyramide des salaires, sans se soucier de la modicité des coûts du travail à l’étranger : un emploi français trop onéreux est voué à se délocaliser en Chine ou en Inde, y compris dans des domaines très qualifiés. La mondialisation, c’est aussi la fuite des cerveaux, en Grande-Bretagne, en Irlande, aux États-Unis, où les attire une fiscalité moins lourde.

La mondialisation du terrorisme a, également, modifié les pratiques occidentales. Éclipsant un bon bilan économique, la guerre en Irak fut le thème dominant de la campagne électorale pour les élections de mi-mandat, aux États-Unis. C’est un tournant : l’opinion publique américaine est, traditionnellement, peu tournée vers « le reste du monde », et les campagnes électorales se jouent habituellement sur l’économie.

Tony Blair peut se targuer d’une situation économique prospère. Et il a inventé « le blairisme », qui est une façon de faire accepter le libéralisme aux sociaux-démocrates. Mais le fait qu’il ait engagé la Grande-Bretagne dans la guerre en Irak, aux côtés des Américains, l’a fait basculer dans l’impopularité, le contraignant à annoncer son départ anticipé du
10 Downing Street, pour ne pas handicaper le Labour aux prochaines législatives.

En Espagne, le Premier ministre Aznar, longtemps assuré d’être réélu pour sa brillante réussite économique, fut emporté, comme un fétu de paille, par les attentats islamistes de Madrid. Son successeur, le socialiste Zapatero, s’empressa d’accéder aux exigences des terroristes, en retirant les troupes espagnoles d’Irak.

Jacques Chirac s’appuie sur la politique étrangère, notamment celle relative au Moyen Orient, pour continuer à occuper le devant de la scène, en cette fin de règne. Certains membres de son entourage disent qu’il briguera un troisième mandat présidentiel, si l’actualité internationale prend un tour suffisamment dramatique pour le mettre en valeur. Le plan Vigipirate parsème les gares de soldats en armes. Les sacs transparents ont remplacé les poubelles en métal dans les rues, où prolifèrent les caméras de surveillance. L’Angleterre, terre de l’habeas corpus où les libertés publiques sont sacrées, a mis sa population sous l’œil de Big Brother, c’est-à-dire de quatre millions de caméras de surveillance. Partout, prendre l’avion devient une épreuve, nécessitant d’arriver deux heures avant le décollage et de se dépouiller des ustensiles les plus anodins.

Le tourisme de masse se heurte au terrorisme. Les agences de voyage doivent examiner avec soin les situations locales, sous peine d’exposer leurs clients à des attentats ou des enlèvements, comme à Bali ou à Djedda. Aux États-Unis, le « Patriot act », consécutif au 11 septembre, a mis entre parenthèses certaines libertés publiques. Les Occidentaux vivent au diapason du terrorisme mondialisé.

La mondialisation influence les banlieues européennes, constellées d’antennes paraboliques captant des chaînes aussi sulfureuses qu’Al-Jazeera. Apportées du Moyen-Orient et d’ailleurs par la télévision et l’Internet, les images de foules fanatisées et de prédicateurs extrémistes dopent le radicalisme islamiste. Les « jeunes » ont pour héros Ben Laden, le chef d’Al-Qaida, Ahmadinejad, le président iranien, ou bien Nasrallah, le patron du Hezbollah, qui exhortent à la haine de l’Occident.

La mondialisation de la propagande islamiste dépossède les États occidentaux de leur influence sur cette jeunesse, qui fait peur aux politiques, aux médias et aux citoyens. Les questions de sécurité occupent une place centrale dans la vie politique.
Dans les années quatre-vingt, feu Louis Pauwels, qui dirigeait le « Figaro-Magazine », nous disait souvent : « Les lecteurs ne s’intéressent pas à la politique étrangère ». Aujourd’hui, il ne dirait plus cela. Désormais, les Français savent leur destin largement tributaire de l’étranger.

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Comments (2)

  • Agnès Répondre

    "Faudrait il revoir le Vote, en le réservant a ceux qui auraient fait preuve de réflexion et de sang froid, (Permis de voter, comme Permis de conduire : Examen de connaissance et de responsabilité!) en risquant de créer ainsi une dangereuse élitocratie et de se priver de la sagesse Populaire (tant qu’elle existera..)?"

    Le site de http://www.permisdevoter.fr permet d’envisager cette hypothèse tout en par expliquant pourquoi cela n’entraine aucune dérive "élitocratique".

    26 septembre 2007 à 8 h 20 min
  • Anonyme Répondre

    Merci pour cet intéressant article, Laurent Artur du Plessis, que j’approuve, bien modestement, en grande partie. Plus particulierement, il est absolument exact que leTerrorisme, ou ce que vous voudrez bien placer en amont, est bien devenu un élément du Vote des citoyens; autrement dit que les bombes posées par qqs Musulmans détraqués, sont désormais un facteur actif dans l’attribution des Pouvoirs Politiques dans nos démocraties. Exemple de Michel Aznar (quel dommage!) que vous citez, et également, aux Etats-Unis, je pense que si il y avait eu une ou deux explosions supplémentaires, ces dernieres récentes années, a Chicago ou a Los Angeles, c’était 300 Républicains a la House, et 80 au Sénat, qui auraient été élus. Ceci est tres grave, et certains se marrent bien, de pouvoir “controler” en qqs sortes, une partie de la vie politique de nos démocraties, avec la télécommande de leurs attentats. Avons nous atteint les “limites” de la Démocratie? Faudrait il en protéger l’existence, quite a “restraindre”, pour un temps, les “libertés” individuelles, de maniere a éviter une auto-destruction du malade par laxisme, par manque de self-défense? Faudrait il revoir le Vote, en le réservant a ceux qui auraient fait preuve de réflexion et de sang froid, (Permis de voter, comme Permis de conduire : Examen de connaissance et de responsabilité!) en risquant de créer ainsi une dangereuse élitocratie et de se priver de la sagesse Populaire (tant qu’elle existera..)? Une chose est certaine et évidente : contrairement a l’adage que j’ai entendu mille fois en France ” Il est urgent de ne rien faire”, et bien cette fois, il est urgent de “faire quelque chose”. On pourrait déja commencer par demander un “Second Amendment US” pour les Francais. Quelle Société, quel individu, quel animal, sur notre Terre, peut survivre sans etre armé? Common sens, that’s all. Best, Mancney

    9 novembre 2006 à 21 h 38 min

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