Erdogan, ennemi de l’Europe

Erdogan, ennemi de l’Europe

Depuis le début des hostilités dans la région syro-irakienne la Turquie a eu un rôle ambigu.

Pas vraiment soutien ouvert de l’État islamique à ses débuts, elle lui assurait cependant des bases arrière et trafiquait avec lui en échangeant du pétrole contre des vivres, médicaments et munitions.

Elle a occasionnellement combattu des groupes djihadistes que peu de choses distinguaient des rebelles qu’elle soutenait – ces groupes eux-mêmes n’étant que des frères ennemis liés par leur seule hostilité au président syrien.

En fait, l’attitude politique turque s’est décantée au fil du temps, lorsque s’est affirmé l’engagement des milices kurdes aux côtés de l’alliance de circonstance anti-État islamique.

La conduite d’Erdogan, entièrement dictée par cette obsession anti-kurde, l’a amené récemment à affronter l’armée syrienne, alliée de fait de ses ennemis jurés.

Il a envahi une bande de territoire le long de la frontière nord syrienne ainsi qu’une partie de la province syrienne d’Idlib.

L’agresseur c’est lui ; c’est l’armée turque qui occupe des territoires syriens – pas l’inverse.

Les combats qui se déroulent dans cette province mettent en danger une population civile qui avoisinerait le million, d’après ce qui est dit.

Alors, bien sûr, tout ce qui compte d’humanistes, appuyés par la grande majorité de nos médias, appelle à la cessation des combats, dans lesquels le méchant Assad et son « régime » continuent de massacrer « son » peuple.

Souvenons-nous. C’était exactement le même discours lors des reconquêtes d’Alep et d’autres cités syriennes.

L’observatoire syrien des droits de l’homme, groupuscule londonien issu des rebelles, nous affirmait que la population était prise dans un piège mortel, conséquence de l’assaut de l’armée syrienne.

Puis on reconnaissait parfois, à demi-mot, que c’était les rebelles qui retenaient les populations qui leur servaient de bouclier.

Là encore, on cherche en vain les raisons qui inciteraient le pouvoir de Damas à refuser le transfert de ces populations vers lui. Ce sont des Syriens qui seraient mis à l’abri avant de pouvoir revenir chez eux ; leur évacuation donnerait les coudées franches à la reconquête par l’armée syrienne, tout en coupant l’herbe sous le pied de toute la bien-pensance mondiale.

Le seul qui a intérêt à la victimisation de cette population, c’est Erdogan.

Heureusement que les Russes sont là pour le contenir, car les Américains sont inexistants, parfois enclins à le soutenir.

Quant à l’Europe, toujours aussi pontifiante, fuyante et bavarde, on ne peut, comme d’habitude, pas compter sur elle.

Il faut dire qu’on ne peut pas discuter efficacement si on ne tient pas un gros bâton caché dans son dos et l’Europe n’a pas de bâton, pas de chef, donc pas de diplomatie.
Les gens forts sont plus écoutés que les autres, ce n’est pas nouveau.

Ces populations sont des otages aux mains des Turcs qui en tirent rançon des Européens chaque année.

Et, en outre, au moindre ennui vécu par le calife, il nous les lance dans les pattes si on ne le soutient pas. Le chantage est permanent. Ou on paie et on appuie les délires ottomans, ou il redéclenche l’invasion islamique du continent chrétien.

Cet homme est dangereux.

Il nourrit le conflit interne libyen de ses mercenaires, s’impose en Méditerranée en zone d’intérêt économique chypriote, égyptienne et grecque, refuse de reconnaître Chypre, pourtant État de l’UE, et dont il occupe militairement un bon tiers.

Et nous tolérons qu’il vienne en Europe encourager la diaspora turque, et plus largement musulmane, à ne pas s’intégrer.

L’évolution de la Russie rend négligeable l’appui qu’un « allié » si peu fiable et si peu sincère peut apporter dans le contrôle des détroits.

Il est donc temps de larguer les amarres avec la Turquie. L’Europe va-t-elle un jour montrer clairement par des actes qu’elle choisit la Grèce contre la Turquie ? Ce faisant, elle se protégerait enfin elle-même.

L’Europe investirait bien mieux en consacrant les milliards qu’elle donne à Erdogan à la réinstallation des réfugiés syriens dans leur pays.

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Comments (2)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    mais Monsieur Dubois, au cas où cela aurait pu échapper à votre jugement, Erdogan est un populiste comme … Trump !

    29 avril 2020 à 17 h 11 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” Trump ennemi de l’ Europe ”

    enfin quand les trumpistes béats et admiratifs européens s’ en rendront compte espérons qu’ il ne sera pas trop tard !

    un démocrate vaut mieux ( et pour eux et pour nous ) qu’ un populiste

    21 avril 2020 à 12 h 16 min

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