État terroriste ?

État terroriste ?

Cette qualification de la Russie, par le conseil européen, semble résulter d’avis contradictoires.

Que fait actuellement la Russie ? La guerre, c’est évident. Dirait-on que cette guerre est une guerre de sécession ? A priori non, puisque l’Ukraine et la Russie se sont séparées à la chute de l’URSS. Étant donné ce que l’on voit, on pense plutôt à une guerre de succession. Le père est mort, les enfants se chamaillent pour capter l’héritage. C’était chose courante au pays des tsars, où celui qui voulait prendre la suite éliminait, l’un après l’autre, tous ses frères et sœurs. Cette pratique était courante dans l’antiquité et au temps de Charlemagne. Dans le cas présent, s’agissant de pays chrétiens et se qualifiant comme nations sœurs, on ne peut que penser à la genèse quand Caïn tue son frère. On voit bien que la Russie est loin d’avoir repris la main sur tous les membres de l’ancienne URSS. Par contre, il s’agit bien d’une guerre entre sœurs slaves ; l’une et l’autre veulent posséder ce qu’elles considèrent comme leur berceau familial. Et il s’agit aussi d’une guerre de succession idéologique.

La Russie peut-elle être qualifiée d’État terroriste ? A priori non. Mais elle peut être qualifiée de génocidaire du fait des méthodes qu’elle utilise pour faire sa guerre. En droit français, on distingue les dommages directs des dommages indirects. On n’est plus dans le dommage collatéral, le civil tué dans la bataille qui se fait entre soldats de camps opposés. En s’attaquant à ce qui est à la source de la vie (l’eau, les récoltes, les voies de communication, les centrales électriques, etc.), la Russie ne s’attaque pas à une forteresse, comme au Moyen Âge, lorsque l’on attendait le choléra et l’odeur des cadavres en décomposition, pour que l’assiégé se rende. Elle s’attaque à des millions de gens, que Staline avait déjà voulu mettre à sa merci, en brûlant leurs récoltes pour les faire périr de faim. La méthode d’extermination en cours, retenue par le président Poutine, celle du général Hiver, est du même acabit : elle conduit aussi à la mort en masse d’une population entière, privée de ses moyens de vivre pour faire face au froid qui tue. Le terme de guerre génocidaire, utilisé par l’Ukraine, semble plus près de la réalité du terrain. Les Arméniens n’ont-ils pas péri sous un soleil ardant lors d’une marche sans fin vers la mer ; les rescapés des camps nazis n’ont-ils pas connu le même sort, en accompagnant dans le froid leurs bourreaux en retraite ? L’Europe vit bien le retour de la barbarie, sous toutes ses formes.

La déclaration d’un responsable russe, disant que l’arme nucléaire tactique avait déjà été utilisée en Irak par les Américains, est vraie. S’agissant de l’obus à uranium appauvri (densité de 19 050 kg/m³), il était beaucoup plus dense que l’obus traditionnel en acier (densité 7 800 kg/m3). Les obus à uranium appauvri, à forte capacité de pénétration (contre le blindage des chars), relèvent malheureusement de la catégorie des armes conventionnelles et ne sont interdits par aucune convention internationale, à la différence des armes chimiques et nucléaires.

L’Europe aurait été plus avisée d’appeler les deux protagonistes à cesser le feu en hiver et à faire plus preuve d’humanité. Jean-Paul II avait parlé des deux poumons de l’Europe, indispensables pour qu’elle respire. Si l’aigle bicéphale de la bannière du tsar moscovite vient à perdre une de ses ailes, c’est la chute infernale de l’ange (Marc Chagall), celle de la civilisation slave.

Quand le débat public accorde plus de place à la condition animale (interdiction de la corrida) qu’à la condition humaine (ensauvagement de la société), on est près de voir l’ange faire la bête.

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