Incohérence de la politique étrangère française

Incohérence de la politique étrangère française

Parcourant voici peu les nouvelles qu’on peut trouver dans la presse française, je n’ai pu m’empêcher de penser que, outre la façon très aseptisée dont les faits sont présentés, elles sont caractérisées par un émiettement qui a les allures d’un puzzle dont les pièces seraient jetées en vrac, sans la moindre explication sur la façon dont elles s’assemblent.
Des membres d’une association humanitaire française ont été tués au Niger, mais tout est fait pour qu’il ne soit pas dit que leurs assassins sont islamistes.
Au Mali, un coup d’État militaire vient d’avoir lieu, que le gouvernement français réprouve.
Il n’est dit à peu près nulle part que ce qui se passe au Mali et au Niger fait partie d’un ensemble qui concerne l’essentiel de la zone sahélienne et qui montre l’affrontement entre une nébuleuse de groupes islamistes qui entendent prendre le pouvoir dans plusieurs des États artificiels créés au moment de la décolonisation, et éliminer toute présence occidentale.
Il est dit parfois que l’armée française est seule.
Il n’est pas dit que son action dans ces conditions est quasiment désespérée et risque fort de n’avoir pas de fin : les forces françaises sont trop peu nombreuses pour maintenir l’ordre dans une région immense.
Une explosion a détruit le port de Beyrouth et largement ravagé la ville elle-même.
Une aide humanitaire se met en place. On parle de reconstruction, de « mise sous tutelle » du Liban, de « communauté internationale » (un mot sans aucun sens). On dit très peu que le Liban est sous la coupe d’une organisation terroriste à la solde de l’Iran, le Hezbollah, que, si le Liban est ruiné, c’est parce que le Hezbollah lui-même est ruiné, et que, si le Hezbollah est ruiné, c’est parce que l’Iran l’est aussi, et l’est par la politique d’asphyxie menée contre lui par l’administration Trump.
On ne dit pas qu’avant la politique d’asphyxie susdite, l’Iran s’approchait de l’hégémonie régionale, menaçait Israël et le monde arabe sunnite, s’approchait de l’arme atomique et tissait des liens avec la Chine.
On ne dit pas que la reconstruction du Liban se fera avec le Hezbollah ou en éliminant le Hezbollah, et que c’est là un enjeu qui dépasse le Liban.
Une reconstruction avec le Hezbollah serait une reconstruction qui servirait l’Iran et la Chine, qui vient de passer un accord d’alliance avec l’Iran, et servirait la volonté d’hégémonie mondiale de la Chine.
On ne dit pas qu’une reconstruction du Liban sans le Hezbollah implique la poursuite de la politique d’asphyxie de l’administration Trump.
On a parlé brièvement de l’accord passé entre Israël et les Émirats arabes unis sous l’égide de Donald Trump.
On ne dit pas que ce qui prend forme est une paix régionale entre le monde arabe sunnite et Israël, et on parle de la « cause palestinienne » sans dire qu’elle est une cause terroriste soutenue désormais essentiellement par l’Iran (et accessoirement par la Turquie).
On parle des élections présidentielles américaines en salissant sans cesse Donald Trump et en ne disant pas ce qu’est le parti démocrate aujourd’hui.
On ne dit pas que la présidence Trump est aujourd’hui tout ce qui empêche la Chine de dominer le monde et l’Iran de dominer le Proche-Orient en partenariat avec la Chine.
On ne dit pas que les positions de la France sont pour le moins confuses : au Sahel, la France combat les islamistes. Au Liban, Macron, au nom de la France veut reconstruire le pays avec le Hezbollah, et il souhaite visiblement renouer des liens avec l’Iran. Il n’a pas un discours ferme vis-à-vis de la Chine. Il soutient la « cause palestinienne » et pas la paix régionale qui prend forme. Il semble souhaiter une victoire démocrate aux États-Unis, qui serait une victoire de l’Iran et de la Chine.
Les positions de la France seraient compréhensibles si elles étaient affirmées clairement, et si la France se disait alliée de l’Iran et de la Chine, mais, en ce cas, le combat contre les islamistes au Sahel ne cadrerait pas avec le reste, car les intérêts iraniens et chinois ne coïncident, là, pas du tout avec ceux censés être ceux de la France.
Les nouvelles en France ont les allures d’un puzzle dont les pièces sont jetées en vrac, mais la politique étrangère française n’est guère plus cohérente.
Consternant, dites-vous ?

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Comments (11)

  • BAINVILLE Répondre

    Renforcement de la guerre implacable livrée à la Syrie, par l’armée US.
    Le renforcement des forces américaines à l’est de l’Euphrate fait suite à la révélation que Washington avait concocté un accord avec une nouvelle société pétrolière américaine, Delta Crescent Energy LLC. Ce contrat a été signé par les soi-disant Forces démocratiques syriennes, les troupes mandataires de Washington en Syrie, composées principalement de la milice kurde syrienne YPG.

    L’accord sert plutôt à priver le gouvernement et le peuple syriens de ressources dont on a désespérément besoin pour la reconstruction suite à près d’une décennie de guerre, tout en fournissant un prétexte à la poursuite de l’occupation militaire américaine et au démembrement du pays.

    Parmi les équipements acheminés ainsi par l’armée américaine, on pense qu’il y a des composants pour deux raffineries modulaires afin d’aider l’entreprise à exploiter et à commercialiser le pétrole syrien.

    Cet accord constitue un crime de guerre en vertu des Conventions de Genève, qui interdisent l’exploitation des ressources naturelles d’un pays occupé au profit de l’occupant. Dans le cas de l’occupation américaine de la Syrie, cela constitue un acte de piraterie internationale encore plus flagrant car la présence militaire américaine dans le pays n’a été autorisée ni par le gouvernement syrien ni par les Nations Unies.

    L’existence de l’accord négocié par Washington entre Delta Crescent Energy et les mandataires kurdes du Pentagone a été révélée pour la première fois par le sénateur républicain Lindsey Graham lors d’une séance de la Commission des relations étrangères du Sénat, le 30 juillet.

    Graham a déclaré au secrétaire d’État américain Mike Pompeo qu’il avait été informé par le commandant des forces kurdes syriennes, connu sous le nom de Mazlum Kobani, de l’accord visant à « moderniser les champs pétrolifères du nord-est de la Syrie » et a demandé si le gouvernement Trump le soutenait.

    « En effet, oui », répondit Pompeo. « Parvenir à un accord a pris un peu plus de temps que nous l’avions espéré, et maintenant nous sommes dans la phase de sa mise en œuvre ; cela pourrait être extrêmement performant ».

    27 août 2020 à 12 h 20 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pour ce qui concerne le Moyen Orient et l’ Irak en particulier ” Les 4 Vérités ” devraient vous préférer , comme pigiste, à Guy Millière qui ne me semble pas être très au courant, ou en tout cas à la pointe, des ” affaires ” arabes … sauf de façon purement , comment dirais je … scolastique

      2 septembre 2020 à 16 h 02 min
  • ELEVENTH Répondre

    Durant ce temps, la politique étrangère de Macron, comme celle de ses prédécesseurs récents consiste à bien arroser le public étranger aux frais de la princesse françafrique.
    A ce sujet, je vous conseille de pré-commander le livre de Charles Prats “le cartel des fraudes” ( 18 euros chez FNAC ou AMAZON).
    Au cours d’interviews TV il a déjà laché pas mal d’informations et mis le doigt sur le fait que le système social en France masquait – surement volontairement- la réalité du véritable pillage de notre argent, avec notamment un nombre invraisemblable de centenaires maghrébins, dont on ne sait plus rien mais qui continuent (plutot leurs complices) à passer à la caisse après leur mort.
    Ne parlons même pas des cartes sécu qui, additionnées , laisseraient croire à une population de plus de 80 millions d’habitants.
    Pourtant, à l’heure actuelle et au niveau de développement de l’informatique et de l’ I.A. , rien de plus simple que de croiser les fichiers et couper tout simplement les versements tant qu’il n’y a pas de preuve constatées de vie. Certains pays vous exigent chaque année un certificat de vie pour continuer à vous verser une retraire acquise.
    Mais nos flambards, eux, voient la politique étrangère sous forme de guichet open bar. Salauds et voleurs !

    27 août 2020 à 0 h 26 min
  • BAINVILLE Répondre

    Dans le New York Times, Bergman, chroniqueur chevronné sur les questions militaires et de renseignement du quotidien israélien Yedioth Ahronoth décrit comment, le 22 avril 1979, un « escadron terroriste » du Front de libération de la Palestine a pris en otage puis sauvagement assassiné à Naharyia, une bourgade israélienne proche de la frontière libanaise, un père et deux de ses filles de 4 et 2 ans. « Dans la foulée », explique l’auteur, le général Rafael Eitan, alors chef d’état-major, lança avec le général commandant de la région nord Avigdor Ben-Gal, la mise en place d’un groupe dont le rôle serait de mener des opérations terroristes en territoire libanais. Avec l’accord d’Eitan, Ben-Gal recruta le général Meir Dagan, « le plus grand expert en opérations spéciales » d’Israël (et futur chef du Mossad), et « tous les trois mirent en place le Front pour la libération du Liban des étrangers [FLLE] ».

    Bergman cite le général David Agmon, un des rares hommes à avoir été informé de l’opération, qui explique ainsi son objectif :

    Le but était de créer le chaos parmi les Palestiniens et les Syriens au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne, pour leur donner l’impression qu’ils étaient constamment sous attaque et leur instiller un sentiment d’insécurité.

    Pour y parvenir, Eitan, Ben-Gal et Dagan « recrutèrent des locaux libanais, druzes, chrétiens et musulmans chiites, qui n’aimaient pas les Palestiniens et souhaitaient qu’ils quittent le Liban. » Entre 1979 et 1983, « le Front a tué des centaines de personnes ».

    Pour ceux qui connaissent le conflit au Liban, la référence à ce FLLE est extraordinairement significative. Ce groupe a, au début des années 1980, revendiqué la responsabilité de dizaines d’attentats destructifs à la voiture piégée ciblant les Palestiniens et leurs alliés libanais. Ces attentats furent largement couverts par la presse américaine de l’époque. Le plus souvent, les journalistes américains décrivirent le FLLE comme un « mystérieux » ou « insaisissable groupe d’extrême droite ». À l’occasion, ils notèrent que les Palestiniens et leurs alliés libanais étaient convaincus que ce groupe n’était qu’une invention d’Israël destinée à cacher son rôle.

    26 août 2020 à 17 h 40 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      l’ armée secrète juive fit exactement la même chose, des massacres de masse contre les Palestiniens, dans sa guerre pour la reconquête de la terre d’ Israël

      il y a une vieille loi … mésopotamienne

      ” oeil pour oeil dent pour dent “

      27 août 2020 à 8 h 26 min
  • BAINVILLE Répondre

    Réseau Voltaire:
    Une arme nouvelle a été utilisée début juillet contre 7 bateaux iraniens dans le Golfe persique [1], puis le 4 août au port de Beyrouth.

    Dans les huit cas, le nuage de fumée n’avait aucun rapport avec celui observé lors des explosions conventionnelles, mais formait un champignon comme lors des explosions atomiques.

    À Beyrouth, l’explosion a fait trembler la terre à 200 kilomètres à la ronde, à une magnitude de 3,5 sur l’échelle de Richter, selon le centre allemand de géoscience (GFZ). C’est cette vibration et non pas le souffle de l’explosion qui a détruit de nombreux quartiers de la ville.

    Elle a aussi provoqué une vague géante et a soulevé certaines voitures au port, et non pas poussé latéralement l’eau et les véhicules, mais comme si on avait appuyé sur la mer et sur le lieu immédiat du sinistre.

    Ces attaques interviennent alors que le jugement du Tribunal spécial des Nations Unies pour le Liban devrait être rendu le 7 août [2]. Il devrait être reporté.

    26 août 2020 à 17 h 39 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    la politique étrangère de la France n’ est pas incohérente elle est ” en même temps ” qui ménage la chèvre et le chou

    26 août 2020 à 8 h 30 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      ( suite )

      la politique étrangère de Nicolas Sarkozy avait le ” mérite ” d’ être facilement décryptée et ne visait qu’ à empapaouter les ” Arabes ”

      elle était pro-américaine et pro – Israël ( la mère de Sarkozy était juive )

      26 août 2020 à 8 h 39 min
  • BAINVILLE Répondre

    Millière est hémiplégique et ne voit que la partie de la réalité qui l’arrange.Israël use depuis longtemps d’un terrorisme institutionnalisé avec ses voisins.
    Il est difficile de ne pas voir qu’il s’agit d’un bombardement à l’arme nucléaire tactique. Que le le Liban n’ait pas pour le moment les moyens de répliquer et préfère faire mine de croire de 2750t d’ammonium suffisent à vaporiser la roche jusqu’à 43m de profondeur dans un rayon de 180m on peut le comprendre ; mais de grâce, que les commentateurs arrêtent de nous demander de faire de même. Les habitants de Beyrouth étaient aux premières loges pour entendre les rugissements des F16 et des missiles et autres bombe planantes au-dessus du port au moment du bombardement. Leurs vidéos (du moins celles que l’on peut poster sans les voir immédiatement censurées) sont éloquentes. La balle est en effet dans le camp des libanais devant ce qui n’est rien d’autre qu’une déclaration de guerre.

    25 août 2020 à 20 h 08 min
    • ELEVENTH Répondre

      Point de vue intéressant… que certains ne vont pas tarder à qualifier de “complotiste”. Très drôle.
      Avez vous écarté l’éventualité d’une chute de météorite qui serait passée inaperçue ?

      26 août 2020 à 0 h 37 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      un rien délirant !

      26 août 2020 à 8 h 21 min

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