Inquiétantes frappes américaines en Syrie

Inquiétantes frappes américaines en Syrie

Les frappes américaines sur une base syrienne sont, pour moi, inattendues et incompréhensibles.

Trump a eu tort.

Cela augure mal du renouveau des relations russo-américaines qu’il appelait de ses vœux, et cela risque, au contraire, de les amener à un clash majeur, compte tenu du fort engagement russe auprès du dirigeant syrien.

Accessoirement, on peut remarquer un emploi de moyens surdimensionnés pour un effet « coup de semonce » : 59 missiles ; bilan 6 morts et des dégâts matériels non publiés ; ratio coût-efficacité dérisoire ; qui montre toutefois la richesse de moyens des États-Unis.

À l’origine, un drame civil, comme toutes les guerres en provoquent, causé par des toxiques chimiques.

Il reste à prouver que c’est bien l’armée syrienne qui est fautive. La version russe d’un dépôt logistique des rebelles visé et détruit et qui aurait recelé des produits chimiques dispersés lors de son explosion est plausible – mais pas plus avérée en effet.

On aurait pu au moins attendre d’en savoir plus. Mais non. Dans les heures qui suivent, « on sait ». Grâce aux affirmations de l’« Observatoire syrien des droits de l’homme », qui n’est qu’une micro-officine des rebelles installée à Londres, mais qui, depuis des années, sert de source d’information quasi unique et incontestée pour la presse occidentale.
Ces déclarations ont été confirmées, il faut le dire, par un porte-parole des « casques blancs », issus, eux aussi, des rebelles.

Devant de telles « preuves », nos gouvernants et journalistes n’ont pas barguigné longtemps. Et on repart dans les discours partisans dont nous avons été abreuvés pendant des mois lors de la reconquête d’Alep. Et nos chefs peuvent renfourcher leur dada, qu’ils avaient récemment délaissé : « Non ! Pas de solution au conflit avec Bachar ! »

Les Syriens n’ont apparemment pas leur mot à dire. Décidément, il est écrit une fois pour toutes que toutes les victimes du conflit sont à mettre au débit du seul Bachar, que le tyran massacre « son » peuple. Et tant pis si, dans toutes les zones sous son contrôle, on vit à peu près normalement, prouvant ainsi le contraire. Est-ce trop demander de rester réaliste et de prendre en compte :
– que cette guerre se déroule malheureusement au milieu de la population comme partout (Alep, Mossoul, Racca bientôt) et que les rebelles, comme Daesh, n’hésitent pas à s’en servir comme boucliers humains. Remarquez qu’à Mossoul où la nature des opérations est la même, au milieu des civils, victimes là aussi, on est beaucoup plus modéré dans les commentaires et réactions politiques. Mais là, la main de Bachar est absente ; donc c’est moins intéressant.
– que le distinguo entre les armes autorisées et les autres est complètement hypocrite. On n’est pas dans une joute de preux chevaliers. On cherche à détruire l’ennemi avant qu’il ne nous détruise.
– dans ces conditions, les pertes civiles sont hélas inévitables, quelles que soient les armes utilisées. La guerre est une horreur, l’aurait-on oublié ?

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Comments (2)

  • Hilarion Répondre

    On a compris depuis un certain temps que Bachar El Assad est à peu près tout sauf stupide. Et il faudrait une sacré dose de stupidité pour lancer une attaque chimique sur sa population, et s’attirer ainsi des représailles militaires et une réprobation mondiale au moment ou Daech aux abois est près d’être défait. Par contre faire porter le chapeau à Assad d’un tel crime de masse serait tellement productif pour Daech, la preuve en est la réaction américaine, que l’on ne peut résister à l’idée que c’est lui le coupable, ayant suffisamment démontré son niveau de barbarie. On sait depuis le mensonge des “armes de destruction massive” de l’Irak que les EU sont prêts à toutes les mauvaises raisons pour intervenir dans les affaires des autres, mais cette fois avec le risque d’une confrontation directe avec la Russie ayant la Syrie pour protectorat. L’ Amérique gendarme du monde ? On peut craindre que non. Mais l’Amérique chef de bande plus sûrement.

    14 avril 2017 à 20 h 01 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Trump vous a … trumpé … en cause sans doute la famille de Monsieur Gendre

    13 avril 2017 à 14 h 00 min

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