La discutable politique étrangère de la France

La discutable politique étrangère de la France

La politique étrangère n’intéresse pas les Français, hormis une petite minorité. Elle n’est pas prise en compte dans les élections nationales. Ce qui intéresse l’électeur, c’est la polémique politicienne, par exemple la guerre entre Copé et Fillon, telle que maintenant l’UMP a deux papas, des papas fraudeurs. C’est d’ailleurs dans l’air du temps où on n’entend plus parler que des LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans), ou en­core de DSK, la lumière du parti socialiste mis en examen pour proxénétisme en bande organisée avec des prostituées que lui proposaient des maquereaux bien pourvus. Ou encore les tweets de la favorite du roi, adressés à l’adversaire politique de l’ancienne concubine qui n’étant pas devenue la première dame de France, reste la reine du Chabichou. ça, c’est passionnant !

Et, pourtant, la politique étrangère a toute son importance, étant toujours à l’origine des conflits, soit en les évitant, soit, par erreur ou faiblesse, en les laissant éclater.

S’agissant de l’Europe, les relations entre François Hollande et Angela Merkel sont « exécrables » vient d’écrire le « Monde ». La chancelière allemande est, en effet, furieuse de voir le président socialiste s’immiscer dans les affaires allemandes pour soutenir le SPD, adversaire politique de la chancelière en campagne électorale. Ceci est évidemment incorrect de la part du Français. Les Allemands soulignent aussi à l’envi que les socialistes désormais au pouvoir à Paris se révèlent d’une telle incompétence qu’ils mettent en péril l’Union européenne.

Les Anglais tiennent à peu près le même langage et l’un de leurs journaux (« The Economist », une publication sérieuse) explique que la France – dont la situation, déjà mauvaise, pourrait se dégrader très gravement – est la « bombe à retardement » de l’Europe. C’est ce que pensent aussi les agences de notation avec « perspectives négatives ». Une diplomatie ne peut être efficace que si elle s’appuie sur un pays fort et la France est désormais un pays faible, en faillite et en désordre ! Ce qui ne l’empêche nullement d’être active pour commettre des erreurs monumentales sur ordre du chef de l’État lui-même.

L’opération en Libye a permis l’assassinat d’un dictateur pour le remplacer par des islamistes qui s’entre-tuent dans l’anarchie et a considérablement renforcé l’islam radical dans tout le Sahel, en particulier au Mali, où on risque de s’embourber dans une guerre à l’algérienne (cf. n° 866).

En Syrie, où les socialistes, soutenus sur ce point par Sarkozy lui-même, sont prêts à répéter la même erreur tragique et incohérente, consistant à soutenir les islamistes tueurs et tortionnaires dont le « Monde », journal plutôt favorable au pouvoir actuel, reconnaît qu’ils commettent des « atrocités ». Que fait la France pour protéger les minorités chrétiennes, alaouites, druzes, etc. ? Elle encourage ceux qui les massacrent. Comprenne qui pourra !

En Libye, le pétrole permet quelques gestes de reconnaissance… Mais, en Syrie, il n’y a pas de pétrole ou si peu. Sans doute, certains diront que l’Arabie saoudite wahhabite, les Émirats et la Turquie, sont hostiles à Bachar al Assad (qui a l’Iran pour allié). Mais est-il de l’intérêt de la France de s’ingérer dans la guerre de religion entre sunnites et chiites ? Alors qu’il aurait été si simple de ne rien faire. Les États-Unis, plus réalistes, n’ont pas reconnu la « coalition nationale syrienne » et sont très réservés sur l’agitation française en la matière, ainsi que sur la politique pro-palestinienne de Paris.

Il faut dire, à ce propos, que la diplomatie française, pour l’essentiel, ne se fait plus au quai d’Orsay. Elle se fait à l’Élysée où le conseiller diplomatique du chef de l’État a plus d’influence que le ministre des Affaires étrangères. Bref, tout cela donne lieu à une sorte de cacophonie permanente qui enlève beaucoup à notre crédibilité. Dans son dernier ouvrage, Nicolas Baverez, faisant allusion à cet étonnant mélange des genres, écrit : « L’intelligentsia française fait preuve d’une singulière capacité d’aveuglement et d’une étrange faculté à s’enthousiasmer pour ce qui a échoué partout ailleurs… »

Ces lignes remettent en mémoire la politique étrangère de cet excellent arrondissementier politicien que fut Mitterrand qui, à la veille de l’écroulement du mur de Berlin, était allé manifester sa solidarité avec le dernier leader de la RDA soviétique dont tout le monde a oublié le nom.

Quant à la guerre entre Israël et les Palestiniens, dans la bande de Gaza, elle dure depuis 65 ans, et elle n’est pas près de se terminer. On peut relever dans le dernier épisode que le Premier ministre israélien a trouvé là une bonne occasion de se présenter comme un pur et dur, ce qui ne peut que le servir dans son actuelle campagne électorale.

Il faut savoir aussi que le Hamas, soutenu par l’Iran, contrôle désormais les deux tiers de la Palestine, qu’il possède des missiles anti-aériens Strela SA7, parvenus à Gaza après les prélèvements effectués dans les stocks de Kadhafi à la suite de son élimination par la France. À ces missiles s’en ajoutent d’autres, de type FAJR, fournis par l’Iran, qui pourraient atteindre Tel Aviv.

À signaler encore que nos « grands amis » du Qatar, qui financent le peuplement arabe de la France, envoient des centaines de millions au Hamas qui, malgré cela, est débordé par des groupes plus radicaux encore (l’armée de l’islam, les compagnons d’Allah…). Je relève aussi que, pour leur part, ces groupes fanatiques sont en possession de roquettes Kornet d’origine russe. En tout cas, exécuter un Palestinien suspecté d’être un agent d’Israël et le traîner par une corde attachée à une moto à travers Gaza ne témoigne pas, me semble-t-il, d’une civilisation très raffinée…

S’agissant de l’Afrique noire, pour être juste et complet, il faut reconnaître à François Hollande le mérite de s’éloigner de la « Françafrique », c’est-à-dire de la corruption franco-africaine – ce qui n’empêche nullement une immigration massive, continue et coûteuse des Africains en France !

Mais, lorsque l’Iran aura fait exploser sa bombe atomique sur Tel Aviv, avec la bénédiction de la Russie et de la Chine, on s’apercevra que la troisième guerre mondiale est sur le point d’éclater. Il serait peut-être temps d’en prendre conscience et de s’intéresser à la politique étrangère de façon sérieuse et réfléchie…

 

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Comments (3)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Dans un conflit quelconque il faut laisser les choses aller jusqu’au bout et ne plus intervenir.
    Pour que les gens apprennent les horreurs de la guerre de la guerre il faut qu’il les vive entièrement.
    C’est ce qui est arrivé par deux fois sur le continent européen.
    Ce n’est que de cette façon que les conflits se résolvent.

    6 décembre 2012 à 10 h 33 min
  • ZISSU Sorel Répondre

    Félicitation, M. Lambert, une analyse parfaite et les signes s’accumulent pour un (ou une série) affrontement mondial avec des conséquences difficilement immaginable. Et l’aveuglement, plutôt la cécité de nos leaders politiques et intélectuels sorte encore plus en évidence. Triste fin pour ce beau pays et pour toute notre civilisation crépusculaire.

    6 décembre 2012 à 8 h 11 min
  • TIARD Martine Répondre

    Bravo ! Belle analyse. J’adhère complètement, mais je ne suis qu’une profane qui sent et ne sait pas trop synthétiser.
    Je crois que le drame du monde actuel, c’est que tous les pays sont tellement imbriqués les uns dans les autres par suite de contrats, de conventions, d’accords ponctuels que nous ne pouvons plus nous sortir les uns des autres et que, par solidarité, amitié, ou simplement fausse humanité, chacun se mêle des affaires des autres, provoquant encore plus de problèmes. Il faudrait arriver à démêler cet imbroglio politique et tenter de récupérer chacun son autonomie (ou tout au moins une certaine autonomie).

    5 décembre 2012 à 14 h 47 min

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