La France a-t-elle une politique étrangère ?

La France a-t-elle une politique étrangère ?

Oui, la France a une politique étrangère, mais c’est une politique souvent incohérente qui démontre l’impuissance du gouvernement socialiste et, hélas, de celui qui l’a précédé.

Le problème majeur en ce domaine, je devrais dire le drame, c’est que les deux chefs d’État qui se sont succédés depuis 2007 n’ont pas les qualités que demande la fonction et, pour commencer, les connaissances et le jugement qu’exige le jeu complexe de la diplomatie. Sarkozy, le premier, a commis l’erreur monumentale d’inventer et d’encourager le « printemps arabe ». Il a ainsi contribué à déstabiliser l’ensemble du monde arabe, causant des centaines de milliers de victimes, des millions de réfugiés, des destructions gigantesques et des dizaines de milliers de candidats à l’émigration vers l’Europe de l’Ouest. Il s’est ainsi totalement disqualifié. Qu’est-ce que l’Occident, et la France en particulier, ont gagné à avoir assassiné Kadhafi, à avoir abandonné Moubarak, à soutenir les islamistes en Syrie qui s’entre-tuent, les mêmes islamistes fanatiquement anti-chrétiens que l’armée française engluée à grand prix au Sahel africain cherche à éliminer, avec l’assurance qu’elle n’y arrivera pas ? Où est la cohérence de cette politique ? Le pire, prévisible, est que ces islamistes du Mali et de l’Algérie, qui se sont regroupés dans le Sud de la Libye, un pays qui n’existe plus, surarmés par l’arsenal de Kadhafi, attaqueront à nouveau le Mali et le Niger.

Dans la guerre au Proche et au Moyen Orient, où les attentats meurtriers ont lieu tous les jours, en Irak, en Syrie, au Liban, la France a pris le parti des sunnites contre les chiites, et donc contre la Russie, tout comme l’Arabie saoudite et les émirats du Golfe persique dont le Qatar. Fort bien. Mais est-on sûr que les Saoudiens et Qataris ne soutiennent pas financièrement les islamistes que combat l’armée française en Afrique ?

Voilà qui conduit de l’Afrique sahélienne à la Centrafrique où l’anarchie qui règne à la suite de l’invasion de bandes musulmanes venues du Tchad et du Darfour est telle que ce pays d’Afrique centrale est en voie de devenir un lieu de convergence pour les islamistes radicaux – ceux venus du Sahel avec AQMI, ceux venus du Nigéria avec Boko Haram, les autres venus du Soudan et même de Somalie, avec les shebabs. Je lis dans un rapport non officiel qui vient de m’être adressé : « Les courants djihadistes soudanais ont trouvé de nouvelles zones d’expansion en Centrafrique leur permettant de joindre éventuellement les rives de l’océan Atlantique… » Les deux tiers du territoire centrafricain à l’est de Bangui, sur 1 200 km, échappent à tout contrôle. Les bandes musulmanes de pillards y font des ravages. Alors Paris en est à supplier l’Allemagne, l’Estonie, la Lettonie, la Pologne d’envoyer en Centrafrique quelques contingents pour aider l’armée française.

Mais revenons en Europe, et plus précisément en Suisse. Les Suisses, pour nos dirigeants socialistes, c’est terrible. C’est pire que les Coréens du Nord. Il faut transformer ce pays frontalier, repaire du grand capital international, en un département français comme Mayotte. D’ailleurs, c’est en bonne voie, puisque des douaniers français opèrent déjà officiellement, m’a-t-on dit, sur le territoire de la Confédération. En réalité, la politique française à l’égard de la Suisse est aussi stupide que significative de la mentalité profonde des socialistes partisans du nivellement par le bas et de la création de la misère pour la partager. On a poussé des gémissements indignés, lorsque, récemment, les Suisses se sont prononcés, le plus démocratiquement du monde, en faveur d’une limitation de l’immigration qui, au demeurant, est en grande partie européenne (alors qu’en France, elle est arabo-musulmane et africaine). Nos socialistes se sont mis à crier dans leurs palais lambrissés à la mobilisation contre ces Suisses non marxistes qui veulent défendre leur pays. Il faut, disent-ils, qu’ils rendent gorge et que leurs richesses reviennent à la gouvernance socialo-communiste française qui la répartira entre africains, musulmans et aussi chinois – ces derniers sont un million en France –, sans oublier bien sûr les apparatchiks de la rue de Solférino si méritants !

À ce propos, quelques mots pour dire que les immigrés viennent aussi de l’Europe de l’Est et donc de l’Ukraine dont on parle beaucoup ces temps-ci. Je rappellerai à ce sujet, ce que tout le monde a oublié, qu’au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, les Occiden­taux ont offert au « grand camarade Staline, petit père des peuples, de la démocratie, des droits de l’homme, du goulag et des camps de la mort », l’est de la Pologne et de la Tchécoslovaquie, c’est-à-dire l’ancienne Ruthénie et la Galicie occidentale, peuplées de Slaves catholiques uniates et non de Slaves orthodoxes. On ne refusait rien alors au camarade géorgien Djougatchvili, dit Staline, qui orchestra une terrible famine pour asservir les paysans ukrainiens en en faisant tuer plusieurs millions. Ainsi, maintenant, ces catholiques voudraient être rattachés à l’Europe et à ses subventions. D’où les dernières émeutes à Kiev, résultant de l’une des monstrueuses erreurs commises en 1945. Ces braves Ukrainiens voudraient donc rejoindre le plombier polonais en France et en Grande-Bretagne et bénéficier du fonds structurel européen, d’autant plus que leur pays, dirigé à la manière socialiste, est évidemment en faillite, l’anarchie en prime. Montant de l’assistance espérée de cette chère Union européenne : 35 milliards de dollars. Il reste à savoir ce que fera l’ex Union soviétique que dirige le camarade Poutine, ancien lieutenant-colonel du KGB, Kiev étant le cœur de l’ancienne Russie. N’oublions pas aussi que 38 % du gaz consommé en France viennent de la Russie à travers l’Ukraine.

Un mot de réconfort pour terminer : le socialiste Hollande a été fastueusement reçu par le socialiste démocrate Obama. Ils ont eu un entretien en « dette à dette », écrit le Canard enchaîné, la dette des États-Unis s’élevant à 3 trillions de dollars, celle de la France augmentant à bonne allure. Mais le clou de ce mémorable voyage, dont il ne restera rien, est le discours prononcé dans la Silicon Valley par notre ineffable président : « Oh, patrons américains tant désirés, venez en France. Vous y serez accueillis comme des frères et vous pourrez y faire de fabuleux profits. » C’est ce même Hollande qui venait de déclarer ouverte la chasse aux patrons américains en France : Yahoo, Microsoft, Amazon, et surtout Google qui s’est vu notifier un redressement fiscal d’un milliard d’euros. Les patrons américains, évidemment, n’ont pas été dupes. Voyant Hollande, ils disaient entre eux : « Voilà le percepteur ! »

Enfin, cerise sur le gâteau, Hollande, toujours lui, a déclaré solennellement à Tunis : « L’islam est parfaitement compatible avec la démocratie. » Pourvu que la charia ne lui inflige pas 50 coups de fouet pour avoir prononcé une telle bêtise ! Qu’a-t-on fait aux dieux pour entendre pareille contre-vérité ? On me dit que Laurent Fabius le pense aussi, sans le dire, en poussant des soupirs du côté de l’Élysée. En tout cas, le résultat est là, la France en déclin a perdu le rôle de médiateur tenu traditionnellement par sa diplomatie. C’est l’Allemagne, bien gouvernée, à la solide santé économique et financière, qui l’a remplacée. Tel est le triste bilan de notre politique étrangère.

Christian Lambert

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Comments (5)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Monsieur Lambert commet une erreur d’appréciation : Laurent Fabius , qui est après tout le Patron du Quai , n’est pas celui qu’il croit et pour cela il suffit d’entendre ses rodomontades contre …Poutine … en réalité et il ne faut pas le cacher Fabius comme avant lui Sarkozy roule pour Israël pas pour nous !

    11 mars 2014 à 23 h 42 min
  • Picousi Répondre

    Le déficit américain est de 17 trillions et ne pas de 3.

    10 mars 2014 à 9 h 38 min
  • Oldney Répondre

    La France a BHL !
    Je sais … c’est une plaie – santerie, et ce n’est pas drôle.
    Il n’empêche qu’il était encore là ce 07/03/2014 à manipuler sur le perron de l’Elysée.

    Il faut une explication officielle !
    Car cela suffit.

    7 mars 2014 à 18 h 53 min
  • banro Répondre

    Excellent article, plein de vérités.

    7 mars 2014 à 15 h 49 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Staline, le Géorgien, fut très bien ” secondé ” …
    mais pour respecter le politiquement correct et s’éviter des ennuis il est préférable de ne pas révéler les patronymes de certains chefs , et non des moindres , de la Police Politique de l’Homme de Fer en Ukraine

    7 mars 2014 à 14 h 38 min

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