La France accroît ses ambitions mais réduit ses moyens militaires

La France accroît ses ambitions mais réduit ses moyens militaires

Nicolas Sarkozy accentue le déploiement de nos forces à l’étranger. La France sera bientôt le seul État, avec les USA, à disposer d’une base militaire dans une pétromonarchie du Golfe : en vertu d’un accord signé avec les Émirats arabes unis (EAU) à l’occasion de la brève visite du président de la République à Abou Dhabi le 15 janvier, la France y installera une base navale permanente, abritant 400 à 500 personnels pour les trois armes.

« C’est une petite révolution géopolitique, a précisé le chef d’état-major particulier du président de la République, le vice-amiral d’escadre Édouard Guillaud, chargé de mettre en place le projet. Depuis plus de 50 ans, la France n’avait jamais installé quelque base que ce soit, où que ce soit dans le monde. Tout ce que nous avons à l’heure actuelle, c’était l’héritage de notre histoire coloniale. Donc pour nous c’est effectivement une rupture. »

Les EAU, liés à la France par un accord de défense réciproque depuis 1995, lui ont demandé l’implantation de cette base : sunnites, ils redoutent les visées hégémoniques de l’Iran chiite, auquel les oppose un contentieux sur des îles. Les Américains eux aussi sont satisfaits : leur présence militaire dans cette région étant de plus en plus mal tolérée par les populations autochtones, un renfort de la France, plus appréciée, est bienvenu.

Et cela resserre encore les liens entre Paris et Washington. Opérationnelle courant 2009, la base d’Abou Dhabi sera à 225 km de l’Iran, près du détroit d’Ormuz où transite 40 % du pétrole mondial. Elle complétera la base française de Djibouti – 2 800 personnes – sur les rives du Golfe d’Aden – autre position stratégique près des routes maritimes pétrolières.

L’implantation de la base d’Abou Dhabi intervient à point nommé : la situation est tendue au Liban, à Gaza, en Irak. Et la crise nucléaire iranienne fait du Golfe arabo-persique une poudrière, comme l’a montré l’incident du 6 janvier dernier entre les marines iranienne et américaine. Il n’était pas le premier du genre.

La France a été l’instigatrice de la Force européenne de sécurisation des camps de réfugiés soudanais (EUROFOR), qui ira dans le Nord de la Centrafrique et à l’Est du Tchad. Cette mission comporte un enjeu humanitaire, mais aussi stratégique : le Soudan voisin regorge de pétrole. La France fournit plus de 2 000 des 3 600 hommes de cette force.

« Il se déroule ici une guerre contre le terrorisme que nous ne devons pas perdre », a dit Nicolas Sarkozy à Kaboul en décembre. Près de 2 000 militaires français opèrent dans ce pays, dont les talibans contrôlent la moitié. Sarkozy va en envoyer 250 de plus. En mars, des Rafale équipés du missile AASM, très perfectionné, d’une portée de 50 km, remplaceront les six Mirage en service là-bas. Et des chars Leclerc les y rejoindront bientôt.

La réalisation des louables ambitions géopolitiques du chef de l’État nécessite l’attribution de moyens supplémentaires à nos forces armées. Au contraire, l’Élysée compte se servir du budget de ce ministère comme d’une variable d’ajustement de celui de l’ensemble de l’État. Il a donné des instructions à l’état-major pour que les armées françaises réduisent leurs effectifs de 54 000 hommes et femmes d’ici à la fin de la prochaine loi de programmation militaire, en 2011. La gendarmerie (96 000 personnes) étant épargnée, la purge touchera la « mission défense » des armées, assurée par 320 000 personnes dont 74 000 civils. Les trois armes paieront un égal tribut à cette réduction de 17 % des effectifs.

Les équipements ? Pour honorer les programmes en cours, il faudrait augmenter les crédits d’équipement du ministère de la Défense de 41 % entre 2009 et 2013. Il n’en est pas question. L’indispensable projet de second porte-avions nucléaire est oublié. Et aucun pays de l’Union européenne ne veut aider la France à mettre sur pied des forces de projection capables d’assurer en permanence la sécurité des approvisionnements pétroliers et gaziers en provenance du Moyen-Orient. Cela illustre l’aboulie de l’Europe, qui s’en remet aux États-Unis pour ses intérêts vitaux.

Le ministre de la Défense, Hervé Morin, prépare les militaires à ces mesures d’austérité en leur expliquant que la crise des subprimes née cet été aux États-Unis a assombri la conjoncture économique. Il devrait raisonner à l’inverse : la récession qui s’annonce s’accompagnera immanquablement d’une aggravation des tensions internationales nécessitant un accroissement des crédits de la Défense nationale. Mais réduire « la Grande Muette » à la portion congrue a toujours été la solution de facilité.

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Comments (13)

  • adolphos Répondre

    Abu dhabi, 10% des réserves pétroliéres mondiale, je crois que tout est dit.

     

    Quand à l’armée français, son sous équipement est un scandale..

    Mais bon, avec la mentalité de "la populace", c’est pas étonnant que les politiciens fassent des concours de démagogie…

    29 janvier 2008 à 19 h 38 min
  • Anonyme Répondre

    Commentaire explicatif de Luc Sembour : Factuel, vrai, tout comme on les aime. Thanks.
    Abu Dhabi : 5 millions d’habitants, dont 20 % de nationaux; petite influence francaise, probablement a cause des bons souvenirs d’un émir rapportés de Paris (cf Louvre et Sorbonne… il ne manque plus que l’avenue Foch!).  En fait, plutot pour "équilibrer" un peu l’influence British, c’est obvious my dear. Well, why not anyway, comme le dit Luc Sembour?
    Un petit sourire au milieu:  " Il existe des doutes sur la détermination des troupes (émirates) à soutenir le feu ".
    Tu parles qu’il y a des doutes…

    Best,

    Mancney

    29 janvier 2008 à 15 h 52 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Luc Sembour.

       Merci pour l’éclairage que vous nous apportez en ce qui concerne le projet d’implantation d’une base militaire française à Abou Dhabi. Le fait que vous soyez dans la position que vous décrivez donne effectivement du crédit à vos propos. Obsédé que je suis par la singularité économique de notre présence à Djibouti, j’avoue qu’aprés vous avoir lu il existe une différence fondamentale entre les deux situations : A DJIBOUTI NOUS FINANCONS INTEGRALEMENT UN SYSTEME QUI N’A AUCUNE CONSIDERATION POUR LA FRANCE, ET ENCORE MOINS POUR LES FRANCAIS.

       Je lis toujours vos commentaires avec intérêt.

    29 janvier 2008 à 10 h 00 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

    J’habite Abu Dhabi. Ingénieur pétrolier, je suis aussi un ancien officier de réserve français (modeste lieutenant). Je n’ai été qu’un "appelé" mais ai beaucoup apprécié mon séjour de 14 mois dans l’armée.

    Arthur du Plessis Laurent a raison, et Gérard Pierre aussi, mais il me semble que l’affaire de la base d’Abu Dhabi est un projet qui va dans le bon sens pour tout le monde.  

    La base d’Abou Dhabi sera entièrement financée par les Abu Dhabiens.

    Le problème français est simple: la France est un état moyen, ruiné, bouffé par des idéologies trop contradictoires qui ne lui permettent plus d’envisager de retrouver une efficacité suffisante pour repartir d’elle-même de l’intérieur comme la Chine ou Singapour. A défaut de pouvoir maitriser et orienter dans le bon sens ses forces économiques en métropole, livrées aux corporatismes, elle ne peut que proposer des "deals" extérieurs plus ou moins audacieux aux états riches et neufs.

    Or la France a un passé glorieux, pas encore trop éloigné, dispose d’une image de marque monnayable ici (pour combien de temps?), et surtout, dispose de bombes atomiques modernes et opérationnelles, avec la bénédiction du reste des puissances atomiques (à la différence d’Israël par exemple). Elle a donc pu vendre cette idée d’une base militaire ici.

    Abu Dhabi est incroyablement riche (une infrastructure ultramoderne et entièrement payée, 1 trillion de $ de réserves financières à l’ADIA-Abu Dhabi Investment Authority, un budget annuel explosant d’excédents, et surtout des réserves pétrolières pour encore au moins 100 ans au rythme de pompage actuel de 3 millions de barils/jour).

    L’armée locale des E.A.U. est conventionnelle, moderne et puissante (500 chars Leclercs par exemple),  mais serait incapable de soutenir l’assaut d’ "envieux" déterminés.  Il existe des doutes sur la détermination des troupes à soutenir le feu, à la suite des comportements observés lors de l’attaque du Koweit par Sadam Hussein, qui menaçait aussi les Emirats, en août 1990.

    La France palie donc ici à son indigence économique en monnayant sa crédibilité militaire, laquelle repose sur sa force nucléaire et son aptitude à s’en servir, si elle était prise dans une attaque impliquant les Emirats.

    Des raisonnements analogues présidèrent à la création du Louvre d’Abu Dhabi, et de la Sorbonne-bis installée à la sortie de la ville.

    Paris essaie de «macker» Abu Dhabi (et non pas Dubai, qui est plutôt «macké» par les anglais). Pourquoi pas. Les arabes mackent assez de «filles» à Paris.

    Luc SEMBOUR     Abu Dhabi

    28 janvier 2008 à 21 h 29 min
  • sas Répondre

    A MANCENEY…..encore un des niombreux sujet que tu ne maitrise pas…..

    Coque épaisse ou pas…..les Iranien en face on des torpilles supervéloce…..donc pas besoins de plate forme de tir rapprochée……technologie russe enveloppe de gaz de combustion autour de la torpille vitesse 700 km sous l’eau…..bien sure rien à voir avec la MHD des russes,chinois et yankee 2000 km/H sous l’eau…….et pendant ce temps là madame la marquise tout va très bien tout va très bien…..sauf que nos sous marin,même les nucléaires sont équipés de toepilles allant à peine à 150 km/h soit un petit 50 ,60 noeuds…….

    En france ,on est tellement con,que l’on a viré le seul spécialiste de la question qui dès 1976 avait déjà travaillé le sujet….jean pierre petit …maitre de recherche au cnrs…..et le gazier nationnaliste et pas revanchard pour un sous depuis 30 ans s’époumone sur le net,dans les colloques, et la presse a expliquer le réeel danger pour notre flotte de guerre et notre force dissuasive…..

    Rien ,nada, que quick……ce sont juste les éminents spécialistes, russes et américains…la cia et l’ancien kgb qui s’interesse au théorie de notre "savant fou"…..afin d’améliorer leurs armement….

    NB) la MHD est aussi en action sur certains avions dont le firtif américain en action en afganisthan…..qui fait des vols de 8 0000 km à 10 000 metres d’altitude… sans escale ni réapro….c’est ca la magnétohydrodynamique et les accélérateurs pariétaux….

    chaud devant en Iran…..

    sas

    27 janvier 2008 à 13 h 34 min
  • sas Répondre

    a manceney……mais oui,mon gars …moi aussi je t’aime….

    sas

    26 janvier 2008 à 13 h 24 min
  • Gérard Pierre Répondre

    occas24

    Vous posez une bonne question.

    L’islam est déja au travail à l’intérieur de nos forces armées. Les boîtes de ration hallal existent. Nous y avons même introduit un premier aumonier musulman. Il n’est bien sûr que le frère portier de cette nouvelle catégorie pseudo religieuse. Merci MAM ! …… En Arabie Saoudite en revanche, nos soldats en OPEX n’ont pas droit à la présence d’un aumonier catholique, protestant ou israélite. Pire, à Djibouti le judaïsme est même STRENG VERBOTEN !

    Nous assistons à la mise en place de tous les ferments d’une prochaine guerre civile.

     

     

    26 janvier 2008 à 10 h 48 min
  • Anonyme Répondre

    Gérard Pierre : ” Le général De Gaulle eut sa part de responsabilité dans la dégradation de l’esprit de défense. Il résolut de dissoudre des unités prestigieuses, de mettre un terme à la carrière d’officiers de grande valeur, ” Pour moi “la grande zora” a toujours agi en revanchard donc très souvent a eu un mauvais jugement et je n’ai pas mis longtemps a ne pas l’ apprécier (clin d’œil à Mancney) Ce qui m’inquiète aujourd’hui , comme nous ne sommes pas racistes, dans nos forces armées il y a un certain pourcentage de personnes en provenance de nos “anciennes colonies” (Je ne parle pas de la Légion) . De quel cotés vont ils se ranger en cas de vrai coup dur.Encore une fois on partira avec une main devant,une main derrière .Si ont a encore les deux

    25 janvier 2008 à 11 h 32 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    24/01/08    – "Les 4-Vérités"

    Quand on se souvient que, au beau temps de la Royauté, les gens à particule n’hésitaient pas à parler crûment en appelant un chat un chat, Laurent Arthur du PLESIS aurait pu résumer en six mots son aricle en disant qu’avec ses beaux projets militaires, Nicolas SARKÖZY veut péter plus haut que son cul.

    Un "cul" que, contrairement à un de ses illustres prédécesseurs, il a au demeurant fort bas. J’ai d’ailleurs  l’impression, en me souvenant de toutes les prétentions internationales affichées   – dans tous les domaines –  par les successeurs de celui qui a réussi à persuader (avec la complicité de l’Education – prétendue – NATIONALE, des résistancialistes de tous poils et des médias) des générations de Français qu’il avait "libéré" la France, que, plus la France se rabaisse (plus elle a été rabaissée, devrais-je dire !), plus les gens qui la dirigent veulent la faire "péter plus haut que son cul" ! Et même "péter" A tous les sens du mot !

    Car, à force de vouloir la faire intervenir sur tous les théâtres où "ça péte", tout en réduisant sans cesse ses moyens militaires tant matériels qu’humains, notre pays qui, tôt ou tard aura à régler des émeutes un  peu partout sur son propre territoire, ne saura plus faire face à toutes les missions que, pour se faire mousser, les gens qui conduisent le char de l’Etat veulent confier à son Armée "peau de chagrin". A telle enseigne que, comme certaine grenouille de la Fable, la France finira par imploser.

     Mais qui s’en soucie à lElysée ? Qui s’en soucie dans les Ministères concernés où depuis qu’a été instaurée la Vème République les Ministres et les hauts fonctionnaires qui les dirigent réellement, sont le doigt sur la couture du pantalon … du Président ? Qui s’en soucie d’ailleurs parmi les autruches qui peuplent la France dès lors que les médias continuent à bruire d’une France "reconnue" dans les instances internationales et dont les grands de ce monde ne sauraient se passer des avis ? Quand on voit les "pantins" qui nous gouvernent se précipiter (à peine élus, parfois même AVANT) pour se faire photographier aux côtés d’un George W. BUSCH, d’un Vladimir POUTINE, et de quelques autres personnages de moindre importance, il y a de quoi s’inquiéter sur la réelle importance de la France !

        Cordialement; Jean-Claude THIALET

    P.S. Question subsidiaire : le monistre dissident de l’UDF, Hervé MORIN (rien à voir avec le "Edgard" qui a emprunté son nom !) sera-t-il "noté" sur le nombre de "confettis" de troupes qu’il aura disséminés un peu partout dans le monde ? Ou sur le nombre des soldats français tués ou blessés sur des théâtres d’opérations où ils auront servi de "chait à canon" ?

    24 janvier 2008 à 18 h 29 min
  • Anonyme Répondre

    SAS : " .le charle de gaulle sera t-il à quai la bas…????? ….ca c’est juste suffisant pour être une cible…"

    – Merci mon Dieu. SAS a ENFIN écrit quelque chose qui tient la route (si vous faites une moyenne, on n’atteint pas un post sur dix!)

    Car dans le chapitre " mettons nous a la place de l’autre", il est clair que si j’étais terroriste, je chercherais, désespérément, a couler un Porte Avion…. US.  J’en reverais la nuit, et je demanderais probablement a qqs copains Gardiens de la Révolution Iraqnienne, d’aller voir de pres comment réagissent les Yankees.

    Anyway, comme le sait bien son Altesse qui sait tres bien nager sous l’eau, les coques de ces batiments sont assez épaisses, et il faudra un vecteur puissant pour l’honneur de les couler et le plaisr de soixante douze vierges.

    Best,

    Mancney

    24 janvier 2008 à 17 h 17 min
  • Gérard Pierre Répondre
       La France s’apprête à se doter d’une « armée d’armistice », comme aux heures les plus sombres de Vichy, en croyant économiser le coût d’une débandade peu glorieuse. Depuis 1940, notre pays est malade de sa défense nationale.
     
       Les communistes, en prônant la désertion en 1939, ont instillé dans l’esprit républicain le mythe du traîneur de sabre dominateur et sanguinaire au service du grand capital. La débâcle de 1940 a compromis l’image de l’efficacité de notre armée, et par conséquent de la nécessité d’y consacrer des dépenses. A la libération, les rivalités entre les « gaullistes », les F.T.P., les F.F.I. et les « réguliers » ont créé des fêlures qui mirent du temps à se ressouder. La guerre d’Indochine vit réapparaître les communistes, munis d’une virginité patriotique toute récente, qui prirent pour habitude de lapider à coup de boulons le corps expéditionnaire de retour en métropole, voire les dépouilles des combattants tombés là-bas et débarquées nuitamment des bateaux. La guerre d’Algérie, en invitant les appelés du contingent à participer au règlement d’un conflit dont la nature était particulière, généra une scission entre les appelés et les soldats de métier, sauf dans les corps d’élite.
     
       Depuis 1962, le format de nos armées ne cesse de rétrécir. Officiellement, cela tiendrait à « l’évolution de la nature des menaces ». La composante nucléaire prit une soudaine extension, et je dis tant mieux, au détriment des forces d’intervention classiques, ce que je déplore. On vit ainsi le service militaire être progressivement ramené de 28 mois à 24, puis à 22, puis à 20, puis à 18, pour se stabiliser momentanément à 16 mois.
     
       Lorsque je suis parti en juillet 1963, appelé dans une unité aéroportée avec ma classe d’age normale, nous étions 60 volontaires parachutistes sur les 210 incorporés. A moins d’être unijambiste ou d’avoir subi l’ablation d’un bras, les cas de réforme étaient rares. Au bout des quatre mois de classe, peu d’entre nous ne furent pas brevetés parachutistes. Il était devenu impossible de discerner les volontaires de ceux qui, au départ, ne l’étaient pas. L’intensité de l’entraînement, la diversité des activités et des matières abordées alliées à la qualité de l’encadrement avaient créé une symbiose parfaite entre les incorporés.
     
       Le général De Gaulle eut sa part de responsabilité dans la dégradation de l’esprit de défense. Il résolut de dissoudre des unités prestigieuses, de mettre un terme à la carrière d’officiers de grande valeur, d’en affecter d’autres à des activités d’intérêt subalterne, tout cela pour « casser l’esprit para ».
     
       Réserviste de notre armée depuis 1965 et la côtoyant de l’intérieur au minimum trente jours par an, j’ai pu en quarante ans de fréquentation ininterrompue assister à la lente dégradation programmée de nos forces. 1968 ne fut pas favorable, on s’en doute. Des systèmes de substitution apparurent, que l’on qualifia de service civique. De militaire, le service devint national, ce qui permettait de lui envisager d’autres échappatoires que le service des armes. Le temps de service, de plus en plus vidé de son contenu, fut ramené à douze mois.
     
       « La fin de l’ombre capitaliste et l’entrée dans la lumière socialiste » fut précédé, en 1981, d’une campagne politique très antimilitariste. La droite laissa faire par crainte de ternir son image pacifique. Le président « Pingeot », nouvellement promu chef des armées, imposa le ton en faisant recouvrir l’armement au salon du Bourget. La moitié d’une classe d’age échappait désormais à l’obligation de servir. Le concept d’inégalité prenant alors tout son sens, une campagne « légitime » pouvait dès lors commencer en vue de la suppression de la conscription. Entre temps, le service était passé à dix mois, sans faire de bruit, et des « experts » prétendaient déjà que six mois auraient largement suffi, ……… tout cela bien sûr à qualité et à efficacité égale !
     
       Institution républicaine par excellence, le service militaire a connu durant deux siècles des formes assez variées. Le vingtième siècle se termina sur sa suppression au profit d’une professionnalisation aux effets discutables(*). Fidèles à leur veulerie morale et intellectuelle habituelle, les bavasseurs prébendés de la presse et de la télévision convièrent tout ce que la France comptait de décérébrés politiques pour accréditer l’oukase de cette suppression hypocritement qualifiée de suspension. AUCUNE ASSOCIATION DE RESERVISTES NE FUT INVITEE A S’ EXPRIMER SUR LES ONDES.
     
       Depuis, la considération accordée à l’armée de notre pays s’apprécie par rapport à la « personnalité » recevant en charge son ministère de tutelle. Le dernier ministre nommé, un traître(*), est invisible et inaudible. S’il se contentait d’être nul, ce serait encore le moindre mal. Il applique le principe de nullité active qui consiste à conforter la dégradation. Construire une base en pays islamique est une imbécillité stratégique pour un coût inutile. Un porte avion revient moins cher à construire et à entretenir et il offre une plus grande garantie d’indépendance par sa mobilité. Pourquoi d’ailleurs ne pas commencer par appliquer ce raisonnement à Djibouti où la France entretient à grands frais ses ennemis les plus haineux ?
     
       La gauche française n’a toujours eu en tête que de rogner le budget de la défense nationale pour le repasser à ses affidés de l’enseignement publique. Au nom de l’ouverture, le président « Bruni » suit la même politique pluri décennale. Par contre, tout le monde est d’accord pour engranger les dividendes de la paix. Pendant ce temps la Chine, pour ne citer qu’elle, augmente régulièrement son budget militaire. La France est envahie par l’islam. Notre démocratie a entamé sa lente agonie, …… et j’ai l’impression d’être l’un de ces nombreux Drogo du désert des Tartares qui veilla aux marches de l’Empire pour s’apercevoir in fine que les Tartares sont déjà dans l’Empire et y imposent progressivement leurs lois iniques, jusqu’au jour où ils nous en banniront.
       Cette déliquescence est décidément intolérable.
    .
    **************
    (*) Les appelés du contingent ne pouvaient se « porter pâles » qu’après un minutieux examen médical pratiqué par un médecin militaire. Un certificat médical civil était sans valeur. Aujourd’hui, le « professionnel » du rang, recruté OBLIGATOIREMENT dans les tranches CAP, BEP, voire sans diplôme, peut parfaitement se faire établir un certificat médical de complaisance par un toubib « humaniste » et perturber ainsi par son absence la marche de son unité, …… ce qui est malheureusement assez répandu. Mais chut ! …… ce n’est pas convenable d’en parler !
     
    (**) Avec Chevènement nous avions un déserteur qui « planta » les armées en pleine guerre du Golfe, avec Morin nous avons le plus insignifiant et le prompt à trahir son « ami » Bayrou. Quel beau monde !
    24 janvier 2008 à 16 h 32 min
  • sas Répondre

    A dépend ……le charle de gaulle sera t-il à quai la bas…?????

    …..ca c’est juste suffisant pour être une cible….

    jurisprudence tonkin et cuba…oblige…

    sas

    23 janvier 2008 à 21 h 02 min
  • beligue Répondre

    500 personnes à Abou Dhabi, juste ce qu’il faut pour prendre des gifles, pas assez pour en donner .

    23 janvier 2008 à 12 h 54 min

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