La grande séparation et l’écologie humaine

La grande séparation et l’écologie humaine

Nous vivons ce que j’ai appelé le temps de la grande séparation.

Cette grande séparation met fin à tout ce qui a fait la condition humaine ; nous naissons homme ou femme, d’un homme et d’une femme ; nous grandissons, nous vieillissons, nous mourons ; nous sommes nés quelque part, attachés à une terre, porteurs d’une langue, de culture et de croyances qui constituent notre identité et qui nous permettent de dire « nous », dans la confiance de l’unité et la sûreté du commun.

J’ai nommé « grande séparation » le mouvement de fa­brique d’un homme nouveau qui nous vient d’outre-Atlan­tique, et qui conjugue le scientisme et le libéralisme dans un délire de puissance et d’irres­ponsabilité : transhumaniste, transfrontière, transgenre…

Ce mouvement fabrique des hommes hors sol, sans racine et sans lien. Il entend en finir avec tout déterminisme, celui du sexe, celui de l’âge, celui de l’origine et de la langue, celui de la race bien sûr – le mot même devant disparaître de notre langue !

Comment ne pas entendre résonner le constat d’Hannah Arendt : « Jusqu’à présent, la croyance totalitaire que tout est possible semble n’avoir prouvé qu’une chose ; que tout peut être détruit » ? Au nom de l’individualisme, il peut fabriquer des clones dans un système industriel de production de l’humain – au moyen de la PMA, par exemple.

Au nom de la libération des individus, supprimer toute diversité des peuples, cette diversité qui se fonde sur des langues, des mœurs, des lois différentes, et se maintient d’abord par la frontière et par la transmission, ces fondements de la liberté politique – mobiliser les droits de l’individu contre toute collectivité, peuple ou nation, qui se voudrait souveraine, par exemple.

Au nom de la croissance, ou de l’enrichissement, en finir avec la capacité des peuples à se donner leurs lois, à décider des règles en vigueur sur leur territoire, à déterminer qui en est et qui n’en est pas – condition d’accès à la nationalité, par exemple.

Au nom de la liberté, utiliser tous les moyens de la désinformation, des ONG et de la « société civile » pour désarmer les États, décomposer les Nations et bafouer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – lors des « révolutions de couleur », ou du Printemps arabe, par exemple.

J’ai souhaité que mon livre « La Grande Séparation » soit un exercice de lucidité, et un geste de résistance écologique.

Nous vivons ce moment extraordinaire où la démocratie se retourne contre elle-même, où les droits dévorent les sociétés qui les ont établis, où le libéralisme détruit la première des libertés, la liberté politique donnée aux peuples de décider de leur destin.

Au moment où le traité d’échange de données bancaires, Fatca, instaure de fait le contrôle américain sur l’épargne et le commerce européens, au moment où le traité de libre-échange transatlantique avance dans une dispense incroyable de l’information et de débat, il est temps de s’en souvenir ; la séparation des territoires par la frontière, des sociétés par la langue, la loi, la coutume et les mœurs, des hommes par la transmission de leurs valeurs et de leurs singularités, sont les conditions de survie de l’humanité.

L’adoption d’un système unique, la fabrique totalitaire d’un homme nouveau, mettent en péril la survie de l’humanité – notre survie.

Le temps de la résistance à l’empire de l’Un est venu. La diversité humaine est le premier combat d’une écologie vraiment politique, vraiment engagée pour notre salut commun.

Hervé Juvin

Partager cette publication

Comments (11)

  • druant philippe Répondre

    Ah si dame nature pouvait mettre bon ordre dans tout cela !
    Juste un inconvénient , on risque de faire partie de la charrette des condamnés car elle risque d’ y aller en force !

    27 juin 2014 à 12 h 03 min
    • Fucius Répondre

      Bien au contraire, en tous cas si on s’en tient à la pensée de Frédéric Bastiat, la référence incontestée du libéralisme:

      “Il est clair que les socialistes n’ont pu se mettre en quête d’une organisation artificielle que parce qu’ils ont jugé l’organisation naturelle mauvaise ou insuffisante; et ils n’ont jugé celle-ci insuffisante et mauvaise que parce qu’ils ont cru voir dans les intérêts un antagonisme radical, car sans cela ils n’auraient pas eu recours à la Contrainte. Il n’est pas nécessaire de contraindre à l’harmonie ce qui est harmonique de soi.”
      (http://bastiat.org/fr/a_la_jeunesse_francaise.html)

      Autrement dit, la loi naturelle (ou l’ordre providentiel, dans les mots de Bastiat) est un argument opposable à l’emploi de la contrainte.
      Il n’y a donc rien à en craindre.

      C’est même le seul: Si vous niez la loi naturelle, vous affirmez que toute loi est artificielle.
      Dès lors, tous les projets politiques sont légitimes, et le totalitarisme est inévitable: L’ordre qui nous sera imposé sera celui prôné par le plus brutal parmi les dirigeants.

      Hayek l’a confirmé dans “The road to serfdom”, un siècle après Bastiat.

      27 juin 2014 à 20 h 38 min
  • Fucius Répondre

    Il y a une erreur de jugement capitale, et même suicidaire, dans ce manifeste: On y accuse le libéralisme et le socialisme n’y figure pas.

    Il m’avait échappé que les partisans du mariage gay prônaient un État limité, une monnaie stable, la subsidiarité et la déréglementation…
    Qu’ils étaient opposés au statut de fonctionnaire, au droit du travail, à la retraite par répartition, à l’État-providence, à la dépense publique…

    Ouvrez vos yeux: Le mariage gay relève du SOCIALISME.
    Et le socialisme est le CONTRAIRE du libéralisme.

    En vous battant contre le libéralisme, vous faites alliance avec le socialisme, et vous renforcez ce que vous condamnez au lieu de le combattre !

    Le libéralisme consiste à rejeter l’usage de la contrainte.
    Or sans contrainte toutes les menées constructivistes que vous dénoncez n’existent pas !

    Cette condamnation du construtcivisme est magnifiquement étayée par Frédéric Bastiat, le plus incontesté des théoriciens du libéralisme, qui disait dès avant 1850:
    “Il est clair que les socialistes n’ont pu se mettre en quête d’une organisation artificielle que parce qu’ils ont jugé l’organisation naturelle mauvaise ou insuffisante; et ils n’ont jugé celle-ci insuffisante et mauvaise que parce qu’ils ont cru voir dans les intérêts un antagonisme radical, car sans cela ils n’auraient pas eu recours à la Contrainte. Il n’est pas nécessaire de contraindre à l’harmonie ce qui est harmonique de soi.”

    Ainsi le libéralisme est une défense de l’ordre naturel.
    Tout ce que vous condamnez repose sur la négation de l’ordre naturel.
    Or si tout ordre est artificiel, l’État n’a pas de limite.
    Et si l’État est limité, c’est donc qu’il existe un ordre naturel.
    Le libéralisme est donc inséparable de la notion de loi naturelle !

    Il démolit les sophismes protectionnistes, mais cela ne revient aucunement à prôner un ordre international ou supranational – il considère d’ailleurs les institutions politiques avec d’autant plus d’hostilité qu’elles sont centralisées…

    Je ne connais guère qu’un point sur lequel le socialisme est lucide: Il voue la même haine au libéralisme qu’au christianisme, avec raison car ils sont indissociables.

    26 juin 2014 à 19 h 51 min
    • DESOYER Répondre

      Il y a une part de vérité chez vous Fucius.
      D’ailleurs, pour moi, le christianisme, s’il porte une part de social (et non de socialisme), est partiellement compatible avec le libéralisme, du moins tant que ce dernier ne contribue pas à déshumaniser l’homme.
      Il y a des excès du libéralisme. En revanche, le socialisme est condamnable dès la première virgule.

      27 juin 2014 à 17 h 16 min
    • Jaures Répondre

      Il n’y a aucun rapport entre socialisme et mariage gay. Des pays aussi libéraux que le Canada ou la Nouvelle-Zélande l’ont adopté.
      Même avec la religion: des églises chrétiennes célèbrent des mariages homos. Près de la moitié des catholiques français ne sont pas opposés au mariage gay.
      Seuls les pays musulmans sont intransigeants.
      Par ailleurs, “l’ordre naturel” n’existe pas. On utilise ce terme pour légitimer des opinions contestables. Puisqu’elles sont conformes à “l’ordre naturel”, elles deviennent indiscutables. Aucune opinion n’est autre qu’humaine et donc totalement contestable.
      Enfin, il existe, et depuis toujours, de nombreux chrétiens socialistes.Et pape n’est pas le dernier à critiquer le libéralisme.

      27 juin 2014 à 17 h 37 min
  • poulet gerard Répondre

    Quand on mêle dieu au débat toute discution devient impossible !

    26 juin 2014 à 17 h 19 min
    • Fucius Répondre

      @poulet gerard
      “Quand on mêle dieu au débat toute discution devient impossible !”
      Parce qu’avec les bolcheviques, on pouvait débattre de tout ?
      Et les SS (oui, ils obligatoirement athées) ?

      En réalité le dogmatisme des athées est souvent le plus brutal.
      Votre équivoque vient, outre de votre athéisme, de ce que les croyants relient à Dieu les questions absolues, notamment d’ordre anthropologique (en tous cas pour le christianisme).

      Et bien sûr les questions relevant de l’absolu sont celles sur lesquelles les désaccord posent le plus de problème.

      Mais ni plus ni moins chez ceux qui croient en Dieu que chez les autres.

      26 juin 2014 à 18 h 49 min
  • vozuti Répondre

    L’adoption d’un système unique, la fabrique totalitaire d’un homme nouveau uniformisé qui est son propre dieu, c’est le programme de la franc-maçonnerie.

    26 juin 2014 à 16 h 36 min
  • Serge-Jean P.Peur Répondre

    Bah,on voit bien dans les pays émergents la jeunesse ou les classes moyennes aspirer à une occidentalisation de leur train de vie,de leurs moeurs.
    Mais au final rejaillit toujours, à terme,le retour “aux vraies valeurs” de ces mêmes pays,tant la copie occidentale,quand on en a fait le tour,parait superficielle (Coca,Hollywood,Mc Donald’s,présidents-comédiens,interventions…?)

    26 juin 2014 à 3 h 50 min
  • David Répondre

    Pour aller dans le même sens que l’auteur de cet article, je dirai qu’aujourd’hui, les dirigeants de nos pays, ont oublié l’hsitoire de la tour de Babel. Les hommes de l’époque, pensaient qu’ils pouvaient former un seul peuple surpuissant et dominateur, avec une seule politique, une seule langue, une seule culture… Mais le créateur a été plus sage, en les divisant par la création de nouvelles langues. Qui dit nouvelle langue, dit nouveau peuple, avec sa culture, son économie, et sa politique. Serions-nous finalement plus sages que Dieu ? Que dis-je, serions-nous devenus notre propre Dieu ? Si c’est le cas, nous sommes en phase d’auto-destruction.

    25 juin 2014 à 20 h 58 min
  • legrand Répondre

    il est temps de ce préoccuper de la situation mortelle dans laquelle ces forbans orientent les mentalités dans ce monde totalitariste. Je crois que les peuples ce préparent à des réactions d’envergure dont il serait difficile d’en mesurer l’issu.

    25 juin 2014 à 18 h 32 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *