La nouvelle chasse aux sorcières

La nouvelle chasse aux sorcières

On parle en France, aujourd’hui encore, de « chasses aux sorcières » pour désigner, avec horreur et réprobation, l’activité du sénateur McCarthy (et de la Commission des Activités anti-Américaines qu’il présidait) à l’encontre des communistes dans les années cinquante aux États-Unis. Et c’est un fait : il a été très difficile d’être communiste aux États-Unis au temps de McCarthy… On ne parle pas, en France, aujourd’hui, d’une nouvelle chasse aux sorcières qui, cette fois, surviendrait non aux États-Unis, mais en France même…
Pourtant, je vous le dis : si vous vous permettez de critiquer l’islam, ou, plus simplement, de l’examiner de façon logique et rationnelle, comme vous le feriez de toute autre religion, vous êtes en péril. L’islam est désormais en France une religion sacro-sainte, absolue et placée au-dessus des autres et qu’on ne peut effleurer sous peine d’être traité d’« islamophobe », de se faire traîner dans la boue par les médias, et de faire l’objet de campagnes haineuses visant à vous déstabiliser et à vous conduire vers l’exil ou le chômage.
Si vous employez l’expression « arabo-musulmans », vous aggravez votre cas : désigner les Arabes de confession musulmane et leur prêter certaines convictions est un acte « raciste », n’est-ce pas… Et ne dites surtout pas que les Arabes de confession musulmane dans les pays du bord de la Méditerranée ont presque tous exactement CES convictions, et le disent ouvertement… Comprenez plutôt : la réalité, même si elle est constatée et analysée par des Arabes non musulmans (ou musulmans modérés), est « raciste » dès la seconde où les organisations officiellement « anti-racistes » le disent.
Si vous vous sentez encore aujourd’hui horrifié par Auschwitz, Buchenwald, les chambres à gaz, les fours crématoires et la shoah en général, et si vous dites qu’il faut garder au fond de soi une vigilance intransigeante face à l’horreur toujours possible, si vous dites qu’après avoir laissé se perpétrer sur leur sol ce qui reste sans doute le crime le plus abominable de l’histoire humaine, les peuples européens pourraient au moins avoir aujourd’hui la décence élémentaire de tout faire pour qu’Israël puisse vivre en paix dans une région qui aurait un besoin urgent d’être débarrassée du terrorisme, on redoublera de haine à votre égard.
Si vous dites que les États-Unis sont une démocratie, vous faites bien davantage qu’aggraver votre cas. On regrettera presque que vous n’ayez pas été en haut du World Trade Center le 11 septembre 2001 et que vous n’ayez pas été réduit au silence et à l’état de cendre simultanément.
Voici vingt ou trente ans, les communistes et les gauchistes pouvaient encore rêver à une alternative totalitaire de type léniniste au capitalisme. L’extrême-droite fascisante pouvait rêver d’un sursaut d’hypernationalisme autoritaire. Revenir à l’antisémitisme était encore tabou : le cauchemar était trop frais. Aujourd’hui, les conditions sont différentes. Les communistes et les gauchistes ne rêvent plus, l’extrême-droite fascisante non plus, le cauchemar est un souvenir qui se perd. Les communistes, les gauchistes, l’extrême-droite fascisante n’ont plus que la haine, la volonté d’éliminer ou d’exterminer ceux qui sont leurs adversaires. Le Juif redevient le symbole du capitalisme détesté, et, moyennant un honteux travestissement de l’histoire, de « l’impérialisme ». Le libéral devient celui par qui le mal arrive. Le libéral juif ou le libéral pro-juif devient l’objet de la détestation suprême. Le mouvement altermondialiste se rapproche des islamistes, et ceux-ci se laissent aller verbalement en s’en prenant à des « penseurs juifs » guidés par leur « race ». Les « anti-racistes » militent pour le port du voile et des journaux fascisants les approuvent. Publier certains livres devient difficile : les éditeurs ont peur.
Il n’y a pas encore d’interdictions professionnelles, mais cela viendra, sans doute. Je suis moi-même actuellement la cible de plusieurs campagnes visant à me faire perdre mes sources de revenu et à me bouter hors de France. Est-ce parce que je fais mal mon travail ? Non, c’est parce que je suis libéral, parce que je défends Israël, parce que je m’indigne du terrorisme, parce que j’aime les États-Unis et, surtout, parce que je porte un regard critique sur l’islam. Ce serait tellement simple : je devrais être gauchiste, fasciste, antisémite, anti-américain et converti à l’islam, et j’aurais la paix.
Nouvelle chasse aux sorcières, disais-je ? Je n’ai pas le tempérament de quelqu’un qui se laisse conduire au bûcher sans rien dire et, le cas échéant, on le verra. La liberté de parole n’a pas encore, que je sache, été abolie en France. On essaie de l’étouffer, oui, mais je suis de ceux qui ne laisseront pas faire. Je ne me laisserai pas éliminer sans rien dire. Que ce soit clair.

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Comments (1)

  • Teddy Bonnefoy Répondre

    Votre analyse est juste, pertinente.On ne peut cependant pas attribuer à la France ,les activités, opinions, actions de groupes de pression.Pour moi,l’islamo-trotskysme est au mieux ridicule et conforme à sa monstruosité tout comme en son temps “l’hitléro-trotskysme” , au plus dangereux par l’inflitration des rouages par des groupes extremistes.Cela dit, quand j’étais jeune, dans les années 70 c’était le même discours de la part des gauchistes “détruire l’entité sioniste”, “l’impérialisme américain” et toute la panoplie des boucs émissaires favoris.Il est vrai que depuis la gauche a gouverné, et ces idées marginales, sont devenues “culturelles”.La gauche a le monopole de la pensée, de la culture, du pouvoir “ethique”.Seul Raymond Aron tenait lieu de pôle de résistance, quand toute l’intelligence se vautrait avec les ogres rouges.Fallait oser, ils l’ont fait.Nul repentir, ou si furtif qu’il se fond dans la mauvaise conscience. La France n’est grande que dans l’adversité.Si votre diagnostic est exact, ce que je crois, c’est que la servitude est déjà insupportable, la résistance est là, la victoire proche.C’est le génie français.Dites à nos alliés de ne pas nous abandonner en cas de malheur. Les “intellectuels”, “les élites”, bref ceux qui parlent et écrivent ce qui se pense, sont seuls à propager ces idées.Ont il de l’influence? Oui, car ils sont la trace visible pour l’histoire des croyances et engagements des peuples, mais ils sont plutôt isolés, car soucieux de leur supériorité sur les masses qu’ils éclairent de leur clairvoyance.La France peut se laisser asservir, jusqu’au moment où la goutte d’eau mettra le feu aux poudres.Pour un détail….

    10 novembre 2003 à 0 h 50 min

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