La Russie de retour sur la scène internationale

La Russie de retour sur la scène internationale

La campagne de bombardements russes en Syrie a provoqué, dès son déclenchement, le 29 septembre dernier, de vives protestations de l’OTAN qui accuse la Russie de ne viser que le sauvetage du régime de Bachar el-Assad et non la destruction de l’État islamique.

Les États-Unis sont furieux, car les frappes russes ont touché sévèrement des milices formées et soutenues par la CIA.

Quant à la France, la priorité du président français reste le renversement du régime d’Assad.

Pour sa part, le président russe considère que la priorité est d’éradiquer l’État islamique, avant de trouver une solution au problème du régime syrien.

Il est attristant de constater que les responsables européens ne pensent aucunement en termes de géopolitique et semblent avoir oublié que les relations internationales sont basées sur des rapports de force.

Il faut dénoncer l’irresponsa­bilité des gouvernants européens qui, depuis la fin de la guerre froide, ont complètement délaissé la défense – confiée aux États-Unis qui utilisent l’OTAN pour leurs propres intérêts géopolitiques, qui ne sont pas ceux des Européens.
Il faut aussi rappeler que la guerre froide a opposé pendant près d’un demi-siècle le bloc de l’Ouest (OTAN) à celui de l’Est (Pacte de Varsovie). Cette guerre a été perdue, sans combat, par le Pacte de Varsovie, voici un quart de siècle. Les Russes ont ainsi été conduits à dissoudre le Pacte de Varsovie et s’attendaient à ce que l’OTAN fît de même. Or, non seulement cela n’a pas été fait, mais l’OTAN s’est même étendue vers l’Est, en intégrant d’anciens satellites de la Russie. Il n’y a donc rien d’étonnant que la Russie nourrisse un désir de revanche.

Les esprits n’ont pas beaucoup changé depuis la fin de la guerre froide à l’égard de la Russie, alors que les menaces ont évolué dans un monde beaucoup plus instable et dangereux.

Il est regrettable que les responsables européens n’aient pas engagé une réflexion sur un rapprochement avec la nouvelle Russie avec laquelle existent dorénavant un certain nombre d’intérêts communs.
Mais quelle analyse peut-on faire de l’engagement russe en Syrie ?
Tout d’abord, il faut émettre un sérieux doute sur l’efficacité des opérations menées par la coalition dirigée par les États-Unis, si on s’en tient aux conquêtes territoriales continues de l’État islamique.
La responsabilité des États-Unis dans le chaos actuel est écrasante, car ils n’ont réussi qu’à instaurer et implanter le terrorisme islamique et la barbarie en détruisant notamment l’Irak et la Libye.
À l’opposé, la stratégie russe semble s’inscrire dans la conception réaliste des relations internationales basées sur les rapports de force.

Pour la Russie, il s’agit, en effet, de détruire l’État islamique qui la menace elle-même, car il recrute d’importants contingents caucasiens qui peuvent revenir la frapper. Pour la Russie, c’est un problème de « légitime défense ».

Mais, pour anéantir l’État islamique, le président russe considère qu’il faut, pour l’instant, soutenir Bachar el-Assad, qui reste un rempart contre l’islamisme. Il s’agit là d’une position claire et de bon sens.

C’est pourquoi les frappes aériennes russes depuis la fin du mois de septembre visent toutes les milices islamistes et pas seulement l’État islamique.

La France, à la remorque des États-Unis, pensait qu’en entretenant un conflit de basse intensité, cela affaiblirait l’armée syrienne et conduirait Bachar el-Assad à négocier. C’était un mauvais calcul, car nos gouvernants n’avaient pas imaginé qu’ils prolongeraient ainsi le désastre. Ils ont donc contribué cyniquement, par leur soutien aux djihadistes combattant le régime d’Assad, au lourd bilan évalué à 250 000 morts.

Le président Poutine signe, en tout cas, l’échec de la stratégie des présidents américain et français, incapables de désigner l’islamisme comme leur ennemi prioritaire.

On le constate, il devient urgent pour l’Europe de défendre ses propres intérêts, parfois éloignés de ceux des États-Unis car le monde a changé depuis la fin de la guerre froide.

Il faut bien admettre que l’Europe et la Russie peuvent avoir des intérêts communs.

Il est temps que l’Europe, sans couper le lien avec les États-Unis, envisage une nouvelle relation avec la Russie.

Antoine Martinez
Général (2S) de l’Armée de l’Air

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Comments (25)

  • huguo Répondre

    bah !les guignols qui “gouvernent” la France ont ils lus :le principe de lucifer de Howard Bloom???

    7 novembre 2015 à 17 h 09 min
  • Hilarion Répondre

    Il paraît que les “frappes aériennes” françaises sont menées de manière délicate afin que la vie des djihadistes ressortissants français soit si possible épargnée. Les USA et l’UE reprochent aux Russes de frapper indistinctement les djihadistes modérés et extrèmistes. (Les modérés fusillant avec une balle, les extrèmistes fusillant avec plusieurs balles sans doute). A un diplomate russe à qui l’on posait la question de la discrimination des cibles entre extrèmistes et modérés, le diplomate fit cette réponse: mais c’est très simple, nous bombardons les djihadistes modérés avec des bombes modérées et les extrèmistes avec des bombes extrèmes. La position russe a au moins le mérite de la clarté dans un Moyen Orient compliqué.

    4 novembre 2015 à 19 h 47 min
    • Bistouille Poirot Répondre

      @Hilarion
      J’admire la “MODERATION” avec laquelle les slaves traitent “l’EXTREMISME” djihadiste. Un brin de désinvolture qui échappe aux latins et plus particulièrement à François qui avant d’user des potentiels de ses “Mistral” avertit son patient de l’heure et de l’endroit où aura lieu la frappe chirurgicale, de la durée de l’intervention, des techniques de réanimation et des RV post opératoires.
      Ces diverses expositions ne peuvent que nuire au patient, laminé par des intoxication médicamenteuses et qui me rappellent les errements mal supportées par Yasser Arafat qui était retombé dans le coma quand il sut qu’il était traité à l’hôpital de VILLEJUIF et qui après une pénible réanimation sombra définitivement quand il apprit que son sort était entre les mains du Professeur ISRAELI !!

      4 novembre 2015 à 21 h 09 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        lire les ” salves ” parce que pour ce qui est des ” slaves ” ils visent juste !

        5 novembre 2015 à 13 h 58 min
    • Blumkovotch Répondre

      Hilarion : et pourquoi les frappes françaises devraient-elles épargner les djihadistes français en Syrie ? Encore de la Haute Trahison de Hollande et du pro-Arabe Valls. Il fauf frapper l’Elysée et Matignon !

      6 novembre 2015 à 12 h 54 min
    • Raspoutine Répondre

      Hilarion ! Poutine est le seul à pouvoir décider ce qu’il veut ! Il ne veut pas s’embarrasser de Moïse !

      6 novembre 2015 à 19 h 11 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    simultanés et coïncidences

    Quand Sarko était chez Poutine , François était chez …. Lucette

    mais considérant les chiffres des sondages

    François dit à Manu

    ” Le Président c’ est MAINTENANT vous ”

    sous entendant que ” Moi Je “, je me décharge de toutes responsabilités, de toutes contingences , en fait de l’ intendance ( qui ne suit plus ) etc … et que ” Moi Je ” suis ( redevenu ) un simple Candidat à la Présidence avec … des promesses, des promesses, des promesses des … etc … etc … et l’ oubli de celles que je n’ ai n’ a pas pu tenir mais que je renouvelle, sait on jamais, les Français ayant c’ est bien connu la mémoire courte *** !

    *** propos abominablement …. ” maréchalistes ”

    le seul candidat valable sera celui ( ou celle ) qui VOUS dira

    ” je ne vous promet que de la sueur et des larmes ” et il n’ est pas encore ( véritablement ) né sur la ” douce ” Terre de France

    4 novembre 2015 à 19 h 46 min
  • le sauze Répondre

    pauvre France sur quel chemin on s’est mis ,on a faux sur toute la ligne ,tous nos politiques de gauche comme de droite sont à coté de la plaque…..ils n’ont qu’un pois chiche à la place du cerveau….heureusement qu’il y a un poutine qui a des co……lles…..

    4 novembre 2015 à 18 h 05 min
  • quintius cincinnatus Répondre

    intéressant d’ un point de vue stratégique ( pour ceux qui connaissent le pays )

    l’ armée syrienne vient de reprendre le contrôle de la route Alep – Damas …

    4 novembre 2015 à 14 h 14 min
  • Marquais des Lambert Répondre

    C’est un Poutine qu’il nous faudrait !
    Je l’avais bien invité à investir l’Élysée mais il a refusé quand il a appris que Borloo et Chichi avaient vidé la cave de ses meilleures bouteilles !

    4 novembre 2015 à 8 h 06 min
    • Bistouille Poirot Répondre

      @MdL
      Les deux “videurs” en question qui ne sont que des récidivistes puisque déjà “vidés” sur le terrain politique, viennent d’être interdits par la faculté de toutes boissons alcoolisées. Rachetées en sous main, j’organise Dimanche sur le parvis de mon église, une partie de pinard de “Mostaganem” à laquelle sont invités tous les porteurs de saucisson.Un invité surprise en provenance du Kremlin sera attendu au pied du Falcon que nous aurons mis à sa disposition…

      4 novembre 2015 à 10 h 27 min
    • Sylvain Drey Répondre

      Heureusement Poutine l’anti-judéen est-il intervenu pour aider le laïc Bachar ! Les gouvernements français n’y ont jamais voulu l’admettre pour cause de Fabius et BHL§ Plateau de Golan, ça ne vous dit rien Monsieur Valls ?

      4 novembre 2015 à 13 h 05 min
    • quintius cincinnatus Répondre

      pour avoir un Poutine il nous faudrait être des Russes c. à d. ..
      .
      savoir aussi souffrir !

      4 novembre 2015 à 14 h 16 min
      • Raspoutine Répondre

        Cincinnatus : nous souffrons des dégâts causés par l’UMPS ! Souffrir pour le Renouveau de la vraie France, est une souffrance supportable !

        4 novembre 2015 à 14 h 40 min
        • quinctius cincinnatus Répondre

          La réadaptation ( physique ) sera d’ autant plus ” pénible ” , et dans notre cas intensément … douloureuse , que nous n’ avons été depuis 50 ans que des ” sportifs ” de … LOISIRS ( peu et même pour certain pas de travail productif et tennis … sociétal ) … Mais ceux et celles que je plains le plus ce sont les générations futures qui auront à éponger nos délices de Capoue à l’ exception ( … française ) de la Caste des Fonctionnaires et des syndicalistes

          P.S . Je lis régulièrement qu’ il faut supprimer le Sénat ( ce qui n’ est pas mon idée sauf à le … réduire en nombre ) mais personne ne parle de liquider le Conseil Economique et Social ce ” machin ” qui ne sert qu’ à caser les ” exclus électoraux ” des appareils politiques et syndicaux

          4 novembre 2015 à 17 h 51 min
    • Raspoutine Répondre

      Goeth!e n’était spirituellement fécond qu’après avoir ingurgité 3 litres de bons vins ! Poutine doit savoir qu’àMatignon et àl’Elysée les caves ont été vidées !

      6 novembre 2015 à 19 h 15 min
  • Bistouille Poirot Répondre

    C’est sous les “frappes chirurgicales”de son maître que la chienne de POUTINE engrossée depuis l’Afghanistan, a fini par mettre bas une portée exceptionnelle dont la taille de la meute fait souci à la coalition. Alors OBAMA, vétérinaire ou gardien de chenil ? Et toi le vice chancelier, rabatteur ou à l’hallali ?

    3 novembre 2015 à 15 h 11 min
  • Pierre Le Doaré Répondre

    Article qui pose clairement les données de la situation actuelle et les choix rationnels à faire mais pour nos dirigeants y adhérer ce serait reconnaître qu’ils se sont lourdement trompés.
    On ne pense pas la géopolitique du pays en s’arque boutant viscéralement sur un seul objectif, éliminer, ce qui veut dire tuer, Assad, tout en armant des islamistes qualifiés pour la cause de modérés ! Ah oui, ils ne coupent que la main du voleur, donnent du fouet et lapident la femme déclarée adultère, etc…Je ne vais pas m’étendre sur
    les gibets qui illustrent l’humanisme de l’Arabie Saoudite, notre grande amie et soi-disant alliée. Ne parlons pas du Qatar dont la générosité envers les islamistes “modérés” n’a pas son pareil.
    Nous soufflons sur le feu d’une guerre de religion que nous parons de toutes les vertus de la démocratie que nous foulons pourtant aux pieds, chez nous et là-bas.
    La Russie rebat les cartes, les américains et leur bras armé en Europe l’OTAN restent coi et nous sommes tout penauds.
    Malgré tout la désinformation fait son chemin et comme le chantait Serge Lama, “nous sommes cocus mais contents”.

    3 novembre 2015 à 14 h 57 min
    • Bistouille Poirot Répondre

      @ Pierre Le Doaré
      En matière de repentance, l’Elysée n’a pas son pareil et c’est sous le nombre et son exercice que nous sommes arrivés à la pompe et le luxe de son interprétation, le retrait servile en courbettes maladroites et endémiques qu’un coup de pied, même bien placé, aurait du mal à corriger. Ce préambule pour vous dire que le jour viendra où nous signerons dans un célèbre wagon une défaite présentée comme un mal nécessaire. Je n’y embarquerai pas, pas même dans le fragile wagon postal, trop sensible à l’aiguillage que j’aurai torturé…

      3 novembre 2015 à 15 h 51 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        Même l’ Elysée se ” repend ” ( hypocritement s’ entend ) d’ avoir élever l’ imposition mais bien entendu uniquement quand celle ci touche ce qu’ il croit être encore SON électorat … Cependant nous savons tous que le Pouvoir ( Public ) considère que les citoyens n’ existent que pour le gaver ! vivement l’ Avent qu’ on ” prélève ” les foies gras !

        5 novembre 2015 à 14 h 09 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pour désigner qui doit être frappé , la doctrine du Chef des Armées ( pauvre de nous ) est simple : il faut qu’ il y ait un ” danger pour la France ” comme, par exemple, un combattant de Daesh ayant la nationalité française et qui serait résolu, apte ou susceptible de commettre des attentats sur le territoire français ou contre les intérêts français … de toute façon l’ armée française étant ( Mali ) en rupture de capacités interventionnelles les … raids seront rares et il n’ y aura pas de troupes au sol

      3 novembre 2015 à 17 h 48 min
      • Bistouille Poirot Répondre

        …Et comme en altitude la pression de l’air se fait plutôt rare nos avions à hélice resteront au sol.

        4 novembre 2015 à 10 h 32 min
        • Rosenberg Répondre

          Il n’existe pas de djihadistes modérés § on n’a jamais constateé qu’il existe des extrémistes modérés – <faut pas se moquer de nous-mêmes !
          Les premiers des dihadistes sont nos gouvernants UMPS qui
          prônaient depuis des décennies l'immigation "c'est une chance pour la France"

          5 novembre 2015 à 12 h 44 min
  • Romain Répondre

    Si je puis me permettre, l’idée exprimée au début de l’article que “les relations internationales sont basées sur des rapports de force” n’est pas une évidence pour tout le monde. C’est ce qui est affirmé dans la théorie dite “réaliste” des RI, mais il existe d’autres théories des RI (libérales, constructivistes, marxistes – pour ne citer que les plus courantes). Les disputes sur la nature des relations internationales ne sont pas nouvelles, et la théorie qui domine aujourd’hui est plus la théorie libérale (qui donne une place plus importante aux échanges commerciaux et à la démocratie) que la théorie réaliste.

    3 novembre 2015 à 10 h 35 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      l’ Angleterre du XVIII ième était tout à la fois ( ultra) libérale et ” réaliste ” (c.à. d. dans ce cas belliqueuse ) . C’ étaient les ” marchands ” et les banquiers qui décidaient , AVEC LEUR ARGENT accordé ou non à la royauté , de ce qui était bon ou pas pour le Royaume et donc aussi et surtout pour … eux

      On peut considérer qu’ il en sera de même avec le T.A.F.T.A.

      5 novembre 2015 à 19 h 11 min

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