L’accord Trump-Kim et l’avenir de la Corée

L’accord Trump-Kim et l’avenir de la Corée

La rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un qui a eu lieu la semaine dernière à Singapour n’a pas levé les inquiétudes concernant l’avenir des deux Corées.

Le fait que le rapprochement se soit fait directement entre ces deux chefs d’État n’offre guère plus de garantie de succès durable.

Les deux hommes ont la réputation de n’en faire qu’à leur tête et ont l’habitude de coups de théâtre inopinés et de déclarations fracassantes.

Les médias relèvent surtout le fait que la déclaration finale est peu précise.

Que signifie le terme « dénucléarisation » ?

La seule définition acceptable serait la destruction de toutes les armes nucléaires stockées au Nord, ainsi que de toutes les installations qui permettent d’en fabriquer de nouvelles – le tout vérifiable par des experts nommés et protégés par l’ONU, afin d’éviter tout chantage.

Trump n’a pas obtenu cela de manière formelle.

Jusqu’à présent, le dictateur nord-coréen ne s’est engagé qu’à arrêter ses manœuvres d’intimidation et à détruire ses sites d’essais.

Il est d’ailleurs curieux que Trump se soit montré si naïf, alors qu’il fait preuve du plus grand scepticisme en ce qui concerne l’accord signé avec l’Iran.

Quant à Kim, est-il prêt à aller aussi loin ?

Les Japonais, plus exposés que les Occidentaux, sont sceptiques.

D’un autre côté, il est vrai que les concessions américaines obtenues par Kim Jong-un concernant l’aide militaire américaine à la Corée du Sud ne sont guère plus convaincantes.

Il pourrait ne plus y avoir un seul soldat américain en Corée du Sud que cela ne changerait guère la donne : en cas d’attaque nordiste, il serait très facile pour les Américains d’envoyer des troupes et des armes en grande quantité et de manière très rapide.

Cette décision serait toutefois difficile à prendre. La géographie de la Corée est certes différente, mais les douloureux souvenirs de la guerre du Vietnam sont encore trop présents dans les familles américaines.

De plus, l’offensive coréenne de McArthur en 1950 avait fait long feu, se terminant par la fracture entre les deux pays séparés par le 38e parallèle.

Mais ce n’est pas l’essentiel.

Si le risque existe de voir le rêve s’envoler, il réside plutôt dans la personnalité des deux hommes.

Tous deux sont capables d’un revirement aussi inattendu que rapide et leur susceptibilité est telle que le moindre mot de travers peut tout faire échouer.

Heureusement, subsistent deux raisons d’optimisme relatif :

– La Chine est récemment entrée dans de difficiles négociations commerciales avec les USA et menace Washington de représailles. D’importants différends ont été constatés lors des premiers pourparlers menés à Pékin avec une délégation américaine de haut niveau. Mais le géant asiatique a plus à perdre qu’à gagner dans ce bras-de-fer. Principal soutien du régime nord-coréen, il n’a toujours pas intérêt à ce que son remuant voisin fasse capoter l’accord avec Trump. Il est probable qu’il continuera d’exercer une pression sur ce dernier, afin que cela ne se produise pas.

– Le rêve de réunification reste bien présent chez les deux peuples. Ceux du Sud ont, pour beaucoup d’entre eux, de la famille, des relations ou des souvenirs au Nord. Sans parler de leur ambition légitime de faire de la péninsule un seul grand pays de près de 80 millions d’habitants qui, compte tenu des succès commerciaux déjà obtenus par le Sud, jouerait un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale. Quant à ceux du Nord, depuis les Jeux Olympiques de P’yŏngch’ang, ils ont pu mesurer l’écart de niveau de vie qui les séparait du Sud et rêvent de s’en rapprocher.

C’est donc plutôt du côté de ­Trump qu’existe le risque de retour en arrière.

Il a, pour l’instant, deux raisons de ne pas reculer :

– Ne pas s’aliéner la Chine, tant qu’il n’a pas obtenu ce qu’il en exige ;

– Et son caractère un tantinet mégalo qui doit mesurer l’avantage à tirer d’un accord inattendu qui a fait couler beaucoup d’encre et amélioré son image sur le plan mondial.

Peut-être rêve-t-il, lui aussi, d’un Prix Nobel de la paix ?

Mais accepterait-il de le partager avec Kim Jong-un ?

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Comments (6)

  • AMA Répondre

    L’arme nucléaire coréenne est tout à fait adaptée aux besoins stratégiques de Trump, pou calmer les jeux dans l’est asiatique (Russie, Japon, Chine, Inde, Pakistan…) Mais qui donc a fourni les secrets de la bombe à Kim? Trump, un malin que les imbéciles prennent pour un c…

    25 juin 2018 à 19 h 13 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    conclusion ( inéluctable )

    la Corée du Sud , un des ” ateliers ” du Monde, va trouver une main d’ oeuvre ” bon marché ” en Corée du Nord et la Chine fera de même

    24 juin 2018 à 11 h 33 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Corée du Sud + Corée du Nord = Corée => 80 millions d’habitants.
      Nous n’en sommes pas encore là, mais c’est une possibilité.

      En 1980 en pleine guerre froide personne n’aurait parié que BRD + DDR = Allemagne unifiée dix ans plus tard.

      24 juin 2018 à 17 h 33 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    La Corée du Nord accepte de rendre des MIA (missing in action) aux USA.
    Des parents survivants de leur fils ou frère pourront enfin faire leur deuil.
    Impensable il y a encore quelques mois.

    23 juin 2018 à 20 h 27 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    les deux dernières interrogations provoquent , chez moi, un rire irrépressible qui entraîne un hoquet

    20 juin 2018 à 9 h 48 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Surtout ne vous étouffez pas.
      Il y a des précédants: Obama et Yasser Arafat.
      Je n’ai jamais compris pourquoi ils ont eu le prix Nobel.

      20 juin 2018 à 12 h 51 min

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