L’Amérique au pain sec et à l’eau

L’Amérique au pain sec et à l’eau

Crise oblige, les Américains se sont mis au pain sec et à l’eau. Le sentiment dominant est celui-ci : « Nous avons vécu pendant trop longtemps au-dessus de nos moyens. Nous avons spéculé immodérément. La sanction tombe aujourd’hui. Il faut l’assumer et en tirer les leçons pour l’avenir. C’est tout ! »

Il existe deux Amériques qu’il ne faut pas confondre : celle, progressiste et athée, des côtes et des grandes villes, à laquelle les touristes européens s’identifient ; et l’autre, des comtés ruraux, conservatrice et religieuse. C’est à cette dernière, authentique, que je suis profondément attaché. La première n’est qu’une Babylone consumériste qui ne présente pas un grand intérêt, si ce n’est la richesse des collections de ses musées. Hormis le passage obligé par l’aéroport de service, celui de Logan à Boston lors de mon dernier voyage, je m’empresse de fuir dans l’arrière pays républicain.

Au programme de cette année, j’avais seulement envisagé deux États : le New Hampshire et le Maine. A la différence des autres touristes, je ne me déplace qu’à pied. Cela me donne le temps de découvrir un pays et aussi de rencontrer des gens au gré de mes haltes dans un bourg pour me ravitailler.

Le circuit type d’un vacancier français est d’avaler 4 000 kilomètres de macadam en quinze jours. Il veut tout voir : le Grand Canyon du Colorado, les parcs nationaux du Yosemite ou de la Vallée de la Mort en Californie, et bien entendu Las Vegas et San Francisco. Ce genre de tourisme convient bien à l’air du temps placé sous le signe de l’éphémère. Une impression chasse vite la précédente. Que peut-il rester ancré dans leur mémoire après un tel kaléidoscope ?

La relance keynésienne n’a profité qu’à Wall Street

A chaque fois qu’un Français me demande mon opinion sur tel ou tel circuit américain, je le mets en garde sur son trop grand appétit de découverte. Les distances ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Sans succès d’ailleurs. Je n’ai jamais réussi à convaincre un touriste de réduire son projet de voyage. Ma philosophie du voyage ne s’accorde pas avec la modernité. Je ne connais pas Boston mais je connais bien le Massachusetts que j’ai parcouru à pied à deux reprises, du Nord au Sud en 2001, et du Sud au Nord en 2007.

Comme je me déplace lentement, et plus encore cette année en raison du profil extrêmement difficile du New Hampshire qui ressemble à un escalier géant (ma moyenne horaire est tombée parfois à un mile), j’ai tout le loisir d’observer en journée et de noter, en soirée, mes impressions sur mon carnet à la lumière de la lampe frontale sous la tente. Je tiens ce carnet en anglais pour mieux restituer les témoignages que je recueille.

La crise économique en Amérique est plus profonde que ne laisse entendre Ben Bernanke, qui a déclaré que son pays avait renoué avec la croissance en septembre. Je n’ai pas vu une seule grue ! Le secteur du bâtiment est sinistré. Le seul chantier est la rénovation d’un petit tronçon de la route 27 dans le Maine, qui relie Auburn à la frontière canadienne. En revanche, j’ai compté vingt-quatre grues qui participent à la construction du nouveau terminal de Francfort, en Allemagne, et qui va accueillir, en 2011, l’avion géant A-380 du consortium européen E.A.D.S.

La relance keynésienne de l’administration Obama n’a profité qu’à Wall Street et aux dix-neuf grandes banques américaines, jugées « too big to fail » selon l’adage des interventionnistes. J’ai senti, dans la population rurale, une haine implacable à l’égard du sauvetage injustifié des nantis de Wall Street. Arthur Schopenhauer disait : « la haine vient du cœur, le mépris du cerveau, et ces deux sentiments échappent à notre contrôle. » Les élections de 2010 au Congrès s’annoncent passionnante.

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Comments (2)

  • sas Répondre

    Petite leçon d économie à la française…..

    Réunion….une association en liquidation avec 1 200 SALARIES…………

    elle aurait eu un déficit structurel de 10 millions d euros…par mois? par an? par jour ???????

    …….donc chaque membre s acquitte de l adhésion de 50 francs par ans……et les contribuables mettent au bout….!!!!!!!!

    combien de charge salariale ? le machin ???????

    2 MILLIONS D EUROS PAR MOIS DE SALAIRES ET CHARGES…………

    Vous voyez qu en france et à la réunion on a aussi des multinationales du N IMPORTE QUOI…..

    sas

    30 novembre 2009 à 22 h 39 min
  • ozone Répondre

    Il n’y a pas eu de relance kéynésienne,seulement du pognon versé aux banques

    30 novembre 2009 à 21 h 08 min

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