Le complexe militaro-industriel européen

Le complexe militaro-industriel européen

En 2016, John Bolton disait : « L’UE est aux prises avec d’énormes problèmes – financiers, migratoires, sécuritaires et autres. L’Amérique voulait une Europe forte. Or, l’UE est un ensemble moindre, dans cette structure artificielle, que n’était l’Europe avec la somme de ses nations libres. »

Espérons que Bolton réussira ce que Ted Malloch, initialement pressenti comme ambassadeur américain à l’UE, s’était vanté imprudemment de vouloir faire à cette monstrueuse structure supranationale : donner une impulsion calculée pour son inévitable implosion.

Cela serait un secours providentiel par l’extérieur, car il est évident que les Euro-forcenés deviennent de plus en plus irrationnels et sont déjà surpuissants, vouant à l’échec toute révolte intérieure.

Leur dernière marotte, lancée en novembre 2017, c’est un nouveau « club » appelé PESCO (Permanent Structural Cooperation), c’est-à-dire une force de défense intégrée (premier pas vers une armée supranationale), fondée par le Fonds de défense européen, censée assurer aux 27 une « égalité de sécurité » (sic !).

Une fois encore, on est en pleine utopie impériale égalitaire.

Conscients que la sécurité de l’Europe est due à la présence de l’OTAN depuis 70 ans, les Anglais ont le bon sens de concentrer leurs contributions militaires vers la seule alliance qui ait fait ses preuves, qui est en train de se renforcer à l’Est et pour laquelle quelques changements salutaires sont en discussion, comme le largage possible de la Turquie …

L’idée d’une défense européenne a, elle aussi, 70 ans et reste une vieille mauvaise idée. Mais les Euro-forcenés (le « couple franco-allemand », Juncker et Cie) ont trouvé de nouveaux arguments de vente : « La sécurité sera renforcée, les faiblesses de l’Europe seront plus facilement repérées, la défense sera moins chère et l’Allemagne, stimulée par la France, va redevenir une vraie puissance militaire, etc. ».

Tout cela serait drôle, si c’était sans conséquence.

Or, en novembre dernier, si 23 pays ont signé pour leur adhésion, le fonds de plusieurs milliards d’euros requis pour soutenir le pacte n’est toujours pas réuni. Les pays de l’UE, déjà réticents à payer la quote-part de 2 % de leur PIB à l’OTAN, envisagent de gaspiller leurs maigres allocations au militaire sur ce projet, alors même qu’ils vont être privés de 12 milliards d’euros par an, du fait du départ des Britanniques. Des conflits de financement sont donc à prévoir entre OTAN et PESCO.

En outre, les activités concrètes de PESCO, qui serait opérationnel en 2025, avec pas moins de 17 « projets militaires » (!), ne sont pas clairement définies (on soupçonne des missions humanitaires, style ONU) et les capacités militaires actuelles de la quasi-totalité des pays européens sont risibles au regard de telles ambitions.

Par exemple, les trois armées allemandes, la Bundeswehr, la Deutsche Marine, la Luftwaffe connaissent aujourd’hui des carences en matériel et en personnel qui les rendent impropres à une défense collective, malgré toutes les rumeurs de « remilitarisation du pays ». L’état militaire mental en est encore plus éloigné. En 1944, Patton disait des Allemands : « Il faut leur reconnaître une chose : ce sont des guerriers. » Ce n’est plus vrai. Les Allemands ont été dénaturés par la culpabilité.

Qui pourrait croire qu’avec leur nouvelle mentalité pacifiste, ils se mobiliseraient pour les pays baltes, la Pologne, l’Italie, la Grèce ?

Bref, beaucoup de grandilo­quentes et vagues déclarations et seulement deux certitudes : une nouvelle bureaucratie, donc des impôts supplémentaires (puisqu’il ne serait pas question d’alléger les États-providence européens pour autant), et l’affirmation d’un orgueil aussi mal placé que dangereux à se désengager de notre unique protection fiable. Les récentes frappes en Syrie démontrent que, hors de leur propre sol, les Européens ne sont militairement crédibles qu’alliés à la force de frappe américaine.

Certains, par anti-américanisme pur, rêvent d’un « bloc continental » qui tournerait le dos à la « thalassocratie atlantique » (comme si nous, Français, n’avions pas toute légitimité géopolitique à en être !) et envisageraient même des accords militaires futurs entre PESCO et des voisins comme la Turquie et la Russie. On peut craindre le pire.

Mais, à l’évidence, derrière la publicité pour le projet actuel, se profilent des intérêts politiques et industriels qui n’ont pas grand-chose à voir avec la sécurité de 500 millions d’Européens.

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Comments (4)

  • AMA Répondre

    Le principe d’une Défense Européenne est enthousiasmant. Mais d’abord, pour se défendre contre QUI ? De plus sortons des généralités grisantes pour jeter les bases de sa mise sur pied. Qui y fera quoi réellement ? Qui commandera? Qui fixera les doctrines d’emploi? Qui disposera de la puissance nucléaire française, la seule disponible, et qui plus est, dont l’Allemagne aura l’usage? De quelle origine seront les armements ? Qui assurera la logistique? Qui fournira les carburants indispensables dans une Europe qui n’en a pas une goutte.? etc… Heureusement, quelques bureaucrates de Bruxelles hautement qualifiés seront aptes et suffisants pour édifier, et sortir du rêve, ce formidable édifice .guerrier qui déviait dicter sa volonté à toute la planète. Deux exemples historiques ont illustrer cette tentative de réaliser un tel bloc européen. L’un s’est évanoui en 1815 et l’autre en 1945.

    23 avril 2018 à 17 h 43 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Le complexe militaro-industriel européen?

    Ce complexe existe-t’il vraiment?
    Oû sont situés les sites de production?
    Qu’y fabrique-t’on?
    Combien cela coute-t’il encore au contribuable?

    17 avril 2018 à 21 h 12 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      il est évident, à le lire, que l’ auteur ( stipendié par qui ? ) , qui craint le Russe, ne veut qu’ une seule chose : notre totale dépendance envers les E.U. … dans l’ Histoire on appelle ça un ” collaborateur “

      19 avril 2018 à 12 h 20 min
      • HansImSchnoggeLoch Répondre

        Quand on voit la diversité de l’armement européen rien qu’en avions de chasse on pourrait presque croire que cet article est un fake news.
        Par exemple:
        Suède: Gripen
        Allemagne, RU: Eurofighter
        France: Rafale
        Suisse, Pologne: F16
        Etc…

        Ne parlons même pas des autres armements.
        Les Russes doivent bien rigoler.

        19 avril 2018 à 21 h 18 min

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