Le prix du pétrole menace la croissance mondiale

Le prix du pétrole menace la croissance mondiale

Le commerce du pétrole – « l’or noir » – est le plus important de la planète en valeur et en volume. Un emballement de ses prix minerait la croissance mondiale. Vendredi dernier, le baril de Brent a fortement progressé sur les marchés mondiaux, cotant 76 dollars, près de son plus haut historique de 78,65 dollars atteint, sous l’effet de la crise nucléaire iranienne, il y a un an.

Ça pourrait empirer cet été. À cause de la diminution des stocks d’essence aux États-Unis, dont le niveau est inférieur de 4,2 % à celui de l’an dernier à la même époque. La semaine dernière, les raffineries américaines tournaient à 90,2 % de leurs capacités, au lieu des 95 % souhaitables. Et la saison des ouragans, qui menacent chaque année les installations pétrolières du golfe du Mexique, a tout juste commencé. S’ajoutent les migrations estivales, qui hissent la demande à son pic annuel.

Autre facteur de renchérissement : le regain de violence au Nigeria – premier producteur d’or noir en Afrique – visant l’industrie pétrolière. La semaine dernière, une fillette britannique de trois ans, et cinq expatriés employés par une société forant pour le compte de Shell, ont été enlevés.

Selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), le Nigeria a produit à peine plus de deux millions de barils/jour en mai, son plus bas niveau depuis début 2003. Les troubles ont réduit de presque un quart sa production. L’impact sur le marché du pétrole laisse imaginer ce que seront les conséquences d’un embrasement du Moyen Orient, que l’Iran rend de plus en plus probable et même imminent…

Une tendance « lourde » gonfle les prix des hydrocarbures : la demande est dopée par la croissance économique mondiale, dont celle de la Chine et de l’Inde. Et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ignore les appels des pays consommateurs à augmenter sa production, qu’elle a réduite début 2007 pour contrer la baisse des prix.

La fonte des stocks mondiaux de brut expose les pays consommateurs à une pénurie au troisième trimestre.

Les énergies nouvelles – panneaux solaires, éoliennes, biocarburants, moteur à hydrogène… – fascinent. Mais elles sont loin de remplacer les hydrocarbures. Et le nucléaire fait peur. Se pose la question du « pic pétrolier » : le point où la moitié d’un champ pétrolifère reste à extraire. Après le pic, chaque baril supplémentaire exige l’injection de plus de gaz ou d’eau dans la poche – donc d’énergie – pour maintenir la pression nécessaire à son extraction. Chaque fois qu’un champ de pétrole dépasse son pic, les coûts d’extraction explosent.

Malgré la découverte de nouveaux gisements, la perspective d’un « pic pétrolier mondial » se rapproche dangereusement.

L’Irak, l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats (notamment le Qatar) forment un triangle constituant une formation géologique unique, qui représente 65 % ou plus des réserves mondiales de pétrole. Les plus importantes de ces réserves sont en Irak et en Iran… C’est pourquoi les États-Unis ont investi militairement le Moyen Orient.

Après la guerre d’Irak, des bases américaines sont apparues en Asie centrale, riche en hydrocarbures, et en Afghanistan, voie de passage possible d’un oléoduc. Washington étend son influence dans le Caucase, où passent des pipe-lines. Et en Afrique, qui recèle des hydrocarbures.

Les États-Unis veulent verrouiller un maximum de sources de pétrole et de gaz, pour contrôler l’approvisionnement des rivaux, dont la Chine, elle aussi très entreprenante.

Les grands pays producteurs d’hydrocarbures pèsent lourd financièrement.
Vers 1998, la Russie était proche de la cessation de paiement. Grâce à la hausse du prix des hydrocarbures, elle a remboursé sa dette et détient la troisième réserve de devises au monde.

Lorsque, en 1971, le président Nixon a supprimé la convertibilité du dollar en or, il a obtenu de l’OPEP qu’elle continue à faire payer le pétrole qu’elle vend en billets verts, pour conserver une base à ce dernier et, ainsi, pérenniser sa fonction de monnaie de réserve. L’OPEP se dédommagea de la dévaluation consécutive du dollar par les chocs pétroliers de 1973 et 1979, qui eurent une contrepartie positive pour les États- Unis : la hausse des prix du pétrole augmenta la demande de l’OPEP en dollars, renforçant son rôle de monnaie de réserve.

Désormais, le Venezuela et les Émirats Arabes Unis disent souhaiter coter leurs ventes de pétrole en euros. Et la facturation des exportations de pétrole iranien en euros est déjà possible – mais pas obligatoire. Sujet brûlant : une multiplication des pétro-euros menacerait la suprématie du dollar…

Partager cette publication

Comments (6)

  • 4verites Répondre

    Les choses vont devenir intéresantes lorsque le pétrole sera à 150 ou 200 dollars le baril, ce qui ne saurait tarder.

    Sommes nous sur le point de passer le peak oil ?

    Lire : http://travail-chomage.site.voila.fr/energie/fin_petrole.htm

    Le pétrole ne va pas disparaître du jour au lendemain, mais la production va diminuer et les prix augmenter en conséquence, ce qui obligera à l’économiser par les vertus du porte-monnaie.

    2 janvier 2008 à 21 h 39 min
  • pébé Répondre

    Est-il besoin de relativiser certaines données sur ce forum ?

    1/ – Même à 77€ le baril, le pétrole n’est pas cher. Proportionnellement au pouvoir d’achat du consommateur des années 60, 70 ou 80, le litre d’essence à la pompe était beaucoup plus cher.  A données équivalentes, il devrait coûter entre 120 et 160 € le baril pour un prix à la pompe de 2,30 à 3,00 € le litre environ.

    2/ – Ce n’est pas le manque de pétrole qui perturbe le marché mais le formidable appel de la Chine pour ce produit là (mais aussi de nombreux pays émergeant). La production mondiale étant organisée jusqu’alors sans avoir à produire pour ces pays là,  l’explosion de la Chine va déséquilibrer le marché. Certains pays producteurs vont tourner leur production vers ces nouveaux clients au détriment des habituels acheteurs. Les prix vont donc monter (ce qu’ils font déjà). Tout au moins pendant un certains temps, le temps d’augmenter les capacités de production mondiale et de trouver un nouvel équilibre du marché.

    3/ – Les énergies renouvelables ne sont pas prêtes de se substituer au pétrole. Les gouvernements, (et le notre en particulier car celui qui taxe le plus) a tout intérêt à laisser augmenter le prix du pétrole et à retarder le plus possible la mise en place des énergies de remplacement. Ces dernières lorsqu’elles apparaîtront sur le marché le seront à un prix à peine légèrement inférieur au pétrole et ainsi assureront de juteux profit à l’état.

    En conclusion : le pétrole cher et dont les ressources sont limitées est une excellente chose pour l’économie mondiale. Elle va devoir nous obliger à crée, inventer, innover et c’est ce qui nous fera avancer technologiquement pour nous apprendre à nous passer de ce foutu pétrole. Car ne nous leurrons pas : ce n’est pas les motifs écologiques qui nous feront évoluer vers moins de pollution mais les impératifs économiques des multinationales. Alors vive le pétrole encore plus cher, qu’on en finisse !!!

    5 août 2007 à 19 h 57 min
  • zarmagh Répondre

    L’augmentation du prix de cette énergie polluante et non renouvelable, obligera les industries à employer d’autres sources d’énergie. Qui, selon la tendance actuelle devraient être moins polluante.

    De toute façon, il faudrait peut-être commencer à réfléchir.

    La croissance économique infinie est impossible dans un monde fini…

    Nous nous en allons tout droit et à pleine vitesse vers un mur sur lequel il est marqué « FIN »

    17 juillet 2007 à 22 h 04 min
  • Matrix Répondre

    Ce qui m’inquiete le plus c’est la periode de transition entre le pic petrolier et l’utilisation des energies nouvelles…. cette periode est entrain de commencer et aucune politique au monde ne semble etre en mesure de proposer des solutions a court terme…. Dure de pas etre pessimiste quant a notre niveau de vie dans les annees a venir…

    17 juillet 2007 à 15 h 52 min
  • Laptop-gun Répondre

    C’est vrai… à condition que ce ne soit pas les pays arabes qui en profitent….c’est ce qui serait le pire… Déjà que l’Europe de l’Est (et donc l’UE) s’avoue implicitement (et presque explicitement!) dépendante de la Russie!

    Si ces pays comme la Russie ou l’Iran sont ceux qui obtiendont le plus de bénéficessur nos déclins, le monde developpé  a du souci à se faire!

    Vu comme cela, nous pouvons qu’encourager les Etats-Unis à continuer comme ils le font!

    15 juillet 2007 à 20 h 00 min
  • angelaume Répondre

    Le prix du pétrole menace la croissance mondiale ?  TANT MIEUX !! On peut espérer que la planète et ses habitants changent un peu…Notre race est tellement immature pour gérer ses biens et son destin qu’une bonne claque dans la gueule lui ferait du bien.  

    13 juillet 2007 à 9 h 56 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *