Le traité d’Aix la Chapelle n’est pas une trahison !

Le traité d’Aix la Chapelle n’est pas une trahison !

Le traité franco-allemand d’Aix la Chapelle, signé le 22 janvier 2019, dont personne ne parlait trois jours plus tôt, fait l’objet de vifs commentaires, en général pour le dénoncer.

On peut, une fois de plus, reprocher à M. Macron de travailler dans la « clandestinité ».

Après le pacte de Marrakech signé à la façon « droit du prince », voici le traité d’Aix la Chapelle signé dans les mêmes conditions.

Quel mépris de la représentation nationale, consultée apparemment ni dans un cas ni dans l’autre !

Pourtant, ni dans un cas ni dans l’autre, il n’y avait urgence ou de raison de passer en force.

Maintenant, dans le fond, globalement, ce traité ne m’offusque pas. Il se veut la « mise à jour » du traité de l’Élysée signé en 1963 entre le général de Gaulle et M. Adenauer.

Après plus de 55 ans, quoi de plus normal ? On soldait alors le passé récent et on posait quelques bases pour l’avenir.

Ses détracteurs cherchent dans ce nouveau traité des indices de soumission de la France au suzerain allemand.

On appelle d’abord l’attention sur le fait que le traité est signé en territoire allemand. Oui, mais à Aix la Chapelle, capitale de Charlemagne, personnage historique européen s’il en fut : Français et Allemand en quelque sorte.

Paris, en 1963, était encore la capitale d’un des vainqueurs du conflit et il était flatteur d’y amener le vaincu récent. On n’en est plus là.

Ce traité vise à renforcer les liens entre les deux pays dans tous les domaines, à rapprocher leurs règles, économique, fiscale, éducative et sociale, à harmoniser leurs procédures, leurs textes quand c’est possible.

Mais n’est-ce pas ce qu’on s’efforce de faire au niveau européen, ou dans tous les accords bilatéraux avec d’autres pays ?

Les deux États veulent aussi agir en faveur d’une politique étrangère et de sécurité commune.

On y lit que « les deux États approfondissent leur coopération en matière de politique étrangère, de défense, de sécurité extérieure et intérieure ».

Ou encore : « Ils se prêtent aide et assistance par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d’agression contre leurs territoires. »

Dans le passé récent, on appelait ça une alliance militaire et tout le monde trouvait ça très bien.

Ils s’engagent à « investir conjointement pour combler des lacunes capacitaires, renforçant ainsi l’Union européenne et l’alliance nord-atlantique », et s’engageront dans des projets conjoints de développement de matériel militaire.

Cela se fait depuis longtemps, y compris avec l’Allemagne (systèmes sol-air, hélicoptères, avions de transport militaire, etc.).

Qui peut y trouver à redire ?

Dans aucun domaine, il ne s’agit d’un alignement servile de l’un sur l’autre, mais d’un engagement à collaborer plus étroitement, à tenter de dégager des lignes de conduite commune en fonction des circonstances.

On lit et on entend n’importe quoi. La France devrait partager son siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU avec l’Allemagne. Loufoque évidemment !

Par contre, la France soutiendra effectivement la candidature allemande à un siège permanent.

Étant donné la place de ce pays en Europe et dans le monde, c’est assez naturel.

Comme seraient naturelles les candidatures d’autres pays.

Plus fort encore, on rendrait l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne, traduction délirante de l’engagement à mettre en œuvre des projets transfrontaliers, à favoriser l’apprentissage de la langue du voisin, ambitions légitimes partout, mais ici en particulier tant l’unicité de la vallée du Rhin est évidente.

Le Rhin fut un obstacle militaire au temps de l’antagonisme franco-allemand. C’est, depuis 70 ans, un lien.

Un mauvais procès donc à mon avis, sauf pour la forme très critiquable de sa signature.

Ce traité ne bouleverse rien. Il met à jour et modernise.

L’anti-macronisme ne devrait pas aveugler au point de ne plus voir ce que les mots veulent dire.

En tout cas, ce traité me paraît infiniment moins chargé de risques pour nous que le pacte de Marrakech.

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Comments (12)

  • Alain PEREZ Répondre

    Votre article est d’une grande naïveté. Quelques semaines ont suffi pour que le gouvernement s’enorgueillisse de partager son siege a l’ONU, ce qu’il démentait encore le jour du traité.
    L’esprit de ce traité n’est pas du tout le même que celui de 1963 contrairement à ce que vous prétendez, car son préambule avalise l’acceptation d’un marché mondial ce que De Gaulle refusa, et contrairement à la volonté du Général de créer une alliance entre égaux avec l’Allemagne, ce traité consacre une vassalité des rares moyens d’une grande puissance qui restent à la France.

    9 février 2019 à 21 h 17 min
  • Ralphe Répondre

    L’auteur de l’article fait preuve de beaucoup de complaisance envers M. Macron.

    4 février 2019 à 20 h 13 min
  • IOSA Répondre

    Dans ce nouveau traité d’Aix la chapelle, j’entrevois plutôt les 30 deniers de Judas, livrant la France à Engela, car il est prévu que toute décision au conseil de l’ONU devra avoir été débattu avec l’Allemagne, donc une nouvelle soumission.

    2 février 2019 à 0 h 00 min
  • betsynette Répondre

    Malheureusement, après le pacte de Marakcesh, comment faire confiance quant on se cache pour le faire.

    31 janvier 2019 à 14 h 20 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      comment faire confiance ?

      mais en lisant les traités tout simplement !

      31 janvier 2019 à 16 h 20 min
      • lavandin Répondre

        Aviez vous lu vous même le projet préalablement ? Il me semble qu’il n’y a pas eu de publicité sur ses intentions , et qu’en tout état de cause il y aurait du avoir un débat au palais Bourbon . Quoi qu’on puisse en dire, le Président se prend pour l’empereur Napoléon

        31 janvier 2019 à 18 h 40 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Peut-être aurait-on du choisir Aix en Provence au lieu d”Aix la Chapelle pour signer ce pacte.
    Les deux villes ont été fondées par les Romains mais leur location actuelle les situe maintenant dans deux pays différents.
    Charlemagne aurait sans doute approuvé ce choix.

    30 janvier 2019 à 12 h 42 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      de ces deux ” Aix “, dans laquelle peut on trouver la ” location ” la moins chère ?

      31 janvier 2019 à 9 h 55 min
  • Alain PROTTE Répondre

    Nous voilà revenus au temps d’Aristide Briant où de langoureuse promesses de paix éternelles devaient nous mettre à l’abri de tout conflit avec ce cher voisin. A l’ENA, y a t’il des cours d’Histoire?

    30 janvier 2019 à 12 h 00 min
    • Hilarion Répondre

      A l’ENA on semble n’y aller que pour nourrir son carnet d’adresses afin d’accéder au plus vite au fromage républicain.

      31 janvier 2019 à 11 h 38 min
      • KAVULOMKAVULOS Répondre

        Je “plussoie” à cette observation d’Hilarion.

        31 janvier 2019 à 23 h 45 min
        • Ralphe LEBŒUF Répondre

          Je plussoie avec vous.

          4 février 2019 à 20 h 04 min

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