Les États-Unis et la gifle australienne

Les États-Unis et la gifle australienne

Le coup de Jarnac de Washington qui a torpillé sans vergogne le contrat des sous-marins de la France avec Canberra est un acte inqualifiable entre alliés qui aura des répercussions de long terme – pour autant que les gouvernements français aient de la mémoire et ne se laissent pas séduire par quelques facéties américaines ou des séances d’époussetage !

L’explication de ce camouflet est, en réalité, très simple et s’explique aisément par la soumission idéologique de la diplomatie française depuis des lustres aux États-Unis qui considèrent que la France est une vassale taillable et corvéable à merci.

Le titi parisien dirait que la France « compte pour du beurre ».

Et il aurait raison : ces dernières années, Paris a « gobé » les actions extraterritoriales américaines sans broncher, en se couchant sans barguigner.

La réalité d’aujourd’hui, que la France subit, est la conséquence directe de ce suivisme, de cette soumission à l’Amérique impériale sûre d’elle-même et dominatrice – et admirée par les salonnards parisiens bien-pensants.

Cette démission est d’autant plus inadmissible que les experts géostratégiques lucides savent depuis toujours que les Américains ne sont pas nos amis !

Les exemples de leurs actions contre nos intérêts sont multiples :

– violation de notre souveraineté pour rechercher des preuves en France même, afin de poursuivre nos entreprises aux États-Unis ;

– sanctions contre nos entreprises au motif qu’elles ne respectent pas leurs embargos ;

– écoute sans vergogne des transmissions de notre gouvernement ;

– sans oublier les actions du passé contre la présence française en Afrique et ailleurs.

Ouvrons les yeux : les Américains ne sont pas nos amis, c’est aussi simple que cela !

Il ne suffit pas de rappeler nos ambassadeurs à Washington et à Canberra ; il convient de prendre des mesures de rétorsion.

Les Américains ne comprennent que les rapports de force, et ils ne respectent que ceux qui leur résistent, je l’ai moi-même expérimenté et vécu !

Mais ce coup anti-français dépasse largement les relations franco-américaines et doit être analysé en termes géostratégiques dans en Asie et dans la zone pacifique.

Après leur fiasco en Afghanistan les Américains se doivent de recréer leur crédibilité fortement mise à mal.

La stratégie américaine est toujours la même : rassembler autour d’eux tous leurs vassaux contre un nouvel ennemi – en l’occurrence, la Chine qui inquiète fort dans la zone.

Certes, la Chine, par ses prétentions maritimes et militaires, interpelle et elle joue un jeu de réelles tensions qui ne peut pas être ignoré.

Mais, pour les Américains, c’est une aubaine pour prendre la tête d’une nouvelle coalition et pousser leurs pions.

Toutes proportions gardées, en étant lucide sur la politique chinoise, Washington se fabrique un nouvel ennemi.

Mais la vente à l’Australie de sous-marins nucléaires en substitut des sous-marins classiques français crée une novation importante en faisant de l’Australie une nouvelle puissance nucléaire.

Cette nouvelle donne est un facteur d’importance qui a toutes les chances d’amplifier les tensions.

On comprend que, dans ce cadre géostratégique, la France ne fait pas le poids et a été écartée sans état d’âme.

Les visées américaines portent en elles-mêmes des conséquences imprévisibles face aux prétentions de la Chine qui sont tout aussi imprévisibles.

Le Pacifique risque de perdre sa sérénité d’océan légendaire ; il s’y joue un jeu risqué et dangereux.

La France, tout en étant circonspecte sur la politique de Pékin, doit le rester tout autant à l’égard de Washington.

Elle ne doit pas se laisser entraîner par un jeu de dominos dans la montée des tensions.

Elle doit garder son libre arbitre, la maîtrise de son destin, elle doit en conséquence sortir de l’OTAN une machine exclusivement américaine et sous le seul contrôle du Pentagone.

Les Américains comprendront alors que la France existe par elle-même et n’est pas une servile vassale !

« L’essentiel pour jouer un rôle international, c’est d’exister par soi-même », disait Charles de Gaulle.

Gageons que la gifle reçue réveille notre conscience nationale !

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