Pour une diplomatie indépendante

Pour une diplomatie indépendante

Deux crises internationales – l’Ukraine et le Sahel – inquiètent les Français.

Ils comprennent que la situation internationale est une réalité tangible qui risque d’affecter directement leur tranquillité.

Surtout, ils prennent conscience que la France ne maîtrise pas ces événements et risque d’être entraînée dans des conflits qui ne sont pas les siens.

Ces craintes sont fondées, tant notre politique étrangère apparaît sous l’influence de puissances étrangères ou d’utopies.

La France a perdu son autonomie pour conduire en toute indépendance sa diplomatie.

Certains bien-pensants mo­quent cette prétention, au nom d’un prétendu réalisme ; la France ne serait qu’une puissance moyenne. C’est un non-sens. Nous vivons dans l’ère des puissances relatives : les hyper-puissances, qui voudraient dominer la scène internationale, ont toutes les chances de coaliser le monde contre elles.

La France, 5e ou 6e puissance mondiale, conserve sa capacité à faire bouger les lignes, à la condition de cultiver son indépendance, de s’en donner les moyens, en cohérence avec un projet politique déterminé.

L’action diplomatique indépendante se construit d’abord avec des hommes qui font vocation de servir la nation sur tous les continents.

La politique du président de la République de vouloir fondre le corps diplomatique dans un corps d’administrateurs non spécialisés est une ineptie qui démontre l’incompétence de Jupiter en politique étrangère.

L’action diplomatique indépendante se construit par la défense et la promotion de notre langue en tout lieu.

Elle se construit aussi par des moyens budgétaires pour que des diplomates envoyés dans le monde entier informent avec objectivité le gouvernement de la situation du pays où ils résident. Ce n’est pas un travail de journaliste mais celui d’un analyste qui dépasse le scoop et inscrit son action dans la durée.

Il est regrettable que, depuis des décennies, le budget des Affaires étrangères ait été diminué.

L’action diplomatique indépendante se construit dans l’unité de l’action. Il n’est pas acceptable que les régions entretiennent de véritables ambassades à Bruxelles, satisfaisant ainsi le désir inavoué de l’UE de briser les États-nations.

L’action diplomatique indépendante se construit dans la nécessaire confiance entre l’outil diplomatique et le président de la République.

Or, depuis plusieurs décennies, les présidents croyant tout savoir, après avoir reçu le soir quelques intellectuels idéologues, court-circuitent le ministre des Affaires étrangères et les ambassadeurs, pour pratiquer une diplomatie directe.

L’action diplomatique indépendante se construit surtout loin des utopies.

À ce titre, les envolées pétries d’euro-béatitude du président Macron irritent tous nos partenaires et sont vouées à l’échec.

L’action diplomatique indépendante se construit en veillant à ne pas tomber dans le piège de l’engrenage des alliances.

À cet égard, se pose la question de notre appartenance à l’OTAN dont la gouvernance est une organisation politico-militaire américaine qui poursuit des objectifs permanents en Europe : maintenir sous tutelle les pays européens, tout en désignant l’ennemi parfait, la Russie.

La Russie a le droit de dire que l’entrée de l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN est un casus belli ! Il est heureux que la France et l’Allemagne jugent que cette adhésion serait une faute géostratégique.

L’engrenage des alliances con­duit à édicter des sanctions multilatérales dont il est très difficile de s’émanciper ; dans le cas des sanctions contre la Russie, les mesures de rétorsion de l’OTAN et de l’UE ne font pas plier Moscou, mais ce sont des sanctions contre nos intérêts politiques, économiques, culturels et diplomatiques en Russie.

L’action diplomatique indépendante se construit sur les réalités internationales. Notre sécurité n’est pas mise en cause par la Russie. En revanche, l’Afrique est une bombe démographique à notre porte, traversée par des mouvements djihadistes de plus en plus agressifs qui déstabilisent les pays africains les uns après les autres.

L’action diplomatique indépendante se construit enfin par le soutien des forces armées nationales à la politique étrangère : le monde des bisounours n’existe pas !

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