Réflexions sur les émeutes de Charlottesville

Réflexions sur les émeutes de Charlottesville

Je ne sais pas si l’Amérique est devenue folle ou si ce sont nos journalistes, qui en donnent une image caricaturale.
Je penche plutôt pour la seconde hypothèse.

J’ai vécu trois ans aux États-Unis ; il y a plus de trente ans certes, mais je crois connaître assez bien les Américains, car un peuple ne change pas fondamentalement en si peu de temps.

On nous présente ici une Amérique révulsée par le comportement de son président qui approuverait les excès de fascistes d’extrême droite.

Pensez donc, il ose renvoyer dos à dos, jusqu’à plus ample informé, les protagonistes des affrontements de Charlottesville.

C’est, à mon avis, une attitude pondérée qui, jusqu’à conclusion d’une enquête, plaiderait plutôt en sa faveur.
Pas chez nous.

Toute la presse, en tout cas de l’extrême gauche au « Figaro », que certains imaginent encore de droite, se déchaîne contre lui.
Mais l’Amérique, ce n’est pas qu’un électorat pas encore remis de la défaite de Mme Clinton !

Si l’on se donnait la peine de remonter à la source de ces incidents, on découvrirait que c’est une campagne de la gauche américaine (issue des démocrates) qui a joué les incendiaires.

Qu’est-ce qu’il leur a pris de vouloir retirer du paysage public américain les symboles forts de la lutte du Sud confédéré contre le Nord unioniste ?

Il y a aussi des symboles forts nordistes qui, eux, ne choquent personne.

Le souvenir de la guerre de sécession, que les Américains appellent plus justement la guerre civile, était entré depuis longtemps dans une mémoire collective apaisée, qui prenait acte d’un événement majeur de son histoire, sans chercher à savoir qui avait tort ou raison.

Plus de 150 ans après, tout ça n’a aucun sens.

À l’approche de la fin de ce conflit, Lincoln lui-même pensait déjà à la nécessaire réconciliation à venir.

Vouloir aujourd’hui abattre une statue du général Lee, à la réputation sans tache, et sans doute le meilleur chef militaire de tout le conflit, ne pouvait apparaître que comme une provocation gratuite.

Même le maréchal Foch, commandant suprême allié à la fin de la première guerre mondiale, lors d’un voyage aux États-Unis en 1921 a demandé à être conduit sur sa tombe pour lui rendre hommage.

Imagine-t-on un maréchal républicain honorant un esclavagiste ?

Maintenant, l’hystérie s’emparerait, d’après ce qu’on nous dit, d’une partie de l’Amérique. « On déboulonnerait » partout.

Le maire de New York aurait même fait retirer une plaque au nom du maréchal Pétain.

Évidemment, les ignares applaudissent en oubliant que ce souvenir, mis en place en 1931, honorait un des grands chefs militaires de la première guerre mondiale.

Je serais surpris que les choses en restent là.

J’ai connu des « sudistes » qui, sans nourrir les pensées sécessionnistes de leurs aïeux, avaient encore une certaine attache pour ce passé dont ils n’avaient pas à être honteux ; et afficher occasionnellement le drapeau confédéré ne leur paraissait pas un manque de patriotisme américain.

Ils pensaient être devenus comme les autres. Je crains que, là, ils réalisent qu’aux yeux de certains, ce n’est pas le cas.

Comment réagiront-ils ? La boîte de Pandore a été ouverte par des irresponsables.

Partager cette publication

Comments (4)

  • François THEOBALD Répondre

    En Allemagne le nombre de statues de Bismarck est assez élevé ; il existe aussi de nombreuses places et rues dénommées ainsi, sans compter les ponts et les plaques commémoratives ! Cependant personne ne conteste que Bismarck fut un grand personnage de l’Allemagne, malgré son goût pour la guerre. Bismarck, tout brutal qu’il fût, reste donc un personnage dont la mémoire reste présente à tous les Allemands pour d’autres mérites. Et pourtant son gouvernement a conduit à la guerre Franco-Prussienne avec les conséquences que l’on sait (par ricochet la première guerre mondiale et par effet domino la deuxième guerre mondiale).
    La cause de Lee est beaucoup plus simple : il n’a fait que défendre le droit d’un Etat à être respecté au sein d’une Confédération. Aujourd’hui on parlerait de subsidiarité.
    En Europe aussi la subsidiarité est en principe constitutionnelle ; elle devrait être respectée mais elle l’est de moins en moins. Toujours la boulimie impériale qui s’empare des esprits bafouant l’autonomie de la pensée politique des Etats.
    En France le même virus d’étouffement des idées locales, des petites entités politiques fait ses ravages : création de communautés de communes contre les vœux des habitants, transformation des communautés de communes en communautés d’agglomération, métropoles, regroupements des régions qui avaient une signification provinciale en super-régions qui n’ont plus de sens.
    Et pour tout gâter la réduction de l’enseignement de l’histoire à des miettes sèches.
    Si les US sont en marche vers la paupérisation de leur histoire, nous, Français, nous y allons tout droit, aussi ; c’est grave et il nous faut absolument restaurer un enseignement de l’histoire française et mondiale qui soit riche pour que la France vive forte grâce à de solides racines et une bonne mémoire des leçons du passé ici comme à l’étranger.
    François THEOBALD

    26 août 2017 à 15 h 12 min
  • RAYNAUD Répondre

    La droite n’existe plus dans les médias de la bien-pensance. Il y est interdit de croire en Dieu. Le creationisme y est considéré comme de l’obscurantisme “médiéval”, époque d’où vient tout le mal. Et pourtant, ce fut l’époque du développement de la catholicité en FRANCE. Quel obscurantisme, maintenant, on sait, nous venons d’un trou noir pour y retourne en nous faisant incinérer. Dommage, mais je crois en Dieu , à la résurrection de la chair, en ces nobles perspectives dont les baveux médiatiques ricanent mais par où il passeront qu’il soient menteurs de la presse de gauche ou du figaro.

    26 août 2017 à 7 h 50 min
  • Roban Répondre

    “Je ne sais pas si l’Amérique est devenue folle ou si ce sont nos journalistes, qui en donnent une image caricaturale.
    Je penche plutôt pour la seconde hypothèse”
    Je partage tout à fait votre point de vue.

    21 août 2017 à 23 h 31 min
  • Roban Répondre

    “Toute la presse, en tout cas de l’extrême gauche au « Figaro », que certains imaginent encore de droite, se déchaîne contre lui.”
    Effectivement, j’imaginais le Figaro de droite mais cela fait quelque temps que j’ai eu des doutes !

    21 août 2017 à 22 h 37 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *