Réforme : l’exemple du Wisconsin

Réforme : l’exemple du Wisconsin

Toutes les sociétés con­temporaines sont au­jourd’hui confrontées à une dualité porteuse de crises, voire de drames. C’est celle des deux secteurs, privé et public, recouvrant deux sphères d’activités, celles qui sont soumises à la concurrence et celles qui ne le sont pas.

Que ces deux secteurs soient ou non intrinsèquement différents par nature importe assez peu ici. Ce qui compte – et ce qui fait que des décisions urgentes et difficiles doivent être prises –, c’est la divergence grandissante entre les rémunérations, y compris avantages sociaux et droits à pension, des uns et des autres.

Chaque année, si on ne fait rien, l’écart se creuse. Pour une raison facile à comprendre : il est plus facile, pour un syndicat, bénéficiant d’un monopole ou au moins subventionné, de négocier avec les politiciens qui sont à la tête d’un pouvoir exécutif, que cela ne l’est pour un autre, souvent peu représentatif, dans une entreprise exposée au vent de la concurrence mondiale, et donc, indirectement, aux bas salaires chinois !

Cette divergence n’est pas nouvelle. Simplement, elle s’accélère. L’écart entre les avantages du public et du privé, longtemps au détriment du premier, se creuse désormais à son bénéfice. Au point d’en être scandaleuse. On a par exemple calculé qu’un euro de cotisation payé en France par un fonctionnaire pouvait lui rapporter deux à trois fois plus que le même euro payé par un salarié du privé…

Cette situation, pour injuste qu’elle soit, ne choquerait que les envieux, si elle n’était pas tout simplement insupportable. D’autant qu’évidemment le nombre des fonctionnaires a tendance à croître en même temps que le coût de chacun augmente. En France, les salariés de la sphère publique sont à ce jour au nombre de sept millions. 25 % de plus qu’il y a vingt ans !

Il faut donc tout à la fois réduire la sphère publique et supprimer les avantages exorbitants de ses agents.

Plusieurs méthodes sont possibles.

La scandinave (Allemagne comprise) : les syndicats, dont la vocation est de défendre les intérêts de leurs mandants sur le long terme, acceptent de remettre en cause des éléments devenus aberrants du contrat social.

L’anglo-saxonne du nouveau monde (Canada, Nouvelle-Zélande, Australie) : un consensus politique se forme sur des objectifs de réforme, on en débat longuement et on passe à l’action, en utilisant à la fois le rabot et la hache…

Celle de l’autruche : on attend que des événements extérieurs viennent obliger aux réformes, dans l’urgence. C’est le cas de la Grèce, de l’Irlande, de l’Islande, du Portugal, de l’Espagne.

La voie démocratique pure et simple. Soit avec l’exemple de la Suisse et sa démocratie directe (voir page 8). Soit avec l’exemple de la Grande-Bretagne dirigée par David Cameron. Et, depuis jeudi dernier, 10 mars, celui de l’État américain du Wisconsin.

Porté par la vague du Tea Party en novembre dernier, un gouverneur républicain, Scott Walker, a été élu dans cet État réputé démocrate et a pris ses fonctions le 3 janvier 2011.Comme il avait promis de rétablir un budget en équilibre, sans augmenter les impôts, il a décidé, avec sa majorité, de remet­tre en cause le statut des fonctionnaires de son État : aussi bien le monopole syndical de la négociation des conventions collectives, que les cotisations réduites de couverture maladie et de pensions de retraites.

À la stupéfaction générale des médias, aux États-Unis comme en Europe, scandalisés qu’un élu puisse si tôt tenir ses promesses !

Le prochain gouvernement de la France aura le choix : suivre l’exemple du Wisconsin. Ou attendre que celui de la Grèce s’impose…

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Comments (6)

  • duforest Répondre

    Article tout a fait excellent mais ce malaise de la destruction de l’economie imposee par le colectivisme gauchiste se traduit par un virage encore plus a gauche.Il faudra attendre un autre Reagan en France pour remettre de l’ordre.

    21 mars 2011 à 13 h 31 min
  • grepon Répondre

    C’est avec l’arrivée de Reagan qu’a commencé aux USA la guerre "anti-unions",

    Euh, non.  Ca, c’etait une bataille contre un seul union, le PATCO, syndicat des controlleurs de l’air, qui n’avait pas droit a la greve.   C’etait une affaire de loi federale, d’aillieurs.   

    Au niveau des etats et localites, il n y avait aucune reduction de niveau de syndicalisation depuis, et dans les etats qui se trouve dans le pire etat, il y avait generalisation de syndicalisation du service publique.  

    Alors, au contraire, depuis Reagan, le phenomene s’est empire serieusement, donnant dette impayable, stagnation, et revolte des imposes, pour ne pas parler des acheteurs d’obligations.   La cause?    Trop de syndicalisation.    La guerre proprement dit a commence au Wisconsin.   

    Jusquici les Demoncrats ont pu compter sur sous versements obligatoires par travaillieurs obligatoirement syndicalisees du service public dans cet etat.   Ensuite, les elus ainsi pompes au pouvoir se trouvait du cote des syndicats coup sur coup, a chaque nouvelle demande de nouveaux acquis, au dela des capacites de imposes de l’etat a paye, et au dela des desirs des acheteurs d’obligations a financer les deficites qui se creusait.   

    Les Republicans au Wisconsin ont explique bel et bien leurs intentions aux electeurs avant le Novembre 2 dernier que l’ecrasement des syndicats publique ferait partie integrale de leur plan de sauvetage de l’etat, et nous y sommes, facon democratique avec un "d" sans majuscules facon republicaine avec un "r" sans majuscules.

    Meme FDR a compris les risques associees a la syndicalisation du service publique, et s’est prononce contre sans macher ses mots.   Il est de meme avec plusieurs figures important dans l’histoire du mouvement syndicale dans la privee aux Etats Unis, du genre George Meany.

    18 mars 2011 à 20 h 23 min
  • ozone Répondre

    Grepon

    Dans le monde  enchanté des bisounours tout ça est bel et bien.

    C’est avec l’arrivée de Reagan qu’a commencé aux USA la guerre "anti-unions",la suite n’est pas trés probante,baisse de salaires et endéttement maximal de la population pour maintenir les taux de crissance avec a térme le désastre de 2008;

    17 mars 2011 à 13 h 20 min
  • HOMERE Répondre

    On s’en fout de ce qui se passe aux States…..qu’ils aillent au diable, qu’ils se débarrasent de leur Président nul aux prochaines élections.Avant celà,ils écrasent et se prosternent devant les nouveaux maîtres du monde….

    17 mars 2011 à 12 h 02 min
  • grepon Répondre

    Oui, c’est ca ozone, les fanas du "tea party" sont des "neocons" de la guerre d’Iraq….   Ce serait pas inutile de suivre les evenements en V.O. avant de commenter.

    Par aillieurs, il y a un veritable difference d’importance entre la negotions entre management et salaries syndicalisees suivant si c’est un syndicat service publique ou un syndicat dans l’industrie privee.  

    Effectivement, le manageur dans le secteur publique est le plus souvent du meme cote que le syndicat!    Quand les politiciens donnent plus d’acquis et avantages lors de negotiations, le syndicat lui donne de l’argent et du support lors de sa campagne electorale, tiree de la collecte automatique et obligatoire des parts de salaire des employees publiques.

    Dans le cas du secteur privee, le management ne recoit aucune recompense pour donner plus aux syndicalisees.   Aucune.    Les interets du management et du salairie pro-syndicat sont tres naturellement opposees.   Ca fait parti des pourquoi des geants du gauchisme americaine tel que FDR, rien de moins, se sont prononces tres strictement contre l’existence meme de syndicats de service publiques.   Ils etaient formellement contre ca, du fait des abus et entorses tres evidents que ca soustend, bien que tres fameusement positivant sur le syndicalisme dans la privee.

    Cela, c’est le but du mouvement contre le syndicalisation du service publique au niveau des etats, dont le Wisconsin et l’Indiana actuellement.   D’aillieurs, il y a maintenant un projet de loi au Senate sensee etablir un loi "Right to Work" imposant la liberte de travailler sans devoir de faire parti d’aucune "union"(syndicat).   Ca existe deja dans 22 etats, et ces etats la font meillieur figure aujourdhui lors de cette crise economique sans precendente.       Le Right to Work, comme par exemple le "Concealed Carry" de pistoles, ca marche, et donc c’est en marche.

    17 mars 2011 à 2 h 24 min
  • ozone Répondre

    Aux USA les néocons tout en coupant les ressources  se sont toujours retrouvés a la sortie avec des ardoises salés.

    Preuve que les choses e sont pas aussi simples

    16 mars 2011 à 16 h 32 min

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