Retour dans l’OTAN: pour quoi faire?

Retour dans l’OTAN: pour quoi faire?

Nicolas Sarkozy a annoncé au début de l’année son désir de voir la France rejoindre le commandement intégré de l’OTAN. On ne peut nier que, grâce à Sarkozy, la France a abandonné son absurde anti-américanisme cocardier. Absurde, non pas au sens où il serait absurde de s’opposer aux États-Unis; mais au sens où il est grotesque de venir faire la leçon aux Américains, pour, quelques jours après, courir dans leurs jupons pour se mettre à l’abri des diverses menaces internationales.

Que Sarkozy en ait fini avec ce comportement infantile est tout à son honneur. Cela légitime-t-il pour autant le retour dans le commandement intégré? Il ne me semble pas.

Il serait trop facile d’utiliser l’argument ad hominem: Sarkozy se déclare gaulliste, donc il est mal placé pour revenir sur la décision de De Gaulle de sortir de l’OTAN. Cet argument, que je vois fleurir un peu partout, me semble incompréhensible. Les circonstances ne sont pas les mêmes. Et j’imagine que, même pour les gaullistes (je n’en suis pas…), le Général ne devait pas être infaillible !

Pour ma part, je vois trois arguments contre le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

Tout d’abord, la légitimité même de l’OTAN est problématique. Cette organisation défensive a été bâtie en opposition au Pacte de Varsovie. Elle est devenue une organisation offensive, comme elle l’a montrée en ex-Yougoslavie. Et elle n’est plus dirigée contre la menace soviétique. Je ne prétends évidemment pas que le monde n’est plus dangereux, et je ne vois aucun inconvénient – au contraire – à ce que les Américains et leurs alliés se défendent, mais l’OTAN me semble assez mal adaptée à l’état actuel du monde.

Deuxième argument: celui de l’efficacité. Tous les partisans du retour dans le commandement intégré nous ont affirmé que les décisions s’y prenaient à l’unanimité et que nous n’avions donc rien à craindre.
D’abord, il s’est déjà vu que des interlocuteurs importants obtiennent des unanimités de façade en faisant pression sur leurs interlocuteurs plus faibles. Mais, là n’est pas la question. Le peu que je connaisse à la situation internationale actuelle me laisse penser que la principale menace contemporaine est terroriste et liée à l’islam radical. Imagine-t-on alors qu’il soit sage d’avoir un gouvernement sympathisant de l’islam radical (la Turquie en l’occurrence), capable de poser son veto à toute intervention? C’est donc soit que l’OTAN ne sert à rien, soit qu’il y a moyen de contourner la règle de l’unanimité, soit encore que l’OTAN n’estime pas que l’islam radical soit une menace, auquel cas on aimerait en savoir plus sur la vision géopolitique de l’organisation.

Dernier argument: je ne vois ce que la France va gagner à ce retour dans le commandement intégré de l’OTAN. NOus sommes déjà membres de l’organisation; nous n’aurons ni plus ni moins voix au chapitre. Bref, quel est l’intérêt?
Faute d’avoir des réponses, sur la légitimité, l’efficacité et l’intérêt, je reste pour le moment très réservé sur cette décision présidentielle.

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Comments (6)

  • Jean-Pierre Répondre

    ne t’inquiètes donc pas sas, nous quitterons bientôt l’otan pour intégrer la ligue arabe, ce n’est plus que l’affaire de quelques années.

    16 mars 2009 à 23 h 31 min
  • UN chouka Répondre

    Je me demande si L’OTAN, n’est pas une manière d’imposer du matèriel fabriqué par les USA,alors que notre intéret est de le fabriquer nous meme ,plutot que de nous endéter encore plus ?

    16 mars 2009 à 14 h 08 min
  • Ben Répondre

    Retour dans l’Otan: pour quoi faire? Pour grossir l’armée des oppresseurs en Occident.

    14 mars 2009 à 22 h 27 min
  • sas Répondre

    les français auront ainsi le droit d être e, 1 ere ligne dans le prochain conflit qui ne les copncernent pas…en IRAN peut être….

    sas

    13 mars 2009 à 2 h 12 min
  • Magny Répondre

    Ce qui est embêtant avec des machins comme l’OTAN et l’union européenne , et l’union méditerranéenne , etc etc etc , c’est que la signature de la France l’enchaîne dans le temps sur des principes rigides décidés avec beaucoup trop d’interlocuteurs , alors que c’est celui qui est le plus réactif , le plus souple , qui arrive toujours à tirer son épingle du jeu . Ce n’est pas que l’on ne peut pas conclure des alliances , mais par pitié : les moins contraignantes possibles ! Que l’on arrête de signer tout et n’importe quoi : sur les bébés phoques , l’ozone , la couleur d’une pièce . Il y a plus urgent et plus fondamental à faire : on y perd son temps , et surtout son efficacité , sa puissance .

    Intelligence , souplesse , réactivité : tous les grands noms de l’histoire doivent leur immortalité à ces qualités : suivons leur exemple !

    Dix ans pour obtenir la baisse de la TVA dans la restauration , franchement , qui peut appeler ça une victoire ? Quel général pourrait se féliciter d’une réserve qui arrive sur le champ de bataille en retard ? ( on sait ce que ça a donné à Waterloo avec Grouchy ! )

    12 mars 2009 à 18 h 09 min
  • sdez Répondre

    Bon résumé…J’y vois surtout une grosse machine de guerre qui ne demande qu’à servir pour des intérêts bassement mercantilistes: la sécurité est privatisée aux Etats Unis, plus qu’en Europe…De plus il suffit de voir les réactions hostiles à la condamnation du Pdt soudanais: elles viennent de Chine et d’Afrique ! Qu’est-ce que ça annonce? Moralement pour moi c’est une forme de corruption de nos valeurs, par ailleurs je n’admets pas que les négociations de l’Europe avec la Russie se fassent sous tutelle américaine…

    Autre point: qu’en est-il de notre politique francophone? sur le continent africain??? Toute notre diplomatie semble partir en quenouille pour l’intérêt de qui? Eads? Dassault? N.S semble uniquement jouer les VRP pour les grands groupes…

    http://www.la-france-contre-la-crise.over-blog.com

    11 mars 2009 à 19 h 39 min

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