« Si tout se vaut, le cannibalisme n’est qu’une question de goût culinaire »

« Si tout se vaut, le cannibalisme n’est qu’une question de goût culinaire »

Cette boutade est attribuée au philosophe politique Léo Strauss (1899-1973).

Faut-il convoquer cette boutade à propos des réactions provoquées par la phrase de M. Guéant selon laquelle : « contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas » ? S’il n’existe plus de foyers de cannibalisme dans le monde, c’est à  l’évidence parce que les descendants des civilisations aztèques, tupinambas ou autres amérindiennes ont jugé et corrigé certaines pratiques de leur civilisation, pratiques qui« persistaient encore au début du XXe siècle en Afrique équatoriale ou dans les iles Fidji »(Wikipédia).

Pouvions-nous dire alors que ces civilisations en valaient d’autres ?

Les médias ont eu vite fait d’inscrire cette phrase dans l’annonce d’un « choc des civilisations » (Huntington) et un député, dans la démarche nazie de notre gouvernement. Une fois encore, est contestée par des censeurs la liberté de penser, de juger, de s’exprimer, même sur le plus banal des sujets de préoccupation de l’homme, sur un sujet ontologique : est-ce que je vis dans la meilleure des civilisations ? Dite autrement, la phrase de M. Guéant signifie que nous préférons notre civilisation à d’autres et que, pour le moment, nous ne voulons pas en changer. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous souhaitons combattre ou anéantir les autres.

Préférer sa civilisation, ce n’est pas s’interdire de réfléchir, et même de juger celle des autres, sauf M. Chirac qui « se refusait à juger les régimes politiques à l’aune de nos traditions, au nom de je ne sais quel ethnocentrisme ». Juger, n’est pas imposer notre modèle au monde.

Notre civilisation est fondée sur « l’universalité des droits de l’homme ». Cette notion résume tout. Le reste n’est que commentaires.

Or, nous ne manquons pas d’être étonnés que cette notion, inscrite dans le préambule de la charte de l’ONU, ne soit pas observée par cette institution, puisqu’elle accueille en son sein des nations qui nient les droits de la femme (excisions, polygamie, héritage…) ainsi que les préférences sexuelles, qui ne respectent pas leurs minorités ethniques (la liste est longue), qui interdisent la liberté de croire, de s’exprimer, de se convertir à une autre religion que celle dans laquelle on est né…et surtout que c’est cette institution qui prétend régler nos conduites.
Admettons que  « l’on ne fait de la politique avec de la morale » (Malraux), mais est-ce une raison de nous interdire de vanter notre civilisation, issue du« siècle des lumières » de la France, si souvent loué par d’autres nations ?

Partager cette publication

Comments (8)

  • WatsonCorsica Répondre

    Ce débat est complètement stupide pour l’excellente raison qu’il n’y a sur la terre qu’une seule et unique civilisation !

    les différences que l’on observe ( entre paléolithique et conquête spatiale ) ne sont que les étapes d’une même évolution où l’humain parvient progressivement à se rendre maître de son environnement grâce à la sédentarisation et au développement de sa capacité cranienne.

    C’est le développement du cerveau et l’évolution vers une société sédentaire qui permet et favorise l’évolution.

    Au bas de l’échelle on a les sociétés primitives de type nomade ( boite crânienne de 1250 à 1350 cm3 )

    au milieu de l’échelle on a les sociétés nomades sédentarisées depuis peu

    en haut de l’échelle on à les sociétés industrielles composés d’individus sédentaires ( boite crâniienne de plus de 1450 cm3 )

    je vous laisse deviner qui sont les représentants de ces 3 étapes….

    tout le reste n’est que verbiage ragnagna.

    Alors les Arabes, à quelle catégorie appartiennent-ils ?

    21 février 2012 à 15 h 23 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    goût "gastronomique" : parfois !
    nécessité pour survivre …parfois !
    croyance religieuse et/ou "culturelles": très fréquente !
    démence et /ou perversion : assez souvent  !
    il y a donc de nombreuses "raisons" de manger son prochain !

    21 février 2012 à 14 h 46 min
  • François Répondre

    @pi31416
    Il est en effet probable que notre anguille tentera une contorsion de ce genre, quitte à en faire une en sens inverse 2 interventions plus tard.

    21 février 2012 à 10 h 05 min
  • Anonyme Répondre

    François s’étonne de cette affirmation du camarade Zhores

    "Tout se vaut ne veut pas dire que tout est bien"

    Il y voit une contradiction.

    Mais non! Il n’y a pas de contradiction quand tout se vaut parce que rien n’est bien.

    Le camarade Zhores va nous confirmer, j’espère, que c’est bien ce qu’il entendait.

    20 février 2012 à 12 h 52 min
  • R. Ed. Répondre

    Pour Jojo, la différence entre cannibalisme (anthropophagie) et crémation tient sans doute à la cuisson.

    Trop cuit ou pas assez

    20 février 2012 à 11 h 10 min
  • François Répondre

     "Tout se vaut ne veut pas dire que tout est bien"…

    Extraordinaire! Jaures dit que tout se vaut mais fait une différence entre le bien et le mal…

     Et qu’est-ce qui est le mieux, d’après vous entre le bien et le mal, maître Jaures? Ou se valent ils? Et s’ils se valent, pourquoi faire une différence?

    19 février 2012 à 14 h 55 min
  • Lévy Répondre

    Très honoré que M. Jaurès ait rompu son silence pour me répondre. Nous ne jugeons pas la civilisation que nous avons vécue dans les siècles précédents. Nous comparons notre civilisation de 2012 avec celle des autres en 2012, et nous disons la préférer. "Chaque civilisation recèle sa part d’horreur", mais les unes tentent de la corriger tandis que d’autres persistent. Les droits de l’homme et de la femme, vous disais-je, le reste n’étant que commentaire.

    A cet égard, je suis surpris par votre exemple selon lequel les soldats d’Alexandre "furent choqués en voyant les indigènes manger leurs morts", quand "ces derniers furent épouvantés en apprenant que les Macédonniens brulaient les leurs". Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain, cannibalisme et crémation ne peuvent être mis sur le même plan. Tout ne se vaut pas !

    18 février 2012 à 9 h 22 min
  • Jaures Répondre

    Tout se vaut ne veut pas dire que tout est bien. Un observateur extérieur n’aurait-il pu dire au XVIIIème siècle que l’on brûlait ceux que l’on jugeait hérétique ou qu’en Amérique on torturait et pendait des "sorcières" comme à Salem en 1692. Peut-être les amérindiens se sont-ils réjouis que l’Occident aient "rectifié certaines pratiques de leur civilisation" comme persécuter et massacrer les Juifs (ce qui dura jusqu’au milieu du XXème siècle) ou d’entrainer dans des conflits mondiaux d’une violence sans nom des peuples qui ne demandaient rien.
    Chaque civilisation recèle sa part d’horreur. Et pour cause, toutes sont formées par des êtres humains. Il n’y a pas plus de "bons sauvages" que de "race supérieure".
    Quand les soldats d’Alexandre arrivèrent en Orient, ils furent choqués en voyant que les indigènes mangeaient leurs morts. Mais ces derniers furent épouvantés en apprenant que les Macédonniens brulaient les leurs.

    17 février 2012 à 15 h 03 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *