Snowden : traître et non héros

Snowden : traître et non héros

Sorti cet automne dans les salles, le dernier film d’Oliver Stone, « Snowden », a deux buts : 1) persuader que l’ex-agent des services secrets américains réfugié en Russie depuis 2013 est un héros qui aurait agi par altruisme et 2) amener Obama à lui accorder une « grâce présidentielle » avant son départ, ce qui couperait court à toutes poursuites.

Or, contrairement à ce que croient les adolescents jeunes et moins jeunes fascinés par Ayn Rand, le vrai Snowden n’a pas « rendu service » à ses compatriotes.

Ex-employé de la CIA, puis lié par contrat à la NSA, Snowden est un as de l’informatique (mais tout de même pas le génie supérieur que filme Stone) qui a dérobé des milliers de données classées haute sécurité pour les livrer à la presse.

S’il remet les pieds aux États-Unis (on ne sait toujours pas pourquoi il s’est tourné vers la Russie, mais son visa expire en 2017), la justice l’attend, avec plusieurs chefs d’accusation : vol de la propriété du gouvernement fédéral et espionnage au service de l’étranger – tout cela passible de la peine de mort.

Mike Pompeo à la CIA et le gé­néral Flynn à la Sécurité Na­tionale, fraîchement nommés par le président-élu, ne trouvent pas la Loi sur l’Espionnage de 1917 « démodée ». Bien qu’écrite il y a près de 100 ans, elle n’a pas pris une ride.

Bien sûr, il faudra examiner le cas Snowden dans le détail.

D’abord voir s’il est à l’origine de l’application Telegram, créée par deux jeunes informaticiens russes, curieusement en… 2013. L’un d’eux, Pavel Durov, était très admiratif de Snowden. Très prisée des terroristes islamistes pour sa rapidité et son opacité quasi-totale aux services secrets, Telegram comptait parmi ses milliers d’usagers un homme découvert par les services français, Rachid Kassim, recruteur pour le djihad et lié aux meurtres qui ont endeuillé la France l’été dernier : le couple de policiers près de Paris le 14 juin, le prêtre de St-Etienne du Rouvrais le 14 juillet, l’attentat au camion de Nice.

Que Snowden soit responsable ou non de Telegram, plusieurs membres du Comité de surveillance de la Chambre des re­présentants des États-Unis (au­quel Snowden aurait dû se con­fier en premier) pensent que les fuites volontaires et massives révélant les techniques de surveillance ont permis à Al Qaïda et à l’État islamique d’échapper aux systèmes de détection des services de renseignement occidentaux, et ont ainsi favorisé la tuerie du Bataclan en novembre 2015.

À supposer que Snowden soit étranger à ces crimes-là, il n’en reste pas moins que son action met en péril plusieurs sortes de personnels : militaires en mission, agents infiltrés, diplomates… Une fuite apparemment anodine peut, ou a déjà pu, signifier pour d’autres une peine de mort. Au regard de telles conséquences, les principes « moraux » invoqués par Snow­den, « protéger la vie privée de millions de citoyens des invasions étatiques inconstitutionnelles », ne font pas le poids. De plus, en vertu du Patriot Act du 26 octobre 2001, ces ingérences sont légales.

Snowden est-il un espion à la solde de Poutine ? La CIA le pense, car son comportement est assez troublant depuis son stage à Genève en 2007, et il a été réprimandé à plusieurs reprises pour être entré « par inadvertance » dans des systèmes.

On a aussi découvert qu’il a souvent menti ou enjolivé : sur sa santé, sur son statut hiérarchique, sur ses talents… Il n’est donc pas exclu qu’il ait pu agir par narcissisme et paranoïa, ou par pure vanité.

L’affaire montre à quel point l’Amérique est vulnérable, et nous Européens aussi, aux actions des hackeurs, des lanceurs d’alerte auto-proclamés et à une guerre cybernétique en règle. L’affaire souligne aussi la négligence et l’insouciance criminelle de l’Administration O­bama et l’ampleur des restructurations à effectuer dans les services secrets qui sont revenus à l’état d’avant le 11 Sep­tembre.

L’affaire Snowden est un problème de plus que le laxisme d’Obama a aidé à créer.

Le traître Snowden pourrait être l’objet d’une négociation fine entre Trump et Poutine, une des toutes premières de l’Admi­nistration Trump.

À condition qu’Obama écoute le Congrès, pour une fois unanime et bi-partisan, et ne gracie pas Snowden…

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Comments (8)

  • Captain Obvious Répondre

    Mon dieu. Et ça se prétend journaliste.

    1) Vous devez pas connaître grand chose en informatique
    2) Faut se renseigner sur Telegram, les Russes peuvent aussi aller aux USA, cf VKontact.
    3) Facile de faire des constats accablants après coup. S’il avait été un espion à la solde de Poutine, jamais on lui aurait tendu de tel accréditation, surtout depuis 2007.

    Vivement que les gens de votre génération s’éteigne.

    19 décembre 2016 à 14 h 42 min
  • Ronald Répondre

    La RTBF la chaîne publique belge presente le film comme “obligatoire”, révélateur du fait que les USA ont un regime totalitaire à côté duquel celui d’Orwell dans 1984 c’est de la rigolade ( sans rire !!!) et offert une interview d’Olivier Stone où comme d’hab il dit toute sa honte d’être citoyen d’un pays qui cherche à dominer le monde par les moyens les moins avouables.
    Le pompon c’est que tous JT des chaines publiques ont relayé cette interview et les commentaires approbateurs.

    7 décembre 2016 à 20 h 09 min
  • Joslain Répondre

    “La cruelle tigresse pro-Trump” adore son nouveau surnom.
    Merci pour cette trouvaille!

    6 décembre 2016 à 19 h 49 min
  • Jaures Répondre

    Silence, Jacky, je viens juste de terminer mon caviar et suis en attente du homard à la cantine des comandants en chef.

    4 décembre 2016 à 20 h 00 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Si un citoyen soviétique ou si un citoyen russe sous Poutine avait rendu ou rendait publiques des informations de ce ” caractère “, serait il un héros ou bien serait il un traitre aux yeux de cette dame *** qu’ aveugle un esprit partisan ? c’ est bien là la question qu’ il faut … se poser en … RealPolitik

    *** du niveau de Ségolène

    4 décembre 2016 à 17 h 17 min
  • Jacky Social Répondre

    Allez Jaures, un peu de nerf quoi. On attend vos idees pour secourir le pooof Snowden des griffes de la “cruelle tigresse” pro-Trump Evelyn Joslain.

    4 décembre 2016 à 16 h 10 min
  • BRENUS Répondre

    Quand on veut tuer son chien on dit qu’il à la rage !

    3 décembre 2016 à 16 h 46 min
  • A. F. Répondre

    Comme d’habitude, venant de l’agent de la CIA, E. Joslain, un point de vue totalement aberrant et partisan.

    3 décembre 2016 à 11 h 11 min

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