Syrie, Grèce, Iran, Marine : les démocraties sont-elles folles ?

Syrie, Grèce, Iran, Marine : les démocraties sont-elles folles ?

Selon Amnesty International, que l’on a connue plus écoutée des médias, on tue et on torture 7 000 prisonniers dans la démocratique Lybie libérée par son peuple et surtout par l’OTAN. Et le TPI a le toupet de réclamer des prisonniers – les fils du tyran ! – à juger, comme une hyène mal élevée qui dispute les restes laissés par les félins.

C’est la même révolution que l’on voudrait instaurer en Syrie : on arme les rebelles d’Homs quand on n’envoie pas directement de conseillers militaires dans la vieille tradition de Charlie Wilson. Alors prendront le pouvoir les frères musulmans qui pourront écharper tous les chrétiens qu’ils voudront, comme en Irak. Et peu importe si le fils Assad était il y a peu invité d’honneur au défilé du 14 juillet. Et peu importe si l’on a vu des foules de Syriens saluer le diplomate russe venu rassurer leur pays soumis à un bombardement de bonnes intentions, comme l’Irak ou le Vietnam où elles firent trois millions de morts. Quand on est démocrate, on ne compte pas : demandez aux rebelles du sud confédéré, c’est là-bas que tout a commencé. Les sudistes ont essuyé après leur capitulation sans condition, la première du genre, 14 ans d’occupation militaire, de pillages et de brimades.

Assad est décrété monstre vivant, et on lui attribue toutes les morts possibles et imaginables, comme Ceausescu auquel on attribue en décembre 89 trente mille cadavres écorchés vifs à Timisoara dans la grande tradition du cirque Dracula. Lui-même est alors jugé et abattu comme un chien et l’on applaudit – je me souviens de la manchette de l’Huma, à se tordre de rire – à grand bruit. Je ne suis pas prêt non plus d’oublier cette image de la fatma islamiste qui arrive en grand appareil devant le cadavre de Kadhafi et se photographie, la souillon, avec son gadget Apple ou Samsung. Quand la démocratie devient de l’humanité comme ça, on a du souci à se faire. Encore que… il suffit de se rappeler les massacres de septembre (1792 !), de la Vendée et de Marie-Antoinette, ou de relire du Marat pour ne pas se rassurer.

Dans la foulée, on nous promet d’atomiser l’Iran avec des armes incroyables qui iront chercher jusqu’au centre de la terre la centrale cachée par le colonel Olrick ! L’Iran, n’est-ce pas, est une dictature et les dictatures atomisent à tout-va. C’est fou d’ailleurs comme le nucléaire devient impopulaire en ces temps de règne des pétromonarchies arabes.

Un, l’Iran n’est pas une dictature, c’est un pays où l’on conteste, comme en Floride (vous vous souvenez ?) les élections qui ont mis au pouvoir un président dont l’occident (ce qui va tomber, en latin) ne veut pas ; deux, c’est bien une démocratie et des savants bien démocratiques qui ont atomisé le Japon en 45 et ont regretté (dixit Oppenheimer) de ne pouvoir en faire autant sur l’Allemagne déjà rendue, Allemagne dont les savants – Heisenberg en tête – ont refusé de se prêter au jeu atomique, alors qu’ils étaient plus avancés dans ce domaine comme dans les autres. Il est évident que l’Iran ne lâcherait pas de bombe atomique sur qui que soit, mais on veut y croire pour détruire ce qui reste du monde. Mieux vaut Qatar que jamais. Le nucléaire empêchait de faire la guerre, le pétrole l’encourage au quotidien : il veut du sang, le pétrole. Du sang dollar le baril en attendant plus.

Le Grèce, ensuite. Pays fondateur de la démocratie… mais relisez Démosthène (l’excellent Discours sur les réformes publiques –la syntaxè – , édifiant, vraiment) et vous saurez ce qu’il en coûte de vivre en démocratie : 20 000 citoyens avachis devant leur théâtre et payés pour aller voter, 400 000 esclaves, des mercenaires pour se battre, un empire semi-colonial taillable et corvéable à merci, et une grosse logorrhée belliqueuse incessante.

Si j’ai bien compris ce qui se passe en Grèce : on leur demande de licencier les fonctionnaires et de payer tout le monde 500 euros par mois (dans un pays où la vie est chère comme à Paris), pour leur prêter 500 milliards d’euros que l’on sort d’on ne sait où, via le jeu de cartes du Goldman boy Draghi. On se moque de qui ? Mais le public aime ça.

L’occident va enfin mériter son nom. L’occident c’est ce qui va tomber. Et l’on verra après si, comme dit Heidegger, c’est ce qui se tient plus près de l’origine.

Plus près de nous, un pays qu’on appelait la France. Une candidate dite d’extrême-droite, qui vaut 20% au premier tour et 40 au second, n’aura pas ses 500 signatures dans un mois, et tout le monde trouve cela très bien. On considère en haut lieu comme déjà entendu qu’elle ne les aura pas, et on menace ceux qui après, pourraient ne pas être contents. A quand des camps pour collabos ? On y mettra les citoyens Juifs qui votent FN, ce sera exemplaire !

Menaçante, la presse (Libération) donne le nom des politiques menacés qui n’auront pas donné leur aval à ladite candidate ! A quand le nom des électeurs ? Et Le Monde laisse la parole à tous les déjantés qui trouvent que « la démocratie n’a été que trop patiente jusque là, que pas d’ennemis pour les ennemis de liberté, que le front impérialiste et vendu au mikado doit être châtié », etc. On nage en plein borborygme stalinien ou terroriste (du mot Terreur, expression du génie de la France en son temps), et l’on doit se taire.

On estime et l’on n’a pas tort, en un temps post-historique où les gens ne savent plus s’ils sont vivants (Soljenitsyne encore et toujours), que personne ne se rappellera du scandale, pardon de la juste mesure. Céline dit autrement, et en mouvement : « tout le monde content, le même film dix fois de suite les ravissait. Ils n’avaient pas de mémoire ».

Pendant ce temps, on menace aussi d’autres petits pays, Ukraine, Hongrie, Argentine ou Serbie. Tout cela se passe au moment où bien sûr l’Amérique est à la ramasse, la France et la Grande-Bretagne aussi, tant du point de vue financier que militaire. Le gâtisme n’empêche pas une dernière volonté de nuisance du vieil incontinent à la dérive, au risque de heurter Russie, Chine et le reste du monde : « les vieillards se targuent de donner de bons préceptes pour n’être plus en état de montrer le mauvais exemple », explique La Rochefoucauld.

L’occident, c’est ce qui va tomber.

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Comments (6)

  • Suzan Répondre

    Aux  "petits malins sionistes" déguisés en nationalistes français qui étalent leur haine dans les commentaires de ce site envers la République Islamique d’Iran je répond que revenant de Téhéran (motif professionnel) j’ai été moins dépaysé qu’en Turquie (de l’Otan) où vous et vos amis identitaires "anti-Islam" allez passer vos vacances au milieu des innombrables mosquées! En Iran patrie des Aryens du sud on se croirait en Andalousie: le paysage est sublime, la population chaleureuse… Si les femmes âgées sont habillées de noir en revanche les jeunes femmes avec leurs foulards colorés et vêtues de magnifiques habits décents sont parmi les plus belles du monde… Vous les supporters des tueurs en série wahabo-salafistes infiltrés en Syrie et ailleurs vous osez encore la ramener après le Vietnam et l’Irak (deux millions de morts, la plupart civils), il faut ajouter à cela le nettoyage ethnique massif de la Palestine érigé en projet national sioniste par Israhell "démocratie moderne" depuis 1948, votre géostratégie consistant à ravager le noble pays des Perses et à assassiner ses chefs légitimes est voué à l’echec, c’est certain. Vous ne nous referez pas le coup de la Libye en Syrie car le Président Bashar el Assad a déjà gagné la partie et si vous, américano-sionistes, agressez militairement l’Iran de l’indestructible Président Mahmoud Ahmadinejad et de Sayed Ali Khamenei le sage voici un conseil pratique: agrandissez considérablement vos cimetières militaires pour enterrer vos soudards!

    13 mars 2012 à 9 h 26 min
  • WatsonCorsica Répondre

    Nicolas Bonnal, c’est ce qui va tomber…

    S’il n’aime pas la démocratie, de quoi se plaint-il ? 

    n’a-t-il pas encore compris que c’est à la démocratie qu’il doit sa capacité à élever sa voix comme il le fait ?

    21 février 2012 à 15 h 08 min
  • serge boisvert Répondre

    "Il est évident que l’Iran ne lâcherait pas de bombe atomique sur qui que soit, mais on veut y croire pour détruire ce qui reste du monde."

    EVIDENT?

    Le régime actuel en Iran a commandité une vague d’attentat de 1985 à 1986 en France et l’auteur serait prêt a lui laisser la bombe atomique?  Et au moment où les relations de la France avec sa minorité musulmane vont de mal en pis?

    Car disons-le franchement : si les Islamistes en venaient à menacer les pays européens avec la bombe atomique (qu’ils pourront vraisemblablement introduire, les frontières européennes étant les passoirs que l’on sait) si certains refusent l’instauration progressive de la charria, vous verriez que même les Marine feraient des dhimmis d’elles-mêmes!!! 

    L’Iran ne le ferait pas par peur de représaille? Je vous rappele que ces timbrés ont le culte des martyrs!

    Et l’Iran n’aurait qu’à nier superficiellement tout lien avec ces terroristes pour donner à la Russie et la Chine leur caution morale  pour la défendre en cas de représaille! 

    Et je me permet de vous rappeler ce que la France a subi en 1940-1944 pour avoir trop présumé du côté "rationnel" du régime nazi!  

    Et tout çà pour assouvir la puérile et suicidaire paranoia française contre la soit-disante "trinité infernale" sioniste/maçonnique/américaine…

    Certains savent tout sans rien comprendre… comme les Français connaissent leur histoire mais n’en ont rien appris…

    Serge Boisvert

     

    20 février 2012 à 23 h 33 min
  • Oeildevraicon Répondre

    Sœur "Ane"… D’orient ne vois-tu rien venir?

    18 février 2012 à 21 h 12 min
  • ozone Répondre

    Nous sommes l’Orient pour les gringos,et eux mêmes le sont pour les chinois,et ainsi de suite

    18 février 2012 à 3 h 02 min
  • Bourbonnaise Répondre

    Non, l’occident n’est pas ce qui va tomber, l’occident, c’est l’endroit où l’on voit le SOLEIL tomber dans l’océan. Pourquoi dévoyer ce beau mot ? C’est notre civilisation qui est en train de tomber comme vous le montrez. Il suffit de se rappeler la chute de l’empire romain. Nous vivons une pareille époque et nous tomberons sous les coups des Barbares à force de lâchetés et de renoncement. Mais l’occident sera toujours l’endroit où le soleil tombe dans la mer… pour reparaître à l’orient au bout de quelques heures, éternellement.

    17 février 2012 à 15 h 57 min

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