De la surprise, mais pas d’étonnement…

De la surprise, mais pas d’étonnement…

Les attentats du 13 novembre ont été une tragique surprise. Mais ils n’ont étonné personne…

Sans avoir quelque information que ce soit, nous di­sions ici même, le 16 octobre, qu’il fallait, pour assurer la sécurité des Français, prendre un certain nombre de mesures concrètes.

Et, le 30 octobre, nous ajoutions que, pour combattre Daesh – l’hydre que nous avons engendrée –, il fallait organiser une unique croisade et faire alliance avec tous ceux qui rejettent le nouveau califat terroriste.

Entre-temps, donc, la créature monstrueuse nous a frappés.
Force est d’abord de constater, non seulement que ses tentacules viennent jusque chez nous, mais encore qu’une partie de ses racines s’y trouve. Jusqu’au moment où les enquêteurs ont montré qu’au moins deux terroristes étaient arrivés chez nous avec le flot des réfugiés soi-disant syriens, les médias ont dit et répété que les assaillants étaient « Fran­çais » ou « Belges », précisant à pei­ne leur origine ou leur religion…

Tout à coup, le vieux débat, qui dure depuis plus de deux siècles, entre partisans du droit du sol et du droit du sang, prend un tout autre éclairage. La question n’est plus académique, mais simple et triviale. L’ac­quisition automatique de la nationalité en application du droit du sol est une aberration. Elle n’est d’ailleurs pratiquée que par les pays qui sont, officiellement, des pays ouverts à l’immigration, même contingentée, comme les États-Unis ou le Canada. Et, quand un pays veut afficher qu’il ne l’est plus, il modifie sa législation dans le sens du droit du sang, comme l’Australie l’a fait. En ne revenant pas sur une réglementation introduite en 1889, en rupture avec le Code civil de 1804, la fausse droite a commis une lourde erreur.

Admettons qu’on puisse hésiter, in abstracto. Mais peut-on être Français quand on n’aime pas la France, et même qu’on la déteste ? On peut être Français quand on s’appelle Aba­aoud, Abdeslam, Boulahcen, Hadfi ou Aminour, mais on ne devrait pas pouvoir l’être, en l’occurrence, quand il s’agit d’Abdelhamid, de Salah, d’Hasna, de Bilal ou de Samy.

La vérité oblige à dire, sur ce point, que c’est, depuis trente ans, la position constante du Front national.

Quand la réalité devient tragique, souvent, les yeux s’ouvrent.
En matière de politique étrangère, les esprits chimériques sont dans l’obligation de se convertir (vite fait) à un impérieux réalisme. Même François Hollande l’a immédiatement compris, et c’est bien.
Mais, comme c’est aussi et surtout un indécrottable politicien professionnel, blanchi sous le harnais des prébendes et des combinaisons, il en a profité, le 16 novembre, devant le congrès réuni à Versailles, pour glisser deux propositions qui n’étaient opportunes qu’à ses yeux, et qui signent sa volonté matoise de profiter personnellement de la situation.

Il propose de modifier la constitution, afin de moderniser et d’inscrire dans le marbre institutionnel la loi de 1955 sur l’état d’urgence.
Ce qui, juridiquement, est superfétatoire. Mais qui, politiquement, au cas où les sondages lui redeviendraient favorables, lui permettrait de mener son petit plébiscite, avant l’échéance de 2017, et même de pouvoir partir, sans être électoralement battu, si le référendum n’aboutissait pas. At­tentats ou pas, Hollande fait du Hol­lande…

Et il saisit cette occasion pour renoncer solennellement à toute « rigueur financière ». En employant des termes typiquement européistes : « Le pacte de sécurité doit l’emporter désormais sur le pacte de stabilité ».

C’est d’abord une façon d’essayer de s’exonérer à l’avance de tout reproche de laxisme.

On sait que, faute de réforme de structure, les objectifs de réduction du déficit endémique des finances publiques n’avaient aucune chance d’être tenus. Les attentats sont, de ce point de vue, une indécente aubaine.

Bien sûr qu’il faut augmenter con­joncturellement, et sans doute durablement, les crédits et les moyens des forces de l’ordre et de la justice.

Mais, comme, ensemble, ces services ne représentent qu’une enveloppe de quelque cinquante milliards d’euros, il était tout à fait possible de redéployer : en coupant dans les subventions et les budgets dits sociaux, par exemple, pour renforcer la police, la gendarmerie et la magistrature.

Nous voilà donc en guerre contre le terrorisme. Il était temps !
Mais, pour mener la guerre, il faut un chef.

C’est au prisme de cette situation que seront maintenant observés les candidats à l’élection présidentielle qui aura lieu en France dans 17 mois, les 23 avril et 7 mai 2017. Sauf imprévu. Qui peut toujours arri­ver…

Partager cette publication

Comments (3)

  • DE SOYER Répondre

    Monsieur Dumait, je vous connaissais comme libéral: vous voici libéral-national: heureuse évolution!

    25 novembre 2015 à 19 h 15 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le titre : un peu comme cette phrase de Manuel Valls :

    ” ça y est, maintenant on y est ”

    comme si cela était, enfin, une satisfaction si longtemps attendue !

    25 novembre 2015 à 14 h 13 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      … Valls parlant, bien entendu, des derniers évènements de la guerre terroriste salafiste urbaine

      25 novembre 2015 à 19 h 24 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *