Burqa : un voile recouvre l'Europe

Burqa : un voile recouvre l'Europe

L’état de la question chez nos voisins européens, vu par Le Monde et son objectivité bien connue :

 

Au Danemark, après six mois de débat, le gouvernement a décidé, le 28 janvier, de limiter l’usage de la burqa et du niqab dans les
lieux publics. S’il ne les interdit pas pour ne pas enfreindre la Constitution, il encourage vivement les institutions publiques à tout faire pour en limiter l’utilisation et à appliquer
strictement les règles existantes, qui devraient suffire, selon lui.

Le gouvernement a aussi annoncé qu’il préparait un projet de loi punissant jusqu’à quatre ans de prison les
personnes jugées coupables d’imposer le port de la burqa et du niqab. Trois femmes porteraient la burqa au Danemark et entre 150 et 200 le niqab, dont un tiers de Danoises converties à l’islam.
Tout le débat sur la burqa a été qualifié de “farce” par l’opposition social-démocrate. Le gouvernement libéral-conservateur
danois est minoritaire et ne demeure en place, depuis 2001, que grâce au soutien parlementaire de l’extrême droite.

 

Aux Pays-Bas, où un débat difficile sur
la place de l’islam est en cours depuis des années, le gouvernement de centre gauche s’est prononcé, en 2008, contre une interdiction générale, estimant qu’elle contreviendrait au principe de la
liberté religieuse et à des conventions internationales. En 2005, la deuxième chambre avait approuvé un texte du député populiste Geert Wilders visant à une interdiction généralisée. La proposition est
restée sans suite. Un texte visant à une interdiction à l’école et dans la fonction publique a ensuite été élaboré. On estimait, en 2008, que 150 femmes portaient le voile intégral dans le
pays.

L’initiative belge va sans doute relancer les discussions alors que le Parti pour la liberté de M. Wilders
a bien l’intention de placer la question de l’islam au coeur de la campagne électorale qui s’ouvre, avant les élections législatives du 9 juin. Celui qui est désormais son principal rival,
Job Cohen, chef du Parti travailliste et ancien maire d’Amsterdam, a, de
son côté, exprimé son “aversion” pour le voile intégral mais estimé que son interdiction était difficile à envisager. M. Cohen
avait toutefois proposé, dans sa ville, la suppression des indemnités de chômage pour les femmes voilées qui refuseraient un emploi au nom de leurs convictions. M. Wilders a, lui, parlé d’une
taxe pour toutes les musulmanes portant le voile, intégral ou non, dans l’espace public.

 

En Italie, une loi datant de 1975, soit des “années de plomb” de la lutte contre le terrorisme, interdit de se couvrir le visage
en public. C’est sur ce texte que des maires de la Ligue du Nord se sont appuyés, ces dernières années, pour promulguer des arrêtés visant les femmes portant la burqa ou le niqab. En octobre
2009, le débat a été relancé par une proposition de loi de la Ligue du Nord et du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, pour introduire dans le texte de 1975 une référence
explicite au voile intégral : “Tous ceux qui, pour des raisons liées à leur appartenance religieuse, rendent difficile ou impossible leur
identification”
, deviendraient passibles d’une peine de prison de deux ans et de 2 000 euros d’amende.

L’opposition de gauche, elle, a déposé une proposition de loi afin que l’interdiction du voile ne soit pas
valable en cas de “motivation religieuse” et lorsque la personne couverte est disposée à se laisser identifier. Selon
un récent sondage, 71 % des Italiens sont favorables à l’interdiction du voile.

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