Danemark : les caricatures republiées

Danemark : les caricatures republiées

La police norvégienne a annoncé, mardi 28 septembre, que les trois hommes arrêtés cet été en Norvège et en Allemagne préparaient un attentat contre le journal danois Jyllands-Posten, qui a publié il y a cinq ans douze caricatures de Mahomet, à l’origine d’un vaste débat à travers le monde. “Je crois que c’est la sixième tentative d’attentat contre le journal”, déclare au Monde Flemming Rose, rédacteur en chef des pages culture du quotidien danois, qui s’apprête à publier, jeudi 30 septembre, jour anniversaire de la publication des caricatures en 2005, un livre intitulé Tavshedens tyranni (“La tyrannie du silence”), dans lequel il publie à nouveau les dessins.

Plusieurs mois après la publication des dessins, des violences avaient éclaté début 2006 dans plusieurs pays musulmans. La publication des dessins avait souvent été utilisée comme prétexte, mais des raisons de politique intérieure propres à ces pays avaient joué un rôle. Le Danemark, accusé également de discriminer sa minorité musulmane, avait été boycotté dans le monde arabe et le journal s’était retrouvé soumis à une pression énorme.“Je ne pense pas que Jyllands-Posten soit encore en guerre comme à l’époque, mais les journalistes et leurs familles vivent encore sous une grande pression. Les informations de la police norvégienne viennent le rappeler”, dit Flemming Rose, qui vit toujours sous surveillance policière, alors que l’auteur du dessin le plus controversé, représentant Mahomet avec un turban en forme de bombe, a été victime d’une tentative d’assassinat lors du Nouvel An.

L’un des suspects arrêtés en Norvège, d’origine ouïghoure, est citoyen norvégien depuis 2007. Les deux autres, kurde irakien et ouzbek, ont un permis de séjour permanent en Norvège. Celui d’origine ouïghour était selon les services du renseignement norvégiens en contact avec un responsable d’Al-Qaida à Peshawar, au Pakistan.

Dans le livre qu’il publie jeudi, Flemming Rose revient sur l’affaire des caricatures, mais celle-ci ne couvre qu’une trentaine de pages sur les cinq cents de son livre, plus largement consacré au débat sur la liberté d’expression. “Je pense qu’en Europe, nous devons balayer devant notre porte. Il y a des forces au sein de l’UE qui veulent limiter la liberté d’expression en criminalisant par exemple la négation de l’Holocauste. Mais un tabou autorise un autre tabou et permet aux islamistes de réclamer qu’on ne profane pas l’image de Mahomet, sous peine d’accuser les Européens de double morale.”

Flemming Rose reconnaît qu’avant de prendre la décision de publier à nouveau les douze caricatures dans son livre, il a demandé l’avis des services du renseignement. “Et personne ne m’a recommandé de ne pas les publier, explique-t-il. Et si je n’avais pas publié les dessins alors que c’est au cœur de cette histoire, on m’aurait reproché de m’autocensurer, alors que toute l’idée de la publication des caricatures était de mettre en exergue cette autocensure.” Certains au Danemark craignent de nouvelles réactions violentes. Pour Flemming Rose, c’est aux démocraties de défendre la liberté d’expression. Si la République de Weimar n’avait pas été faible, elle n’aurait pas laissé les nazis intimider ceux qui s’opposaient à eux.” (Le Monde)

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