Jacques Chirac, avez-vous des racines ?

Jacques Chirac, avez-vous des racines ?

Je citais dans mon avant-dernier article la phrase stupéfiante de Jean-Louis Borloo, Ministre de la Ville, déclarant sans ambages au micro de RMC : « La France est un pays du Maghreb ». Or, un de nos lecteurs me fait observer que, selon « Le Figaro » du 29 octobre 2003, Jacques Chirac aurait déclaré à Philippe de Villiers, lors d’une visite de celui-ci à l’Élysée : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes ».

J’en déduis que notre Président n’a pas la moindre idée de ce que sont les « racines » des civilisations, ce qui est tout de même inquiétant quand on est un Chef d’État.

Comme il n’est certainement pas le seul à tout ignorer du sujet, je rappelle ici que « racine » et « race » ont la même… racine, précisément. Car la racine, qu’il s’agisse de plantes ou de peuples, a primordialement un caractère génétique et terrien. Elle désigne l’élément qui plonge le plus profondément dans le passé ethnique et dans le terroir originel de la communauté vivante considérée.

Les racines désignent aussi les premiers vocables (le plus souvent de simples onomatopées) par lesquels les membres d’une communauté primitive ont commencé de communiquer entre eux, et qui sont l’origine des vocabulaires plus complexes qui se sont élaborés au fil des âges. On appelle « racine » d’un mot la syllabe antique (généralement préhistorique) dont il dérive et dont dérivent ses cousins dans les diverses langues d’un groupe linguistique continental. Ainsi est-ce la racine indo-européenne « wrad » qui nous a donné à la fois « race » (par l’intermédiaire de l’italien « razza » ou directement du latin « radix ») et « racine », mais aussi « radical », « radis », « radicelle », « éradiquer » (dans le sens de déraciner)…

Quand un homme parle de ses « racines », il parle évidemment du terroir dans lequel se sont « enracinés » ses plus lointains ancêtres dans la nuit des temps. Et ce lien multiséculaire se traduit assez souvent dans le patronyme qu’il porte ou dans le toponyme du village dans lequel ses aïeux sont nés. Jacques Chirac en est l’exemple même, car chacun sait que ses racines sont corréziennes et qu’il porte le nom de trois de nos plus vieux villages gaulois : Chirac-Bellevue en Corrèze (près d’Ussel), Chirac en Lozère (près de Mende) et Chirac en Charente (près de Confolens).

Une greffe n’est pas une racine

Est-il besoin de dire que si un citoyen français d’origine espagnole ou polonaise, par exemple, même de troisième ou de quatrième génération, parle de ses « racines », il parle du pays de ses ancêtres non français, et rien n’est plus naturel. On se souvient du livre « Racines », de l’écrivain noir américain Alex Haley, paru en 1977, et dont fut tiré un feuilleton télévisé célèbre dans le monde entier. Cet arrière-petit-fils d’esclaves déportés y parlait-il de sa religion ou de sa culture ? Non, bien sûr. Il y parlait de ses racines africaines ancestrales, évidemment.

Les racines sont donc avant tout ethniques. Cependant, de l’ethnie à la culture, la frontière est souvent imprécise. Il est évident que la langue, née elle-même du tempérament ethnique, devient à son tour la racine de la culture. Mais qu’en est-il des religions ?

Tous les peuples du monde ont été païens (et le sont encore pour une large part, plus ou moins déguisée ou recouverte), mais chacun avait son paganisme propre, « enraciné » dans son terroir. (Le mot français « païen » vient de « pagus », qui nous a donné aussi « pays » et « paysan »). En revanche, les religions monothéistes : judaïsme, christianisme, islamisme et toutes trois nées en Palestine, n’ont surgi d’aucun terroir, ne sont les racines de personne et ne sont rien d’autre que des greffons idéologiques, des entreprises intellectuelles impérialistes et despotiques n’ayant d’autre but que d’asservir les esprits, de les mixer, de les métisser, de les mondialiser et de couper les humains de leurs racines authentiques, ou bien d’annexer celles-ci quand elles ne peuvent les détruire.

Les racines des Européens sont celtiques, germaniques, helléniques, latines et slaves. Elles ne sont en aucune façon chrétiennes, et musulmanes moins encore. Tout au plus peut-on parler de « cultures » chrétienne ou musulmane, car dix ou quinze siècles laissent forcément des traces. C’est ce qui avait fait prononcer au Pape Pie XII cette phrase : « Spirituellement, nous sommes tous des Sémites ».

Mais les Européens se débarrassent peu à peu du greffon judéo-palestinien et retrouveront, je l’espère, leurs vraies racines avant la fin du présent demi-siècle. v

(Les lecteurs intéressés par ces questions de « racines » pourront se reporter à mon livre « Alésia, un choc de civilisations », qui paraît ce jour même aux Presses de Valmy).

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Comments (8)

  • Jean-François Leroy Répondre

    Quand un homme revendique une culture comme une identité, que peut-on dire de sa liberté ? Il n’est finalement rien d’autre de ce qu’on a fait de lui … Tout cela n’est qu’un discours obscur autour d’une chose plus vieille que les civilisations ou religions, la peur … Tout ce blabla n’est pas adulte … Si nous continuons à nous reconnaître en tant que culture ou religion, nous serons jamais des hommes et l’Humanité finira comme les dinosaures … Vous êtes pendus par les ongles de vos cultures et religions et vous êtes incapables de bouger sous peine de tomber … Il n’y a que la peur, rien que la peur qui vous enchaîne …

    28 octobre 2004 à 11 h 46 min
  • Ed. R Répondre

    Commentaire sur un commentaire : Thalès ,Euclide et Archimède étaient grecs que je sache ! Vous parlez de la première invasion arabe ,peut-être nous ont-ils apporté quelques connaissances mais la deuxième que nous subissons actuellement nous apporte à coup sûr le Moyen-Age .C’est la charia pour tous à plus ou moins brève échéance . Savez-vous que la population française de 0 à 5 ans est composée à 34 % d’extra européens . Dans 20 ans … je vous laisse deviner ce qui se passera !

    24 janvier 2004 à 18 h 12 min
  • François Répondre

    On croirait entendre Pierre Vial !! Cher Monsieur Lance, Je suis globalement d’accord avec vous. Dans nos sociétés, Le christianisme a laissé son empreinte, certes, mais il s’est avant tout greffé sur la civilisation antique et indo-européène. Il ne peut être le fondement de notre civilisation. Une civilisation, c’est un groupe de langue, une éthnie, des pratiques et des coutumes communes. Les échanges culturels qu’il y a eu entre peuples ont eu lieu essentiellement lors des contacts commerciaux ou pendant les guerres de conquète, mais ce n’est nullement la religion qui les a provoqués. Toujours est-il que la religion chrétienne a fait reculer, des siècles durant, le génie européen qui s’exprimait dans les sciences (mathématiques, astronomie, philosophie médecine…). Quant à la morale chrétienne, elle est hypocrite, sournoise. Elle est omniprésente dans tous les faits de la vie. La culpabilisation, voilà le pilier de cette religion. Et la conséquence : une civilisation de névrosés, de soumis, de gens sans volonté. L’Islam me fait peur, mes semblables sont encore trop exsangue de 2000 ans de lavage de cerveau, pour avoir le courage de lutter contre.

    22 janvier 2004 à 13 h 26 min
  • AVERROES Répondre

    “Racines” avez-vous dit ? Pauvre France ! Imaginons un peu ce que va donner un survol rapide du programme d’histoire de France d’ici 20 ans dans une école publique : – Mouloud, que savez-vous de nos ancêtres les Gaulois ? – J’sais pas M’sieur. De toute façon mes ancêtres, il sont de Meknès ! – Bon… Farhid : parlez-nous du siècle de Louis XIV . – Louis XIV, c’était sous Souleymane ? – Hum… Mohammed, vous pouvez nous parler brièvement de la Shoa ? – Oui, M’sieur. Hitler, il a pas réussi parce que les Américains soutenaient déjà les sionistes. – hum… Aîcha (il y a encore quelques classes mixtes et c’en est une), peux-tu nous dire un mot de l’émancipation de la femme après la première guerre mondiale ? Aïcha repousse le voile qui lui masque les cheveux et qui lui tombe sur la bouche : – Je ne sais pas M’sieur, j’ai pas eu le temps de réviser. Il fallait que je garde mes cinq petits frères pendant que ma grande soeur était à l’hôpital pour se faire exciser. Le Maître : Bon… Les révisions sont finies pour aujourd’hui.

    21 janvier 2004 à 22 h 00 min
  • cast Répondre

    Je suis profondement choqué de l’expression “les europeens se débarassent du greffon judeo-chrétien”.Vous Compteriez-vous parmi les adeptes d’Adolf Hitler qui ne désirait pas autre chose? Votre article démontre une profonde méconnaissance de l’histoire de l’humanité qui a été et continue d’être un brassage permanent d’ethnies et de cultures.Rappelons simplement que si les arabes n’avaient pas envahi l’occident au premier millénaire,Nous en serions toujours à rechercher les théorèmes de Thales,Euclide,Archimède que eux avaient préservés.

    21 janvier 2004 à 12 h 03 min
  • Shannon Répondre

    Je suis d’accord avec Pierre Lance concernant les racines. En Bretagne beaucoup souhaiteraient avoir la possibilite de rendre obligatoire l’apprentissage de la langue Bretonne (au moins dans le primaire, au mieux jusqu’au Bac) comme cela se fait en Irlande avec le Gaelic. En Corse, le Corse est obligatoire a l’ecole alors pourquoi nous le refuse-t’on en Bretagne ? Meme en Afrique du Sud les ecoles publiques ont rendues obligatoire l’apprentissage des trois principales langues du pays (anglais, afrikaan, zoulou)… En matiere de liberte la France a du chemin a faire !…

    20 janvier 2004 à 17 h 35 min
  • Rousseeuw Edouard Répondre

    A plus ou moins longue échéance si cela continue (l’invasion)la France ne sera pas un pays du Maghreb mais bien le Maghreb ou en tout cas son prolongement . La première ville arabe de France n’est plus Marseille mais Roubaix (il n’y a plus que 45% de Français de souche dans cette ville du Nord). Et ce n’est pas terminé !!!Il faudrait inverser les courants migratoires mais je crois qu’il est trop tard .Comme disait un Anversois que je connais : il faudra faire ” avec ” . De la part de ceux qui nous “gouvernent” et par qui tout est arrivé : quel gâchis !!! On en est arrivé au point où c’est l’invité qui dicte ses exigences au lieu de respecter l’hôte qui l’ a acceuilli ! De toutes façons on n’a que les politiciens que l’on mérite .C’est triste .

    18 janvier 2004 à 23 h 23 min
  • [email protected] Répondre

    Vous ne voyez pas que les valeurs chrétiennes (travail et raison) ont donné le capitalisme?

    18 janvier 2004 à 23 h 22 min

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