La démocratie islamique contre l'esprit de civilisation

Interrogé par des journalistes américains, Essan El Errian, membre du comité d’orientation des Frères Musulmans d’Egypte, a rappelé les vertus d’un régime  de  démocratie conforme à la doctrine de  l’islam.
 
«La démocratie de type libéral à l’américaine ou à  l’européenne impliquant un rejet très ferme de la religion hors de l’espace public, explique le communicant des FM,  n’est pas le seul modèle de démocratie légitime».
 
L’idéal démocratique  n’est pas un  « concept étranger » à la société musulmane.  Non seulement les notions universelles de liberté et de justice, selon El Errian , sont compatibles avec le dogme  mais elles le « renforcent». Pour l’Egypte, le choix n’est donc  pas entre   démocratie libérale et  théocratie autoritariste.  La voie juste  est la démocratie islamique.  
Sur le papier,  ça paraît recevable. Et dans les faits?
 
Au Caire, les Frères Musulmans ont organisé un immense rassemblement – un million de manifestants – pour célébrer  la chute de Hosni  Moubarak.
 
Démocratie islamique oblige : les jeunes instigateurs de la révolution, en particulier Wael Ghonim l’ utilisateur de Facebook, furent interdits de parole. 
 
L’orateur vedette fut  le  théologien intégriste   Yousouf Al Garadawi, invité par les Frères.  Moubarak l’avait contraint à l’exil au Qatar. Sur la chaîne de télévision Al  Jazeera, il  anime une émission  fondamentaliste    « La charia et la vie ».  Al Garadawi a été  ovationné  place Tahrir pour avoir déclaré   que  Hitler sut  « remettre  les Juifs à leur  place ». Et que le nazisme fut pour la  population juive   «une punition divine». 
 
El Errian dit vrai. L’ islam et l’Occident démocratique  s’opposent. C’est  l’esprit de civilisation qui les sépare. Pour un occidental démocrate,  sacraliser   Hitler est une pure  barbarie.