Le business du ramadan

Le business du ramadan

Depuis début août, l’heure est au jeûne au sein de la communauté musulmane. La grande distribution s’empare de ce marché. Plus ou moins ouvertement[…]

Comme Pâques et Noël
Si l’« offre spéciale ramadan » porte ses fruits au Simply Market de la Benauge, « c’est parce que dans le quartier, il y a une clientèle qui recherche ce genre de produits », estime Dignito Calixte. […] La mise en place de gondoles dédiées au ramadan dépend donc en grande partie de la zone de chalandise. Et bien sûr, de la politique nationale du supermarché.

Certaines enseignes communiquent en effet avec prudence. Et des entreprises décident de faire des offres sans mentionner explicitement le mot « ramadan ». Les campagnes de publicité ciblant des catégories spécifiques de la population pourraient en effet être taxées de communautarisme. « Nous proposons une offre saveurs orientales sans mettre en avant le critère religieux », explique une porte-parole de la direction de la communication d’Auchan.

Selon elle, ce n’est pas la question de la neutralité religieuse qui préside à ce choix. « Si on n’avance pas le terme ramadan, c’est parce que les produits qu’on propose ne sont pas uniquement destinés à des gens qui pratiquent le jeûne ».

Au Simply Market de la Benauge, le directeur, s’exclame : « Tout le monde peut manger du halal ! C’est aussi bon dans l’assiette d’un musulman que dans celle d’un chrétien par exemple. » Lui n’a pas hésité à opter pour le mot ramadan : « On organise bien des opérations commerciales autour de Pâques ou de Noël ! », rétorque-t-il.

« Un mois de discrétion »
Tareq Oubrou, l’imam de la mosquée de Bordeaux, souligne qu’en assignant « l’Islam à des saveurs orientales et des produits exotiques », on franchit la barrière de l’amalgame. « Aujourd’hui, même le couscous est devenu un produit religieux alors que l’islam n’a pas de nationalité », poursuit-il.

Mais Tareq Oubrou voit surtout dans ces manœuvres commerciales un paradoxe théologique. « Le ramadan correspond à un mois de discrétion, durant lequel on consomme moins. C’est le moment où il faut oublier les supermarchés », fait-il remarquer. Selon lui, « on peut comprendre l’aspect festif du ramadan. Mais le danger c’est de réduire la transcendance spirituelle à un simple phénomène sociologique et profane ». […]

En attendant, les gérants de supermarchés ont flairé l’opportunité. Au Carrefour Market du quartier Saint-Jean, « de nouvelles mises en avant vont être lancées à la toute fin du ramadan, au moment de la fête de clôture ». […] Enfin au Simply Market de la Benauge, le directeur a en tête « l’an prochain, de distribuer des tracts pour promouvoir les produits ramadan ».

Sud Ouest

Partager cette publication

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *