Les musulmans d’Europe à l’heure du choix

Les musulmans d’Europe à l’heure du choix

Trois voies s’offrent aux musulmans d’Europe : la réforme, l’apostasie et la violence.
Le moment est venu de renoncer à la proposition politiquement correcte selon laquelle l’islam est compatible avec les valeurs des sociétés européennes. Cette proposition est fausse. Du statut d’infériorité de la femme à l’absence de séparation de la religion et de l’État, les éléments d’opposition sont nombreux. Mais l’incompatibilité est en vérité beaucoup plus profonde. Contrairement au catholicisme, l’islam n’est pas seulement un projet religieux ; c’est un projet global, tout à la fois religieux, moral, politique, économique, culturel. Ces différents aspects, dont la distinction nous semble aller de soi, l’islam ne les distingue pas.
L’islam – Coran, sunna, fiqh – se présente comme un ensemble de normes ayant vocation à régir tous les aspects de la vie humaine. L’idée même d’une source normative extra-islamique est incongrue.
Global dans son objet, l’islam est également mondial dans son ambition. L’historien et directeur de recherche au CNRS Jean Flori a bien montré, dans son ouvrage « Guerre sainte, Jihad, Croisade » (Paris, Seuil, juin 2002), que la connotation belliqueuse de l’islam s’est affirmée avec de plus en plus de force pour déboucher sur une « conception conquérante et totalitaire » (p. 108). Avec le prix Nobel de la paix Taslima Nasrin, il faut affirmer clairement que, si beaucoup de musulmans sont pacifiques, l’islam n’est pas une religion pacifique. Le problème n’est pas seulement l’intégrisme musulman, mais l’islam lui-même.
Ce n’est pas à dire que l’équation islam = islamisme soit exacte. Il y a, dans la nébuleuse islamiste, beaucoup d’hommes et de concepts qui relèvent davantage de la pathologie que de la religion. Mais l’idée que l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam est tout aussi erronée. Lorsqu’Oussama ben Laden et ses épigones visent à l’installation d’un califat islamique mondial, ils respectent la lettre et l’esprit de l’islam.
La nouvelle trahison des clercs européens consiste à nier cet aspect de l’islam, au motif que la pensée islamique ne s’y résume pas. Le jihad est cardinal dans la pensée islamique sunnite ; les shiites ont été jusqu’à l’investir de la dignité de pilier de l’islam. Jihad signifie guerre sainte – non seulement juste, mais sainte – visant à étendre le règne islamique à tout le genre humain. Ce ne sont pas quelques variations minoritaires sur le thème du jihad intérieur, dans la remarquable tradition soufie, par exemple, qui doivent masquer cette réalité.
L’histoire récente nous a appris qu’il faut toujours prendre au sérieux les textes sur lesquels se fondent les ennemis de la démocratie et de la liberté.

Trois options
pour l’islam européen


Confronté à ces éléments de réelle incompatibilité entre son corpus théorique et la société européenne, l’islam européen possède trois options : s’oublier, réformer ses principes ou tenter de plier l’Europe à ses principes.
D’apostasie (laïcisation des élites musulmanes européennes et renoncement à l’islam) ou de réforme de l’islam, on serait bien en peine de déceler les premiers frémissements. C’est vers la confrontation que se dirige une frange de plus en plus active de musulmans européens.
Le tragique de ce choix est d’abord intellectuel : l’idée qui consiste à penser que tout ira mieux pour les musulmans lorsqu’ils auront renoué avec « l’islam véritable » institue en remède la cause même de la déchéance. Si les musulmans du monde entier vivent une situation d’infériorité économique, culturelle et politique, c’est d’abord parce qu’ils sont restés fidèles à un ensemble de normes non réformées depuis mille ans.
Il faut initier une réforme de l’islam ; il faut rouvrir les « portes de l’interprétation » closes il y a mille ans. Cette tâche incombe en priorité aux musulmans eux-mêmes. Il est temps de s’y atteler.
Les élites politiques européennes devraient, quant à elles, créer les conditions favorables à cette réforme, en offrant des perspectives d’avenir aux jeunes issus de l’immigration. C’est-à-dire une alternative aux sirènes de l’islamisme. Ce qui suppose de renouer avec une franche croissance économique. Cramponnée sur des régimes sociaux morbides, l’Europe est paralysée. Une société immobile, stagnante n’a rien à offrir à sa jeunesse.
Réforme théologique + croissance économique : telle est la réponse libérale à l’islamisme.
Apostasie, réforme ou violence : « Le choix leur appartient », écrit l’orientaliste britannique Bernard Lewis. Puissions-nous encourager les musulmans d’Europe, par des réformes économiques, sur le chemin de la réforme théologique.

Drieu GODEFRIDI
Fondateur et directeur de l’Institut Hayek http://www.fahayek.org/

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Comments (20)

  • no name Répondre

    Il en serait de meme si les catholiques venaient à appliquer mot pour mot ce que le Pape revendique(abstinence, pas utilisation préservatif…) A quand les réformes catholiques? Arrêtons mes chers compatriotes de confondre le genre humain et les religions. La plupart des hommes sont des corrompus et ce peut importe leurs origines, races..! N’oublions pas que les génocides arménien et juif ont eu lieu au nom d’une religion également (islamisme et christiannisme). Ce n’est pas ce que Dieu attend de nous! Pensez vous vraiment que ces terroristes agissent au nom de Dieu ou au nom du Diable? A votre avis? Pensez vous qu’Hitler agissait au nom du catholisisme(Dieu) ou au nom du Diable? A votre avis? Chez les juifs le rabbin dit:”Détournez vous du mal, Eve fut la première à succomber au mal” Il est temps mes chers compatriotes de ne plus confondre les Hommes et les religions! Savez vous que l’on peut compter parmi les Sataniques des gens issus de différents pays et religions? Ces gens la agissent au nom du mal et sacrifie d’autres humain! Sachez mes chers compatriotes qu’un vrai croyant de Dieu n’agirait jamais tel un Hitler ou un terroriste ou tel que certains juifs agirent vis à vis de Jésus, non un vrai croyant militera toujours pour la paix, qu’il soit musulman, juif, chrétien ou bouddhiste. Chez les musulmans on dit c’est harram de faire du mal. Combien d’êtres humains, quelle quantitié minimime d’êtres humains a un bon fond, dites le moi mes chers compatriotes? Regardez autour de vous et vous verrez le nombre d’humains ayant succomber au mal, haineux, jaloux, vindicatifs, tout cela est propre aux humains ayant succomber à la tentation du mal et ce peut importe leur race!

    30 octobre 2005 à 13 h 42 min
  • marc minari Répondre

    Pour ceux qui ont reçu la foi, Nulle divinité n’est digne d’etre adoré sauf Lui, Dieu l’unique, createur, legislateur, gerant de tout ce qui existe, IL a envoyé Moïse (sur lui la paix) avec la Tora, Jesus (sur lui la paix) avec les Evangiles et Mohammad (sur lui la paix), Son dernier envoyé, avec le Coran, Son dernier message – pour rappeler au hommes que: Nulle divinité n’est digne d’etre adoré sauf Lui, le doux, le Misericordieux, le Pardonneur. Revenez a Dieu si vous croyez, La guidée est dans son dernier message. et abstenez vous du blamable et faites le bien car la Bonne nouvelle est pour les pieux La resurrection est Verité le jour du Jugement est Verité Si vous etes croyants, desavouez les fausses divinites si vous ne l’etes pas alors : Paix. Marc minari

    9 décembre 2004 à 0 h 04 min
  • Olivier Tréhard Répondre

    Bravo à tous ! Sur un sujet aussi brulant, on ne sombre pas dans les basses polémiques. Et si nos frères musulmans (sans ironie) étaient séduits par le meilleur de notre civilisation. La douce France. Nos sommes inconscients de ce que nous sommes et beaucoup d’étrangers qui visitent la France sont extasiés de notre grand jardin, comme dit le roi du Maroc. Comment résister à notre séduction ? Ce n’est pas de l’orgueil que de dire cela, quand on rentre en France après un séjour lointain, on est estomaqué de notre richesse complexe et irréductible à des descriptions expéditives. Comment dire Non? nous sommes tellement bien installés. Nous rayonnons d’une civilisation subtile qui exerce une suprématie écrasante sur l’Islam, malgré nos signes de décadence, que l’intégration est humiliante pour le dernier arrivé. Au risque une fois de plus de choquer, je crois que nous avons une vocation impériale, coloniale (mot honni) et tutélaire sur nos sous-développés qui cherchent inconsciemment le prestige du vieil Empire déchu.

    3 décembre 2004 à 20 h 27 min
  • T.LARGER Répondre

    je serais personnellement assez d’accord avec ce qui se dit chez M. ryan et M. Tréhard.La querelle sur les références chrétiennes de l’Europe n’est pas anodine dans ce contexte, et c’est effectivement un des plus petit commun dénominateur de notre continent. Il me semble qu’une des causes essentielles de la frustration des musulmans n’a pas été évoquée ici. Quand on compare évangile et coran, on s’aperçoit que les premières instaurent une vision égalitaire des rapports entre les hommes, alors que le coran diffuse une vision très inégalitaire, hommes > femme, musulman > dhimmi > athée, musulman > esclave. Comment un musulman peut il ne pas etre scandalisé alors qu’il voit ces mécréants maitriser ce monde qu’allah a promis aux musulmans, avec ( b es sif), ou sans jihad. L’islam vise à prendre le pouvoir partout où il est présent pour dominer les non musulmans; alors en période de mondialisation, l’islam s’adapte. D’où la frustration de voir que des pays de mécréants qui utilisent des méthodes de mécréants telles que la démocratie, le liberalisme, s’en sortent économiquement mieux qu’eux. Il faut donc faire payer cette insolence aux occidentaux qui osent défier les principes de l’islam et du coran. L’islam contient intrinsèquement des ferments de totalitarisme. Nous ne connaissons pas l’avenir, mais je crains que si l’europe tente de s’affranchir de la religion du pétrole il y ai quelques représailles

    3 décembre 2004 à 13 h 24 min
  • Ryan Répondre

    Monsieur Larger, vous avez dit “Je pense qu’il faudrait apporter aux musulmans plus de liberté dans un cadre moral bien construit, mais comme tout celà nous fait déjà défaut à nous même; nous avons perdu les vertus qui faisaient la force de nos ancetres.” C’est à mon avis la possibilité la plus intéressante : Encourager les musulmans à faire une réforme de l’Islam. Mais il y a un fossé entre encourager une réforme et imposer la religion chrétienne. J’ai l’impression que pour certains la solutions serait d’aller voir son voisin et dire : “Mohamed, tu es dans l’erreur, ta religion est mauvaise, toi aussi rejoins donc notre religion et tout sera magnifique”. Et pour ceux qui refusent, la solution est tout simplement la violence. Comme la réforme est impossible selon eux, tuons les tous. Comment fera t-on la différence entre un musulman progressiste (contrairement à ce que j’ai lu, ils existent mais sont minoritaires et totalement exclus des débats)et un islamiste, entre un homme à la peau basanée et un converti plus blanc que blanc. Rachid Kaci risque t-il de se faire tuer parce qu’il n’est pas blanc, alors qu’il lutte contre l’Islamisme en France ? Comment pourra t-on mettre ces thèses en pratique ? Ne vaut-il pas mieux chercher toutes les solutions pour éviter un bain de sang ? je me moque souvent de l’attitude européenne et surtout française, si adepte du dialogue des cultures et de son aveuglement sur le choc des civilisations. Mais souhaiter la guerre totale comme unique solution, sans chercher d’autres pistes est non seulement trop fataliste mais suicidaire. Essayons déjà de mettre en pratique les idées de réforme de l’Islam. Si cela ne marche pas, dans ce cas, nous pourrons dire que tout a été essayé. Mais ne baissons pas les bras avant ! Quant au retour des musulmans en terre d’Islam, c’est une idée mais qui ne résoudra jamais la crise que traverse l’Islam. Le fait de voir tous les musulmans partir de France et d’Europe en contentera certains mais cela ne fera que retarder l’inévitable. La mondialisation a eu pour effet de faire tomber les frontières et il est illusoire de croire que les problèmes rencontrés en terre d’Islam n’auront pas d’influence sur nous. Et puis comment faire en pratique ? On refuse le droit d’entrée à tous les musulmans ? On leur dit : allez houste, dehors ? Que faire s’ils ne veulent pas ? Doit on légiférer pour interdire à tout musulman de rester en France ? J’ai bien peur que cela ne soit qu’une mesure pour faire baisser la fièvre mais pas pour soigner la maladie. Il faut s’attaquer à la racine du mal et tout faire pour aider les musulmans progressistes à gagner du terrain. Si une réforme de l’islam n’est pas facile, notamment parce que le Coran s’y oppose, elle n’est pas impossible. Pour finir, j’ai beaucoup apprécié votre réponse Olivier. En un sens je suis d’accord avec vous. L’Europe perd ses fondements. Pour moi les principes du décalogue sont essentiels. Ils ont été la base de l’évolution de notre civilisation à mon sens. Je regrette cette position tendant au relativisme civilisationnelle et reniant son passé. Les athées n’ont pas à imposer leur irreligion. Certes, mais ce n’est pas mon propos, ni celui des libéraux il me semble (je ne suis pas libéral, connaissant imparfaitement ce courant). Ce que je souhaiterais, c’est la liberté. Liberté pour un musulman de vivre en France, en Europe ou n’importe où, à condition que sa croyance ne nuise pas aux règles de son pays. Liberté de croyance pour le chrétien qui considère l’homosexualité comme un pêché, à condition que sa croyance ne nuise pas aux homosexuels de son pays (ce n’est qu’un exemple lié à l’actualité, je ne réduis pas les chrétiens à ce style de pensées). Je souhaiterais que chacun puisse croire en ce qu’il veut, mais que cela reste du domaine privé. Qu’il n’impose pas ses vues aux autres par la force où le prosélytisme. Chacun doit être assez responsable pour savoir ce qui est bien ou pas pour lui. Tant que ses croyances ne nuisent pas à autrui, c’est parfait. Tout comme vous, j’ai l’impression que le sentiment religieux augmente au sein de la Chrétienté, que le vide spirituel est trop lourd à porter. J’espère seulement que cela ne va pas conduire à une guerre totale comme celle expliquée dans le livre “Occident-Islam, guerre totale”. Cordialement,

    3 décembre 2004 à 10 h 56 min
  • Olivier Tréhard Répondre

    Bonjour Ryan, Très bien votre réponse ! Jésus Christ lui-même est contre la Théocratie Islamiste ou Chrétienne. “Rendez à César ce qui est à César”. Donc le Cléricalisme ou le Césaro-papisme est une tentation dont les cathos doivent se garder, comme les musulmans. Mais, Jésus Christ ajoute “Rendez à Dieu ce qui est à Dieu” Les marxistes rendent tout à César et les musulmans tout à Dieu. Pour échapper aux totalitarismes laics et religieux vous n’échapperez pas à une Théologie Politique du pouvoir qui évite les deux éceuils. Les Chrétiens n’ont pas à imposer leur Religion mais la réciproque est vrai, les athées leur irreligion. Ne pas Accorder une préséance au décalogue, c’est miner le droit naturel et retourner à la barbarie. J’étais libéral et je me rends compte de la faiblesse congénitale du libéralisme face aux totalitarismes. Je vois venir le chaos ou le retour à une forme de chrétienté purifiée de ses scories. Dieu est absent de Stalingrad, bonjour les dégats! Si Dieu n’existe pas tout est permis (Dostoievski).

    2 décembre 2004 à 14 h 15 min
  • Ryan Répondre

    “La guerre sainte que nous observons actuellement n’est autre qu’une guerre des pauvres, des opprimés contre l’immobilisme des nantis […]” C’est ce qu’on voudrait nous faire croire en effet. Mais ce n’est pas le cas. Il est tout à fait vrai qu’il existe une frustration dans de nombreux pays musulmans à qui ont fait croire que l’Occident est responsable de tout, dédouanant ainsi leur incapacité à s’insérer dans la modernité (due en partie à leur religion). Mais ce n’est qu’une facette du problème. Juste pour montrer un exemple, les millions d’indiens qui meurent de faim sont ils devenus des extrémistes hindouistes, boudhistes ? Les millions d’africains chrétiens qui meurent de faim sont ils devenus des extrémistes chrétiens et des terroristes ? Vous oubliez également que les oulémas cautionnant le terrorisme islamique font tout simplement appel au Coran et pas à une lutte contre la pauvreté ! Les terroristes tuent les occidentaux non parce qu’ils veulent rétablir un équilibre pays riches et pays pauvres, mais parce que l’Islam doit devenir la religion du monde à leurs yeux et que l’Occident est devenu le paroxysme de la décadence et est totalement contraire aux principes de l’Islam. C’est pourquoi, en Irak, au Maroc, en Algérie ou partout ailleurs, des musulmans pauvres meurent lors des attentats. Les terroristes musulmans se fichent bien pas mal des pauvres. Votre thèse marxiste permet, en revanche, de comprendre pourquoi, au sein même de l’Occident, nombreux ont rallié l’islamisme. Ces gens ont reussi à remettre au gout du jour leurs positions anti-démocratiques, anti-capitalistes et anti-occidentales. La meilleure preuve est la conversion de Carlos à l’Islam. Pour en revenir à un thème plus européen, Vous dîtes également “L’intégration ne se fera pas tant que nous n’aurons pas changé notre approche du monde islamiste”. Il ne peut y avoir intégration entre notre modèle démocratique, laique et républicain avec le monde “islamiste” (je pense que vous vouliez dire monde islamique, ce qui est sensiblement différent). Tout au plus, il peut y avoir cohabitation entre nos pays européens et l’Islam (et pas l’islamisme) dans la seule hypothèse d’une réforme de cette “religion” et de l’acceptation par tous les croyants que nos règles sont supérieures (pas sur un plan moral ou religieux, mais sur le plan de leur nécessaire respect dans la société) à celles pronées par le Coran. Il y a 20 ans, si beaucoup de maghrébins se sont bien intégrés en France, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas adhéré à la version totalisante de l’Islam et qu’ils ont placé les lois et les principes de vie de la France au dessus de leur religion. A l’époque, leur revendication était : traitez nous comme des français, pas de différenciation. Maintenant le discours est : nous sommes différents, acceptez notre mode de vie ou vous le paierez. Sur de nombreux points notre République a accepté ces revendications. Nous payons maintenant le prix de ce laxisme. Pour que nous évitions une guerre civile voire une guerre religieuse au sein de l’Europe, les musulmans devront utiliser un des choix évoqués par Monsieur Godefridi. Et l’Europe doit les conduire à faire ces choix en évitant la politique de l’autruche qui est maintenant la sienne depuis de longues années.

    2 décembre 2004 à 14 h 03 min
  • Ryan Répondre

    “La guerre sainte que nous observons actuellement n’est autre qu’une guerre des pauvres, des opprimés contre l’immobilisme des nantis […]” C’est ce qu’on voudrait nous faire croire en effet. Mais ce n’est pas le cas. Il est tout à fait vrai qu’il existe une frustration dans de nombreux pays musulmans à qui ont fait croire que l’Occident est responsable de tout, dédouanant ainsi leur incapacité à s’insérer dans la modernité (due en partie à leur religion). Mais ce n’est qu’une facette du problème. Juste pour montrer un exemple, les millions d’indiens qui meurent de faim sont ils devenus des extrémistes hindouistes, boudhistes ? Les millions d’africains chrétiens qui meurent de faim sont ils devenus des extrémistes chrétiens et des terroristes ? Vous oubliez également que les oulémas cautionnant le terrorisme islamique font tout simplement appel au Coran et pas à une lutte contre la pauvreté ! Les terroristes tuent les occidentaux non parce qu’ils veulent rétablir un équilibre pays riches et pays pauvres, mais parce que l’Islam doit devenir la religion du monde à leurs yeux et que l’Occident est devenu le paroxysme de la décadence et est totalement contraire aux principes de l’Islam. C’est pourquoi, en Irak, au Maroc, en Algérie ou partout ailleurs, des musulmans pauvres meurent lors des attentats. Les terroristes musulmans se fichent bien pas mal des pauvres. Votre thèse marxiste permet, en revanche, de comprendre pourquoi, au sein même de l’Occident, nombreux ont rallié l’islamisme. Ces gens ont reussi à remettre au gout du jour leurs positions anti-démocratiques, anti-capitalistes et anti-occidentales. La meilleure preuve est la conversion de Carlos à l’Islam. Pour en revenir à un thème plus européen, Vous dîtes également “L’intégration ne se fera pas tant que nous n’aurons pas changé notre approche du monde islamiste”. Il ne peut y avoir intégration entre notre modèle démocratique, laique et républicain avec le monde “islamiste” (je pense que vous vouliez dire monde islamique, ce qui est sensiblement différent). Tout au plus, il peut y avoir cohabitation entre nos pays européens et l’Islam (et pas l’islamisme) dans la seule hypothèse d’une réforme de cette “religion” et de l’acceptation par tous les croyants que nos règles sont supérieures (pas sur un plan moral ou religieux, mais sur le plan de leur nécessaire respect dans la société) à celles pronées par le Coran. Il y a 20 ans, si beaucoup de maghrébins se sont bien intégrés en France, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas adhéré à la version totalisante de l’Islam et qu’ils ont placé les lois et les principes de vie de la France au dessus de leur religion. A l’époque, leur revendication était : traitez nous comme des français, pas de différenciation. Maintenant le discours est : nous sommes différents, acceptez notre mode de vie ou vous le paierez. Sur de nombreux points notre République a accepté ces revendications. Nous payons maintenant le prix de ce laxisme. Pour que nous évitions une guerre civile voire une guerre religieuse au sein de l’Europe, les musulmans devront utiliser un des choix évoqués par Monsieur Godefridi. Et l’Europe doit les conduire à faire ces choix en évitant la politique de l’autruche qui est maintenant la sienne depuis de longues années.

    2 décembre 2004 à 14 h 00 min
  • Leclerc Répondre

    Sur LE problème de l’islam en Europe et en France, c.à.d. son incompatibilité avec les valeurs occidentales, vous envisagez trois issues : la réforme, l’apostasie et la violence. Vous semblez privilégier la troisième issue : la réforme, sans hélas dire comment et quand elle pourrait se faire ; Pourquoi donc faites vous l’impasse totale sur une quatrième solution : la « hijrah », ou émigration de la « terre de mécréance » vers la « terre d’islam ». Cette issue présenterait de nombreux avantages sur les autres : entre autres, elle est plus tangible qu’une hypothétique réforme, plus respectueuse du droit des musulmans qu’une apostasie forcée, plus saine que la violence. De plus, cette solution est non seulement compatible avec le dogme musulman, mais en plus elle est conseillée par celui-ci. Elle a donc l’atout œcuménique essentiel de satisfaire musulmans et non-musulmans et l’atout concret d’être immédiatement applicable.

    2 décembre 2004 à 1 h 20 min
  • TATANG Répondre

    Votre formule est assez réductrice. Réforme théologique+croissance économique, dites-vous, telle est la réponse libérale à l’islamisme. Eh bien non ! ce n’est même pas un rempart à la volonté de l’Islam de s’installer en Europe pour la dominer. D’abord parce que la réforme théologique est impensable dans la logique de l’Islam (relisez donc le Coran) et ensuite parce que la croissance économique n’aboutira qu’à augmenter l’immigration et par conséquent à apporter à l’Islam de nouvelles forces qui mettront rapidement à néant les résultats de la croissance économique. Il me semble que l’évolution ne se fera que lorsque le choc attendu interviendra avec une violence… inattendue.

    1 décembre 2004 à 22 h 31 min
  • T.LARGER Répondre

    l’islam est actuellement riche, grâce au pétrole, mais son systéme de pensée fait qu’il ne peut développer d’économie ni de système politique moderne, car ce serait renier certains principes fondamentaux du coran, et pire encore adopter certains modes de vie et de pensée occidentaux de culture chrétienne(pas forcément catholique). l’occident s’appauvri moralement, car il a perdu ses repéres civilisationnels dont certains incontestablement proviennent du christianisme. Le christianisme n’est pas incompatible avec l’évolution, la remise en question et la modernité, l’islam si. Alors que la bible et les évangiles proposent une évolution de la vision du monde, avec une progression vers de plus hautes éxigences morales, le coran propose un retour vers la religion d’abraham le hanif ( sacrifice du mouton de l’&aïd el kébir), les islamistes allant même au delà dans la régression, jusqu’au sacrifice humain ritualisé au nom d’allah akbar dont on a pu voir quelques exemples récemment. Où sont les musulmans modernes, je préfèrerais dire les personnes de culture musulmane adhérant à la modernité tant ils sont rejetés par le coran. Le christianisme propose la liberté, l’islam ne connait pas le libre arbitre, au point de nous dire comment il faut faire aux toilettes. Je pense qu’il faudrait apporter aux musulmans plus de liberté dans un cadre moral bien construit, mais comme tout celà nous fait déjà défaut à nous même; nous avons perdu les vertus qui faisaient la force de nos ancetres. Ne convertir personne, entretenir le statut quo, revient à dire que notre système ne vaut pas mieux que l’islam, je suis actuellement convaincu du contraire, et je crains que nous n’ayons plus guère le choix dans une période ou chacun avance le plus possible ses pions afin de laisser moins de marge de manoeuvre aux autres. C’est peut etre en partie ce cheminement qu’ont eu certains américains. Sans se convertir à la religion chrétienne, adopter certaines de ses valeurs est déjà considéré comme une apostasie par l’islam.

    1 décembre 2004 à 21 h 43 min
  • MHAP Répondre

    beaucoup de choses furent dites ici mais il manque le regard humain dans vos hypothèses. Le problème d’aujourd’hui, c’est que l’Islam est devenu la religion du pauvre. La guerre sainte que nous observons actuellement n’est autre qu’une guerre des pauvres, des opprimés contre l’immobilisme des nantis. La plupart des Musulmans pense que nous profitons de leur misère. En fait si les religions n’existaient pas, il y aurait encore des guerres pauvres contre riches, les pauvres cherchant par tous les moyens à s’approprier un peu de la richesse des riches. Pourquoi ne mettons nous pas la pression sur les gouvernants de ces pays ? Ils planquent en occident l’argent qui appartient à leur nation et nous laissons faire. Israël peut tout se permettre, se placer au dessus des lois onusiennes, nous regrettons mais c’est tout ce que nous savons faire. L’intégration ne se fera pas tant que nous n’aurons pas changé notre approche du monde islamiste. Nous les avons joués les uns contre les autres pour vendre nos armes. Nous leur avons ouvert la porte de nos universités, ils sont érudits, ils ont compris l’origines des différences.

    1 décembre 2004 à 16 h 31 min
  • Ryan Répondre

    Bonjour Olivier, Quand je parlais de philosophie des lumières, je souhaitais insister sur la nécessaire remise en cause des principes de chaque religion. Cela s’est produit pour la Chrétienté, l’Islam doit en passer par là. Quant à découvrir la vraie Religion, il faudrait se mettre d’accord sur la définition de “vraie”. Vous êtes catholique et considérez que c’est la vraie religion. Soit, mais ce n’est pas le cas de l’ensemble du monde. Je ne vois pas au nom de quoi on imposerait le catholicisme à des êtres humains. On est proche de la vision des islamistes qui souhaitent imposer l’Islam. Concernant l’économie, je crois que nous sommes tous d’accord. Il convient de noter que c’est également le point de vue de l’auteur de l’article. Il ne faut pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Je vais sans doute vous choquer mais pour moi, l’Islam n’est pas une fausse religion comme vous le prétendez. C’est une religion/système. La seule différence que je fais avec les autres religions monotheistes c’est son caractère totalisant (ou englobant) qui fait qu’elle déborde de la sphère qui devrait être la sienne, comme toute religion, la sphère privée. Je ne vois pas au nom de quoi on peut édicter que telle ou telle religion est la vraie, que les autres sont fausses et qu’elles doivent être abandonnées. Je comprends bien que cela doit vous choquer en qualité de croyant mais la religion est une question bien trop personnelle pour être imposée aux être humains. C’est un choix propre qui ne doit pas nuire aux autres humains. Cordialement.

    1 décembre 2004 à 14 h 14 min
  • Olivier Tréhard Répondre

    A Ryan, La philosophie des “Lumières” est antagoniste avec ce que Voltaire, Rousseau et Diderot appelaient l’infâme obscurantisme du Catholicisme. Il y a donc deux siècles de conflits internes à l’Occident, entre l’esprit de chrétienté et l’esprit de 1789 ou de 1917. Le problème n’est pas d’imposer une religion, mais de découvrir la vrai Religion. Spéculer sur un Islam modéré, c’est croire que le moins religieux l’emportera sur le plus religieux. Alors que l’Humanité cherche une religion vraie, compatible avec la science, et qui donne un sens à la mort, qui est notre lot commun. Je crois que le Catholicisme n’est pas une opinion, mais la Vérité,malgré les vicissitudes de l’Histoire, ce que ne croient pas les libéraux qui nous entourent. Il ne suffit pas de remplir les ventres.La prospérité n’empêche pas le fanatisme d’un Ben Laden, gorgé de Pétro-dollars. Il faut ouvrir le débat Théologique avec les Mahométans, comme avec les ex-communistes. L’homme est irréductible à l’économie. Quand à l’immigration et l’intégration elle peut se faire aussi dans les pays d’origines si ceux-ci abandonnent leurs fausses religions ou irreligions et leurs erreurs politiques.

    1 décembre 2004 à 9 h 46 min
  • Ryan Répondre

    Monsieur Larger, vous posez la question essentielle concernant une remise en question interne de l’Islam. L’ijtihad existe au sein de l’Islam mais le fond du problème est que les musulmans libéraux n’ont aucun poid face aux tenants du fondamentalisme. C’est cet ordre des choses qu’il faut tenter de changer. Et ce changement peut intervenir grâce à de nombreux facteurs, notamment le développement économique. Mais comme le dit F&H, cela ne doit pas être le seul moyen, et c’est ce que dit aussi Mr. Godefridi qui n’en fait pas une condition exclusive. Il ne pense pas que l’économie est tout puisqu’il inclut une réforme théologique. C’est pour cela que je trouve son analyse très intéressante, il ne souhaite pas tout régler par l’économie. Pour ma part, je vois dans le développement économique, non une façon de rétablir un déséquilibre qui engendrerait une frustration (en tous cas pas seulement) mais surtout la possibilité de faire entrer dans les sociétés musulmanes (je ne me limite donc pas aux petits jeunes de banlieues qui deviennent des terroristes) plus d’information, plus de liberté pour qu’une sorte de philosophie des lumières puisse s’amorcer (et les prémices existent, il faut en profiter). Quant à la conversion des musulmans au catholicisme, il me semble que cela n’est pas réalisable à moins de régler le problème comme au temps des croisades. Et puis il me semble qu’imposer une religion aux autres n’est pas la bonne solution… Il existe peut être des solutions pour que personne ne convertisse personne. Il serait intéressant de les chercher si on ne veut pas s’entretuer dans quelques années (ça a déjà commencé vous me direz).

    30 novembre 2004 à 16 h 13 min
  • F&H Répondre

    Bonjour, “Les élites politiques européennes devraient, quant à elles, créer les conditions favorables à cette réforme, en offrant des perspectives d’avenir aux jeunes issus de l’immigration. C’est-à-dire une alternative aux sirènes de l’islamisme. Ce qui suppose de renouer avec une franche croissance économique.” Voilà le problème avec certains libéraux qui sont convaincus que l’économie est la solution à tout. Seulement, voilà : on ne peut intégrer celui qui ne veut s’intégrer. Je suis d’accord avec Olivier Tréhard : Réconquista. F&H

    30 novembre 2004 à 8 h 27 min
  • Bryan Travis Répondre

    Helas, ce qu’ecrit ici Drieu GODEFRIDI sur la voie d’integration des jeunes-issues-de-l’immigration, observation qui devrait etre une evidence, est rarement compris en France. Les luttes entrepris par les socialistes de tous bords au nom des moins puissants, les plus demunis etc etc, resultent mechaniquement a un etat de sous-emplois aggrave chez les chez ses memes moins puissants, plus demunis, etc etc…bref les “aidés”. En France, parmi les aidés, ceux les moins biens munis pour sortir de l’etat d’aidés sont les jeunes qui sont les moins franchouille quis ont grandi parmi d’autres aidés encore moins franchouilles(leurs parents, oncles, relations toujours au bled etc). La facon de faire en sorte qu’ils peuvent s’integrer c’est de leur ouvrir les portes de l’emplois en supprimant les mesures anti-travail partout dans l’economie. Bref, le liberalisme. Certains se plaignent que c’est une solution a l’americaine culturellement inacceptable en France etc etc. Ce n’est pas toute a fait juste. Les americains ont essaye, pendant des decennies…on pourrait dire un siecle environs…bien d’autres mesures plus etatiste pour ameliore le sort de leur minorites(welfare, segregation, anti-segregation, discrimination inverse)..avant d’essayer pleinement ce qui marche le mieux, le liberalisme. Ces derniers reformes ont ete entrepris sous…Clinton. Cheers, Bryan Travis (Reporting live from Dallas, Texas)

    30 novembre 2004 à 5 h 29 min
  • T.LARGER Répondre

    une remise en question interne de l’islam est elle possible? l’islam resisterait il à cette remise en question? la lecture du coran donne de sérieux doutes face à cette hypothèse.

    29 novembre 2004 à 20 h 54 min
  • Olivier Tréhard Répondre

    La quatrième voie manque à votre analyse : La conversion au Catholicisme des musulmans. C’est un peu provocant d’écrire cela, mais la nature a horreur du vide. Je doute que l’apostasie séduise les masses musulmanes. Les occidentaux sont eux-mêmes malades du divorce entre leur religion d’origine et la modernité. Il manque une analyse critique de l’Islam, fausse religion avatar du Judaisme de l’Ancien Testament.Démolition de la fausse religion nécessaire à son remplacement. Et réciproquement apologie actualisée de la religion chrétienne. La crise est apologétique dans notre sphère.

    29 novembre 2004 à 15 h 19 min
  • Ryan Répondre

    Bravo pour cet article extrèmement lucide. Je dois avouer que vous m’avez coupé l’herbe sous le pied puisque vos arguments correspondent exactement à ceux que je suis en train de développer dans une synthèse/réflexion sur l’islamisme et le terrorisme. Merci.

    25 novembre 2004 à 17 h 18 min

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