Oui, l’Algérie était presque pacifiée en 1960 !

Oui, l’Algérie était presque pacifiée en 1960 !

L’article de notre camarade Antoine Esposito (N° 1254) m’a rappelé ce dîner du 4 mars 1960, que j’ai eu l’occasion de conter par ailleurs.

Connaissez-vous le menu du dîner du Général de Gaulle, le 4 mars 1960 ? Non ? Et bien voici :

Vol-au-vent, saumon froid may­onnaise, jardinière de légumes, salade de laitue, fromages, tarte, corbeille de fruits.

Le Général était en visite dans notre secteur ce jour-là et, le matin, nous eûmes droit à une visite au terrain (où se trouvait l’escadrille que je commandais) et lui serrâmes la main une première fois après nous être présentés, une deuxième fois au cours d’un briefing et, enfin, avant le dîner car j’en étais.

Il faut dire que, rappelé en fait par les militaires, de Gaulle ne faisait plus l’unanimité, aussi certains de nos chefs s’étaient « défilés » pour ce dîner.

Le discours du 16 septembre 1959 était resté pour moi le fondement de notre action, même si sa finalité ne me convenait qu’à moitié ; je m’y suis souvent référé pour répondre aux questions de mes subordonnés.

Les convives du Général étaient peu nombreux : quelques chefs hiérarchiques, Paul Delouvrier (résident général) et plusieurs capitaines dont j’étais. Au total 8 !

Le Général dînait vite, si vite qu’il eut terminé, alors que nous n’en étions encore qu’au fromage. Il discuta peu avec les généraux qui l’accompagnaient et qui détenaient le commandement en Algérie et pour la zone d’Alger. Dès qu’il eut fini, il se leva et partit au dodo !

Avec la tournée qu’il venait de faire, il y avait de quoi être fatigué : il avait alors 70 ans. Je crois qu’il tenait par-dessus tout à rencontrer les gens des unités et se souciait fort peu des baratins officiels des états-majors. Il était donc allé dans tous les recoins du secteur.

À ma gauche, se trouvait M. Paul Delouvrier, représentant le gouvernement à Alger et nous étions presque en face du Général. Après que le chef fut parti, je discutai surtout avec M. Delouvrier et lui fis part de mon sentiment quant à une cohabitation possible future entre les Pieds-Noirs et les Arabes.

Je crois que nous étions d’accord sur le fait que rester en Algérie impliquerait de se séparer de nombre de « petits blancs » accomplissant des tâches subalternes pour des salaires supérieurs à ceux des Arabes qui les accomplissaient aussi bien.

Je reste persuadé, et l’expérience l’a prouvé, que la présence des cadres était beaucoup mieux acceptée que celle des autres ayant des positions d’exécutants.

Le repas terminé, chacun est rentré chez soi dans la mesure où c’était possible. Pour moi, je crois que le Commandant du régiment voisin de mon escadrille m’avait offert une escorte de deux auto-mitrailleuses pour rentrer à mon terrain.

À ce moment, la guerre était pratiquement finie et, si mon escadrille participait aux combats, la vie au village était assez paisible, si paisible que j’avais fait venir d’abord mon épouse (qui assurait le poste d’enseignante), puis ma fille aînée qui allait à l’école avec les autres enfants du village et finalement ma mère (qui enseignait le tricot à d’autres villageoises) avec ma fille puînée n’ayant que 2 ans et demi à cette date.

Certes, comme je l’avais dit à Paul Delouvrier, il restait encore à faire. Ainsi disait le maire du village (Français de souche) : Boukhalfa, va me chercher un paquet de cigarettes ! Mais le village dans son ensemble ne posait aucun problème, pas plus que les petits villages voisins.

Le commandant du régiment, que j’avais rejoint lors d’une opération se tourna vers moi et me dit : « Ruff, accompagne le toubib au village pour le couvrir et qu’il regarde s’il peut soigner ce qu’il trouvera. » Ce fut fait et, effectivement, de la pommade appropriée fut apposée sur le pied d’un gamin qui s’était blessé et risquait de voir son mal empirer vers le point de non-retour !

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Comments (7)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    curieusement personne, ici comme ailleurs, n’ évoque le coup de génie géo-stratégique et géo-politique de Nicolas Sarkozy le bateleur levantin et de son conseiller confessionnel BHL

    12 août 2020 à 9 h 37 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    à Bernard Ruff,

    voyez vous cher journaliste , il existe une constante dans ce type de pays africains qu’ on peut résumer par cette phrase d’ un ancien otage :

    ” ici on ne sait pas qui est qui ”

    ce que savaient ” identifier ” ce corps extraordinaire de perspicacité qu’ étaient les officiers des affaires indigènes

    10 août 2020 à 18 h 35 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ces guerres d’ indépendance dans ce type de pays , c’ est comme des incendies dans le midi : le feu couve toujours, et ça repart sans cesse d’ autant qu’il y aura toujours un nouvel incendiaire ou bien alors il faut ” déporter ” définitivement … l’ indigène

    7 août 2020 à 16 h 42 min
  • OMER DOUILLE Répondre

    J’ignore ce que vous voulez prouver avec cet article, particulièrement sur la possibilité de maintenir les pieds-noirs avec l’indépendance de l’Algérie, quitte à dégager ce que vous appelez des “petits blancs”. Votre projet de ne maintenir que les “cadres” européens qui auraient été mieux vus que le commun me semble irréaliste, à moins que vous ne vous soyez résolus à devenir de fait les serviteurs du FLN ce qui n’aurait pas été à votre honneur.
    J’ai servi en appelé en Kabylie et ai pu voir dans des villages perdus où aucun français n’était établi comme colon ou autre – sauf, rarement, un instituteur- des inscriptions grand format tracées sur les murs les murs des mechtas à la gloire du FLN et à la haine de la France, alors que celle-ci n’avait, depuis le début de son implantation que financé des travaux et des soins au bénéfice des autochtones.
    De Gaulle s’est fait rouler dans ses négociations par le FLN et a de plus sacrifié nombre de pieds-noirs (peut être pas assez à votre goût s’il s’agissait de “petits blancs” ) ainsi que la part de harkis loyaux. J’espère qu’il n’a pas été influencé par des gens comme vous pour ce faire.
    L’armée française avait mis à genoux les fellouz et pouvait se retirer proprement au lieu du bordel accepté : en rendant les coups au décuple à Oran par exemple, les tueurs se seraient vite calmés. Mais ordre avait été donné de rester dans les casernes : une honte ineffaçable.
    Maintenant les pignoufs du FLN viennent exiger un repentir. Qu’ils aillent au diable et leurs amis français avec.
    Il fallait partir d’Algérie mais en ayant auparavant rapatrié les notres, sans les laisser à la merci des charognards. Ceux qui ont approuvé cela sont des pourris.

    7 août 2020 à 0 h 23 min
    • Abel Merlot Répondre

      J’étais appelé jusqu’à fin mai 1959, (contingent 59-2-c).
      je peux vous dire que ce jour là, la région de tizi ouzou où je me trouvais était parfaitement calme et sans danger .
      Le danger est arrivé quand de Gaulle et Cie a commencer à discuter avec le FLN.
      C’est comme aujourd’hui, quand vous discutez avec ces gens là, ils vous prennent pour des c**s.
      Vous connaissez le dicton:
      “Poignez vilain il vous oindra, oignez vilain, il vous oindra”
      C’est un connaisseur qui vous parle, j’ai été domicilié au Maroc 32 ans.

      7 août 2020 à 17 h 23 min
      • Abel Merlot Répondre

        erreur, j’ai dit 56-2-c et non 59 (date de libération)

        7 août 2020 à 17 h 26 min
      • OMER DOUILLE Répondre

        J’ai fait de nombreuses escortes de convoi depuis les bleds des pitons jusqu’à Tizi Ouzou . Les conditions dans cette ville n’avaient rien à voir avec celles du “bled profond”, sauf que vous voyions arriver assez souvent les camions du 15° BCA ou 7°, je ne me souviens plus , ramenant des cercueils (l’implantation du bataillon était peu enviable et leur commandant était qualifié de fou)..
        Pour la tranquillité il faudrait demander aux veuves et orphelins de nos camarades tombés dans dans embuscades dont une belle après IFIGHA , ou des appelés de retour d’une visite de libération à Tizi (c’était la procédure) se sont fait bien trouer la peau, la veille de leur départ de libération. Etant dans une autre compagnie nous sommes allés sur place en secours mais trop tard et je n’oublierai jamais les dix corps dépouillés de leurs vêtements, bien éclairés par la lune naissante qui est particulièrement vive dans ces régions, alignés sur le bord de la route en attendant leur enlèvement. Tous avaient été achevés par des rafales de PM.
        Une autre fois, j’ai remercié mon ange gardien pour une impression soudaine dans un camion sur la piste et fait dévier le volant par le chauffeur : deux voitures derrière, un obus piégé à fait sauter le véhicule.
        Dans tout conflit vous trouverez toujours des gens bien installés dans un coin pénard et qui vous diront que la vie est belle, mais quand ça vous siffle aux oreilles, c’est autre chose.
        Quant à mon opinion sur la confiance à accorder aux maghrébins, c’est zéro pointé.
        Il existe peut être des exceptions, mais comme disait l’autre “il existe des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité de l’espèce”.
        Avec des gens qui, depuis la nuit des temps, ne respectent que la force, il n’y a pas trop de questions à se poser.
        C ‘est la raison pour laquelle, je trouve un tantinet odieux le texte de l’article presque irénique de l’auteur qui n’a surement pas du s’exposer beaucoup, comme tous les “gonfleurs d’hélices” là bas. Au fait : les “petits blancs”, il en aurait fait quoi le monsieur, il les aurait livrés , voir bouffés peut être.
        A ce titre, apprenant le nouvel attentat vers Niamey, je me demande ce que nos troupes font foutre dans ces pays, tandis que bien de leurs habitant ne cherchent qu’à venir se faire prendre en charge chez nous. Si, comme on le clame souvent, c’est pour protéger l’Europe, alors que la dite Europe envoie elle aussi sa viande et pas seulement des camions ou autres . Les teutons qui nous méprisent doivent prendre leur part du casse-pipe, sinon : retirons nous. point barre.

        10 août 2020 à 2 h 26 min

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