Prisonnière d'un Etat islamiste

Prisonnière d'un Etat islamiste

 
Clotilde Reiss est restée enfermée 47 jours la prison d’Evin, à Téhéran.
Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Un mois après sa libération, Clotilde Reiss, la
jeune Française emprisonnée sept semaines à Téhéran, détaille son expérience dans les geôles iraniennes et raconte comment elle a tenu le coup (Le Figaro)

 

L’ennui, la saleté, la peur. C’est ce qui domine les souvenirs de
prison de Clotilde Reiss. La jeune femme, rentrée en France le 16 mai après 47 jours de prison et
dix mois d’assignation à résidence à
l’ambassade française de Téhéran, revient dans le détail sur cette terrible expérience sur
France Culture dans une émission diffusée
jeudi et vendredi*.

Une angoisse terrible

Lectrice à l’université d’Ispahan depuis cinq mois, la jeune étudiante
de 24 ans est
arrêtée le 1er juillet 2009 après avoir
assisté à des manifestations anti-gouvernementales. Motif invoqué par les autorités iraniennes : atteinte à la sécurité nationale de ce pays. Elle est alors transportée à la
prison d’Evin, un bâtiment «très grand» où
se trouve en permanence «une foule de gens, les parents des prisonniers qui attendent d’avoir des nouvelles de leurs enfants, savoir s’ils ont été arrêtés ou pas».

Elle est conduite dans la section des politiques, où elle est entièrement déshabillée,
«comme une espionne». Dans la cellule «très sale» de 8m² qu’elle partage avec trois autres femmes, le quotidien est dominé par l’ennui, mais elles ne subissent aucune torture. Elle craint plus
que tout les interrogatoires soudains, qui éveillent en elle «une angoisse terrible». Couverte de la tête aux pieds, on l’y conduit les yeux bandés. «Les questions de prédilection portent sur les
gens que tu connais. On te pose les mêmes vingt ou trente fois, mais de façon différente, et, une fois qu’on a tiré le maximum de toi, on t’en pose une par écrit. (…) C’est comme ça qu’on se
retrouve à dire des choses qu’on ne veut pas dire».

Si la jeune femme affirme n’avoir reçu aucune menace physique, elle évoque en revanche
«des pressions morales, un chantage affectif». Son arme : le silence. «Je répondais aux questions le plus brièvement possible et je leur demandais jamais quand j’allais sortir. Car toute question
de ce genre, c’est ouvrir la porte à des tortures psychologiques. Chaque fois que je leur demandais pourquoi j’étais arrêtée, ils me répondaient : «tu sais très bien pourquoi»».

De son procès, elle garde l’impression de se
trouver «au Jugement dernier, d’être condamnée avant même de m’être exprimée». «Le président a prononcé une diatribe d’une violence incroyable. C’était le jour le plus dur de ma vie. (…) On m’a
forcée à avouer des choses que j’avais faites mais avec des mots qui n’étaient pas les miens. Ils voulaient montrer que les étrangers avaient un rôle dans tout ce qui se passait».

Après son procès, Clotilde Reiss a été autorisée à la mi-août à attendre son jugement à
l’ambassade de France à Téhéran, moyennant une caution de 200.000 euros. Le 15 mai, après un jugement la condamnant à une amende, elle a enfin été autorisée à quitter l’Iran.

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Comments (1)

  • danièle chatelet

    Votre article, très intéressant au demeurant, donne l’information et ce qu’en a dit Clotilde Reiss… Je pense que les choses sont bien plus complexes que cela, notamment en ce qui concerne une
    éventuelle rançon !

    12 juin 2010 à 6 h 57 min

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