Sarko et l’islam

Sarko et l’islam

Lu sous la plume de François d’Orcival, dans le numéro de Valeurs Actuelles du 3 novembre :

« Les Tunisiens résidant en France ont donné quatre députés au parti islamiste sur dix élus. Quatre sur dix, dans notre pays de démocratie, de laïcité, d’école gratuite, de protection sociale et de couverture maladie universelle. Qu’est-ce que cela traduit ? Que près de quatre Tunisiens sur dix établis chez nous avec femme et enfants, jouissant de toutes les libertés d’un Etat de droit, accordent la priorité au référent religieux et qu’ils ont voté pour ceux qui, dans leur pays, ne distinguent pas entre religion, Etat et prédication, pour qui Dieu et César ne font qu’un et qui souhaitent manifester cette identité en se repliant sur l’enseignement de l’arabe au détriment, par exemple, du français. »

Quel beau morceau d’indignation étonnée ; à moins qu’il ne s’agisse d’étonnement indigné ? Cette entrée en matière appelle cependant quelques commentaires :

  • Il n’est nullement étonnant qu’entre leur religion, qui leur ouvre les promesses de la vie éternelle, et la démocratie laïque qui leur ouvre droit à la Sécurité sociale, les musulmans optent pour la première. A chacun sa religion…

  • Les chrétiens aussi font d’ailleurs passer avant César le « référent religieux » (autrement dit leur foi), qui les engage en leur âme et conscience,. « Dieu premier servi » disait Jeanne d’Arc. François d’Orcival a cependant raison de souligner la différence entre le christianisme, qui établit à la suite du Christ une distinction entre ce qui revient à César et ce qui revient à Dieu, et l’islam, qui n’en fait pas. Il est surprenant que les politiques français n’aient pas prévu que ce problème se poserait à l’époque où ils ont favorisé l’immigration de peuplement et n’aient tiré aucune leçon de la riche expérience que représentaient 130 ans de présence française au Maghreb.

Une « claire vision de nos intérêts » ?

« Cette attitude vient confirmer les études réalisées sur le développement de l’intégrisme au sein des communautés musulmanes en Europe, poursuit l’éditorialiste de Valeurs Actuelles. (…) La semaine dernière, notre journal citait un rapport des policiers de la sous-direction de l’information générale des Bouches-du-Rhône (le RG) que s’était procuré le quotidien communiste La Marseillaise : "Si rares sont les individus radicalisés au point de soutenir les djihadistes, pouvait –on lire, le fondamentalisme paraît avoir progressé au point de gagner la majorité de la population musulmane. " »

Parallèlement, observe encore François d’Orcival, en Egypte, en Tunisie et en Libye, où la « révolution arabe » a triomphé aux applaudissements des démocraties occidentales, voire, en Libye, avec leur appui efficace, s’affirment « les prétentions à gouverner des Frères musulmans islamistes qui puisent leur inspiration dans l’exercice du pouvoir par le parti AKP en Turquie ».

« Alors, le diable s’est-il fait l’instrument de la charia ? », demande l’éditorialiste. « Les Américains et les Européens se font-ils les complices de l’islamisme en aidant ces peuples à accéder à la démocratie ?

Cette question résulte d’une confusion. Laquelle a été entretenue par les Américains et reprise par leurs alliés. La source de cette confusion est toujours la même : plutôt que d’annoncer clairement que nous intervenons ici ou là pour nous défendre et défendre nos intérêts, nous préférons habiller ces interventions d’une caution morale, droit d’ingérence et droits universels de l’homme. Or (…) nous sommes allés au secours des insurgés libyens en raison d’une claire vision de nos intérêts au sud de la Méditerranée. La charia chez eux est leur problème, pas le nôtre, même si nous devons y garantir le droit des minorités à vivre en paix, et en particulier les communautés chrétiennes. »

La République soluble dans le fondamentalisme ?

Voilà qui cadre mal avec la « croisade » (le mot convient mal mais convient à la dimension quasi-religieuse de l’appel aux armes sarkozien) démocratique initiée en Libye par Nicolas Sarkozy et son mentor B-H. L. Si le président s’était donné pour but de promouvoir la démocratie en Libye, il s’est ridiculisé en tirant les marrons du feu pour les islamistes ; si l’objectif réel était la défenses des intérêts français, le proche avenir dira s’il a été atteint. Dans ce cas, l’alibi démocratique cacherait cependant une bonne dose de cynisme.

« En revanche et là, nous devons être solides, pas de charia chez nous. Le fondamentalisme n’est pas soluble dans la République. Sommes-nous à cet égard suffisamment résistants ?», s’interroge François d’Orcival.

Espérons que nous n’en viendrons pas bientôt à nous demander si la République n’est pas soluble dans le fondamentalisme …

D’Orcival n’en oublie pas pour autant de prêcher pour sa paroisse, autrement dit pour la droite sarkoziste, à laquelle il voudrait rallier les lecteurs de Valeurs actuelles. Et voilà Copé grimé en champion de la laïcité contre l’islam, tandis que la gauche est présentée (peut-être pas à tort, d’ailleurs) en complice de l’islamisme. Avec cette conclusion, dans la perspective de la présidentielle : « Il ne faudra pas oublier que, devant la question de la propagation de l’islamisme, posée lors du deuxième débat télévisé de leurs primaires, les candidats socialistes sont restés muets. »

C’est oublier un peu vite les efforts déployés par l’actuel président de la République pour installer l’islam en France : le rapport commandé pour trouver un moyen de subventionner la construction des mosquées qui se sont multipliées sur l’ensemble du territoire national, les cris d’orfraie poussés par les ténors de la majorité présidentielle comme par la gauche au lendemain du référendum suisse sur l’interdiction des, minarets, la volonté affichée d’aider l’islam à rattraper son « retard » sur le christianisme (d’autant plus irrattrapable que le christianisme est historiquement et spirituellement à la source même de notre civilisation), sans parler de la discrimination prétendument « positive »…

Au crédit de Nicolas Sarkozy, il faut mettre le rappel des racines chrétiennes de la France. La loi sur le voile intégral, en revanche, procédait de la gesticulation politique et a d’ailleurs de grandes chances de ne pas être appliquée, au moins dans les cités de banlieue.

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Comments (2)

  • Rafik Répondre

    Bonjour, Tout à fait d’accord avec le commentaire de QUINCTIUS CICINNATUS Très belle citation de votre épicier. Google

    8 novembre 2011 à 19 h 07 min
  • QUINCTIUS CICINNATUS Répondre

    mon épicier du coin , Franco-Tunisien comme il se doit, vote :
     Front National en France mais
     Ennahba aux élections tunisiennes
    il estime que :… "certaines valeurs morales doivent être protégées" …

    7 novembre 2011 à 21 h 41 min

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