Un drôle de citoyen…

Un drôle de citoyen…

Comment Lies
Hebbadj
, soupçonné de polygamie et de fraudes aux allocations familiales, est-il devenu français ? Le Figaro a pu consulter son dossier presque
jauni qui dormait aux archives de la sous-direction des naturalisations.

Né en Algérie en 1975, il arrive à Paris à l’âge de deux ans puis s’installe avec
ses parents et ses quatre frères et sœurs dans un quartier populaire de Nantes. Il demande la nationalité une première fois en 1994, mais il est encore lycéen et se voit opposer
un refus, faute de revenus suffisants. Son père, architecte, touche alors le RMI, indique son dossier. Il finit par obtenir un bac technico-commercial. À 22 ans, il épouse une Française
avec laquelle il vit toujours et sollicite deux ans plus tard, selon les règles en vigueur à l’époque, la nationalité française.
Il ressort de l’entretien d’assimilation qu’il fréquente
surtout la communauté algérienne. Il n’a aucun lien avec la mouvance islamiste radicale. Parlant bien français, il est connu des services de police et habitué d’un club de boxe. En 1999,
il obtient la nationalité française.

C’est au cours des années 2000 qu’il se serait «réislamisé» en se rapprochant de la mouvance
fondamentaliste et piétiste des Tabligh
, selon une note des renseignements généraux. Mais il ne fait pas l’unanimité parmi les pratiquants de Nantes, qui lui reprochent une
dérive de gourou
. Ce week-end, le Conseil français du culte musulman l’a publiquement critiqué pour avoir affirmé que l’adultère était licite en islam. Aux Jeunes Musulmans de France, un
mouvement lié à l’UOIF et justement implanté à Nantes, on dénonce depuis des années «cet homme à la moralité douteuse».

La librairie musulmane qu’il a monté, lui permet de rencontrer, selon les renseignements généraux,
une autre convertie qu’il aurait «épousée» en 2003. N.G.
assure depuis dans un blog avoir été maltraitée et répudiée
, ce qu’il nie. Les RG évoquent également des coups portés contre une autre de ses compagnes, Sonia
Y.
En juin 2004, les policiers l’auraient retrouvée errant dans la rue sans papiers et sans argent. Enceinte, elle affirme alors avoir été «rouée de coups de poing dans le
ventre», «pour (la) faire avorter».
Elle est conduite dans un foyer. Mais ne porte pas plainte et semble vivre aujourd’hui encore, à en croire les policiers, avec Lies
Hebbadj.
En 2006, un père de famille porte plainte contre ce dernier pour détournement de mineur, car le libraire est parti en voyage à Dubaï avec sa fille de 17 ans et
demi. L’affaire est classée sans suite, car la jeune fille affirme l’avoir suivi volontairement pour des vacances. Pendant ce temps, son négoce prospère, puisqu’il serait, selon
les policiers, propriétaire d’un taxiphone, d’une boucherie halal et grossiste en produits alimentaires… Autant d’éléments qui doivent encore être confirmés par l’enquête. Le parquet de
Nantes examine si les faits de bigamie, tout comme la fraude aux allocations sont établis.

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