La sécurité au risque de la magistrature

La sécurité au risque de la magistrature

En France, quand un certain nombre de faits divers scandalisent la population qui en est victime ou craint de le devenir, les politiques ont des réactions quasi automatiques : ou bien, ils créent une – ou plusieurs – commission(s) pour étudier le problème et chercher une solution. Dotée de moyens substantiels en argent et en fonctionnaires, la commission consacre des mois ou des années à cette étude et finit par accoucher d’un rapport, qui, la question n’étant plus à la une des médias, tombe le plus souvent dans une oubliette. Ou bien et dans l’urgence ils concoctent une nouvelle loi.

Devant l’insécurité croissante dans nos villes et mêmes nos campagnes, il n’est pourtant besoin ni de commission, ni de nouvelle loi. Le code pénal actuel est, tel qu’il a été voulu par le législateur, est le plus souvent suffisamment dissuasif  (sauf en ce qui concerne les psychopathes et sociopathes multirécidivistes qu’aucune sanction pénale ne peut empêcher de récidiver dès qu’ils sont libres) : il suffirait de l’appliquer.

Mais il ne l’est pas : en effet, depuis des décennies, s’est établie, au-dessus des lois votées par le législateur, une jurisprudence qui en détourne le sens et va parfois jusqu’à les contredire directement. Les juges (et pas seulement ceux du Syndicat de la Magistrature qui sont bien connus pour cela) ont tendance à penser que leur droit « d’interpréter » la loi va jusqu’au droit de la récrire entièrement, voire de la contredire.

C’est ainsi, pour citer deux exemples relativement récents, qu’un homme qui a tiré sur deux cambrioleuses entrées par effraction dans son habitation, circonstances qui, selon la loi, établissent la légitime défense, est emprisonné et maintenu en prison par un juge qui affirme qu’aucun des faits de l’affaire ne justifie sa prétention d’être en état de légitime défense et qui ne tient pas compte, non plus, des conditions mises par la loi à la détention provisoire, n’existant pas en l’occurrence puisque le détenu présente toutes garanties de représentation et ne risque ni de récidiver, ni de faire pression sur des témoins ; tandis qu’un autre juge libère un détenu multirécidiviste et arrêté alors qu’il était en fuite, détenu qui, aux termes de la loi, était tout à fait susceptible d’être mis en détention provisoire si le juge n’avait pas totalement négligé les risques importants d’évasion, de récidive et de pression sur les témoins qu’il présentait.

Si loi il doit y avoir, elle devrait donc limiter les divagations de la jurisprudence, par exemple en rendant les juges personnellement responsables des conséquences fâcheuses des décisions qu’ils auraient prises en contradiction avec la loi telle qu’elle est rédigée.

Anne Lys

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Comments (4)

  • Guillermo Répondre

    @TOTO … et en plus ils sont critiqués par des illettrés. Ce qui ne saurait contribuer à leur faire bien mal.

    1 février 2012 à 9 h 07 min
  • TOTO Répondre

    CES JUGES SONT LA DIGNE REPRESENTATION DE LA FONCTION PUBLIQUE IRRESPONSABLE……

     

    responsable et surpayés mais jamais coupable….0 L INSTAR DE NOS POLICARD PROFESSIONNELS…qui ont jamais bossés…

    Lirresponsabilité ou siviétisation de la sociétée francaise a commencé en 1789….pour s être confirmé en 1945…..dans les faits nous avons perdu la 2 ème guerre mondiale…..NOUS AVONS SAUVER LE TERRITOIRE…..mais pas le modèle

    toto

     

    31 janvier 2012 à 15 h 44 min
  • François Répondre

      Vous avez tout à fait raison, Madame. Une faille cependant, s’il faut rendre les juges responsables de leurs actes, QUI décidera s’ils ont ou non commis une faute sinon d’autres juges dont l’esprit corporatiste ne manquera pas de s’appliquer?
      Pour cela une solution, que le conseil supérieur de la magistrature fasse le ménage dans ses rangs ( la police a bien l’IGS, pourquoi la magistrature serait elle dispensée d’un organisme de contrôle?) et que celui ci soit ELU au suffrage universel.

    31 janvier 2012 à 8 h 29 min
  • LAURANCEAU GEORGES Répondre

    Pour être indépendant et  exercer un pouvoir, dans une République , il faut être élu.

    Tant  que les magistrats ne seront pas élus au suffrage universel unimominal à un seul tour, ils ne doivent et n’ont aucun pouvoir ni aucune indépendance.

    Ils ne doivent qu’obéir très  strictement aux consignes du Ministre de la Justice.

    Tout le reste est  oeuvre de pure imagination….

    30 janvier 2012 à 17 h 01 min

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