Les lapins n’agressent pas les bijoutiers…

Les lapins n’agressent pas les bijoutiers…

J’entends revenir à froid, avec la distance permise par le temps, sur l’agression subie par un bijoutier voici peu à Nice, et sur la mort de l’un des deux criminels qui ont commis l’agression.

On doit constater que les attaques contre les banques se font plus rares, car s’en prendre à une banque est devenu plus complexe. Les criminels se tournent dès lors vers les commerçants, avec une prédilection pour les bijoutiers. Les agressions, parfois mortelles, contre des bijoutiers se sont donc multipliées.

La plupart du temps, les bijoutiers ne réagissent pas : ils subissent. La police, elle, intervient après, constate les faits, et arrête rarement les agresseurs.

On doit constater aussi que, lorsque les criminels sont arrêtés, ils sont souvent relâchés.

Je ne sais ce que pensent la plupart des policiers de cette situation, mais je m’en doute, et je constate que le nombre de suicides dans la police s’accroît.

Je ne sais ce que pensent la plupart des bijoutiers, mais je me doute aussi de ce que serait la réponse de la plupart d’entre eux si on leur demandait, et je me doute que la réponse mêlerait un sentiment de frustration et de rage impuissante.

C’est dans ce contexte que doit se lire ce qui s’est passé à Nice. On a affaire à un homme qui s’est déjà fait agresser dans le passé et qui a réagi avec colère, en tirant en direction de ceux qui venaient de l’agresser.

Sa réaction a peut-être été disproportionnée, mais il avait toutes les raisons de penser qu’il était seul face à sa détresse.

On a vu se lever un élan de solidarité avec cet homme, et les bien-pensants ont décrit cet élan aussitôt comme une manipulation venue de l’extrême droite, sans voir que des centaines de milliers de gens en France s’identifient à l’homme en question, parce qu’ils savent ce qui arrive aux bijoutiers, parce qu’ils sont en colère eux aussi, et parce qu’ils savent qu’ils peuvent se trouver un jour en position de victime.

On a vu une justice se comporter de manière inique et montrer que, si elle est laxiste avec les criminels, elle sait se faire impitoyable avec les victimes qui refusent de se laisser faire : un juge qui raisonne comme les bien-pensants a mis en examen l’homme en question, pour homicide volontaire, et a stipulé qu’il risquait une peine de prison de trente ans.

Que l’homme en question soit convoqué devant un juge est une chose. Mais qu’il soit accusé d’homicide volontaire est une toute autre chose.

Que la peine évoquée le concernant soit de trente ans serait grotesque, si ce n’était tragique. Une mère complice de la mise à mort de sa fille, et l’assassin présumé de celle-ci, viennent d’être arrêtés et ils ne risquent pas trente ans de prison, très loin de là.

La société française est profondément détraquée. La sécurité n’est plus assurée. La justice est profondément pervertie.

Ceux qui sont responsables de tout cela font le lit d’une réaction autoritaire contre laquelle ils sont les premiers à mettre en garde, mais qu’ils sont les premiers à provoquer.

Ceux qui sont responsables de tout cela sont les vrais responsables du geste du bijoutier, tout comme ils sont les vrais responsables de la mort du jeune agresseur : celui-ci avait déjà commis une douzaine de crimes et aurait dû être en prison au moment de l’agression.

Ils sont aussi responsables de l’état d’esprit qui semble régner dans la famille du criminel décédé : état d’esprit qui ressemble effroyablement à l’air nauséabond du temps. Le père, le frère, la sœur du criminel, ont dit que le criminel s’était fait tirer dessus « comme un lapin ».

Reste-t-il quelqu’un pour leur dire que les lapins n’agressent pas les bijoutiers et que commettre un crime implique des risques ? S’il reste quelqu’un pour leur dire cela, il n’est pas membre du gouvernement. Il n’est pas juge. Il n’est pas journaliste des grands médias.

Depuis, un buraliste à Marseille a tiré sur un de ses agresseurs, je sais, et il a, lui, été relaxé. Je pense qu’il serait très hâtif d’en tirer la moindre conclusion quant à un éventuel sursaut permettant de sortir de l’ornière.

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Comments (13)

  • BRENUS Répondre

    Comme a l’accoutumée , le sieur jaurès est dans le déni. Si cela arrageait sa pensée unique, il vous jurerait qu’à l’équateur le soleil brille à minuit. Normal car formé à la méthode de Gramsci qui a d’ailleurs bien réussi pour ses partisants même si elle mène finalement au néant.

    15 octobre 2013 à 21 h 08 min
    • Jaures Répondre

      Soyez plus précis, ami Brenus. Je pense que ce que j’écris est argumenté. Dire que je suis dans le déni sans montrer en quoi relève de l’incantation.

      16 octobre 2013 à 10 h 02 min
  • Abraham Répondre

    M. Jaures,
    Vos commentaires sont comme d’habitude à coté de la plaque. Cet article décrit parfaitement l’ambiance générale malsaine qui règne dans notre bien aimée France. Croyez-vous être plus convainquant que M. Milliere ? Je ne lis rien de bien pertinant dans votre commentaire. En revanche je ressens dans votre façon d’aborder les états unis à la fois mépris et ignorance. Attitude assez classique du côté gauche de nos compatriotes. Je vous recommande donc de lire ceci :

    http://aristidebis.blogspot.fr/2013/09/plus-darmes-moins-de-crimes-14.html

    De quoi remettre les pendules à l’heure, statistiques à l’appui, sur l’usage des armes chez nos cousins américains. Vous y découvrirez notamment que c’est en Europe qu’a eu lieu la plus grande tuerie dans un pays où le port d’arme est prohibé.

    Abraham

    11 octobre 2013 à 16 h 35 min
    • Jaures Répondre

      Cher Abraham j’ai lu votre article en lien qui n’est que l’argumentaire habituel de ceux qui promeuvent la libéralisation du port d’armes. Le problème est que tous ces arguments sont balayés par la pratique.
      Si l’on prend l’exemple du Texas, Etat où existe la peine de mort, où la population carcérale est sans commune mesure avec la France et où les armes sont très largement diffusées, le nombre de meurtres y est 2 fois plus élevé qu’en France pour une population plus de deux fois et demi inférieure.
      On constate que la diffusion des armes, non seulement développe le nombre de meurtres mais également d’accidents et de suicides.
      Enfin, l’Australie a montré comment en contrôlant drastiquement ses armes elle a réussi à faire baisser de 60% le nombre de meurtres, fait baisser le taux de suicide et mis fin aux tueries comme celle de Port-Arthur qui avait causé la mort de 35 personnes.
      Les exemples de tueries montrent bien que la présence d’hommes armés n’empêche en rien d’agir un tueur déterminé. Ainsi l’exemple de G.Giffords, élue démocrate, blessée à la tête en 2011 au cours d’une fusillade qui a fait 6 morts et 18 blessés alors que plusieurs agents de sécurité armés étaient présents.

      11 octobre 2013 à 17 h 26 min
  • R. Ed. Répondre

    Quand on défend sa vie ou les siens ou ses biens, que l’on parfois et même souvent eu beaucoup de mal à obtenir,, un ” brave homme va sans doute trouver le moyen d’y parvenir.

    Un truand aguerri ? Ce terme ne s’applique qu’ à un soldat ou encore peut-être à un franc tireur, ou même encore à un soldat de fortune nommé la plupart du temps ” mercenaire “, mais pas à un truand.

    Le truand le fait sans scrupules et uniquement pour l’argent.
    Le soldat et les autres, peut-être pour l’argent dans le cas du bat’af mais pas seulement, il y a toujours une part de conviction, même comme en ’40, parmi les soldats du Reich..
    Même si il y a un avantage chez les truands américains au nombre des tués, le solde même négatif pour les autres est à prendre en compte, le truand ne gagne pas à tous les coups, contrairement en France où il est le chouchou de la Kanaque.

    Vive le socialisme à la Jaurès…

    10 octobre 2013 à 21 h 31 min
  • R. Ed. Répondre

    Aux States ?

    Pas moins de délinquance mais beaucoup plus meurtrière ?

    Quand ce sont les truands qui se font plomber, où est le problème ?

    Il y a aussi beaucoup plus de monde dans les prisons, parce que là-bas, une peine de prison, on y va, en prison !!!

    Et l’avantage avec la peine de mort, c’est que cela empêche bien sûr la récidive.

    Le “plaidé” coupable évite la peine de mort dans la plupart des états mais ce sera souvent “perpète” – au VRAI sens du mot, pas quelques années comme en France.

    Pour terminer, personne n’est obligé de devenir truand, c’est un choix, il faut donc assumer et subir les conséquences.

    10 octobre 2013 à 11 h 51 min
    • Jaures Répondre

      Effectivement, R.Ed, il y a aux States beaucoup plus de monde en prison et beaucoup de condamnés à mort (trop souvent à tort comme le démontre l’enquête de l’université de Columbia). Cependant, il n’y a pas pour autant moins de délinquance et il n’y a que dans les films avec Bruce Willis que c’est toujours le gentil qui tire le plus vite. Dans la réalité, c’est plutôt le contraire car un paisible père de famille n’a pas la hargne d’un tueur aguerri.
      “Celui qui méprise sa vie tient celle des autres à sa merci” écrivait Sénèque.
      Et les dizaines de morts chaque année lors de tueries sanglantes absurdes ne le démentiront pas.

      10 octobre 2013 à 18 h 56 min
  • jewdocha Répondre

    J’ajoute que je dit magistrat aurait pu parfaitement retenir l’infraction de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Comme pour un artiste ces temps derniers.

    10 octobre 2013 à 11 h 39 min
  • jewdocha Répondre

    Il est dit que c’était le juge qui avait avancé le risque d’une peine de 30 ans de prison. C’est lui qui aurait dû se taire…Cela dit la mort du criminel n’affole pas la population de la France.

    10 octobre 2013 à 11 h 35 min
  • Jaures Répondre

    Comme d’habitude, Millière appuie sa démonstration sur des contrevérités. Qu’est-ce qui permet à Millière de dire que le nombre de suicides de policiers s’accroit ? Le nombre de suicides de policiers est chaque année de 40 à 55. Le pic ne date pas de l’an passé (42 suicides) mais de 1996 (70 suicides) et le pays européen où on constate le plus de suicides de policiers est…le Luxembourg.
    Je remarque également que lorsqu’il y a eu des vagues de suicides chez France Télécom ou Renault, Millière n’en a pas écrit une ligne.
    2ème contrevérité, sur le risque qu’encourt le bijoutier. Les 30 ans dont parle Millière sont tout à fait théoriques. Dans la réalité, la jurisprudence montre que la Justice est extrêmement clémente dans ces cas où l’agressé tue son agresseur même hors des conditions juridiques de la légitime défense.Ainsi, l’affaire René Dahan en 2006 (agresseur tué dans le dos) se termine par un non-lieu.
    Noël Basset(2004) qui tue son cambrioleur fera 2 mois de préventive et sera condamné à 5 ans avec sursis.
    En 1989, M.José Garnier tue un voleur qui s’était introduit dans sa pâtisserie: acquittée.
    Millière ne trouvera pas de cas similaire où l’agressé sera condamné tel un criminel. Alors pourquoi le donner à croire sinon pour entretenir ce fantasme ?
    Personne, et surtout pas les “bien-pensants” (que je préfère aux “mal-pensants” et aux “non-pensants”) n’accable le bijoutier dont l’exaspération est compréhensive. Mais la légitime défense doit être encadrée si l’on ne veut pas que s’entassent les victimes. Car si le malfrat sait qu’on peut impunément lui tirer dessus, il ne renoncera pas pour autant à oeuvrer. Il tirera le premier. Aux Etats-Unis où on est bien plus tolérant avec la riposte, il n’y a pas moins de délinquance, mais elle est beaucoup plus meurtrière.

    10 octobre 2013 à 9 h 15 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Reprenons le post de Jaures.
      Une quarantaine de suicides de policiers est donc une chose banale comparé aux “vagues” de suicidés chez FranceTélécom ou Renault.
      Le mot “vague” me suggère des milliers de suicides par an.
      Question, à ce rythme là reste-t’il encore des employés chez Renault et chez France-Télécom et si oui pour combien de temps encore?

      10 octobre 2013 à 12 h 17 min
      • Jaures Répondre

        Comme d’habitude, Hans, vous interprétez mes propos à votre convenance. Je parle de vague parce qu’il s’est agi d’un moment ponctuel heureusement calmé grâce à une meilleure gestion du personnel. Qui a dit que 40 suicides chez les policiers serait banal ? Si je dis qu’il y a 10 000 morts par an sur la route et que vous me dîtes que mon chiffre est exagéré, dois-je en conclure que vous méprisez les victimes des chauffards ?

        10 octobre 2013 à 18 h 45 min
        • HansImSchnoggeLoch Répondre

          En ce qui me concerne et certainement aussi pour les autres lecteurs il y a une différence entre vague de suicides et quelques uns.
          Si vous voulez que l’on lise votre “écrits” utiliisez au moins les mots justes.
          D’ailleurs quand on parcourt le reste de votre prose, l’impression en découle que le suicide d’un policier est moins dramatique que celui d’un employé chez Renauit ou Telecom.
          Connaissant votre mentalité je pense que c’est voulu.

          12 octobre 2013 à 18 h 51 min

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