Qui commande en France ?

Qui commande en France ?

Dans la période de crise où nous vivons, les difficultés s’accumulent. Les politiques suivies par nos gouvernements les aggravent inexorablement. Les dégâts s’étendent et touchent de plus en plus de gens. Ceux qui se croyaient à l’abri sont rattrapés. Ceux qui se croient encore à l’abri parce qu’ils sont les décideurs de ces politiques le seront un jour. Même si aujourd’hui ils en tirent parti. Ils ont le pouvoir et ils veulent le garder, c’est une sorte d’assurance vie. Il leur faut donc désigner des boucs émissaires, des responsables de la situation. D’où la question : qui commande, donc qui est responsable ?

Chacun d’entre vous a une réponse : la finance internationale, le marché, les politiciens, les keynésiens, les syndicats, l’Internationale, le socialisme, le communisme, le libéralisme sauvage, les Noirs, les Blancs, les Juifs, les Musulmans, les Cathos, les Francs-maçons, le politiquement correct, les fonctionnaires, les kleptocrates, les médias…Cela revient à constituer un inventaire à la Prévert de tous les groupes de pression qui existent, existeront, ou qui pourraient exister parce qu’il s’en crée sans cesse.

Il ne peut en être autrement. Dans une société où règne la dictature de la majorité et la spoliation légale, il est inévitable que la dite société soit divisée en groupes de pression. Chaque groupe veut s’emparer d’une plus grande part du fromage au détriment des autres groupes. Que le groupe de pression soit occulte importe peu, pour agir il devra lui aussi contrôler une majorité d’une manière ou d’une autre. Aucun individu ne  peut échapper à cette logique. S’il veut simplement défendre son bien, il devra se constituer en groupe de pression pour lutter contre ceux qui veulent lui porter tort. Frédéric Bastiat le dit très bien dans La Loi : « Lors donc que la Spoliation est organisée par la Loi, au profit des classes qui la font, toutes les classes spoliées tendent, par des voies pacifiques ou par des voies révolutionnaires, à entrer pour quelque chose dans la confection des Lois. Ces classes, selon le degré de lumière où elles sont parvenues, peuvent se proposer deux buts bien différents quand elles poursuivent ainsi la conquête de leurs droits politiques: ou elles veulent faire cesser la spoliation légale, ou elles aspirent à y prendre part. »

Personne n’échappe à ce mode de fonctionnement à moins de rompre avec cette société. Il n’y a pas d’autre choix que de spolier ou être spolié. Cela crée une société de conflits et de violence. Aucun discours lénifiant ou incantatoire disant vouloir apaiser la société n’y changera rien. Tant que la spoliation légale perdurera, autrui sera vu comme un adversaire, voire un ennemi. En peu de mots, on ne peut à la fois défendre la paix civile et la spoliation légale.

Le corollaire de la question plus haut est : qui ne commande pas, donc qui subit ? La seule réponse possible est simple. Ceux qui subissent sont ceux qui ne forment pas une majorité. Ceux qui subiront toujours sont ceux qui n’arriveront jamais à s’organiser en majorité. Cela veut dire que les germes de la guerre civile seront éternellement présents dans ce type de société.

Comment s’en sortir ? Il faut reprendre et continuer le combat de Frédéric Bastiat et mettre fin à la « spoliation légale ».

« Il faut examiner si la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas. Il faut examiner si la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime. Hâtez-vous d’abroger cette Loi ; elle n’est pas seulement une iniquité, elle est une source féconde d’iniquités; car elle appelle les représailles, et si vous n’y prenez garde, le fait exceptionnel s’étendra, se multipliera et deviendra systématique. (…) Donc, s’il est une chose évidente, c’est celle-ci : La Loi, c’est l’organisation du Droit naturel de légitime défense ; c’est la substitution de la force collective aux forces individuelles, pour agir dans le cercle où celles-ci ont le droit d’agir, pour faire ce que celles-ci ont le droit de faire, pour garantir les Personnes, les Libertés, les Propriétés, pour maintenir chacun dans son Droit, pour faire régner entre tous la Justice.

Et s’il existait un peuple constitué sur cette base, il me semble que l’ordre y prévaudrait dans les faits comme dans les idées. Il me semble que ce peuple aurait le gouvernement le plus simple, le plus économique, le moins lourd, le moins senti, le moins responsable, le plus juste, et par conséquent le plus solide qu’on puisse imaginer, quelle que fût d’ailleurs sa forme politique. » (Frédéric Bastiat, La Loi)

Patrick de Casanove

président du Cercle Frédéric Bastiat

 Le Cercle Frédéric Bastiat organise un dîner débat le 23 février 2013 à l’hôtel Calicéo de Saint-Paul-Lès-Dax, sur le thème : « Qui commande en France ? », intéressante question à laquelle répondra Alain Dumait. Informations sur le site : http://www.bastiat.net/

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Comments (12)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    la gravure en cartouche de l’article est elle un portrait Frédéric Bastiat comme je le pense ?

    20 février 2013 à 7 h 59 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” Qui commande en France ? ” interroge gravement ( et même de façon anxieuse ) l’article

    depuis aujourd’hui nous connaissons enfin le nom du …. COMMANDEUR

    …. François BAYROU

    19 février 2013 à 14 h 51 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Un deuxième papa en haut d’une grue à Nantes. Avec un maire nommé AirHaut cela ne pouvait arriver que dans cette ville.

    16 février 2013 à 10 h 46 min
  • lavandin Répondre

    les lobbies , évidemment, puisqu’il ont une influence beauoup plus grande que la majorité

    16 février 2013 à 10 h 24 min
  • Dr H. Répondre

    C’est toujours un plaisir de relire un peu de Bastiat, que notre éducation dite nationale ignore totalement, mais dont le nom est couramment donné aux établissements d’enseignement U.S.. Le plus curieux est que de son temps, ses idées libérales étaient classées très à gauche dans l’éventail politique. Un peu comme Jaures aujourd’hui, quoi…

    16 février 2013 à 9 h 59 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      parmi les penseurs politiques je préfère lire Nicolaï Machiavel , Antonio Gramsci et Isaiah Berlin plutôt que Bastiat bien que je sois régulièrement sollicité de participer depuis ma lointaine Province aux conférences du Cercle ***

      *** sur un cercle on tourne généralement et indéfiniment en …rond !

      19 février 2013 à 19 h 19 min
      • Dr H. Répondre

        Ouaip, mais Bastiat… il est d’chez nous !

        20 février 2013 à 0 h 17 min
  • du mezeray Répondre

    Vivement la dictature –

    16 février 2013 à 5 h 03 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    très clair et très didactique cet article et ses citations nous rappelle qu’il ne faut compter que sur la volonté des citoyens à se protéger légalement des prédateurs … ce qui , in fine , revient à connaitre avant l’élection QUI est un prédateur même potentiel … et c’est là où réside toute l’ironie du processus démocratique … ” on ” ouvre plus facilement le portillon du poulailler à un renard beau et habile parleur qu’à un gardien austère et taiseux

    15 février 2013 à 16 h 35 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Quand les poules auront des dents cela pourrait changer la donne. Mais ce ne sera pas demain la veille.

      15 février 2013 à 18 h 02 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        exacte ! mais ce n’est pas @ Jaurès qui aide vraiment à ouvrir les yeux de ses concitoyens !

        18 février 2013 à 13 h 40 min

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